Suivant cette idée, nous demandons à tout un chacun d’évaluer avec la rigueur et la probité requises la posture de bon sens à adopter face à la situation actuelle, c’est-à-dire une société qui bafoue le libre épanouissement de ses membres ainsi que l’intérêt commun au profit d’intérêts mercantiles et égoïstes. Considérant les drames humains, les dégâts psychologiques et écologiques émanant de l’idéologie dominante, nous pensons en effet que l’heure est maintenant venue pour chaque individu de prendre position en son âme et conscience. Qu’il choisisse de se soulever avec bravoure, ou qu’il choisisse de se satisfaire avec indifférence de la catastrophe ayant cours sous ses yeux, chacun doit assumer sa décision avec responsabilité et lucidité.

Considérant enfin qu’aucun parti politique et qu’aucune législation n’ont été et ne seront vraisemblablement en mesure de servir notre cause — un constat que nous faisons par une longue expérience acquise —, il convient de prendre le problème à bras-le-corps car personne d’autre que nous-mêmes ne sera capable de servir au mieux nos intérêts immédiats ou plus lointains. Le destin de nos anciens, de nos enfants et de leurs descendants repose maintenant sur nous : ne nous déchargeons plus de nos responsabilités sur autrui et tâchons d’incarner maintenant les hommes que nous souhaitons voir s’accomplir demain.

Pour finir et pour clarifier notre propos une bonne fois pour toute, nous souhaitons refonder une société sur la base de valeurs fraternelles ; c’est-à-dire une société où la communauté serait redevenue l’intérêt premier et où l’épanouissement des qualités individuelles serait la dynamique fédératrice. Produisons pour satisfaire les besoins de tous et pour une juste répartition des richesses ; œuvrons dans le respect et dans la dignité de chacun ; et surtout, ne laissons plus une caste de privilégiés profiter de notre labeur et faire échouer nos ambitions d’un avenir épanoui et d’un environnement fécond pour tous.

Ainsi, le temps est venu de rétablir ce qui nous appartient de droit, historiquement : notre liberté et notre droit le plus absolu à nous gouverner nous-mêmes, et ainsi d’amorcer un changement profond dans la société actuelle. Accomplissons par nos propres mains ce qui a été commencé par nos aïeuls lors de la Commune de Paris, en 1871. Rappelons-nous de l’aspiration puissante à la liberté et à l’égalité qui éclata lors de cet événement historique, ainsi que des progrès sociaux qui furent accomplis en à peine deux mois de temps. Et n’oublions pas, bien sûr, le triste sort qui fut réservé à ces braves hommes et à ces braves femmes, massacrés dans une répression inhumaine lors de la Semaine sanglante.

Quant à la question de savoir qui sont les « Versaillais » aujourd’hui, chacun peut très certainement le pressentir avec force en lui-même. Aussi, ne leur laissons pas l’occasion de répéter l’histoire et prenons les devants : organisons-nous et restons solidaires face au péril qui nous attend, car le pouvoir en place a déjà montré avec cynisme la férocité et la hargne qui l’animaient contre nos aspirations qui sont, elles, véritablement démocratiques.

Un appel à l’ensemble des citoyens est d’ores et déjà lancé pour la date du samedi 16 mars, comme nous avons pu le constater. Que ce jour annonce une nouvelle ère et tourne une nouvelle page de l’Histoire, laissant place en cela à nos plus belles espérances.