Lettre à une bureaucrate
Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle social
Sur les conditions et les conséquences de la gouvernance par le chaos
Chère Madame,
J’ai repertorié trois offres d’inventaires qui m’ont été faites ce mois-ci. Cela représente 12h de travail. Je n’y ai pas donné suite, contrairement, à ce que je faisais avant le mois de décembre 2009. Pourquoi ? Parce qu’en janvier 2010 la CAF a fait peser sur mes revenus RSA une créance de 122 euros. Sur quel motif ? Pour trois heures d’inventaires que j’avais effectué le mois précédent. L’argument terriblement grotesque m’a été confirmé par trois fois par votre employée, à savoir qu’une seule heure de travail effectuée est comptabilisée comme un mois entier par les Assedic. D’où elle justifiait d’une créance. Ce n’était pas suffisant, il faut le croire, puisque la CAF ne m’a pas retenu sur cette créance 122 euros mais une trentaine d’euros, tous les mois, depuis le mois de février jusqu’au mois de novembre. Soit approximativement 300 euros.
Bien entendu la CAF me prive ainsi : de la totalité de mes droits au RSA, d’un revenu complémentaire et de plus elle rogne sur mes droits successifs. Compte tenu de la propagande du gouvernement nous sommes loins, dans la pratique, de ce qu’il affiche publiquement. La CAF a donc une responsabilité immédiate dans le mensonge d’Etat. Elle est chargée dans sa pratique, c’est à dire dans le plus parfait silence, d’oeuvrer contre la propagande publique mais pour le mensonge qu’elle porte et qui doit rester confidentiellement connu des seuls salariés de la CAF et des allocataires qui en patissent.
Jusqu’où cette politique de « gouvernance par le chaos » ou « d’écrasement » ira-t-elle ? Il est fort possible que l’Etat décide bientôt s’il a su se rallier une opinion publique qui lui est favorable et à laquelle il ment facilement parce que ces gens s’empressent de détourner leur servitude en haïssant les pauvres et les étrangers, qu’il décide de supprimer les allocations aux personnes qui n’auront pas fait l’effort de travailler. Comme j’ai dû refuser ces inventaires parce que vos pratiques m’y ont obligé, il est possible que ma condamnation et celle de beaucoup d’autres ait été ainsi programmée. Vos services en auront la responsabilité.
J’ai voulu porter cette affaire devant le tribunal administratif. Mais très curieusement l’aide juridictionnelle m’a été refusée sur des motifs évidemment grotesques. Tout était convenablement bouclé. Est-ce que ce sera encore bloqué je ne peux pas en préjuger. C’est pourquoi je vous informe que je vais de nouveau tacher d’intenter une action en justice contre la CAF et si je le peux contre la personne qui était chargée de mon dossier à cette époque et contre son chef de service. Je répugne de surseoir à cette obligation morale qui m’enjoignait jusqu’alors ne pas participer à cette « guerre de tous contre tous » qui est la volonté idéologique et le mode de gouvernance que le pouvoir propage, mais l’attitude de vos employés ne fait plus guère de doutes sur le camp qu’ils ont choisi, et, de plus, mon existence est menacée.
Salutations
il serait peut être temps de changer d’attitude vis à vis de tous les larbins ( qu’ils soient chefs ou simples « soldats » ) !
Je m’explique : un certain nombre de gens ont des attitudes pourries car ils savent leur impunité totale. De plus aucune « sanction » sociale ne leur tombera dessus.
c’est une guerre sociale que mène le patronat et l’état depuis 30 ans. Cette guerre sociale va s’approfondir car ils veulent que ce soient les moins riches qui payent la crise capitaliste.
Dans ce cadre, je pense qu’il serait bon de mettre sur la place public le nom, la trombine et la saloperie faite ; et quand je dis sur la place public là où le salop travaille MAIS AUSSI là où il habite.
car une fois fini sa déguelasserie, ce mec ( ou cette nana ) vaque tranquillement à ses occupations et est sans doute perçu honorablement dans son quartier ( sport de ses enfants , …. ) . Cela s’appelle la pression sociale et croyez moi un certain nombre commencerai à y réfléchir à 2 fois s’ils savent que leur saloperie peuvent être dévoilé à leurs connaissances de vie hors boulot.
bien entendu , une telle propagande doit être basée sur des faits réels ……….
PS : c’est pas moi qui parle de GUERRE SOCIALE , c’est un milliardaire américain Warren Buffet :
« Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n’avons jamais été aussi prospères. C’est une guerre de classes, et c’est ma classe qui est en train de gagner »
il serait temps de se reveiller !
Sortir de sa misère… c’est d’abord s’attaquer à ceux qui la gèrent
Dans cette société, celui qui ne travaille pas (que ce soit un choix ou non) doit comprendre qu’il n’est rien, et que même la possibilité de s’occuper de sa misère matérielle et morale lui est retirée.
Pour que le système fonctionne, c’est à dire pour que la minorité d’ordures qui en profite continue à s’engraisser en exploitant tranquillement, il faut bien que les exploités n’aient ni le désir ni le temps de se révolter. Il faut bien que chacune de leurs journées soit encadrée, contrôlée, qu’ils reçoivent leur lot quotidien d’humiliations, de tracasseries et d’insultes, afin que le soir ils se sentent suffisamment minables et impuissants pour ne pas penser un seul instant à se venger et à sortir du cauchemar dans lequel les capitalistes nous plongent en permanence.
Le salariat permet à nos dirigeants d’amener à bon compte la majorité de ceux qui y sont astreints à cet état de désespoir passif. Pour les autres – ceux qui n’ont pas de patrons qui leur crachent à la figure toute la semaine – l’Etat et sa cohorte de valets font un excellent substitut.
Ainsi, si tu ne vas pas te faire humilier au boulot, on viendra chez toi te faire comprendre que tu n’es pour eux qu’une larve tout juste bonne à fermer sa gueule, à obéir et à mendier. Quand ce n’est pas l’assistante sociale de la CAF qui vient te réveiller, histoire de vérifier que tu ne te sois pas payé une Ferrari avec ton RSA, c’est un enfoiré d’huissier qui vient t’annoncer qu’une table et un frigo, plus la montre de ton grand-père, c’est encore trop de luxe. Après ce genre de réveil, il faudra affronter la mesquinerie et le sadisme de mille autres collaborateurs du pouvoir : du regard glacé du contrôleur au mépris des travailleurs sociaux, du paternalisme de l’Armée du Salut à la gifle du vigile du supermarché.
Jusqu’à quand ?
Car au fond, leur machine de soumission et de mort ne paraît invincible que tant qu’on a rien fait contre elle. Mais si on commence à s’attaquer même à ses rouages les plus infimes, on se rend compte que toutes ces petites pièces prises séparément sont vulnérables, que le grand monstre intouchable est en réalité fait de mille petites bêtes (fonctions, structures, bâtiments) à notre portée !
L’huissier qui t’as pris tes meubles peut se retrouver bien seul dans son cabinet avec ses piles de dossiers… un vigile un peu trop zélé n’est rien si tu décides d’aller chercher de quoi manger avec une dizaine de potes ! Bref, il suffit de réfléchir un peu, de s’organiser collectivement, de prendre quelques précautions, afin d’agir efficacement pour faire payer ceux qui nous pourrissent la vie ou leur arracher quelques richesses qu’ils nous ont volées.
Bien sûr, le système économique et social ne va pas changer du jour au lendemain parce que toi et quelques autres êtes passés à l’offensive. C’est en liant nos forces et nos luttes que nous nous donnerons les moyens de vaincre ce système dans sa globalité.
Qu’avons-nous de mieux à faire que détruire ce monde de merde et prendre notre revanche ?
Si ne plus courber la tête n’est qu’un petit geste, c’est le premier à faire pour cesser de ramper et se réapproprier un peu de sa vie…
Contre les bourgeois qui s’engraissent sur nos côtes
Contre leurs valets qui nous emmerdent chaque jour…
Action directe et collective.
http://paris.indymedia.org/spip.php?article340
Contre leurs valets qui nous emmerdent chaque jour…
oui tout à fait, il faut que les larbins de la base en bavent : le système capitaliste ne fonctionne que parce qu’il y a , à la base, certains larbins , des petits rouages de la machine « répressive », qui exécutent les basses besognes.
Je suis de l’avis de chacun de vos commentaires. Vos analyses sont aussi les miennes et en tout dernier lieu il nous manque effectivement le nombre. J’ai été tenté quelquefois de porter sur la place publique le nom des laqués….
Merci à chacun de vous d’avoir confirmé mon opinion
A l’auteure de la lettre, pour ce qui est de ta remarque du nombre, il existe sur Nantes un groupe de chômeurs/précaires qui s’organisent et que tu peux contacter si besoin par exemple pour se rendre en nombre à un rendez-vous. C’est une stratégie qui a déjà prouvé son efficacité et permis de débloquer certains dossiers. L’acceuil quand tu arrives à un rendez-vous avec du monde en soutien n’est pas le même. Si tu as besoin de renfort à des moments, tu dois pouvoir les contacter en trainant un peu à B17 par exemple. Sinon on doit pouvoir trouver un moyen de les contacter.
Pour ce qui est des laquais, cette stratégie me questionne déjà plus. Déjà parce que ca me parait s’attaquer à la partie visible, et non pas aux racines du mal, et demander beaucoup d’énergies pour un résultat assez incertain. Ensuite parce que dans laquais, on ne met pas tous la même chose. Par exemple, certaines personnes y mettront les profs/instits, en tant que représentant-e-s de l’institution école, dont le rôle n’est pas négligeable dans le « formatage républicain » des gens, et en tant que membres importants et plutôt bien rémunérés de la classe moyenne, qui est sans doute le plus grand laquais dans cette histoire. Ca me parait difficile de dégager un consensus autour de qui est un laquais ou pas… D’autant que dans un mouvement social, certaines composantes peuvent se voire les unes les autres comme des laquais dans leur genre. Question complexe…
Bref, je trouves la stratégie proposée dans le 2eme commentaire plus pertinente, dans le sens de pousser à l’auto-organisation des gens face aux institutions (proche de celle de pousser les salarié-e-s à l’auto-organisation face aux institutions partenaires sociaux), la deuxième me paraît plus compliquée, et un peu trop dans le spectacle pour être réellement efficace (dépendant beaucoup de la publicité qui est faite autour).
Plutôt d’accord avec les réserves du commentaire précédent sur l’attauqe des laquais (sauf que le sinstiti sont mal payés !), il faut au moins viser les laquais en chef. par exemple les réunion départementale de lutte contre la fraude où vont préfet, Pôle, Caf, Douanes, Trésor public ; par exemple, les contrôleurs CAF trop zélés.
On peut s’organiser collectivement, comme dit plus haut, l’attitude des représentants de la bureaucratie du contrôle s’en trouve modifié, on récupère des droits mais on doit aussi contribuer à faire que les salréis de ces machins jouissent d’une marge de manoeuvre elle aussi élargie.
sur le taff à la caf, où il ya ausi des grèves contre les bas salaires le boulot dégueu et dans de mauvaises conditions, où il y a aussi des formes de résisitances aux injonctions étatiques, on peut lire : « Salariés de la caisse d’allocations familiales, chômeurs, précaires résistons à l’entreprise CAF ! »
http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5024
Pourquoi « l’auteure »?
1) Je ne suis pas à Nantes et je n’ai jamais rencontré, dans la plupart des villes où j’ai séjourné de collectifs de chômeurs assez efficaces pour venir à bout de tels problèmes
2) J’ai fait parti en revanche d’un comité local de lutte contre la précarité. Je ne nie pas que nous avons remporté certaines victoires. Mais à l’arrivée de Sarkozy nous avons essuyés de telles pressions (policières) que le groupe a éclaté.
3) Je me permets d’insister sur le fait majeur de cette lettre, la propagation du chaos. Ces dernières années le chaos a été étendu interdisant, notamment, tous recours gracieux, tous recours juridiques, tous recours à des forces de résistances organisées alors que dans un même temps l’écrasement devenait total.
Il s’agit de ne pas minimiser ce qui est à l’oeuvre et qui conduit invariablement un nombre croissant de personnes vers la maladie, le suicide, l’isolement complet et ce qui sert le système, la délinquance, à partir de laquelle il renforce partout surveillance et répression. On ne peut pas exclure définitivement qu’il n’y ait pas, dans un avenir proche, des exécutions politiques de laquais et de chefs. Elles seront qualifiées de terroristes alors qu’elles seront simplement, à l’exemple de Richard Durn, les conséquences extrêmes d’une guerre qui est menée par la classe dominante.
4) Je suis bien en peine, et nul de ne peut jamais affirmer, qu’il pourra résister psychiquement longtemps aux persécutions de la bureaucratie quand elles ont, pour corollaire, par la propagation du chaos, une surenchère fasciste et des discriminations quotidiennes qui sont le fait de tous. Quel homme y résisterait longtemps?
5) Vous n’êtes pas sans savoir que cet exemple (la lettre et son contenu) ne sont qu’une petit parcelle des persécutions à l’oeuvre. Les radars, par exemple, l’augmentation des prix à la consommation etc… participent de la même stratégie. L’écrasement est total. Face auquel il n’y a de chances que dans une rupture radicale qui soit le fait du plus grand nombre. C’est pour se prémunir d’une telle possibilité que le pouvoir n’atteint véritablement et durablement qu’une part de la population, celle-là même qui manque de tous les moyens pour se défendre, celle-là même qui est méprisée et stigmatisée partout (le pauvre et l’arabe en premier lieu).
« auteur » c’était pout féminiser, ne sachant pas de quel genre tu pouvais te réclamer (ou pas)…
Des collectifs de chômeurs il en existe pas ci par là, ça dépend un peu.
Je ne sais pas de quel problèmes tu parles, hormis ceux plus globaux qui réclament comme tu le dis des interventions plus massives et plus radicales. Mais en attendant ces groupes de chômeurs ont souvent prouvé qu’une action collective contre les institutions permettait de débloquer la situation de personnes qui galère.Qu’on les appele collectif de chômeur ou de lute contre la précarité. Certes il ne s’agit que de défense de personnes et non une réponse globale à la merde ambiante, mais c’est un bout de ce qui peut être fait contre tout ce chaos que tu dénonces, en terme d’auto-organisation collective, façon de construire un nouveaux monde ici et maintenant.
Je suis tout à fait de ton avis Nono