LE DORMEUR DU HALL
(à tous les SDF par jack Beauregard)

La poésie, des fois c’est pas bon, c’est la merde quand ça vous tombe dessus le soir au fond des cartons. J’ vois moi, des fois, ça m’empêche de dormir. Alors l’autre jour j’ai décidé d’en écrire une de poésie, une vraie, comme ceux qui savent bien écrire dans les livres.

Mais comme j’avais pas trop l’habitude j’ai pris un modèle que Fred m’a refilé un truc tellement beau que quand j’le lis des fois, j’me crois au paradis.

Y parait qu’c’était un gars qu’écrivait tellement bien qu’il a fini par fermer sa gueule tellement les autres n’y comprenaient rien.
Arthur Rimbaud qu’y s’appelait, alors voilà j’lui dédie ma poésie, j’espère qu’il m’en voudra pas…

C’est un trou qui perdure à faire des courants d’air

Qui vous gèle, et vous pèle et vous troue vos haillons

D’agent ou de vigiles par là ne passent guère

C’est pour ça que le soir il y met ses cartons.

Un clochard jeune, bouche ouverte, tête nue

Et la nuque appuyée à la va comme j’te peux

Dort. Il est étendu par terre abattu,

Pâle dans cet hiver où tous les jours il pleut.

Les pieds sur son barda, il dort,

souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme.

Métro berce le chaudement, il a froid.

Les odeurs ne font pas frissonner sa narine

Il est mort sans soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille. Il a deux bouteilles de rouge au côté droit.

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