Pour nous autres à partir de ce constat, il est hors de question de participer à ce mouvement politique de quelque manière que ce soit. Par contre, nous sommes prêt:es à le combattre de toutes nos forces. Dès cette réunion, nous savons que les gilets jaunes ne sont pas un « mouvement populaire », mais de l’agitation politique à but électoraliste. Fuck les élections. Fuck les partis politiques. Fuck les fachos.

Acte I : un 17 novembre 2018 avec des partis politiques, un syndicat agricole, des syndicalistes, des motards en colère, des citoyen:nes pro-flics, des gentils virus et nombre de conspi:es. 1500 personnes

Quel souvenir que ce premier acte des gilets jaunes ! Une femme au foyer haranguant par voie de mégaphone une foule de 1,000,500,000 vestes jaunes fluo. On la retrouvera quelques semaines plus tard à faire le gentil virus de Chouard en live sur Facebook. Son mari lui tient le mégaphone, ex-gendarme, non pas qu’il ait déserté mais avec la petite qui est née mieux vaut qu’il se recycle dans la peinture en bâtiment. Bref une mère au foyer comme porte-parole des gilets jaunes, interviewée à la radio avec sa photo en grand dans le journal : ça peut donner des frissons aux féministes, mais
plutôt quand il:le caille. Et donc ce 17 novembre 2018, il:le caille sur ce parking de salle de spectacles, lieu du rassemblement, la représentation d’un fiasco politique des plus nauséeux, celle de la composition politique avec l’extrême droite (et les conspi:es), va démarrer dans quelques instants : déttachez vos ceintures, et brûlez pour l’amour de la liberté vos gilets jaunes sacrés.

Donc le RN est bien sur place, le vieux militant en chef de la France Insoumise avec ses acolytes aussi, et les motards en colère (satellite local du RN). La FNSEA se ramène en opération escargot avec tracteurs (élections syndicales obligent), quelques syndicalistes de gauche de ci de là, le responsable départemental de Debout la France avec sa clique, des conspi:es en camtar ou pas, des sympathisant:es des un:es et des autres, des ami:es, des ami:es des ami:es, des membres de la famille, des ami:es des membres de la famille, un ancien sous-préfet, l’association des commerçant:es du centre ville (trop cher pour les pauvres), des petits patrons (déménagement, BTP), une banderole sur un gros 4X4 « Les GAULOIS en colère ». Ouah que des réaques plus ou moins politisé:es ! Leur défilé se termine par l’occupation d’un rond point à la périphérie de la ville, suivie d’un barrage filtrant avec signature de pétition : soit tu signes, soit tu chantes la Marseillaise, soit on te bloque. Pendant ce temps, une cabane flanquée d’un drapeau BBR est construite sur le rond point occupé. C’est la France ! Fuck.

Quelques jours plus tard, un deuxième lieu est occupé qui ne tiendra qu’une dizaine de jours, cette fois-ci en centre-ville juste sous le nez d’une caméra de vidéosurveillance. Pratique pour les RG ! C’est ici que se retrouvent pèle mêle PCF (qui se réveille un peu tard), LFI, DLF et conspi:es. Au nom de la dénommée « cohésion citoyenne », et du peuple français ! Fuck.

Alors qu’au rond point occupé : insultes anti-arabes, anti-immigré:es, racket de cigarettes et d’argent au niveau du barrage filtrant : soit tu donnes, soit on te bloque ! En réaction illogique à ces injonctions autoritaires, l’interdiction de consommer de l’alcool sur le rond point est décrétée à la joie du commissaire en chef qui, avec les RG, veut au minimum écrits noir sur blanc les noms des responsables des gilets jaunes. Sur la page Facebook des gilets jaunes (locaux), l’UPR tente un passage en force.

Acte II : un 24 novembre 2018 avec les mêmes forces politiques. 500 personnes

L’acte II se résume à une distribution de brioche aux automobilistes qui empruntent le rond point occupé. Les barrages filtrants ne sont plus à l’ordre du jour car trop impopulaires à un mois de noël, bloquant l’unique bretelle qui mène à l’unique hypermarché à la ronde. Il est juste question de ralentir ponctuellement la circulation autour du rond point. La « cohésion citoyenne » en gilet jaune en profite pour faire connaissance : « on refuse toutes les étiquettes de l’extrême gauche à l’extrême droite ». C’est bien parti. Un particulier en urgence médicale se fait malmener. Lors des ralentissements, priorité est donnée aux pompier:rices, flics, ambulances, enterrements, mariages. Amen. Les gilets jaunes du centre-ville bloquent l’accès du grand parking payant à côté de leur cabane, créant ainsi des embouteillages en dehors de Paris. Victoire !

Dans la semaine, quelques horodateurs du centre-ville sont mis hors service.

Acte III : un 1 er décembre 2018 avec les mêmes forces politiques + bénédiction officielle du cortège par le PCF local. L’extrême droite a rameuté un vivier de militant:es natios accros au BBR et à la Marseillaise diligentées sur la plateforme d’un truck. Xxx personnes

Les gilets jaunes sont de moins en moins nombreux au rond point occupé. Distribution de gâteaux aux automobilistes. Puis deux cortèges partent du rond point pour se rejoindre en centre-ville. La femme au foyer fait ses adieux, noël oblige. Un des cortèges applaudit les flics encadrant la manif. Ca ruisselle la révolution ! Seconde apothéose du défilé : la FNSEA déverse une benne de fumier en centre-ville.

Les jours suivants, les ragots sur le rond point occupé vont bon train. Les gilets jaunes sont assimilé:es à des « zadistes » (terme péjoratif), même qu’ « on se croirait à la Jungle de Calais ». C’est avec cet argument raciste que LFI, soutenue par les conspi:es, va commencer à faire le ménage au rond point pour tenter de récupérer le mouvement des gilets jaunes, en commençant par instaurer une assemblée générale hebdomadaire « avec un encadrement sinon c’est l’anarchie » (le
déroulement et l’issue de ces assemblées sont sans surprise car aux mains de militant:es aguerries). À partir de maintenant, tout gilet jaune qui posera une question se verra répondre « Viens àl’assemblée, tu poseras ta question ».

Or face à l’ampleur de la présence des fachos (+ soutiens), LFI (et conspi:es) n’ont aucune chance de récupérer le mouvement : il s’agit maintenant de composer avec les fachos. Pour ce faire, LFI commence par qualifier ses divergences politiques avec l’extrême droite de « querelle de clocher ». Sur la page Facebook des gilets jaunes, le facho local spécialisé dans l’ouverture de pages racistes fait son apparition au sein des gilets jaunes. Bienvenu !

Puis les lycéen:nes, JC en tête, organisent à leur tour des manifs, également en soutien aux gilets jaunes locaux qui s’en désolidarisent rapidement suite à quelques poubelles renversées sur la route. Que l’ordre vous emporte !

Des problèmes de chefferie surviennent au rond point occupé, imputés à la fatigue. De la nourriture est refusée à certain:es gilets jaunes qualifiés de « pique assiettes » et de « profiteurs » se croyant « aux restos du coeur », quant à d’autres se font tout bonnement exclure de la cabane. Le tout par l’extrême droite qui contrôle encore et toujours le rond point occupé. Et beng ! Une « querelle de clocher » éclate lors de la première assemblée générale : les fachos en chef refusent la tenue d’élections qui désigneront les nouveaux représentant:es des gilets jaunes, souhaitant garder eux-mêmes ce statut (qu’ils s’étaient auto-attribué alors que police+RG voulait les noms des responsables des gilets jaunes). Ils quittent donc les lieux. Par contre les fachos qui sont pour la tenue d’élections peuvent rester et participer à la suite.

Acte IV : un 8 décembre 2018 avec les mêmes forces politiques + JC. Les tracteurs de la FNSEA sont absents, les élections syndicales ayant été actées. L’UPR a fait le déplacement. 150 personnes

Il:le pleut. Encore moins de gilets jaunes que pour l’acte III. Ralentissements au rond point occupé, sans distribution de nourriture aux automobilistes : cette fois-ci les gilets jaunes se tapent la cloche entre eu:lles, puis départ du défilé vers le centre-ville. Marseillaises, ennui et mortalité. Le maire fait aux gilets jaunes la promesse de leur mettre à disposition une salle dans les jours à venir, pour des « réunions de démocratie participative ». Beurk !

De nuit, la cabane du rond point occupé est agrandie afin de pouvoir abriter les assemblées générales, par un groupe de jeunes faf:es qui ont rameuté leurs potes faf:es et se servent de la cabane pour faire la fête (entre faf:es) les samedis soirs et où l’interdiction de consommer de l’alcool est exceptionnellement levée. Pendant ce temps, les fachos qui ont quitté le rond point occupé occupent un nouveau rond point
(avec cabane et drapeaux BBR) à la périphérie de la ville car, disent-ils à la radio, l’autre rond point est « un repaire d’alcooliques ». LFI leur renvoie la balle en les traitant à leur tour d’alcooliques. C’est beau la politique !

Le premier rond point occupé n’a jamais été un outil de luttes mais un outil
de composition politique, une passerelle vers l’extrême droite. Spoiler : ce nouvel espace politique va se pérenniser.

Première réunion, baptisée assemblée populaire, dans la salle prêtée par la mairie. Pour l’instant, le nid de fachos du deuxième rond point organise des réunions séparées. Les radars du département sont tous mis hors service. Attentat à Strasbourg. La page Facebook des gilets jaunes est en ébullition complotiste. Re-manif des lycéen:nes qui dénoncent sur leur banderole de tête le « banquier [Macron] » et applaudissent au passage les flics : comment aimer les flics et pas les banquier:eres ? Le lendemain, une manif intersyndicale a lieu en centre-ville. Aucun gilets jaunes à l’horizon mais des chasubles rouges. Ouf ! Ce n’est pas un raz de marée de gilets jaunes.

Acte V : un 15 décembre 2018 avec les mêmes forces politiques (sans FNSEA et sans motards). 150 personnes

Le matin, annulation du défilé du nid de fachos qui préfère rester sur le 2ème rond point occupé et filtrer la circulation autour de celui-ci. En début d’après-midi, le défilé qui regroupe les deux ronds points part vers le centre-ville. La tête de cortège est tenue par les faf:es qui investissent la cabane les samedis soirs. Arrivé en centre-ville, un ancien militaire, chef du nid de fachos, prend l’initiative de faire chanter au cortège la Marseillaise face aux crs en poste, applaudis, suivie d’une minute de silence en hommage aux flics tué:es, la main sur le coeur. Mise en scène à revoir : agenouillé aurait eu un effet plus humble.

Finalement, les fachos du nid de fachos se joignent aux assemblées populaires qui ont lieu plusieurs fois par semaine, s’y font même élire représentant:es des gilets jaunes. Élections des représentant:es à chaque assemblée. Ce qui rallonge la liste des noms des représentant:es aimablement fournie aux flics+RG. Les décisions prises aux assemblées sont irrévocables. Irrévocable est la révolution !

Acte VI : un 22 décembre 2018 avec les mêmes forces politiques. (sans motards et sans FNSEA). 40 personnes

Le matin, le nid de fachos organise un défilé avec char de Noël BBR et père Noël facho. Un drapeau néo-nazi flotte même au vent. Pendant ce temps, des gilets jaunes LFI+conspi:es collectent des « doléances citoyennes » dans les rues du centre-ville.

Dans la semaine au rond point 1 : le maire (LREM) rend une visite amicale aux gilets jaunes, et saluent certaines militant:es de gauche qu’il connaît depuis des années comme interlocuteur:rices politiques. Car c’est à ce rendez-vous que sont présentes tout ce que la ville possède en récupérateur:rices professionnels des luttes sociales et négociateur:rices en chef. L’ambiance est joviale. Les gilets jaunes réveillonnent au rond point occupé. Rond point 2 : le nid de fachos démontent leur cabane et quittent les lieux par respect des lois car la police le leur demande, poliment. Dixit le facho en chef : « Hors de question de mettre ma famille et mon entreprise en
danger. » Famille, travail, patrie, drapeau nazi et tsoin tsoin. Un barnum pourra être déposé le matin et enlevé le soir. En parallèle, le nid de fachos dépose les statuts d’ une association de « Gilets jaunes en colère », s’estimant ainsi seuls représentant:es légales des gilets jaunes. Allez, nouvelle assoce de fachos à virer quoiqu’on en dise. Et qu’on se le dise !

Un militant anti « transhumanisme ploutocrate » et partisan d’une union LFI-DLF-PS-UPR-Les Patriotes-Lasalle propose de présenter une liste « Gilets jaunes » aux élections municipales de 2020 et aux législatives de 2021. Il demande au rond point 1 si illes sont partantes. « Viens aux assemblées populaires et pose ta question ». Possible de faire carrière politique ?

Acte VII : un 29 décembre 2018 avec les forces politiques du rond point 1. Xx personnes

Le rond point 1 défile dans les rues du centre ville. Pétition, Marseillaise etc. Le soir, fête des faf:es (du samedi soir) au rond point 1 avec discussions racistes. Un gilet jaune, réellement alcoolique, se fait virer de la cabane à coups de « Les cas sociaux comme toi, faudrait tous les tuer ». La fête bat son plein !

Le réveillon du nouvel an est fêté au rond point 1 après un défilé dans les rues du centre-ville, gilets jaunes déguisées en jaune fluo. Le groupe de jeunes faf:es est de la partie.

Bain de foule pour le maire euphorique au milieu des gilets jaunes du rond point 1, en train de démonter la cabane. Hourra ! Quel spectacle que cette scène où LFI, conspi:es et fachos oeuvrent main dans main ! Un terrain privé assez loin à la sortie de la ville accueillera dorénavant la cabane des gilets jaunes. Quant à l’assemblée populaire, elle se transforme en « groupes de travail ».

La suite est sans surprise. Les gilets jaunes seront dégagé:es. Prendrons le temps qu’il:le faudra.

Meilleurs vœux de luttes à cell:eux qui mèneront le combat.

ANTIFA VAINCRA !