Les blocages et les manifs qui se succèdent depuis au moins trois ans (Loi Travail, sélection des universités, Gilets Jaunes, Lycéens…) montre qu’une grande partie de la population française en a vraiment ras-le-cul.

Cette combativité remarquable est salutaire. Espérons qu’elle perdurera au-delà de l’obtention de quelques miettes du gouvernement pour qu’on la ferme.

Les points de croissances, les réformes, les déclarations et l’ouverture du gouvernement n’y feront rien.

Tout ce système est pourri.

Est-ce qu’un autre guguss à la place de Macron changera la donne ?

On sait très bien que non, Podemos en Espagne, Tsipras en Grèce on fait que cogérer l’austérité et le capitalisme de crise.
Sortir du marasme ne passera que par une réappropriation de nos vies, du pouvoir sur elle (et non du supposé « pouvoir d’achat »).

Cependant de nombreuses forces sont présentent pour maintenir le système existant :

  •  D’abord la répression qui fait rage à l’heure actuelle : la police tape, gaze et emprisonne toutes celles et ceux qui sont en ce moment dans la rue. La police est le bras armé de l’État.
  •  Les médias qui instrumentalisent la « violence » et stigmatisent certaines personnes ou groupes présents dans la lutte. Ils veulent trouver les « casseurs » et les « meneurs ». Distiller la peur et faire de l’audimat.
  •  Facebook et les Renseignements œuvrent à collecter des informations sur les luttes et les personnes pour une future répression.
  •  On à tous des aspirations bourgeoises fabriqués par la pub et le discours général nous faisant croire qu’on a tout a y gagner à accumuler des biens et du fric et concurrencer son voisin pour atteindre un supposé « bonheur Ikea ».
  •  Les populistes qui prennent le peuple pour une populasse maléable, ils jouent sur la colère mais ne veulent au final que maintenir les vielles valeurs réactionnaires (travail, famille, patrie) et un capitalisme de boutiquier.
  •  Les stratégies politiques du gouvernement poussant les Gilets Jaunes à former des « représentants » mais aussi la stratégie de la division entre « bons et mauvais gilets jaunes » est utilisée allègrement par Macron.

Nous n’avons pas besoin de donner des propositions uniformes au mouvement et qui plus est adressées au gouvernement. La force de ce mouvement c’est justement sa diversité, son caractère diffus et incontrôlable. Cessons de nous adresser au gouvernement comme s’il était notre sauveur, il pourra aménager tout au mieux notre misère matérielle mais ne nous donnera jamais les moyens de notre émancipation, nous faire vivre réellement.

Notre dépendance économique au système nous pousse toujours plus à nous aliéner au travail. Perdre sa vie à la gagner n’a aucun sens. Le fait de faire grève, de bloquer les flux est déjà une manière de sortir de l’absurdité avilissante du travail.

À l’instar de « La République En Marche ! », voulons-nous fonder le parti des gilets jaunes avec son cortèges d’arrivistes et de politicards ? des députés gilets jaunes ? des ministres gilets jaunes ?

On est jamais mieux représenté que par soi-même pour parler de ce que l’on vit.
Le système représentatif fait partie de la démocratie libérale et capitaliste. Celle-ci broie nos idéaux et nos rages dans le « principe de réalité ». Les grandes structures de décisions (régions, départements, métropoles) déresponsabilisent et chasse la vie qu’il y avait au départ dans un tas de paperasses, d’ordinateurs, d’« experts » et de chefs.

On ne peut pas et ne veut pas reproduire le gigantisme propre à l’État, continuons plutôt à parler et agir à notre échelle ; c’est bien cela qui les emmerdent le plus ! Réseauter, faire du lien, réfléchir ensemble, voir ce qui se fait ailleurs, aider les collègues pour un barrage, a du sens et nous grandit.

Imposons au gouvernement notre agenda et ne perdons pas notre temps dans des élections.

P.S.

Nous ne sommes pas à proprement parler « des gilets jaunes », mais cela fait quelques années que nous nous battons dans différentes luttes et on trouve que c’est chouette ce qui est en train de se passer. Le faites que le mouvement dure, fait que d’autres personnes comme nous peuvent petit à petit s’appuyer sur la conflictualité actuelle pour rejoindre la fronde et y mettre leur grain de sel.

Des guguss de Grenoble, 5 Décembre 2018.