Ce texte est rédigé par un ancien habitant de Bellevue, qui a accueilli le plaignant au sein du lieux, et qui a créé par ce biais des liens affinitaires.

Depuis le début de l’affaire des 5 interpellés de la zone de l’ancien projet d’aéroport de Notre dame des Landes, nous lisons dans différents communiqués, différents éléments sensés contextualiser, dénoncer ou défendre différents actes commis sur la ZAD.

Comment faire pour se taire ? comment se taire face aux injustices qui sont publiquement relayées sur les canaux officiels émanant de l’ex ZAD ? comment faire preuve de tant de mauvaise fois quand il s’agit de défendre ses amis plutôt que de tenter une approche un tant soit peu honnête de la vérité ou de la justice ?

Je ne livrerai aucun éléments supplémentaires qui permettrait de charger le plaignant ou les accusés. Mais en tant qu’ancien habitant de Bellevue, témoin de certains faits, confident du plaignant et l’ayant volontairement accueilli sur le lieux ou je vivais, il n’est pas question pour moi de laisser être proféré des mensonges qui soulève une forme de déni de la part de celle et ceux qui osent encore défendre publiquement leurs amis.

Le premier mensonge du dernier communiqué : 

« il s’agit d’un homme qui vivait ici et qui, dans les jours précédant les événements, avait à plusieurs reprises menacé des personnes avec des armes blanches (un couteau de chasse et une hache). »

Cette personne n’a en aucun cas menacé des personnes avec une hache les jours précédents. Ceci est pure invention.

Pour ce qui est d’une éventuelle menace au couteau de chasse, contextualisons voulez vous. Malgré une fermeture du dortoir, X continuait à venir rendre visite aux habitants avec qui il avait sympathisé, et par la même occasion continuait de faire usage d’espace collectif ouvert à toute personne en ayant l’utilité (cuisine, machine à lavé, douche, internet).

Ce jour en question et quelque SEMAINES avant les faits, il était en train de préparer à manger quand plusieurs personnes sont venues lui dire qu’il n’était plus le bienvenu sur ce lieux (décision qui n’avait fait lieu d’aucune discussion préalable avec l’ensemble des habitants). Il a clairement répondu qu’il n’était pas question pour lui de partir et que si ils et elles voulait le dégager ou l’empêcher d’aller et venir, il allait falloir le faire de force. A ce moment précis il avait un couteau à la main, geste volontairement ou involontairement ambiguë vu qu’il était en train de couper des légumes. Couteau de chasse ou de cuisine nous n’avons pas noté la marque du couteau.

Ce même jour deux des habitants-es ont notifié aux gens venus lui mettre la pression que s’il y avait un problème objectif à lui reprocher outre ses idées politiques, ses relations, ou ce qu’il représente il fallait les prévenir plutôt que de lui opposer des coups de pression de la part de gens avec qui il aurait des animosités et que cela finisse en bagarre à 12 contre 1.

Deuxième mensonge :

« Le 5 octobre, il est revenu une énième fois, muni d’une hache et d’un bouclier. Il lui a été demandé de partir, ce qu’il n’a pas fait ; c’est dans ce contexte qu’il a assené à Greg un coup de hache dans la jambe, puis dans la main qui protégeait sa tête. »

– Comme il est facile de donner des faits sans les contextualiser : X se promenait avec une hache et un bouclier car la situation de tension entre deux bords politiques sur la ZAD étaient à son paroxysme. Dans la logique qui l’animait il était clair que personne ne l’empêcherait d’aller et venir, de rendre visite à qui il le souhaitait alors qu’il vivait sur la ZAD depuis de nombreuses années et qu’il venait de faire le sacrifice de son lieux de vie quelques mois auparavant.

 Il était devenu lui-même extrêmement paranoïaque face à l’éventualité que quelqu’un-e lui tombe dessus pour lui soutirer ce droit. Alors il préférait prévenir que guérir. Nous pourrions détailler les micros événements qui l’ont poussé à se sentir acculé de la sorte, sur la défensive et prêt à toute éventualité. Des évènements qui le touche lui aux d’autres personnes, mais cela en ajouterait au poids des mensonges qui nous occupe.

– Le 5 octobre il est venu nous rendre visite, une fois de plus, muni d’une hache et d’un bouclier. Hache qui au delà du fait d’être présenté comme un outil d’agression lui servait aussi à couper du bois. Depuis la fermeture forcée du dortoir de Bellevue pour que des gens comme lui n’y dorme plus, il dormait là où il le pouvait, coupait du bois et tentait la construction d’un nouveau gîte, malgré les problème de santé qu’il avait depuis plusieurs mois.

La suite de cet extrait du communiqué ne peut être abondé que par deux témoignages, celui de Greg et celui de X. X a quant à lui prétendu avoir amorti 4 ou 5 coup de barre avec son bouclier avant de donner un coup et s’enfuir. Aucune verité n’existe sur ce cas, seul eux deux peuvent la détenir car cela s’est produit dans un espace clos, les autres personnes étant à l’extérieur du bâtiment.

La suite du communiqué ne fait que continuer de diminuer la responsabilité des gens qui auraient participé à ces actes : « bleus », « contusions » quand il s’agit de coup de pied à la tête, au visage ou avec une arme. Il y a un bilan médical qui a déjà été communiqué, nul ne peut le contester. A moins qu’il se soit frappé lui même ? ou que l’hôpital fasse aussi parti du grand complot contre la ZAD légalisée ?

« Mercredi dernier, alors que les arrestations avaient été relayées par les médias, deux personnes sont venues faire une déposition sous X à la gendarmerie. »

Personne n’est en position pour dire s’il s’agit de témoignage en la faveur ou la défaveur du plaignant. Pour la plus grande partie des éléments qui ont conduit à cette situation il n’existe aucuns autres témoins que celles et ceux qui ont vécu cette situation au quotidien, ou qui ont participés à son expédition punitive et ils et elles ne sont pas du genre à aller témoigner, quel que soit leur position.

Il est clair que l’état se sert de cette histoire pour assoir son hégémonie au sein d’un territoire « oublié de la république » et ou la présence policière fut inexistante.

Prétendre qu’il agit de manœuvre politique pour entraver le processus de légalisation alors que la ZAD communique depuis des mois sur l’aspect collectif des projets déclarés en préfecture, c’est admettre qu’il s’agissait bien de projet privés que les personnes engagées dans la déclaration de ces projets ne sont pas que des portes noms. Si tel avait été le cas alors les projets en question devraient tenir avec un autre porte nom issu du collectif « ex ZAD ». Dans un vrai collectif, dans de vrais communs, nul n’est indispensable, et encore moins quand cela nous arrange.

Le plus horrible reste de vouloir rendre plus défendable des gens sous prétexte qu’ils ont un tissu relationnel plus dense et qu’ils ne sont pas de méchants radicaux. La justice n’est pas sensée entendre ce genre d’argument, mais cela révèle la logique milicienne qui vous anime.

Prétendre qu’il ne s’agit pas de conflit politique interne en maquillant les faits par d’éventuels « conflits de voisinage », c’est un semi mensonge. Oui il s’agit de conflit politique, mais pas seulement. C’est aussi la résultante d’enjeux de pouvoir, de manque de communication interne, d’inexistence de gestion des conflits cohérente, de pratique de politique politicienne, de fatigue, de stress, d’ambitions politiques divergentes… Et ce communiqué officiel en est une parfaite illustration.

Il persiste et signe, à réécrire l’histoire pour défendre ses intérêts, à remodeler la vérité plutôt que de la chercher et de l’offrir, à utiliser les outils de communications collectifs pour faire passer un message qui fait vrombir plus d’une personne qui vit encore sur la ZAD. A masquer des agissements plutôt que d’en faire une autocritiques constructives pour servir aux expérimentations futures.

On peut avoir envie de défendre ses amis, même si ils et elles ont été pour la plupart et malgré elles-eux embrigadés-ées dans une histoire dont il ne savait finalement pas grand-chose. C’est sain, on ne lâche pas ses potes même quand ils font de la merde. Mais il faudrait au moins avoir la pudeur de ne pas jouer aux victimes quand on est les bourreaux. Et c’est tout à fait à cause de cela que d’autres s’en mêle, non pas pour s’en servir pour régler des comptes, mais pour rétablir une vérité qui est loin d’être anecdotique. C’est la partie émergée des rapports de domination, d’oppression, de gentrication qui ont eu et qui ont court sur l’ex ZAD.

Note pour les lecteurs, les lectrices, l’auteur et les commentateurs commentatrices :

A propos du biais d’attribution :  « En psychologie, un biais d’attribution est un biais cognitif qui se réfère aux erreurs systématiques commises lorsque les personnes évaluent ou tentent de trouver des raisons pour leurs propres comportements et ceux des autres. Les gens font constamment des attributions concernant la cause de leur propre comportement et celui des autres; cependant, les attributions ne reflètent pas toujours fidèlement la réalité. »