Lundi 11 février 2019 Lorsque les grévistes et leur soutien s’installent dans le hall de la Faculté de Droit, à 10h, iels sont rapidement abordé.e.s par les personnels de la Faculté de Droit, qui témoignent soutiens et inquiétudes.
A 12h30, le hall de la faculté de droit devient le lieu d’une conférence de presse. Les prises de parole s’enchaînent avec celles des grévistes, celles du collectif contre la hausse des frais d’inscription, puis celles d’étudiant.e.s de la faculté de droit et enfin celles des soutiens syndicaux (UNEF, SNESUP).
A 15h, un échange entre les étudiant.e.s présent.e.s et Carine Bernault première vice-présidente a lieu. Cet échange avec la vice-présidente, accompagnée par Stéphanie Texier de la direction générale des services ainsi que des personnels admnistratifs de la Faculté de Droit dont la doyenne Antoinette Hastings, est relativement franc. Nous saisissons l’opportunité d’établir une liste de revendications à l’adresse d’Olivier Laboux.

Ainsi nous exigeons, d’abord, des excuses pour avoir fait intervenir les forces du désordre, une fois supplémentaire en dépit de la franchise universitaire, et ce à une horaire d’ouverture.
Dans la continuité, nous exigeons d’Olivier Laboux qu’il soutienne la grève de la faim par tous les moyens possibles et ce en cherchant particulièrement à réduire les impacts sur la sécurité des grévistes.
Surtout nous exigeons une prise de position publique et sans équivoque contre la non application du décret. Nous ne voulons pas d’une logique d’exonération, frein supplémentaire afin de s’inscrire à l’université française, et dont les contours ne sont pas suffisamment distincts pour être rassurants.

Nous rappelons qu’Olivier Laboux se doit en tant que président de l’université de Nantes et vice-président de la Conférence des Présidents d’Université de se faire relais de nos revendications auprès du recteur nantais, William Marois, et particulièrement auprès de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Nous en profitons pour rédiger notre propre projet de motion, que nous leur transmettons.

Les échanges se terminent. Plus tard, les personnels de la Faculté de Droit reviennent voir les étudiant.e.s présent.e.s, particulièrement les étudiant.e.s grévistes. Si leurs inquiétudes sont réaffirmées, elles n’offrent rien de concret sinon que la répétition de l’impossibilité institutionnelle, liée a des raisons de sécurité, de donner un espace aux grévistes. Être à la Faculté nuit et jour permettait pourtant de réduire les déplacements des grévistes et, plus largement, de favoriser leur sécurité physique et psychologique. Sur la balance, la sécurité de nos camarades a pesée moins lourd. A 20h, la fac de droit se vide…

Mardi 12 février Il est 10h, cette journée débute avec le comité d’organisation de l’assemblée générale.
12h, l’assemblée générale va débuter. Dans l’amphithéâtre, 300 personnes environ sont présent.e.s. Parmi les étudiant.e.s, il y a quelques doyens, profs, qui glissent leur avis plus ou moins éclairés et souvent déconnectés du contexte et des revendications actuelles. Une personne syndiquée à Sud-Education vient apporter son soutien.
Les points s’enchaînent avec un accent sur les différents communiqués internes d’Olivier Laboux. Son dernier mail (du mardi 12 février) semble aller dans le sens des revendications émises la veille et pourtant ce n’est qu’un vernis. Si sa teneur semble annoncer une victoire, elle n’est qu’en demie-teinte. Olivier Laboux dissipe, en partie, les doutes. Sa position paraît plus claire mais elle n’est pas suffisante. Elle n’est pas, pour commencer, publique et médiatique puis, surtout, elle se cantonne à un engagement bien peu conséquent face à l’ampleur des dégâts se profilant derrière cette mesure et à sa notoriété institutionnelle. Olivier Laboux reste dans les clous. Il ne fera pas de zèle pour justifier de son positionnement, rejoignant ainsi timidement, enfin, les 17 autres président.e.s d’université positionné.e.s contre.

Pour nombre d’étudiant.e.s, l’université de Nantes s’est toujours positionnée contre la mesure toutefois ce n’est pas proche de la réalité. En prendre conscience passe par une lecture appuyée et analytique de tous ces communiqués. Et quid des actes ? Il ne peut pas y avoir de rapport de confiance envers la présidence puisqu’elle orchestre des expulsions à répétition sur le campus et laisse des professeur.e.s et doyen.ne.s intimidé.e.s des étudiant.e.s. Surtout, elle ne se prononce que lors des blocus, diabolisant les étudiant.e.s engagé.e.s sans jamais aborder franchement le fond: une université qui se marchandise et se privatise laissant à ces portes les personnes les moins privilégiées.

Alors, l’université de Nantes sera t-elle se positionner, au moins correctement, sur l’échiquier national ? Le sens du blocus et de la manifestation au rectorat aujourd’hui n’ont qu’un objectif: se faire entendre ici à Nantes, avec les professeur.e.s ?, ainsi qu’espérer et construire un retentissement au national.

Après l’AG, les grévistes, les mobilisé.e.s se retrouvent au foyer pour organiser la suite. Il faut écrire : la lettre ouverte à la ministre décidée en AG, faire le tract pour la journée de mobilisation du lendemain et écrire le compte-rendu du début de la semaine. Ce qui sera fait finalement de façon non collective le soir. Notre travail bien engagé, on nous informe que la même délégation que la veille (Carine Bernault, vice-présidente du CA et Stéphanie Texier, direction générale des services) propose de nous rencontrer avec le responsable de la sécurité et le doyen de la faculté de lettres. Nous acceptons.

L’échange est long, peu constructif mais ouvert. La délégation commence par demander aux grévistes présent.e.s si iels vont bien. Puis, nous apprenons qu’il n’est pas possible de convoquer un CA même avec un ordre du jour extraordinaire sous moins de 7 jours, il aura donc lieu après les vacances. A ce CA des représentant.e.s du mouvement pourront venir présenter leurs revendication (parole qui sera consigné au procès verbal de la séance). Cependant, nous n’aurons pas obtenu la date du CA précise, elle nous sera communiqué rapidement et nous ne savons pas quelle motion sera proposée au CA exactement, sans doute le projet de motion proposé le vendredi.

Nous apprenons également que le ministère sait depuis vendredi que 5 personnes sont entrées en grève de la faim et que le mail envoyé par le président le matin même a été transmis au ministère et à la presse (laquelle ? car malgré la notoriété d’O.Laboux cela n’a pas fait de vague)

Nous parlons de la lettre ouverte à la délégation et demandons qu’une fois finie elle soit transmise au ministère et que le président la signe. Nous redemandons également des excuses du Président pour l’intervention policière, on nous rétorque que l’on en aura pas. Nous demandons que le Président relaye nos demandes et revendications au recteur W. Maroix et qu’il fasse une communication publique. La délégation ré-affirme qu’elle ne peut soutenir matériellement la grève de la faim (malgré que le matin même, Olivier Laboux ait relevé un “engagement total” des étudiant.e.s en grève de la faim).

Ensuite la discussion dérive sur les modes d’action, l’administration a les siens, et nous les nôtres et on fait peur avec nos actions ce qui explique pourquoi l’administration ne nous facilite franchement pas la tâche quand on cherche à mobiliser, sensibiliser, ouvrir les yeux à nos camarades étudiant.e.s.

Nous réaffirmons notre besoin de soutien des enseignant.e.s, du personnel et de la fac dans cette mobilisation puisque à priori on est du même bord. Non, aujourd’hui les étudiant.e.s mobilisé.e.s ne ferment pas les portes de l’université. La journée est banalisée, par le blocus, parce que les portes vont se fermer au nez de certain.e.s étudiant.e.s. Une journée sans étudier pour nous, étudiant.e.s français.e.s, n’est rien face à un décret qui va modifier l’avenir même de certain.e.s de nos camarades étudiant.e.s sur des critères excluants. De surcroît, la généralisation de la hausse des frais pour les étudiant.e.s français.e.s s’annonce tranquillement.

Demain, nous nous mobiliserons, en tant qu’etudiant.e.s, contre cette nouvelle dynamique sélective, comme nous l’avons fait avec Parcours Sup, alors pourquoi pas aujourd’hui ? Pourquoi attendre demain pour défendre une université la plus ouverte possible ? Pouvons-nous être capable de saisir les enjeux et les impacts de toutes ces attaques menées contre l’université, au-delà des trajectoires individuelles ? Pouvons-nous regarder plus loin qu’aujourd’hui vu ce qui s’annonce demain ? La dénonciation contre l’injustice ne doit pas s’essoufler, retrouvons-nous pour échanger demain matin devant les portes des bâtiments. Et n’oublions pas que le rectorat nous attend, allons-nous faire entendre !

Olivier Laboux, William Maroix, Frédérique Vidal, même si la journée se termine le ventre vide, on a toujours faim.