Dans la Cité des Ducs, le cortège part de la Place Bretagne avec beaucoup de retard. Quelques centaines de participants seulement, car beaucoup de nantais sont partir grossir les rangs de la manifestation « inter-régionale » dans la ville voisine, Rennes. Mais comme souvent, le cortège petit au départ ne cessera de grossir au fur et à mesure, jusqu’à atteindre 1000 manifestants, avec un renouvellement des participants tout au long de l’après-midi.

CRS, Gendarmes Mobiles, Compagnies d’intervention, BAC cagoulée et même BRI déguisée en ninjas. Le dispositif répressif reste totalement délirant, alors même que la manifestation s’annonce calme. C’est sous forte escorte que le cortège fait un premier tour du centre-ville. L’ambiance est plutôt joyeuse : les manifestants jouent au foot, et s’amusent à tirer sur les « gardiens » casqués en armures. Quelques projectiles et de nombreux tags Cours Saint-Pierre, sans véritable tension. Pour le deuxième tour, l’ambiance change totalement. La Place du Bouffay et ses terrasses bondées sont noyées sous les lacrymogènes. Les détonations de grenades répondent à un feu d’artifice coloré envoyé sur une ligne de policiers qui gardent le Mac Donald. Chasse à l’homme dans les ruelles, puis nouveau départ. Le cortège manque alors d’énergie et de cohésion, et progresse lentement.

La suite de l’après-midi se fait au rythme des salves de grenades, y compris sur la Place du Commerce, où des dizaines de clients doivent fuir les assauts de la police. Personne ne comprend la débauche de munitions envoyées sans raison sur des places remplies de badauds. Repoussés à Gloriette, les manifestants sont chassés jusque sur l’île de Nantes ou vers gare Maritime. Il y a désormais plus de policiers que de manifestants, mais un cortège repart vers la préfecture, avec une nouvelle banderole. Le rapport de force est de plus en plus défavorable. Les derniers irréductibles se dispersent peu avant la tombée de la nuit.

A Rennes, c’est la grosse manifestation de l’Ouest. Plusieurs milliers de manifestants se retrouvent dans la ville pour l’appel inter-régional. Les autorités ont mis les gros moyens, avec des canons à eau, un hélicoptère, et une chasse aux manifestants partout dans la ville dès le matin. Il y a des arrestations préventives et énormément de matériel de protection confisqué.

4000 manifestants vont défiler à partir de 14H, y compris dans les rues de l’hyper-centre pourtant sévèrement gardées, où une immense banderole sera déployée sur un échafaudage : « Les vrais casseurs sont en costards ». Le cortège est bigarré, avec beaucoup de drapeaux bretons. Après plus d’une heure de manifestation, le dispositif policier est débordé : une partie du cortège parvient à prendre la répression de vitesse, s’empare des rues piétonnes et s’engouffre sur la place du parlement de Bretagne. L’avant de cortège munie d’une banderole et de parapluies arrive à faire bloc et à protéger les manifestants des tirs de la BAC. Différents points de tension éclatent en plusieurs endroits de la ville. Des agences immobilières sont prises pour cible. La manifestation est divisée en plusieurs cortèges qui ripostent à la police.

Après quelques heures de conflit, les manifestants sont finalement repoussés vers la place Charles de Gaulle. La ville de Rennes, où le mouvement des Gilets Jaunes était timide depuis le mois de novembre a retrouvé l’agitation des mouvements sociaux passés. Toute l’après-midi, l’ambiance aura été festive, avec de la musique et des slogans. Les participants sont déterminés et heureux d’être là, ça se sent.

A Nantes et à Rennes, plus de 30 personnes ont été arrêtées, dont plusieurs préventivement.

Dans la manifestation rennaise, un tract jaune aura circulé de mains en mains : rendez-vous samedi prochain, le 2 mars, pour une grande manifestation régionale dans les rues de Nantes !

Photos prises à Rennes et Nantes par Estelle Ruiz, Suaan, Suvann, Anthony Pixel …