Nous avons décidé de nous y rendre, nous, deux femmes anarcha-féministes, pour y lire nos lettres de démissions.

Pour moi, parce que suite au contre article sur Roger Dadoun que j’ai publié sur Indymedia, j’ai subi un lynchage collectif sur la liste fédérale, révélant encore une fois l’anti-féminisme au sein de cette organisation.

Pour moi, parce que c’était inadmissible d’être complice du lynchage d’une femme de l’organisation parce qu’elle avait osé parler en dehors du cercle clos de la liste fédérale et parce que les pressions, les ordres et les leçons de morale que nous recevions montraient que d’anarchiste il n’y avait que le nom de l’orga.

Pour nous, car ensemble, on ne pouvait plus être complice de l’hétéro-patriarcat, des prises de pouvoir, de la hiérarchie et de la bureaucratie interne.

Ce congrès a été très difficile puisque nous étions identifiées comme les féministes qui avaient critiquées la FA de l’extérieur. Des conversations se sont arrêtées sur notre passage, des personnes ont refusées de nous parler, des personnes parlaient de nous devant nous comme si nous n’étions pas là.
La discussion en plénière sur le féminisme et l’anti-sexisme, une première dans un congrès de la FA, avait pour but de nous recadrer, nous les femmes qui l’avions trop ouvertes, en dehors des règles établies par l’organisation. Ce sont des femmes qui l’ont organisées, qui se disent anarcha-féministes mais aussi contre la féminisation des textes, qui ont participées au lynchage collectif sur la liste fédérale et qui refusent de voir le patriarcat au sein de la FA, qui existent pourtant depuis de longues années.

Pendant cette discussion, nous avons lu nos deux lettres de démissions. Nous avions des tee-shirts roses « Hystérique tant qu’il le faudra » et une banderole « Hystérica-féministes tant qu’il le faudra », tenue par deux camarades hommes, qui ont aussi quittés la FA par solidarité.
Pour certain-e-s notre démission est un échec mais pour nous c’est une victoire. Parce que pour une fois les hommes présents ont du rester assis sur leurs chaises pendant 1/2h tandis que deux femmes se tenaient debout, le micro en main pour leur dire ce que c’est être une femme féministe à la Fédération Anarchiste.

Nous avons quittées la salle après notre démission. Plusieurs personnes, hommes et femmes, ont aussi quittés la salle pour nous soutenir. D’autres sont resté-e-s pour intervenir en notre faveur. Sur une centaine, c’était peu, mais c’était inespéré pour nous.
Par la suite, une femme nous a dit que nous étions lâche, alors qu’il nous a fallu un courage incroyable pour oser venir et lire ces mots.
On nous a menacé publiquement de nous casser la gueule, on nous dit de nous casser, que nous n’avions aucune dignité, que nous devrions avoir honte, qu’on les avait sali. Toutes ces menaces et ces phrases, elles ont été prononcées par des hommes qui ne nous parlaient pas, mais qui parlaient aux deux camarades hommes qui nous ont soutenues. Des personnes ont refusé de manger le repas du soir préparé par la cantine collective parce que nous étions là, invité-e-s par les organisateurs.
De retours chez nous, le hasard veut que nos boites mail étaient été piratées. Un des camarades hommes qui nous a soutenu a reçu des coups de téléphones, l’intimant de « changer de trottoir » et que « ç’est une menace ».

Nous remercions les personnes qui nous ont soutenues, qui sont venues nous voir, qui nous ont invitées à rester et qui continuent à nous montrer leur solidarité. Ces personnes savent qu’il n’est pas nécessaire de les nommer personnellement, car elles se reconnaîtront. Ces personnes savent aussi qui sont les sexistes, masculinistes et les chefs informels de la FA auxquels nos textes s’adressent.

Parce que si un jour anarchie se fera, ce serait trop triste qu’elle ressemble à la Fédération Anarchiste Française.