« J’ai tué un Arabe ! »

Vendredi 11 juin. Ziad Joulani, un Palestinien de 41 ans, est abattu comme un chien en pleine rue à Wadi al-Joz, un quartier de Jérusalem-Est, par un soldat israélien. La version officielle relayée par le quotidien Haaretz évoque un « soupçon d’agression terroriste », ce qui est contesté par de nombreux témoins.

L’HOMME AURAIT FONCÉ sur des policiers israéliens avec son véhicule et se serait enfui à pied, le soldat a tiré car il craignait que le suspect ne porte une ceinture d’explosifs… Ramzi était un ami de Ziad Joulani, il raconte ce qui s’est passé : 
« C’était peu après l’évènement de la Flottille et un groupe de jeunes Palestiniens manifestait en brandissant des drapeaux turcs, tout à fait pacifiquement.

La police, la police des frontières et la police spéciale étaient là. Ils ont mis en place un check-point volant à l’entrée du quartier. Ziad, comme tous les vendredis après la prière, rendait visite à son oncle et sa tante. Il ignorait tout du blocage du quartier. Des gamins jetaient alors des cailloux sur les soldats du check-point. Une pierre a heurté sa camionnette, il a fait un écart, et soudain un des soldats a crié qu’il cherchait à les tuer. Ils ont tiré, il a été blessé au bras. Quant il est descendu de son véhicule, il a couru vers la maison de son oncle et a reçu deux autres balles qui l’ont fait tomber à terre.

Ceux qui ont tenté de lui porter secours, dont son cousin, ont été tabassés à coups de crosse et n’ont pu approcher. Un soldat s’est ensuite avancé et a visé sa tête à bout portant par deux fois, ainsi que son ventre. Il a ensuite dansé autour du corps et sauté de joie en chantant :“Haragti aravi ! Haragti aravi !”»

En quelques instants, les forces de police étaient sur place, en nombre: 250 soldats, six véhicules, un hélicoptère et huit policiers à cheval. Comme c’était l’heure de sortie de la prière, des affrontements ont rapidement opposé l’armée à une foule nombreuse, qui a été dispersée à coup de tirs de balles en caoutchouc, faisant des blessés.

Cambulance du Croissant-Rouge a été bloquée par l’armée, les Israéliens ont tenté d’enlever le blessé dans une ambulance militaire. Mais la foule l’a repris de force. Il est décédé sur la route de l’hôpital à 14 h 05, dans les bras de son cousin. Trois heures après, il était enterré dans le cimetière derrière la mosquée al-Aqsa.
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On assiste de plus en plus souvent dans la vieille ville à des manifestations massives de colons scandant des slogans antimusulmans. Chaque vendredi, les hommes de moins de 45 ans sont empêchés de venir prier par l’armée. Et la colonisation va bon train : Silwan, Ras al-Arnoud… L’ambiance dans ces quartiers arabes voisins de l’Esplanade est souvent tendue.
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Interrogé sur le pourquoi et le comment d’un tel acte, Abu Ahmad, un proche, explique:  » Je vais te raconter une histoire. À l’époque où je tenais une bijouterie dans la vieille ville – je vendais des bijoux en or à 21 carats -, j’avais pour fournisseur un juif syrien originaire d’Alep. Nous étions devenus bons amis, nous nous rendions visite. Un jour qu’il était sorti, sa femme me pria de patienter dix minutes, le temps qu’il rentre, cela ne posait pas de problème que je sois seul avec elle. Leur fils de 6 ans, vêtu d’une tenue militaire kaki et armé d’un pistolet en plastique, voulut jouer avec moi. Sa mère, qui me parlait en arabe, me pria de lui demander en hébreu à quel jeu il jouait. L’enfant me répondit: « Je tue des Arabes ! » « Voilà, me dit sa mère, ce qu’on leur apprend à « école en Israël …  » Crois-moi, dès le jardin d’enfants, on commence à leur inculquer la haine de l’Arabe!

Lire l’article en entier dans CQFD n° 80, jullet-août 2010