Blocus lycéens : réponse d’une mère d’un élève à la proviseure du lycée maurice ravel (paris, mais pas que)
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesMouvementRacismeRépression
Lieux : Paris
Madame B,
En tant que parent d’élèves, l’un dans votre établissement mais également dans d’autres établissements concernés par les blocus, je me sent obligée de réagir à votre courrier ci-dessous.
Premièrement, un lycée n’est pas bloqué par des poubelles. Il est bloqué par des lycéens. Donc lorsque vous demandez ou permettez aux CRS de débloquer, ce sont des jeunes (souvent mineurs) que les CRS dégagent et non pas des poubelles.
Deuxièmement, ces lycéens à coup de faits divers scabreux, d’élections présidentielles à venir, de loi travail passée, sont en train, chose naturelle, de se forger une conscience politique. Quoi qu’on pense de leurs choix, de leurs indignations voir de leurs révoltes, il me parait tout à fait injuste et de mauvaise foi de leur nier ces motivations en parlant de « mode » ou de « prétexte ». Le sens civique dont vous parlez ne peut s’assoir que sur la conscience. Cette conscience n’apparait pas d’un seul coup en même temps que le droit de vote.
Enfin, les blocages lycéens ne peuvent pas trouver leur issue dans la répression policière qu’ils sont sensés dénoncer. Débloquer un lycée à l’aide de CRS me semble tout à fait disproportionné. Faire usage de flashball et de gaz lacrymogène face à des lycéens postés sur des poubelles (armés d’oeufs?) est à mon sens proprement scandaleux. Les arrestations dont vous parlez et les sanctions que vous envisagez, expliquent d’une part l’utilisation de cagoules et d’autre part ne peuvent qu’exacerber le sentiment d’injustice provoqué par le passage à tabac et le viol par la police du jeune Théo.
Si les lycéens ont refusé de rentrer dans l’établissement après l’intervention des CRS, c’est peut-être pour toutes ces raisons.
A votre disposition pour poursuivre cette discussion.
Bien à vous,
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Le fameux message de la proviseure ci-dessous.
Bonjour à tous,
L’établissement a fait ce matin l’objet d’un blocage de poubelles une fois de plus. Les bloqueurs étaient une poignée, la plupart cagoulés, donc impossibles à identifier… et à sanctionner. Quelques-uns ont pu néanmoins être reconnus et les familles seront convoquées !
La police (CRS) est intervenue vers 8h30 pour dégager les poubelles, un élève a été interpellé car il jetait des œufs sur les policiers.
Les collégiens et les élèves désireux de rentrer ont pu entrer par une entrée de service.
Lorsque les portes ont été débloquées, à 8h40, les lycéens ont été invités à entrer mais n’ont pas souhaité le faire…
Encore une fois, et plus encore, nous en appelons au sens civique de nos élèves, alors même qu’aucune manifestation n’est prévue ce jour.
Il semble que la mode du blocage le jeudi se soit installée, et que tous les prétextes soient bons…
France B,
Proviseure
Dommage de se rapproprier le « sens civique »…
Pour moi c’est pas si clair si la daronne se réapproprie ce terme, ou si juste elle le réutilise pour renvoyer dos à dos les contradictions de ce que la proviseure raconte.