SNPE : Société Nationale des Poudres et Explosifs, à Toulouse on l’a toujours appelée « la Poudrerie ».
En bord de Garonne, elle était jusqu’au 21 septembre 2001, le jour où « AZF a pété » un des poids lourds du très ancien complexe chimique toulousain, situé à trois petits kilomètres du centre ville.
Depuis longtemps, les fumées jaunâtres, les odeurs piquantes, les poissons crevés dans la rivière, ou les incidents « internes » parfois mortels entretenaient l’inquiétude des riverains.

Pendant des lustres, aux gens qui posaient des questions, on répondait toujours « aucun danger » et puis aussi « il faut défendre les emplois »…
Il y a vingt ans, Henri FARRENY était de ceux – peu nombreux – qui agissaient déjà pour conjuguer industrie et emploi avec sécurité et écologie.
Les choses ont enfin commencé à changer à Toulouse en 1989-90, quand il s’est agi d’appliquer la directive européenne Seveso.
Comme vice-président des Amis de la Terre, comme maire-adjoint de Ramonville, comme conseiller régional, Henri Farreny a participé à quantité d’initiatives, de réunions et de visites sur place.
Avec quelques militants associatifs, quelques autres élus, les services de l’Etat et les industriels concernés, Henri Farreny a pris part au suivi critique du PPI (Plan Particulier d’Intervention) dès son origine en 1989.
Au sein du SPPPI (Secrétariat Permanent pour la Prévention des Problèmes Industriels) où il a siégé depuis son origine (1990) jusqu’en 1998, il ne s’est jamais assoupi. Bien au contraire.
Le livre « Toulouse, chronique d’un désastre annoncé » (avec Christian Moretto, Cepadues Editions – Décembre 2001) en rend compte fidèlement.

Lorsque l’explosion de l’usine AZF survient le 21 septembre 2001, Henri Farreny s’inquiète pour les stocks de phosgène de la Poudrerie. Le phosgène est un gaz redoutable, mortel à très faible concentration, qui a tué des milliers de soldats en 14-18.

Le 23 octobre 2001, au cours d’une visite du SPPPI à la SNPE, Henri Farreny a toutes les peines du monde à persuader le directeur de l’établissement, de laisser les visiteurs (baladés en bus) de s’approcher de l’atelier de phosgénation puis des stocks de phosgène (voir récit-témoignage sur le site internet) .
Qu’apprend-il à ce moment-là, soit un mois après l’explosion ? Que la paroi de double confinement des cuves de phosgène a été rompue le 21 septembre !
Et personne n’en savait rien, pas même l’Inspection Générale de l’Environnement (IGE, les « boeufs-carottes » du Ministère) qui publie son rapport le 24 octobre et n’en dit mot (voir preuve sur le site internet)!
Pas même le Préfet de Région qui admet le 28 novembre 2001 qu’il « n’a pas cette information » (voir site internet)!
Pas même la Commission Parlementaire d’Enquête !

Associées à d’autres faits, ces « cachoteries » indignent Henri Farreny qui en fait part à Elise Lucet dans le magazine de France 3, « Pièces à conviction » du 18 septembre dernier.

Avoir osé évoquer ces graves non-dits, ces dissimulations patentes, lui vaut aujourd’hui d’être attaqué en « diffamation » par la puissante SNPE qui réclame quelques 30.000 euros de pénalités en tout.

A Toulouse, cette réaction martiale (la SNPE dépend du Ministère de la Défense) contre Henri Farreny est appréciée pour ce qu’elle est vraiment : une tentative d’intimidation, une attaque frontale contre le légitime « droit de savoir ».
En la matière, les collègues du professeur d’Université qu’est Henri Farreny, spécialiste de l’intelligence artificielle, savent qu’on ne transige pas. Et leurs noms s’alignent déjà sur la pétition qui circule sur internet.