Alors qu’une grosse partie du mouvement prévoyait de converger sur Paris, à Nantes des rendez-vous étaient fixés à partir de midi pour la « reprise des ronds-points ». Une conférence de presse des camarades interpellé·e·s vendredi dernier lors d’un atelier de confection de banderole était également prévue, à 13h à la croisée des trams.
Dès le matin, des militant·e·s s’affairent à redonner des couleurs aux ronds-points de l’aéroport et du Croisy. L’ambiance y est conviviale et bon enfant, les klaxonnes fusent, certain·e·s automobilistes s’arrêtent même déposer des sandwiches. Une cabane en bois ressort de terre aux abords de l’aéroport. Les forces de l’ordre semblent totalement absentes, et à part une ou deux voitures de police qui passent par là, aucune réelle présence ne sera remarquée.
Pendant ce temps là, les gens se retrouvent à la croisée des trams pour la conférence de presse appelée par les interpellé·e·s du 12 avril. Les personnes concernées y racontent la répression, de l’arrivée progressive des forces de l’ordre pendant un atelier de banderoles, jusqu’à la nuit passée en garde à vue sans aucun motif valable, en passant par le vol de matériel (jamais restitué malgré l’absence de poursuites), la pression mise par les forces de l’ordre pour accepter le fichage signalétique, ainsi que les justifications bancales qui leurs sont apportées au commissariat (le classique « ça vient d’en haut »). Elles expliquent que la garde à vue semble être devenue une mesure punitive à part entière, qui est de plus en plus souvent utilisée pour des motifs futiles (preuve en est le nombre de personnes relâchées sans poursuites voir avec des chefs d’inculpation absolument absurdes chaque week-end).
Vers 14h, les quelques centaines de personnes présentes décident finalement de partir en manifestation vers le cours des 50 otages, seul itinéraire permettant de contourner l’interdiction de manif prononcée par la préfecture. Le dispositif policier semble une nouvelle fois surdimensionné par rapport au nombre de manifestant·e·s. Encadré par des colonnes de GM*, le cortège avance jusqu’à la préfecture. Après une pause devant celle-ci, le défilé continue pour descendre la rue Henri IV, le cours Saint-Pierre faisant également parti du périmètre interdit, et la CDI** étant positionnée de manière à bloquer la route menant au commissariat. Le cortège marque une nouvelle pause au niveau de Duchesse Anne, avant de repartir vers Bouffay, toujours encadré par les GM, suivi par des camions, et attendu plus loin par la CDI. Un arrêt est également marqué devant la place Bouffay, où se déroule un rassemblement de soutien aux révolté·e·s soudanais·e·s. Des slogans sont échangés, des poings sont levés, la solidarité semble traverser le cordon de Gendarmes qui sépare pourtant les deux groupes. La manifestation reprend alors sa route vers la croisée des trams, point de dispersion habituel des cortèges de ces dernières semaines. Les GM empêcheront toutefois la tenue d’un second tour, en se positionnant de manière à bloquer le cours des 50 otages. Comme d’habitude, les manifestant·e·s finissent par se faire repousser en direction des chantiers navals, autour desquels seront aperçus plusieurs véhicules de l’opération Sentinelle. Arrivés au pont Anne de Bretagne, ce qu’il reste du cortège prend la direction des machines de l’île. La CDI empêchera les manifestant·e·s de passer devant le tribunal, les contraignant à rester autours des nefs. Des barrages filtrants seront tenus un moment par les forces de l’ordre, sur le pont et devant le tribunal.
Si aucun·e blessé·e ni interpellation ne sont à déplorer sur Nantes cet après-midi, nous avons tout de même pu observer une présence policière massive, une prise de vidéos continue du cortège par les GM, ainsi qu’une volonté assumée de laisser personne s’aventurer dans le centre-ville. Nous adressons par ailleurs notre soutien complet à toutes les victimes d’une répression policière autrement plus offensive sur Paris, un de nos camarades qui avait fait le déplacement étant également à l’hôpital après avoir été touché à la main.

Amour, maalox et serum phy,

Street Medic Nantes

*GM : Gendarmes Mobiles

**CDI : Compagnie Départementale d’Intervention