Nantes, temoignages suite au blocage des examens le 15/05/18
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesMouvementRacismeRépression
Lieux : Nantes
TÉMOIGNAGE :
« Ce mardi 15 mai, nous, étudiants, avons décidé de faire le tour bâtiment. Une camarade s’est faite violemment arrêtée après les consignes de l’adjudante présente « Chargez les, vous me les dégagez. »
Suite à ces propos nous avons reçu des coups de matraque (j’ai pris un coup à la tête qui m’a valu d’être sonnée une bonne partie de la journée), des gazs, des coups de boucliers.
Après ce violent affrontement j’avais une épreuve de partiel à 14h.
Je discutais avec mon professeur et surveillant de l’épreuve. Nous lui montrions des vidéos de la matinée en lui expliquant qu’il était inconcevable de passer des examens dans de telles conditions. À ce même moment, Monsieur Biais, Laurianne Schlaeppi et Jérôme Gastineau se dirigent vers moi, en m’informant que je vais passer en commission disciplinaire, que si je veux rentrer je vais devoir me tenir à carreau, sinon ça n’est pas la peine de rentrer.
Je termine de discuter avec mon professeur et un camarade et décide d’aller en épreuve. A ce même moment monsieur Biais me demande d’ouvrir mon sac afin de le fouiller et m’annonce dans le même temps que les sanctions que je risque sont : une exclusion de l’université de Nantes ainsi que de l’enseignement supérieur. Suite à cela il ajoute « ton petit groupe derrière toi là, quand tu seras en commission disciplinaire il sera plus là, y aura plus personne, tu seras toute seule. »
Après ces menaces j’ai fondu en larmes en entrant dans le bâtiment et ai boycotté mon partiel.
Je tiens également à signaler que le matin même un policier à dit mon nom et annonçant que j’étais là. J’imagine que la présidence a du donner mon nom à la police.
Une présidence sourde et docile face à ces violences avérées de la part des forces de l’ordre, est inacceptable. D’où mon témoignage.
Mon camarade présent ainsi que mon professeur lors de l’échange avec la présidence témoignerons des propos tenus.
En vous remerciant pour votre écoute et votre compréhension. «
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TÉMOIGNAGE :
« Nous autres étudiants avions décidé de faire le tour, je marchais calmement, mais malheureusement je n’étais avec personne et un peu éloignée du groupe, les policiers m’ont demandé d’avancer, je l’ai fait.
Je suis tombée (un policier m’a poussée) dans les escaliers, j’ai été traînée au sol du bas de ces escaliers jusqu’au bord de la route, derrière une voiture, bien au couvert, à l’abri des regards. Ils ont essayé de me retirer mon écharpe pour pouvoir filmer mon visage, et à la limite de me faire étrangler je l’ai enlevée de moi même puis me suis mise sur le ventre pour me cacher. À deux ils se sont mis à me frapper pour me retourner, toujours au sol, le troisième policier qui filmait donc, m’a bien filmée de près en me disant avec un grand sourire »ha on l’a bien ta gueule là ».
Ils me relèvent ensuite violemment, puis on me prend par la tête et le corps, et on me plaque sur une voiture, ma tête cogne bien le rebord de celle ci. Puis on me retourne et on me recogne cette fois sur le dos, encore, ma tête cogne le bord. Puis on me demande mes papiers, enfin on me le demande officiellement sans me laisser le temps de répondre, ni même me laisser le temps de les sortir de moi même.
Ils, les deux hommes fiers, m’attouchent pour trouver dans la poche devant mon sein ma carte d’identité. Un moment à peine dégradant.
Mais ce n’est pas fini, avec les gens que je côtoie en ces moments, j’avais pour un instant oublié l’existence du racisme. Et une policière me la rappelle donc volontier, me demandant si mon nom de famille (qui est on ne peut plus régional) était bien d’ici, je répond que je suppose que c’est vendéen. La policière, d’un air hautain, me répond » et moi je suis la reine d’Angleterre. » J’avais bien compris le mépris, mais pas la raison de celui-ci, je demande une explication, elle me dit » ça, ça ne vient pas d’ici… Ici ». Merci de me rappeler que je ne suis pas tout à fait blanche.
Ce n’est pas fini, on me relâche, je suis encore sous le choc de qui m’arrive, et j’entends au loin, une voix qui s’adresse aux autres mais faite pour que je puisse l’entendre » *nom prénom*, un nom qu’on ne retrouvera pas à l’Université l’année prochaine ! »
Je continue de marcher, escortée par ceux que je pense être mes deux peloteurs.
Malheureusement pour moi, aucune vidéo de cet événement n’a pu être tournée, j’avais été bien mise à l’écart, bien à l’abri des regards. Certains de mes camarades m’ont vue au sol, ont entendu le bruit de mon crâne contre la voiture alors qu’ils étaient à près de 200m de moi, qu’ils criaient car ils ne voulaient pas me laisser seule, sous les bruits des coups de matraques sur les corps des camarades qui ont voulu venir me défendre.
Ils veulent que je me sente seule, ils veulent que je baisse les bras, ils veulent que la pression nous gagne.
Malheureusement pour vous, nous sommes soudés, et ce genre de violence gratuite, machiste et raciste nous donne de la force.
Mon corps souffre, mon moral est à bout. Mais mon cœur ne cédera pas à la pression inhumaine de ces soit-disant gardiens de la paix. »
Vendredi 18 mai, après une semaine de répression inédite contre les étudiants et étudiants en lutte, les examens sur table sont annulés grâce à la mobilisation croissante. Mais l’administration se venge, en inventant une soi-disant « agression » contre la hiérarchie de l’université. Presse-Océan, qui n’a jamais parlé sérieusement de la violence policière contre la jeunesse, ose titrer sans aucune vérification « sept personnels de l’université violemment agressés ». Notez l’absence de tout conditionnel, et la reprise tel quel du communiqué du président de la fac, Olivier Laboux. En réponse, un étudiant mobilisé nous fait parvenir un récapitulatif des méthodes mafieuses et évidemment illégales de la présidence de l’université pour enrayer la contestation.
« Ce vendredi 18 mai fut encore un énorme désaveu pour Oliver Laboux et sa clique. L’échec de la présidence est total. La répression n’impressionne plus personne à la fac de Nantes. Les étudiant-e-s font front et s’unissent contre les injustices que l’administration leur fait subir depuis une semaine. La liste est longue (et sûrement incomplète), ne nous laissons pas faire !
1) Appel aux policiers et gendarmes mobiles qui blessent des étudiant-e-s, pourtant mobilisé-e-s de manière pacifique et symbolique. Plusieurs étudiant-e-s sont blessé-e-s et choqué-e-s. Ces violences ne doivent pas rester impunies.
2) Menaces de sanctions disciplinaires proférées par les membres de l’administration, du cabinet de la présidence et certain-e-s doyen-ne-s d’UFR envers des étudiant-e-s mobilisé-e-s. Ce type de menaces, totalement illégales, s’est produit à plusieurs reprises tous les jours de la semaine. Des plaintes vont être déposées par les étudiant-e-s. Si vous aussi vous avez été victime de ce type d’intimidations, n’hésitez pas à nous en faire part, et surtout, faites les remonter ! Les personnes vous ayant menacé encourent jusqu’à 2 ans d’emprisonnement.
3) Mardi 15 mai : les membres du cabinet de la présidence portent plainte contre une camarade, accusée d’outrage : elle passe en procès au mois de juin. En attendant, elle est sous contrôle judiciaire. La procédure est entièrement fondée sur des accusations mensongères. Soutien total, ne restons pas seuls face à la répression administrative.
4) Les vilains technocrates cités plus haut n’hésitent pas, depuis mardi, à fouiller eux mêmes les sacs, sous couvert du plan « Vigipirate ». Ces fouilles sont totalement illégales et ne font pas partie de leur prérogatives : seuls certains agents de sécurité et la police ont le droit de fouiller des sacs. Si vous aussi vous avez subit une fouille illégale, n’hésitez pas à témoigner.
5) Le vendredi 18 mai, la direction de l’université a franchi un nouveau pallier en terme de pression sur les étudiant-e-s, une nouvelle fois en dehors de tout cadre légal, il va sans dire. Le SUAPS – fac de sport – qui « accueille »les épreuves de la journée, était placé sous haute surveillance policière. Les étudiant-e-s de langues et LLCE se sont vus confisquer leurs cartes d’étudiant-e-s et autres papiers d’identité à l’entrée de leurs épreuves. Le but de l’opération (complètement assumé) était de « ficher » les éventuel-le-s boycotteurs et boycotteuses, qui décideraient de rendre copie blanche et de sortir au bout d’une heure d’épreuve, en signe de protestation ! Du jamais vu … Tous-tes les étudiant-e-s passant leurs partiels en SUAPS ont alors décidé de se montrer solidaires de leurs camarades intimidé-e-s et ont collectivement refusé de passer leurs examens. Les épreuves, sous la pression de la salle réclamant la restitution des cartes, ont été annulées. Bravo !
La doyenne de l’UFR de sociologie et quelques autres « hauts placés », responsables de cet immonde chantage, décident de quitter la salle par l’arrière du bâtiment pour éviter de se faire huer. Mais la manœuvre est grossière … Rapidement aperçue, la petite troupe est huée par la foule pendant 10 minutes, sans violence ni aucune insulte. Pourtant, la police est appelée à la rescousse. Suite à cet petite piqûre de rappel de la part des étudiant-e-s qui refusent en bloc la répression qu’ils subissent depuis le début de leurs partiels, la présidence espère allumer un contre feu pour masquer tous ses agissements extra-légaux. Olivier Laboux déclare en conférence presse qu’une « cellule psychologique » a été mise en place. On aurait pu croire que c’était pour les étudiant-e-s blessé-e-s par la police en début de semaine … Eh bien non … La présidence invente des faits, diffuse des mensonges – que relaie allègrement la presse – pour tenter de faire croire que ceux qui fichent et menacent les étudiant-e-s sont des « victimes ». Drôles de méthodes donc, mais depuis quelques mois, plus rien ne nous étonne …
Tout semble aller de plus en plus mal pour Olivier Laboux et ses sous-fifres arrogants, persuadés qu’ils ont le droit d’utiliser des mesures arbitraires à notre encontre. Et force est de constater que depuis lundi, toute forme de répression, qu’elle soit administrative ou policière, n’est pas pas restée sans réaction de la part des étudiant-e-s. Si il y a bien un point à retenir de cette semaine d’exams, c’est que la fac est loin d’être endormie.
La sélection n’aura pas lieu. Tout le monde déteste la répression ! »
Merci pour ces témoignages qui mettent en lumière la vérité des faits. La cruauté de la répression doit être mise en lumière vis à vis du grand public. La direction de la fac ne doit pas s’en sortir comme ça. Les flics non plus!
Comme à chaque fois, les journalistes n’expriment dans les médias que la version du pouvoir et des flics, c’est à dire qu’ils et elles mentent ouvertement et dérogent sans rougir à leur fonction de rapporteurs de la vérité. Leur façon de rapporter ces faits ne laisse donc aucune ambiguité quant à leur positionnement (soit disant neutre, la bonne blague!) et leur honnêteté! Honte à elles et eux, bande de pourris!
Si tout cela est possible, c’est grâce à leur silence et à leurs menssonges!
Courage à vous qui vous opposez à la loie ORE!