Le MRAP est indigné et dénonce l’annonce faite, jeudi soir 28 juillet, par les pouvoirs publics de nouvelles mesures répressives concernant les Roms et les Gens du voyage. Il s’agit d’un véritable catalogue décidé lors de la réunion qui de l’Elysée qui a été présenté par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux.

Censées « ramener l’ordre public et la sécurité », ces décisions expéditives et prises au mépris de tous les appels des associations représentatives et des instances européennes, apparaissent dans le contexte actuel comme une véritable provocation.

Ces décisions entretiennent la confusion et l’amalgame entre des groupes bien distincts : les Roms originaires d’Europe de l’Est d’un côté et les Gens de voyage citoyens français de l’autre.. Ces deux groupes sont avant tout présentés sous l’angle d’une prétendue menace à l’ordre public, de la délinquance et de la criminalité. Bien que Monsieur Hortefeux se défende de tout amalgame, c’est bien de cela qu’il s’agit.

La seule composition de la réunion de l’Elysée est évocatrice. Parmi les participants, on trouve le ministre de l’Intérieur, la ministre de la Justice, le ministre de l’Immigration et de l’identité nationale, le chef de la police nationale, celui de la gendarmerie et le préfet de police de Paris. L’accent est ainsi totalement mis sur le volet répressif. Qu’en est-il alors des problèmes de santé, d’éducation, d’insertion sociale rencontrés par des personnes qui sont soit citoyens français, soit citoyens européens ?

Par ailleurs est annoncée l’évacuation sous trois mois de 150 « campements illégaux », et l’expulsion des Roms ressortissants de pays d’Europe de l’Est dont le droit à la libre circulation au sein de l’Union Européenne ne peut être entravé, quand bien même des mesures « transitoires » les privent du droit de s’installer et de travailler en France . Quel sort attend ces familles si rien n’est prévu pour les accueillir ? Les destructions de camps, déjà amplement pratiquées, ne font que les condamner à l’errance. Dans certains pays d’Europe de l’Est, la pression sur les Roms et le racisme à leur égard sont tels qu’ils ne pourront pas envisager de s’y réinstaller.

Où devraient aller les « Gens du voyage » qui résideraient dans des camps qualifiés d’« illégaux » ? On sait que la Loi française ( dite « loi Besson » de 2000) impose aux villes de plus de 5 000 habitants de prévoir pour eux des aires d’accueil, mais de 50 % à 80 % des municipalités ne respectent pas leurs obligations. Va-t-on alors sanctionner ces municipalités ? Il faudrait commencer par respecter les droits des personnes avant de penser à les incriminer.

Quant à l’annonce d’un « contrôle fiscal » pour les habitants des campements, elle a un air curieux à l’heure où la France entière découvre que les pouvoirs publics n’ont pas la capacité ou la volonté de contrôler la fiscalité des plus grosses fortunes.

Des préjugés au déni de citoyenneté, du rejet à la rupture d’égalité entre citoyens, l’histoire nous enseigne que ce mécanisme infernal a mené à des catastrophes humaines, dont l’Europe cherche à oublier le souvenir. Ainsi en est-il , tout particulièrement, de la persécution des Tsiganes dont l’histoire officielle a du mal à reconnaître les horreurs. Cette catastrophe humaine-là ne doit pas se répéter.

Ainsi le gouvernement ne fait que légitimer et accentuer l’hostilité à l’encontre de ces populations et précariser davantage leurs conditions de vie.

La solidarité et la mobilisation citoyennes aux côtés des victimes de cette nouvelle surenchère xénophobe et autoritaire sont nécessaires et urgentes.

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