Criminalistion de la pauvreté un cas hallucinant dans le gard
Catégorie : Global
Thèmes : Logement/squatRépression
riminalisation de la pauvrete un cas halucinant dans le gard
Ce lundi soir 16 mars 2009, à Quissac (Gard) trois individus ont été arrêtés lors d’une récupération de nourriture dans les poubelles d’un supermarché. Le déroulement de cette arrestation fut complètement démesuré : braquage, demande de se coucher au sol, plaquage sur les capots des voitures, menottes, provocation… Elle s’est suivie d’une garde à vue, la soustraction de nourriture dans les poubelles étant considérée exactement au même titre qu’un vol.
Au lendemain matin cette garde à vue a été accompagnée d’une perquisition sur le terrain privé qui leur est prêté. Rien de reprochable n’a été constaté. Malgré ça, ils se retrouvent sommés de quitter les lieux au plus vite. Pourtant il semblerait totalement absurde que qui que ce soit se fasse expulser de chez lui suite à un vol en supermarché. Ou même qu’un squat se voit menacer d’expulsion suite à l’arrestation d’un de ses occupants pour récupération de nourriture dans les poubelles…
Aussi, la prise d’ADN désormais systématique à toute accusation et même suspicion (excepté pour les delits financiers), est imposée au trois accusés. (Notons qu’un prélèvement coûte au contribuable 400 euros par fiches et que l’on comptait déjà 800.000 fiches en 2007.) Soucieux de ce qu’implique cette nouvelle mesure au niveau des libertés de l’individu et de l’application de la justice, l’un d’entre eux refuse cette prise d’ADN.
Il se voit alors convoqué au tribunal le 29 octobre prochain pour ce refus considéré comme un nouveau délit…
Mobilisons-nous contre la criminalisation de la pauvreté.
Rejoignez le comité de soutien des « voleurs de poubelles » : voleursdepoubelles iCP laposte.net Précisions
Lundi 16 mars 2009. Comme à notre habitude, nous récupérions de la nourriture dans les containers à poubelles du supermarché Inter de Quissac (30) (deux cagettes de fruits et légumes divers, des produits laitiers, périmés du jour, yaourts, crèmes fraiches, fromages secs…) en tout, six cagettes de produits tout à fait consommables, malgré la date limite de consommation.
Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu’en sortant du local, nous nous retrouvons encerclés par quatre gendarmes, dont un tout excité, qui nous braque avec son arme, en nous ordonnant de nous coucher à terre. Calmement, nous posons nos cagettes de récup, et tentons de les raisonner, en leur montrant bien que nous ne faisons rien de mal, si ce n’est sauver de la nourriture, avant qu’elle finisse dans des incinérateurs, ou des broyeurs.
Le gendarme au pistolet menotte quand même l’un de nous. On leur explique notre position et la raison de notre action (contre le gaspillage, convaincus que notre démarche est bien moins condamnable que celle des patrons de supermarchés, qui interdisent la récupération des denrées périmées, voire qui mettent de la javel dans les containers).
L’un des gendarmes nous dit qu’il en a « rien a foutre des problèmes de la société, que tout ce qui l’intéresse c’est son chèque à la fin du mois, et que de toutes façons, il n’est pas Français, et qu’à l’heure actuelle il préférerait être chez lui à regarder la télé. »
Ils nous fouillent, nous lisent nos droits, appellent une autre équipe, car ils n’ont pas assez de place dans leurs véhicules pour nous embarquer. Ils font une perquisition du camion avec lequel on est venu.
Un troisième véhicule arrive, vitesse excessive et gyrophare en marche. Nous sommes maintenant entourés par sept gendarmes, des brigades de Sauve et Quissac.
Ils ne peuvent pas nous emmener tous à la même brigade, car pas assez de cellules pour trois gardes à vue.
Je suis invité à mettre les mains sur le capot d’un des véhicules, nouvelle fouille, puis mains dans le dos et menottes.
Je m’installe donc dans la voiture qui vient d’arriver de Sauve, sans ceinture, car menotté.
On arrive à la brigade en ayant une fois de plus dépassé allègrement les limitations de vitesse.
Une fois dans la brigade, on m’installe sur une chaise et on m’enlève les menottes (pas mécontent, car c’est pas des plus confortable).
Le gendarme P. Ludovic s’occupe de moi et va prendre ma déposition. D’après lui demain matin le procureur devrait vite nous faire sortir.
Ma déposition est simple, mon seul tort et d’avoir enjambé le portail du local à poubelles, afin d’ouvrir à mes camarades. Ensuite je ne considère pas être un voleur, étant donné que ce que nous prenons était de toutes façons condamné à finir détruit.
Fin de la déposition, je passe la nuit dans la cellule (pas d’eau, pas de manger).
Réveil mardi matin. On ne va pas retrouver la liberté tout de suite ; les gendarmes veulent faire une perquisition, sur le terrain qui nous est prêté où nous vivons en camions. Le maire de Sauve, ainsi que le gérant du supermarché sont conviés à la visite de notre campement.
Ils cherchent des objets volés. Au final ils saisissent une tronçonneuse volée il y a plus de dix ans, et achetée aux puces.
Suite à ça le maire nous demande de partir dans les 24 heures !
En début d’après-midi, on nous invite à manger. Non merci.
Suite de la déposition, rien à nous reprocher de plus, mais vu qu’on est quand même des voleurs, ils veulent nous prélever notre ADN, nos empreintes, et faire une petite photo souvenir, en tant que personnes soupçonnées de crime ou de délit (soustraction frauduleuse de denrées alimentaires, par escalade, en réunion).
Je refuse absolument de me soumettre à ce prélèvement, considérant que je ne suis pas un criminel, et que je ne veux pas être fiché en tant que tel, et risquer de me voir accusé de je ne sais quel autre délit, sous prétexte que j’ai perdu un cheveu sur le lieu de ce délit une semaine avant.
Sachant qu’une tel procédure coûte 400 euros par prélèvement, et qu’avec une telle logique on va finir par pucer tous les gamins un peu trop turbulents, sous prétexte qu’ils risquent de nuire à la société, et qu’il faut les surveiller.
Le gendarme P. me dit que je suis un anarchiste, et que si les lois françaises ne me plaisent pas, j’ai qu’à partir, ou alors me présenter à la Présidence (il m’a pris pour Coluche).
Il me dit aussi qu’il regrette son ancienne brigade, où dans ce genre d’affaire, ils intervenaient à quinze, et frappaient avant de discuter. Il me dit aussi qu’il commence à en avoir marre de moi, et qu’il a autre chose à faire, de toutes façons il va m’envoyer en Maison d’arrêt, vu que je fais la forte tête.
En attendant retour dans la cellule, jusqu’à la fin de l’après midi, où on vient me chercher. On me demande de plier mes draps. Maison d’arrêt ou liberté ?
Le gendarme P. finit ma déposition, il me donne aussi une convocation pour le tribunal correctionnel pour le 29 octobre, pour refus de se soumettre aux opérations de prélèvement biologique (ADN) et au relevé signalétique (photos, empreintes). Il me dit qu’après cette convocation, fini la liberté, il s’occupera personnellement de moi !
En attendant, il me relâche.
Lendemain matin, on passe voir le directeur du supermarché, pour se présenter, et essayer de trouver un moyen ensemble de ne pas gaspiller toute cette nourriture. D’accord avec nous, sur le principe, il va en parler à son supérieur, mais il pense sérieusement que l’on ne va pas pouvoir changer le système comme ça. On verra bien !
Deux jours plus tard, rendez-vous avec le maire de Sauve, pour lui donner notre version de cette histoire, et tenter de négocier un peu de répit avant de déménager le terrain.
On voit tout de suite qu’il est vraiment gêné par cette affaire. Il nous apprend que lorsque les gendarmes l’ont appelé pour venir faire la perquisition sur le terrain, ils lui ont dit que nous avions été interpellés en train de voler dans le supermarché en pleine nuit. En oubliant de préciser que c’était les poubelles que nous volions. Il semble scandalisé par cette histoire : finir en garde à vue, menotté, braqué, fiché, pour avoir récupéré de la nourriture dans les poubelles. Malgré cela, il ne peut pas nous autoriser à rester sur sa commune, car il y a un arrêté communal interdisant le campement en camion.
On partira, mais il faut nous laisser le temps de trouver un autre terrain.
Lendemain matin, deux d’entre nous quittent le terrain. En chemin, ils croisent les gendarmes de Sauve et l’agent de police rural, qui viennent nous voir.
Ils veulent savoir si on était en train de partir. On leur répond qu’on ne va pas partir comme ça, qu’on a des choses à faire avant, et que nous ne bougerons pas sans un avis d’expulsion.
Visiblement, ils le prennent mal, ils vont s’occuper de nous personnellement et on ne va pas s’en sortir comme ça.
Pour le moment, pas de nouvelles, on va retourner voir le directeur du supermarché dans la semaine, et continuer à informer les gens des communes alentour, lors de nos passages sur les marchés. On compte organiser un rassemblement la semaine prochaine, certainement un gros pique-nique ou quelque chose du style devant la gendarmerie de Sauve. Suite…
Hier on est retourné voir le gérant du supermarket Intermachin. On a réussi à s’arranger pour sauver les poubelles. Ce matin 6 heures, on est allés faire la récup, avant que le camion ne vienne les embarquer, les poubelles étaient à l’extérieur du local, donc pas d’effraction.
Grosse récup, comme d’hab.
Donc, y a moyen de négocier avec les gérants, il faut s’organiser, organisons-nous, discutons, on peut le changer ce système !
Ensuite, comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, hier, encore, on est passés voir les gendarmes, pour discuter, et savoir où ils en étaient par rapport à notre présence sur le terrain.
Le chef de brigade nous a rassurés. Il n’y a pas d’avis d’expulsion, ils ne peuvent rien contre nous, on est sur un terrain privé, ça dépend juste du maire, qui n’a rien contre nous. On est du coup beaucoup moins stressés. Il n’était même pas au courant que trois de ses agents étaient passés sur le terrain, voir si on allait partir (excès de zèle).
Voila, sinon, on va quand même continuer à informer les gens, pour que la récup devienne une évidence pour tous et qu’on arrête un peu de gaspiller.
On continue aussi de se battre par rapport au fichage abusif (prise d’ADN), on va entrer en contact avec des avocats prochainement. On sera tous lundi au tribunal de Nîmes, pour soutenir Natanaël, qui passe en jugement, à 14h30, pour les mêmes raisons (récup de poubelles) : il est accusé par les vigiles qui l’ont interpellé, gazé, tabassé, d’avoir tenté de les écraser avec son camion … venez nombreux.
Voilà, encore merci pour votre soutien, je vous tiens au courant de la suite des événements.
Tcho…
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