En effet l’heure est grave. Une vague de nationalisme ethnique et fascisant balaye le globe en (fausse) réponse aux ravages sociaux du néolibéralisme.

Dans de plus en plus de pays à travers le monde (dont trois des cinq pays les plus peuplés de la planète), des chefs d’état ultranationalistes, xénophobes, agitateurs et démagogues sont arrivés au pouvoir par la voie des urnes : États-Unis, Brésil, Inde, Philippines, Hongrie, Pologne, République Tchèque, Serbie, sans oublier Israël — et que dire de la Turquie et de la Russie ? [1]

L’extrême droite partage le pouvoir en Italie, en Autriche, en Bulgarie, en Finlande, en Slovaquie. Elle est entrée au parlement allemand pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale.

En Israël, on assiste à une fascisation effrayante du discours politique et une alliance avec ces mêmes forces régressives à travers le monde — y compris avec les héritiers des forces antisémites qui ont collaboré avec les Nazis pendant le judéocide et leurs disciples.

La complicité de la diplomatie française avec cette politique faite de racisme et de crimes de guerre est une honte absolue ; notamment en 2018, le gouvernement français n’a pas daigné prononcer un mot sur l’emprisonnement sans motifs du citoyen français Salah Hamouri et est resté de marbre devant les tueries de l’armée israélienne à la frontière de Gaza.

Même si la colonisation israélienne de la Palestine progresse sans relâche depuis plus d’un demi-siècle, sous des gouvernements de droite comme de gauche, jamais encore il n’y a eu une telle libération de la parole raciste et de l’idéologie de la suprématie juive sur la région (qui a aboutinotamment à la loi sur l’État-nation du peuple juif). Le massacre de civils palestiniens lors des marches du retour ne semble même plus requérir, de la part du gouvernement israélien, de justification, comme il y en avait eu encore pendant les bombardements de Gaza en 2014.

En France, si l’extrême droite — arrivée au second tour des présidentielles pour la seconde fois — n’est pas arrivée au pouvoir, rien ne nous en nous protège dans l’avenir proche. Les soulèvements populaires auxquels nous assistons — et, pour certains, participons — n’ont pas de couleur politique affichée, et la frustration prévisible de la population face au gouvernement actuel est malheureusement un terreau fertile pour la poussée de mouvements autoritaires, qui prônent le refus de l’autre et son exclusion.

Ceci alors que le discours raciste en France est de plus en plus légitimé. Un sociologue britannique parle de la « montée d’un racisme respectable en France » dans un livre intitulé République de l’Islamophobie. Les migrants, noirs avant tout, se trouvent confrontés à des traitements inhumainsde la part des institutions étatiques et/ou avec la bénédiction de celles-ci. La France n’a en effet jamais fait le travail de fond nécessaire à une confrontation critique avec son passé esclavagiste et colonial.

Pour notre solidarité avec les palestiniens, l’UJFP a été attaquée par un organisme de lobbying affilié au gouvernement israélien (et spécialisé dans la diffamation des organisations humanitaires israéliennes et de solidarité avec la Palestine) [2] ainsi que par des agents de think-tanks néoconservateurs américains, relayés par la presse d’extrême droite française. Leurs agissements ont réussi à convaincre l’entreprise PayPal de fermer notre compte en ligne et ont motivé des agences gouvernementales françaises à mettre en question la subvention que nous avons reçue pour nos clips vidéo — dans lesquels nous relatons notre combat antiraciste et universaliste — et de faire interdire à Dominique Natanson, membre de l’UJFP qui apparaît dans les clips, une intervention d’éducation à l’antiracisme dans un lycée.

Ces attaques prouvent l’importance et l’utilité de notre combat. Dans le contexte actuel de fascisation du monde, de montée du racisme et du traitement inhumain des migrants en France et en Europe, de l’accentuation de la répression et de l’exclusion en Israël-Palestine, notre combat pour un antiracisme universel et l’égalité des droits de tous les êtres humains ici et là-bas est d’une importance capitale. L’un de nos outils de combat est la campagne BDS, dont le boycott de l’Eurovision prévue — voire la prévention de sa tenue — en Israël, pour lutter contre l’apartheid déplorable qui s’y amplifie.

Nous vous souhaitons le meilleur pour cette nouvelle année 2019. La nuit précédant toujours l’aurore (malheureusement la situation actuelle ressemble davantage au crépuscule qu’à l’aube), l’UJFP participera à la lutte pour le vivre ensemble, l’égalité des droits, la justice et l’émancipation de tou.te.s, pour que cette période obscure puisse déboucher sur une nouvelle avancée de l’humanisme et de la justice. À cet égard notre combat n’en est que plus essentiel !