En repartant de la scène de terreur, les occupants ont été confrontés à une résistance de la population, exaspérée par la brutalité et l’insécurité quotidiennes. Des affrontements ont eu lieu pendant plusieurs heures, faisant de nombreux blessés parmi les habitants, mais aussi deux morts. Lors des manifestations qui ont suivi les funérailles de ces personnes, les forces d’occupation ont encore blessé au moins huit personnes, par des tirs à balles réelles.

En Palestine occupée, les visages des auteurs de ces violences politiques exercées à l’encontre de civils sont souvent ceux d’occidentaux, parfois nés à Paris, New York ou Moscou. Il ne viendrait à l’idée de personne de sérieux de nous expliquer que, s’ils se comportent ainsi, c’est que leur religion prône la violence, en citant des passages, par exemple, du deutéron ou d’autres livres sacrés étudiés dans les écoles religieuses et publiques israéliennes. Seuls les antisémites essentialisent ainsi les comportements violents des sionistes. Pour autant, ces sionistes ne sont pas qualifiés de sanguinaires, de fous, de brutaux, et encore moins de terroristes, ni par les médias occidentaux, ni par les dirigeants occidentaux. Le plus souvent, ils reçoivent le soutien de ces derniers, à travers des contrats économiques, des accords politiques, des ventes d’armes, etc. Les médias occidentaux ne parlent d’eux que quand ils se font tuer, jamais quand ils tuent.

Par contre, leurs victimes palestiniennes, elles, à la moindre utilisation de la violence politique, ont le droit à toutes les caricatures essentialisantes : il faut dire qu’il s’agit souvent de musulmans, qui entrent donc bien dans les critères dominants du « méchant », tel que défini aujourd’hui en occident. Des citations d’ouvrages religieux musulmans nous expliquent alors les fondements de « l’éducation à la haine », dont le recours à la violence politique et parfois au terrorisme des Palestiniens serait la preuve absolue.

Sans surprise dans l’ambiance actuelle, nombreux sont les médias et dirigeants occidentaux qui qualifient la résistance palestinienne de terrorisme, n’hésitant pas à la mettre dans le même sac que les attaques menées par Daesh. Dans un article du Monde sur « les autres villes frappées par le terrorisme » est ainsi indiqué :

« En Israël, les attentats sont une réalité avec laquelle il faut régulièrement composer. Cette violence, la société tente de la conjurer au quotidien, en vivant, en sortant, en faisant tout pour que la vie suive son cours. Mais aussi en s’armant pour se protéger. ».

Dans cette comparaison indigne, qui vient servir le projet d’une normalisation de l’État israélien, aucune remise en question du statut d’occupant de l’Etat d’Israël. Celui-ci est présenté uniquement comme une « victime ». A aucun moment ne sont employés les mots « bourreaux », « occupants » ou « terreur » pour qualifier les actions des sionistes en Palestine, ce qui viendrait contextualiser la violence palestinienne. Il ne faudrait surtout pas s’interroger sur les causes de la violence politique palestinienne, en lien avec celle des forces d’occupation.
Sur ces mêmes bases, des dirigeants israéliens, Netanyahu en tête, s’empressent de faire un parallèle entre Paris et Israël. L’Ambassade de France à Tel Aviv reprend elle aussi ces éléments de langage. Peut-on le voir comme un aveu, monsieur l’Ambassadeur ?

Sioniste ou pas, personne ne conteste, même pas l’actuel gouvernement français, qu’Israël est en conflit avec les Palestiniens pour le contrôle de la terre de Palestine. Les gens honnêtes parlent d’occupation et de spoliation quand les hypocrites évoquent des territoires contestés, mais nul ne nie ce fait : le contrôle de la terre de Palestine est l’enjeu du conflit qui oppose le projet sioniste en Palestine au peuple palestinien. Si les situations de Paris et de Tel Aviv sont similaires, où sont les territoires occupés par la France ? Qui sont les peuples spoliés et martyrisés par la France ? On a bien notre petite idée là-dessus monsieur l’Ambassadeur.

https://quartierslibres.wordpress.com/2015/11/23/la-violence-des-autres/