Rennes: pour un centre-ville populaire !
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Catégorie : Local
Thèmes : Quartiers populairesResistances
Lieux : Rennes
Pour preuve ce « Centre-Ville Dating », nouveauté 2016, censé permettre « en quelques minutes de faire se rencontrer Élus locaux avec les Enseignes nationales, les Fédérations de commerces, les Franchises [2] ».
C’est une véritable provocation de la part de la Mairie, au moment où l’on assiste à un gigantesque processus de privatisation et de dépolitisation du centre-ville.
Comment peut-on sérieusement promouvoir « un centre-ville intelligent [3] », quand, depuis le début du mouvement contre la loi « travail », on nous a interdit d’y défiler par la force ; quand on nous a expulsés deux fois de la Maison du Peuple (occupations pourtant soutenues par les syndicats) ; et quand le centre-ville est devenu un lieu d’occupation policière, censé en rendre l’usage aux seuls qui y seraient légitimes : les commerçants et les consommateurs ! C’est là en effet une drôle de conception de l’intelligence.
Car les ateliers proposés (« Ré-enchanter le commerce par la digitalisation », « Les nouvelles tendances de magasins et d’usages numériques au cœur des villes », « Comment utiliser Google pour redynamiser les Centres-Villes ? », « Le Digital ou comment créer un levier de croissance permanent pour le commerce de centre-ville ») montrent plutôt la complète soumission des organisateurs de ces Assises, et a fortiori de nos « élus » rennais, à la logique du marché et du capital, en tant qu’elle se renouvelle aujourd’hui avec le numérique et les nouvelles technologies [4].
Dès lors, il s’agit plutôt, comme on peut le constater depuis plusieurs années à Rennes (constructions d’hôtels de luxe, d’un centre des congrès d’affaires, du quartier EuroRennes, etc.), de les offrir en pâture aux franchises et aux promoteurs, afin d’induire une montée en gamme des populations qui le fréquentent – autrement dit de procéder à son enrichissement, et donc à son embourgeoisement [5].
Or un tel projet passe aussi par un processus de nettoyage urbain, autrement dit par la mise à distance des centres-villes de tous ceux qui ne participent pas de leur « attractivité économique » (ou plus exactement financière) – exemplairement, depuis trois mois : des chômeurs, des étudiants, des lycéens, des intermittents, des syndicalistes, des salariés, des précaires unis contre la loi « travail ».
Dans ces conditions, nous ne voulons pas que le centre-ville de Rennes devienne un lieu de consommation pour les classes les plus connectées et les aisées. Il doit rester aussi, et d’abord, comme tous les centre-villes depuis l’Antiquité, une agora, autrement dit le lieu du rassemblement social, du conflit et de la politique.
A l’ « intelligence » numériquement connectée de nos « élus », opposons l’intelligence sociale et populaire !
Pas de centres-villes sans le peuple !
Collectif Place à Défendre !
Notes:
[1] . Société foncière intervenant dans le secteur de l’immobilier commercial.
[2] . Cf. site http://www.centre-ville.org/eveneme…
[3] . Slogan apparaissant sur les affiches de cette 11e édition : « Pour un centre-ville intelligent ».
[4] . C’est pourquoi il faut comprendre aujourd’hui le slogan de la Ville de Rennes « vivre en intelligence » en lien avec le concept de « smart city », tant vanté par nos élus, et où « intelligent » (smart) ne signifie plus que « numériquement connecté ».
[5] . C’est le sens du mot « requalification ».
« mise à distance de tous ceux qui ne participent pas de leur « attractivité économique » (où plus exactement financière) » : ah bon, le centre-ville de Rennes est côté en Bourse ? Perso, je ne suis pas QUE contre la finance, mais contre le capitalisme, quel que soit sa forme. Pas la peine d’exagérer pour dénoncer, la ville de Rennes et ses collaborateurs capitalistes ne cherchent pas l’attractivité financière, mais il n’en reste pas moins que cette rencontre a une visée uniquement orientée vers le profit.
Et même chose pour notre prétendue exclusion du centre-ville. C’est vrai pendant les manifestations (bizarrement, juste après le pillage de Lacoste, pardon, l’auto-réduction, applaudie de toutes parts et érigé en modèle à suivre). Par contre, les commerçants du centre-ville, comme il est dit dans le texte, ont besoin de consommateurs, et je vois plein d’étudiants, de lycéens, de chômeurs, de précaires… dans le centre-ville.
Et toujours sur la question de vocabulaire : c’est quoi la consommation ? Acheter un objet cher ? A partir de quel prix alors ? Consommer dans une multinationale comme McDo ? Mais pas dans un bar de Sainte-Anne ? Pourtant, ça doit être l’un des secteurs les plus rentables de la ville, mais vu que c’est pas du luxe et que c’est populaire, c’est plus de la consommation, encore moins du capitalisme (à moins que vous ne voyiez pas la différence ?). Je ne veux pas d’un centre-ville faisant l’apologie de la consommation, quelle qu’elle soit, encore moins quand elle concerne la culture de la défonce qui a bien ravagé les mouvements sociaux dans l’histoire. D’autant plus avec le contexte de cette rue où il y a encore eu un mort cette année, et je ne parle pas des agressions verbales, physiques, sexuelles… dont les filles doivent plus se rendre compte. L’adjectif « populaire » ne veut pas dire sale, moche et rustre. On ne doit pas coller à l’image que les bourgeois veulent nous imposer en voulant nous cantonner dans des représentations dégueulasses du prolo qui se complaît dans la crasse. On vaut mieux que ça !
Et joli lapsus : « Nous ne voulons pas que le centre-ville de Rennes devienne un lieu de consommation pour les classes les plus connectées et les plus aisées ». Mais pour les autres classes alors ?
Le problème n’est pas l’enrichissement, et venant d’un milieu populaire, je souhaite que tout le monde vive de manière aisée. Le problème c’est l’exploitation : qu’un patron capitaliste dispose comme il le souhaite de son salarié, que ça soit à McDo, ou dans un bar pseudo alternatif.