REUNION PUBLIQUE – 24 novembre
(Voir texte et affiche ici : http://nantes.indymedia.org/article/15323)

«Rien de tel qu’un terroriste pour combattre la crise? Discussion ouverte sur la crise, les stratégies et opérations médiatico-policières de l’Etat pour la gérer et les possibilités de lutte »

La discussion qui se déroulait dans un bar, annoncée par des affiches et un texte d’invitation, a rassemblé une centaine de personne, ce qui est déjà en soi très positif. Il y avait au rendez-vous les habitués mais surtout toute sorte de gens (profs, militants, même des cheminots). La stratégie du pouvoir cherchant à créer la figure du terroriste, ici Tarnaco-autonome, forcément isolé, a été rendu inopérante par cette hétérogénéité. D’un côté il est clair qu’il n’y a pas à se réapproprier ces identités purement policières, et de l’autre que l’ennemi intérieur pourrait désormais être tous ceux qui luttent. C’est cette transversalité qu’il faut chercher, afin de briser l’isolement et de faire se rejoindre les gestes de luttes, condition nécessaire pour qu’une position politique s’intensifie.

La distinction illégale/légale n’est même plus ce qui détermine la criminalisation d’un acte : il y a bien dans tout geste de lutte réel une part d’illégalité. C’est le résultat direct des opérations du pouvoir visant à réduire toujours plus le champ de l’action politique tolérée. Restreindre les luttes à l’unique plan du légal, c’est accepter l’impuissance à laquelle on voudrait nous contraindre. Et celui-là même qui voudrait se limiter à la pure légalité pourrait tout autant se voir ficher (fichier Edvige, Baseleve, profs…).

Cette question de l’inefficacité des formes de luttes intégrées au jeu de la contestation démocratique a vite débouché sur celle du sabotage. A aucun moment il n’y a eu de dénonciation des ces actes, plutôt une sympathie pour des gestes qui ont fait l’histoire du mouvement ouvrier. Un cheminot nous disait que ces pratiques allaient se répandre à nouveau face au constat de l’inefficacité des luttes conventionnelles.

Une question importante est celle de la liberté politique. Comme disait l’autre, la situation actuelle est caractérisée par l’inflation de tout types de libertés intégrées (médiatique, économique, personnelle, religieuse…) au prix du renoncement à la liberté politique. Cette dernière veut dire : tenir ensemble des actes et l’énonciation de la pensée de ces actes. Cela veut aussi dire remettre en cause le fait que le capitalisme constitue l’horizon indépassable de toute vie. Cet endroit est celui d’une bataille : c’est ce lien que nous avons à tenir coûte que coûte, et c’est aussi ce lien que l’État tente de détruire sans cesse.
Ce qui se joue dans l’affaire des sabotages de la SNCF repose sur ce schéma : on accuse des personnes de terrorisme en leur faisant porter un montage policier qui lie d’un côté un livre portant des énonciations politiques, traduite en ‘intentions terroristes’, et de l’autre côté des actes de malveillance comme il en existe des milliers chaque année.
L’anti-terrorisme n’est donc pas que le nom d’une brigade spécialisée de la police, mais plutôt un mode de gouvernance des populations, qui se joue désormais à une échelle mondialisée.

Il fonctionne sur la peur, comme un paralysant politique. Mais gouverner par la peur est dangereux. Comme le disait une prof : la peur est un premier réflexe, dont on doit savoir faire quelque chose d’offensif. Ne pas se laisser terroriser, c’est transformer les peurs individuelles en courage commun.

Le contexte de crise implique la mobilisation des citoyens comme acteurs économiques. Certes le capitalisme est en recomposition permanente, mails il vit actuellement un moment de fragilité. Il est clair cependant qu’il ne s’effondrera pas tout seul, et la situation exige d’être à la hauteur quant à l’offensive politique à mener. Pour contrecarrer cela, vieux réflexe du pouvoir : afin de cimenter le consensus nécessaire à cette mobilisation, rien de mieux que la construction d’un ennemi intérieur, aux contours suffisamment flous pour pouvoir y intégrer tout ce qui va contre la marche forcée de l’économie.

L’une des forces de cette discussion était de justement de vouloir ne pas s’en tenir qu’à la parole. Cela a aboutit au rassemblement, suivi d’une manifestation sauvage, du samedi 29 nov.

RASSEMBLEMENT / MANIF en soutien aux 9 de Tarnac. 29 novembre
(Voir affiche et texte ici: http://nantes.indymedia.org/article/15411)

Appelé par un affichage conséquent.
« Libération des 5 incarcérés et arrêt des poursuites. A l’heure où tout geste de révolte peut être désigné comme terroriste, il s’agit de ne pas se laisser gérer par la peur, mais d’organiser la solidarité et la résistance. »

15h, place Hoche, 200 personnes environ (250 au max, 3000 avec les passants) se retrouvent alors que la populace de rennes se presse pour célébrer son pouvoir d’achat au marché de noël. Lecture de la lettre des parents des inculpés, de textes sur l’anti-terrorisme.

Puis on part en déambulation animée avec fumigènes (du plus bel effet dans les rues commerçantes bondées), flambeaux, pétards, banderoles (« Ne nous laissons pas terroriser – Organisons la riposte »). L’espace était laissé aux prises d’initiatives. Malgré le fait que beaucoup de manifestants ne se connaissaient pas ou peu, un climat de confiance diffus était présent.

Pas mal de slogans gueulés au mégaphone («Bloquons tout – Tout ce qui bouge ! », « Sarkozy nique ta mère – MAM nique ton père », « La France tu l’aimes ou tu la baise », « C’est nous les Khmers Rouges, avec nous au moins ça bouge »), des chansons, des blocages de carrefours, et surtout une traversée excitée de la gare au cri de « Libérer nos camarades » (on décide de ne pas bloquer, opération trop facile pour nous, les flics s’en chargent en dressant un cordon aux entrées pendant une vingtaine de minutes après notre sortie). Pour finir, parloir sauvage et feux d’artifices à la prison des femmes.

Pas d’interpellations, peu de flics, sauf les présences habituelle et à la bourre.

La création d’un collectif de soutien au 9 de Tarnac a été largement évoquée lors de la discussion publique et du rassemblement. Pendant la manif, la F.A. de Rennes a diffusé un tract appelant à une réunion publique pour la création d’un tel comité, donnant rendez-vous jeudi 4 dec. à 20h30 à leur local, rue de Châteaudun. Cela peut être le bon moment pour toute personne souhaitant organiser cette solidarité et discuter plus largement de la situation.

Vraiment des moments qui nous ont renforcés et donnés la certitude qu’on ne lâchera pas l’affaire!

De vilains chenapans.