Quelques nouvelles des sans-papiers incarcérés suite à l’incendie du centre de rétention de Vincennes :
Liberté sans retenue

Ce sont maintenant 8 personnes, dont 7 incarcérées, qui sont poursuivies dans le cadre de cette révolte collective qui a abouti à la destruction du centre.

Jeudi, l’une de ces 8 personnes, Mr Moïse Diakité, repassait pour la 4ème fois pour obtenir une mise en liberté conditionnelle. Malgré le fait qu’il ait un hébergement sûr et que, en tant que père de famille de 7 enfants présent depuis 18 ans en France on l’imagine mal se mettre en cavale, les juges ont décidé de le maintenir en détention.

Vendredi un rassemblement a eu lieu à Beaubourg pour informer sur la situation des 8 inculpés de Vincennes.

Une immense banderole « Liberté pour les inculpés de Vincennes – Fermeture des centres de rétention » a été déployée sur la façade du centre Pompidou pendant que 80 personnes se rassemblaient sur le parvis.
Outre la situation des sans-papiers incarcérés pour l’incendie, a été évoquée la situation de 4 personnes inculpées et emprisonnées dans le cadre du montage anti-terroriste initié le 19 janvier dernier avec l’interpellation de 2 militants qui se rendaient à la manifestation contre le centre de rétention de Vincennes avec des fumigènes.
Ces personnes sont connues depuis plusieurs années pour leur implication dans les luttes sur le mal logement et pour la liberté de circulation et d’installation. Leur emprisonnement et l’acharnement judiciaire qu’elles subissent sert entre autres, comme pour les retenus de Vincennes, d’exemples dissuasifs dans un monde qui s’enfonce dans la crise.

Le plateau d’une émission de France Culture qui se déroulait en direct dans le musée a été interrompu pour y lire un texte (voir plus bas)

Les personnes présentes au rassemblement se sont ensuite baladées en cortège dans le quartier pour y diffuser tracts et informations puis se sont rassemblées devant l’administration pénitentiaire située rue du Renard afin de rappeler que l’un des 8 inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes, Mr Slaheddine El Ouertani est dans le coma depuis bientôt 3 mois.

Mr El Ouertani, était sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire lorsque suite à « un problème » dans sa cellule il est tombé dans le coma. Depuis, aucune nouvelle ne circule sur son état… Nous espérons tous que la révolte des sans-papiers enfermés à Vincennes, dont l’élément déclencheur a été la mort « inexpliquée » d’un monsieur tunisien malade ne sera pas de nouveau endeuillée par le décès de Mr El Ouertani.

Texte lu lors de l’émission de France culture :

LIBERTE SANS RETENUE !

Slaheddine, Moïse, Ali, Ekma, Mahamadou, et Hassan sont emprisonnés depuis plusieurs mois. Ils étaient enfermés au centre de rétention de Vincennes le 22 juin 2008, lorsque la révolte collective qui faisait suite à la mort d’un de leurs camarades a abouti à la destruction du centre. Ils sont accusés d’incendie volontaire et de violence à agent. On ne sait toujours pas quand leur procès aura lieu.
Isa, Juan, Damien, et Julien sont eux aussi incarcérés depuis plusieurs mois sans perspective de date de procès. Yldune, Farid, Ivan et Bruno ont eux été libérés mais restent soumis à un contrôle judiciaire strict.
Accusés de tentative d’incendie d’une voiture de police pour les un/es, de sabotage de lignes TGV pour les autres. Chacun/e d’eux est inculpé/e sous régime antiterroriste et affublé/e de l’étiquette « mouvance anarcho-autonome », construction politique et policière bien utile pour faire peur en temps de crise.
Le point commun entre ces différentes personnes c’est la volonté de l’Etat de réprimer quelques un/es afin de dissuader le plus grand nombre de ne plus accepter d’être mal logés, d’avoir des fins de mois difficiles, d’être contrôlés, raflés, enfermés parce qu’on est étranger, jeune, pauvre…. La liste des raisons de nous révolter est de toutes façons bien longue dans un monde où le plus grand nombre doit faire face à des conditions de vie et à un quotidien de plus en plus difficile.
Les inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes et de la dite « mouvance anarcho-autonome » ne sont pas les seuls à faire les frais de cette politique de répression/dissuasion massive. Que ce soit pendant les émeutes de novembre 2005, pendant la lutte contre le CPE au printemps 2006, plus récemment pendant les luttes lycéennes ou lors des manifestations contre les massacres en Palestine, de plus en plus de personnes sont arrêtées, emprisonnées et parfois condamnées.
Au delà d’un simple slogan, la solidarité c’est aussi aller contre les catégories dans lesquelles on enferme chacun/e d’entre nous pour mieux nous isoler : « sans-papier », « anarchiste », « syndicaliste », « bloqueur », « casseur », « délinquant »… Autant d’étiquettes qui nous éloignent, alors que finalement il n’y a que 2 camps : ceux qui oppriment, exploitent et…. les autres. _Parmi les autres il y a celles et ceux qui parfois se révoltent, s’organisent, réfléchissent, relèvent la tête contre l’ordre établi. Ils et elles sont dans la ligne de mire de l’Etat. Ce sont nos camarades, qu’ils ou elles s’appellent X…, Y… ou Z….., qu’on les connaisse ou pas, de toutes façons, ils et elles sont des milliers. Parce que nous voulons qu’ils et elles retrouvent la liberté, mais aussi parce qu’on n’a pas le choix si on veut vivre sans baisser la tête ni raser les murs. Nous ne lâcherons rien ! Fermeture de tous les lieux d’enfermement ! Liberté de circulation et d’installation !

31 janvier 15h RER Luxembourg manifestation nationale « Sabotons l’antiterrorisme »

18h30 RER Joinville Le Pont pour se rendre au centre de rétention de Vincennes

7 février Mobilisation nationale devant tous les centres de rétention

Contact : liberte-sans-retenue@riseup.net.

Autre tract diffusé

LIBERTÉ POUR LES INCULPÉS DE FEU VINCENNES !

Depuis fin 2007, les retenus de Vincennes, comme ceux d’autres centres de rétention, n’ont cessé d’enchaîner luttes, manifestations, grèves de la faim, refus de comptage, départs de feu…Alors que les retenus se battaient pour leur liberté, les politiques, les associatifs et les médias ne parlaient que d’amélioration de leurs conditions de rétention.

Le 9 avril 2008, un retenu du centre de rétention disait déjà : « Il faut penser la lutte autrement. Les gens et les flics se foutent de la grève de la faim. Ils s’en foutent des sans-papiers. Ils s’en foutent si on crève. Les gens bouffent des lames de rasoir tous les jours, et on n’entend pas parler d’eux. Les petits trucs qu’on fait ne valent pas le coup. Il faut vraiment foutre le bordel pour avoir les moyens de leur mettre une vraie pression. »

Le 21 juin 2008, un retenu tunisien mourait dans des circonstances toujours pas éclaircies. Le lendemain une marche silencieuse organisée par les retenus était fortement réprimée. Une révolte s’en est suivie, au cours de laquelle le centre de rétention de Vincennes a entièrement brûlé.

Le soir même de la destruction du centre, les retenus sont transférés dans d’autres centres de rétention aux quatre coins de la France : Rouen-Oissel, Lille-Lesquin, Nîmes-Courbessac, Palaiseau, Mesnil-Amelot et Paris-dépôt-Cité. Quelques-uns seront expulsés, la plupart d’entre eux libérés et débarqués au milieu de nulle part, sans leurs affaires. C’est la solidarité qui a permis à certains de retrouver leurs proches. Vrai manque à gagner pour la machine à expulser, la disparition de 280 places de rétention a eu pour conséquences une très significative diminution des rafles et des expulsions sur Paris. D’ailleurs l’Etat, pour tenir son quota d’expulsions, s’est d’ores et déjà empressé de reconstruire Vincennes.

Cherchant à faire des exemples, l’Etat multiplie les arrestations parmi les anciens retenus de Vincennes : deux sont arrêtés le soir même de l’incendie. L’un placé sous le statut de témoin assisté, l’autre remis en liberté le lendemain sous contrôle judiciaire. Depuis il a été incarcéré à la suite d’un appel du parquet. S’en suivent six autres arrestations en juillet, octobre, novembre et décembre. L’un d’entre eux est dans le coma depuis le 4 novembre suite à une agression dans sa cellule.

Ce sont donc sept personnes poursuivies pour « destruction de biens par l’effet d’incendie et violence à agent de la force publique avec une incapacité totale de moins de 8 jours en réunion » et incarcérées à Fresnes et Fleury. Il y en a peut être d’autres.

La révolte des retenus du centre de rétention de Vincennes n’est pas isolée. Il y en a eu avant, d’autres ont eu lieu cet été au Mesnil-Amelot, à Nantes, en Italie, en Belgique, il y en aura d’autres.

Les retenus de Vincennes ont fait disparaître leur prison. Être solidaires des inculpés, c’est s’opposer aux politiques d’immigration, leurs idéologies, leurs pratiques !

Liberté et arrêt des poursuites pour les inculpés de Vincennes !

Fermeture des centres de rétention ! Liberté de circulation et d’installation !!!

Contact : liberte-sans-retenue@riseup.net et caisse de soutien à destination des inculpés :

chèques à l’ordre de « CICP Vincennes » à envoyer à CICP-Vincennes, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

Pétition à signer sur le site de RESF

http://www.educationsansfrontieres.org/ ?article17544

Les sans-papiers enfermés à Vincennes se sont révoltés. Les inculpés ont maintenant besoin de notre soutien !

Le centre de rétention administrative de Vincennes était la plus grande prison pour sans-papiers de France. Le 21 juin 2008, un retenu qui avait réclamé en vain ses médicaments y mourrait. Le lendemain 22 juin, les retenus organisèrent dans le centre une marche silencieuse qui fut fortement réprimée. Au cours de la révolte qui s’en suivit la prison est partie en fumée.

Depuis l’incendie l’Etat a multiplié les arrestations de retenus présents ce jour-là, dans le souci évident de faire des exemples et de dissuader quiconque de se révolter. Huit personnes sont à ce jour poursuivies pour « destruction de biens par l’effet d’incendie et violence à agent de la force publique avec une incapacité totale de moins de cinq jours en réunion ».

Sans chercher à savoir s’ils sont « coupables » ou « innocents », nous soutenons ces hommes aujourd’hui incarcérés en attente d’un procès où ils risquent dix ans de prison ferme, parce que nous nous opposons à la recherche de responsables d’une révolte collective. La seule culpabilité réside dans une politique qui fait que des êtres humains sont pourchassés, arrêtés, enfermés, expulsés au prétexte qu’ils ne disposent pas de papiers administratifs que l’Etat nous impose d’avoir. La responsabilité réside dans la politique de contrôle des mouvements migratoires. Chaque année des milliers de personnes meurent en essayant de franchir des frontières.

Quatre mois après l’incendie, le 10 novembre 2008, le centre de Vincennes a rouvert avec un premier bâtiment de soixante places (deux autres suivront). Moins nombreux, les retenus sont plus facilement contrôlables.

Aujourd’hui nous sommes solidaires de tous ceux accusés d’être à l’origine de l’incendie de Vincennes parce que nous sommes solidaires de celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se révoltent contre un monde où des millions de vies sont suspendues à des bouts de papiers.

Nous exigeons l’arrêt des poursuites et la libération immédiate des inculpés de Vincennes.
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