A Vichy comme à Rostock ou à Gênes, bloquons les flux !

Nous sommes morts au monde de n’y être jamais nés. Notre naissance est entre nos mains, loin d’un bout de papier. Venant ici, nous n’avons à nous que l’espace dont jouissent ceux qui n’ont point de demeure, nous n’avons que le temps dont jouissent ceux qui se condamnent à la réaction. Autrement dit, si nous sommes aujourd’hui à Vichy, ce n’est pas parce que nous le désirons, mais plutôt parce que nous ne pouvons pas ne pas y être. Aucun homme n’est libre dans un contre-sommet. Aucun homme ne peut être libre dans un monde où l’esclavage est la norme. C’est pourquoi nous ne voulons pas de cette régularisation économique que quémandent certains, comme nous ne voulons plus de nos papiers. Avoir des papiers signifie pour nous avoir une puce électronique, être potentiellement localisé à chaque instant, donner de l’argent à sagem, accepter l’aumône pacificatrice de l’état (chômage et soins de santé plus accessibles).

Si vous pensez que le réseau de pouvoirs existe, sachez qu’il n’y a qu’une infime partie de celui-ci qui essaiera de se réunir à Vichy. Durant ces trois jours, nous ne serons pas capables de détruire l’état français ou la forteresse Europe, mais simplement de mettre notre intelligence (notre bêtise) à l’épreuve de l’immensité de la répression, de bloquer ce sommet, d’attaquer la mairie ou le palais des congrès, d’améliorer nos capacités d’organisation, de faire quelques rencontres.
La tranquillité et la paix ne sont pas de ce monde. Nous ne pensons pas subir un renouveau fasciste, mais bien une oligarchie financière tendant vers une dictature de plus en plus totale. Il n’y a plus de camps d’extermination, mais plutôt des camps de rétention, des écoles-garderies, des centres commerciaux plus grands que des prisons. Il est difficile d’exterminer celui qui est déjà mort, ou simplement soumis pour quelques euros. Les partis et les syndicats n’ont pas été supprimés, c’est simplement qu’ils ne savent plus lutter, contester, mobiliser. La gauche n’a pas été vaincue par sa lâcheté, elle s’est simplement introduite dans la gouvernance mondiale.
La plus grande faiblesse de l’homo sapiens loquendi est la suivante : à force de bavarder, il ne fait plus rien d’autre, et perd toujours plus les potentialités de l’animal qu’il était jadis. C’est ainsi qu’il parvient à promouvoir l’auto-discipline contre la spontanéité, le plat silence contre le cri, le défilé pacifique sans intensité contre le début de libération que peut constituer une émeute. Vous êtes effrayés depuis toujours, non pas de la violence (il en est peu qui savent de quoi il s’agit), mais plutôt des affrontements, parce que vos sens ont subi trop de journaux télévisés. Même si notre imaginaire ne nous appartiendra jamais totalement, nous sommes capables de le changer.
Nous détruisons, non pour l’amour des décombres, mais pour la beauté des chemins qui les traversent. Autrement dit, si nous prenons parti corps et armes dans la guerre en cours, ce n’est pas pour le plaisir de dépaver les rues ou de s’habiller en noir, mais pour nous approcher de nous, sans autre choix lorsque la guerre est partout.

un agent épuisé de Passion directe
et un agent dormant du Parti des mondes