Retour sur le mouvement en cours

Depuis le 21 octobre, trois AG ont eut lieu et une manif plan plan… Concernant la privatisation des services publics en général et de la fac en particulier. Il y a ainsi sur l’ensemble fac de sciences, fac de lettres et CNRS environ trois à quatre cents personnes (en comptant large) qui se sont « mobilisées » sur plusieurs dizaines de milliers de personnes directement concernées. On se heurte comme d’habitude à l’abrutissement généralisé de la masse des personnes reïfiées, endormis par leur quotidien, par leur boulot, par la propagande « officielle », angoissées par leur propre désir par rapport auquel la « sécurité » paraît préférable.
Toutefois, face à cette mécanique capitaliste mortifère bien rodée, les AG organisées sont frappées d’impuissance volontaire… Ce n’est pas étonnant dans le sens où elles sont rongées de l’intérieur par des charognards syndicalistes qui se nourrissent de la contestation universitaire.
Ainsi, tous les ans, on repart à zéro; on oublie toutes les discussions qui ont eut lieu, toutes les revendications (ce qui n’est pas plus mal), on reprend les étudiants pour des crétins (pas toujours à tort), et on se prépare pour reproduire le cycle de l’échec programmé, c’est à dire les négociations.

=>L’AG du 21 octobre: 1ere AG fac de lettres. Se prenant pour les « grands frères » du mouvement, les syndicalistes organisés en horde intersyndicale, « prirent » le bureau. Sans doute les vacances nous avait fait oublier le fonctionnement des AG: ordre du jour, tour de parole… Après que j’ai démasqué cette situation infantilisante, Mme CGT m’a proposé afin de se dédouaner de faire un bureau et m’a propulsé au rôle de président. Toujours frappé d’amnésie collective, il m’a même été permis, pour que j’accepte ce rôle, de briser la neutralité du bureau…
J’ai décidé alors d’utiliser le bureau pour détruire toutes les structures co-gestionnaires (CGT, UNEF et de façon plus subtile Sud) qui se pavanaient innocemment, et de saborder le bureau en mettant à jour son pouvoir.
Cette attaque en règle contre la démocratie bourgeoise sévissant au sein des AG, m’a value la destitution menée par ses chiens de gardes sus-cités.
L’AG a par la suite explosé lorsque à 14h00 les étudiants du cours de 1er année de géographie sont arrivés: une grande partie de l ‘AG avec Sud-étudiant à leur tête sont partis la queue entre les jambes s’enterrer dans leur comité de Mob voté en cati mini, tandis qu’à une vingtaine nous avons résisté à la pression administrative. De là nous avons lancé « l’appel des enragés du 21 octobre ».

=>L’AG du 28 octobre, fut à cet égard une farce illustrant bien le comique de cette répétition pathétique.
Sud avait déjà préparé la contre offensive: la charte de « bon fonctionnement ». Ainsi après avoir imposé le bureau et en guise de débat de faire s’affronter deux pour et deux contre, ils ont fait voter l’ordre qu’il venait d’établir!
En faisant voter la charte sans même laisser le temps de réfléchir dessus, était voté ce qui permettait d’étouffer toute réflexion critique, stratégique, collective: limitation du temps de parole à 3 minutes, limitation des débats selon le bon vouloir du président, présence de modérateurs, etc… (d’ailleurs le rôle de modérateur était déjà pris par les vigiles de la fac présents au sein même de l’AG. Présence que nous avons dénoncés en vain!).
J’ai alors essayé de détruire le bureau en proposant de prendre le tour de parole, mais confronté à la cessité, à la passivité ou à la collaboration des personnes présentes-absentes, le bureau s’est senti assez fort pour menacer de mettre au vote mon expulsion! Ainsi le populisme de la démocratie bourgeoise à mis à jour la sclérose de l’AG, au moment où une critique radicale la menaçait.
Nous avons alors fait de notre mieux afin de virer les fossoyeurs des AG, de replacer l’AG dans une perspective d’organisation de lutte, de briser la pression du temps imposée par les structures administratives.
Au niveau des débats on a pu entendre encore une fois le silence assourdissant de la majorité des étudiants, et le bruit d’une critique inoffensive et populiste.
Il est à noter que la lecture de « l’appel des enragés du 21 octobre » a été coupé puisqu’il dépassait les sacro-saintes 3 minutes permettant le bon fonctionnement des AG. Personnes d’ailleurs n’a cru bon de répondre ou de commenter cet appel, d’analyser les arguments développés, de revenir sur ce qui s’était passé. L’amnésie des mouvements étudiants frisait alors le refoulement…!
Puis l’AG, menée par son bureau, s’est livrée à l’exercice ridicule et bouffon des votes absurdes: qui vote pour le principe d’une manif? qui vote pour la mise en place d’un comité de Mobilisation? (d’ailleurs le comité de mob précédent n’as pas rendu compte de ses actions) et autres fadaises… L’impuissance était consommée, avec comme une impression de se limiter soi-même, de dire n’importe quoi, de refuser d’organiser l’occupation ainsi que de propager une analyse critique radicale…
Pour finir, le président du bureau ( appareil de refoulement de l’AG), a menacé de faire « couler [mon] sang dans l’amphi si [je] recommençai[s] ». Était-ce un message officiel de Sud-étudiant, ou simplement une mise en garde citoyenne? Peut-être prendra-t-il trois minutes pour me l’expliquer à la prochaine AG? A moins qu’il ne préfère me mettre ses poings sur… mes i?

=> La manif plan-plan du 5 novembre organisée par l’intersyndicale fut sans surprise: plan-plan. Et bien entendu la CGT qui nous avait bien prévenue qu’elle ne souhaitait pas négocier, a envoyé une délégation à notre chère ministre… Sans doute était-ce pour lui lancer un ultimatum « ferme et sans concession », du moins pour le moment… L’unef a brillé par son absence. C’est vrai qu’il sont dans une position un peu difficile: leur « victoire d’hier » qui leur a permis d’assassiner le mouvement dit contre la LRU (le plan campus), est au centre de la mobilisation sur laquelle ils doivent surfer cette année…
En tout, à peu près 80 personnes, un tract ridicule du comité de mobilisation (qui n’avait pas du bien se fatiguer étant donné qu’il nous servait du réchauffé), qui n’avait cela dit rien à envier à celui de l’intersyndicale si ce n’est sa taille et sa longueur! J’avais également rédigé un autre tract intitulé « service public, service privé? Ni l’un ni l’autre! », en tentant de revenir sur l’histoire du fonctionnement de l’université capitaliste et son fonctionnement dans sa totalité capitaliste, et qui avait au moins le mérite d’appeler à la prochaine AG.

=> En fac de sciences, nous avons réussi à une vingtaine (les roberts et martines) à détourner la réunion publique organisée par l’unef le 6 novembre, en AG en lutte et donc à virer l’Unef, sans évidemment l’aide de Sud-étudiant de fac de sciences (présent), ni de sud-etudiant lettres, sud recherche, CGT et autres charognards, qui étaient cetrainement en RTT. L’AG en lutte a également organisé une vente au enchère avec les affiches de l’Unef pour financer l’achat d’une photocopieuse, ce à quoi l’unef à répondu par une censure honteuse, en volant des tracts que j’avais écrit pour la manif de pécresse la veille, mettant encore une fois à jour son rôle de chloroformisation des étudiants, du moins de ceux qui ne sont pas encore totalement abruiti par la fac!
On a débattu sur l’université, sur son rôle, son fonctionnement, la contradiction entre le savoir critique et l’université, le caractère fétiche du savoir, la spécialisation-crétinisation, sur l’organisation de la transmission et sur la construction de la connaissance. On a ainsi réfléchi aux buts de l’AG, à ses contradictions. Il nous est apparu que l’assemblée générale devait devenir un lieu d’ »utopie concrète » à opposer au déroulement des cours universitaires. Ainsi le mot d’ordre « contre l’université pour le savoir critique et sa mise en pratique », a été évoqué, suivant cette réflexion a été débattu une proposition d’organisation d’AG. Le nom d’AG en lutte ou de Conseil de mobilisation et d’occupation paraissait alors plus pertinent.

On voit ici la difficulté de l’organisation, c’est à dire d’élaborer une stratégie autre qu’une stratégie de négociation qui ne dit pas son nom, autre face de la stratégie électoraliste syndicale se nourrissant des mouvements étudiants.

Il me semble nécessaire de revenir sur l’histoire du mouvement étudiant (au moins des 3 dernières années), étant donné qu’une stratégie ne peut se fonder que sur une analyse historique,

D’abandonner la position démocratique bourgeoise et de la légitimité et de passer à une réflexion stratégique de lutte, préalable nécessaire du passage d’un projet réformiste à un projet révolutionnaire. La proposition d’organisation est une tentative qui tend à cette direction.

De faire de la propagande afin de mobiliser des personnes qui sont séparées dans des luttes solitaires et d’ouvrir des perspectives révolutionnaires à ceux qui subissent la mutilation de leur corps et de leurs jouissance au quotidien au sein de la lutte des classes. L’information de nos actions de lutte et l’analyse radicale du fonctionnement social pourrait se faire par un journal de lutte, publié par la réquisition de l’imprimerie de la fac.

De réfléchir et d’agir sur les angoisses et les inhibitions des uns et des autres étant le résultat des répressions des institutions de soumissions de masses (famille, école, université, hôpitaux psychiatriques, sport, médias,…). Ceci par l’organisation des discussions en AG, par la mise en place de séances de relaxation ou de fêtes, de jeux… Étant entendu que la jouissance constitue le souffle et le seul intérêt du projet révolutionnaire. Encore faut-il se poser la question de la jouissance…

Prochaine AG mercredi 12 Novembre 12h00 Amphi C

CONTRE UN SAVOIR SOUMIS AU PRINCIPE DE RENTABILITÉ CAPITALISTE!

un enragé du 21 octobre
2008