[ZAD NDDL] Silence, expulsion en cours
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23 avril 2025
Depuis le matin du mardi 22 avril une opération d’expulsions est en cours sur l’ancienne Zad de Notre Dame des Landes1. Elle concerne la Grée, un lieu d’habitation et d’activités situé à l’Est de la zone. Il s’agit du dernier lieu d’accueil inconditionnel de l’ex zone à défendre qui, elle, est devenue un banal éco-village.
Cette nouvelle aurait du faire le tour des réseaux, les appels à soutien auraient dû être relayés, les forces et ressources de l’ex-zad auraient dû être mobilisées pour défendre le lieu et ses habitant.es. Mais rien de tout ça ne s’est passé. Un post lacunaire sur le Télégram de zad NNDL info hier2, le même ce matin sur la page facebook du même nom3, un sur la page de NDDL poursuivre ensemble4 et puis voilà, c’est tout. Silence. Enfin pas tout à fait, la vie reprend son cours, chacune de ces page recommence ensuite à publier ses évènements comme si de rien n’était. Pas de suivi, pas de nouvelles. L’appel à soutien n’est pas relayé. Ce soir , dans le coin, on pourra aller à une soirée organisé avec les Soulèvements de la Terre à Nantes ou assister à des concerts performances sur la Zad comme si de rien n’était. Rien n’est annulé, la vie continue et la communication faite autour de ces évènements dans la journée ne mentionne rien, pas d’appel pour la manif de ré-occupation, pas de demandes de ramener du matos, pas de cagnotte. Pas non plus d’appel venir sur place, ni à défendre le lieu. Rien, nada. La palme d’or revient aux Soulèvements de la Terre qui n’a même pas un mot pour l’expulsion en cours. Ce « mouvement » se revendique pourtant comme étant né sur la Zad de NDDL, une partie de ses « porte-paroles » y habite.
Une nouvelle fois l’écart entre le discours de façade (zone d’expérimentation sociale, base arrière des luttes, ici on vit autrement, on développe des solidarités,…) s’illustre pleinement.
Le seul lieu restant parmi ceux qui n’avaient pas voulu se légaliser se fait expulser, la maison et les hangars sont démolis, les caravanes écrasées, et celleux qui nous promettent « la machine de guerre » pour construire des « futurs désirables » iels sont où ? Elleux, qui s’auto-proclament « base arrière des luttes », qui accumulent des ressources matérielles, financières et foncières depuis des années, iels sont où ?
Ce qu’il faut entre autre comprendre de cette situation (que certain.es ne manqueront pas de ramener à des embrouilles de milieux), c’est que la solidarité elle ne s’adresse pas à tout le monde. L’ex-Zad, comme la Zad en son temps, n’ont rien à envier au reste de la société : la solidarité ok, mais avec mes potes, avec celleux qui me ressemblent ou alors si je peux en tirer profit, si c’est stratégique. La solidarité qui consiste à mettre à disposition ses moyens pour que des personnes précarisées et marginalisées puissent se défendre, ça ne rapporte rien. En terme de construction d’autres manières de vivre ensemble on repassera. Idem pour la remise en cause concrète des rapports de domination, d’oppression et d’exploitation.
Pourtant, la solidarité iels en ont bien profité quand il a fallu défendre la zone. Et quand il fallait remplir les caisses pendant la lutte mais aussi après, pour qu’une partie du mouvement puisse garder les baraques et les terrains, sous couvert de propriété collective. Mais le « collectif » de « propriété collective », le « commun » tant et tant de fois ressassé, il concerne qui ? Toutes les personnes qui habitaient la Zone avant la « victoire » ? Toutes celleux qui l’ont défendue, qui en ont pris soin ? Toutes celleux qui se reconnaissent dans ce que la Zad pouvait porter comme possibles d’organisation collective ? Je m’égare, mais pas tant. Parce qu’une autre des raisons qui fait que la « machine de guerre » n’a pas surgi, c’est que sur la Zad une partie des habitant.es est en train d’acheter des lieux, de signer des baux et de négocier avec le conseil départemental5. Et dans ces négociations, dans ce projet de terminer la normalisation de la Zone, la Grée elle fait tâche. Comme la D281 en 2018, lors de l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport. Remarquons qu’aux moins cette fois, pour finir sur une note positive, ce ne sont pas elleux qui ont démoli le lieu et pratiqué l’expulsion.
Rdv le 24 mai pour les 10 ans de la Grée et la manif de réoccupation : https://nantes.indymedia.org/posts/144577/la-gree-zad-nddl-appel-a-soutien/
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1 https://nantes.indymedia.org/posts/144577/la-gree-zad-nddl-appel-a-soutien/
2 https://t.me/zad_nddl_info/187
3 https://www.facebook.com/zadnddlinfo/posts/pfbid02tdYZXrza3HdYo88faSGXXpFHR4uoe1veWpUkSXFqenDsxNMmAEkQhUe76gxV2H2pl
4 https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=pfbid02rqo5sKzg68sA6wnEs5ooq3x7FdVK5j9otbLGk7xVqXZfPurFwKjou5t9wQchxYoWl&id=100066334373820
5 https://encommun.eco/actualites/nouvelles-de-zad-du-fonds-de-dot-et-quelques-invitations
Bonjour,
J’ai des questions concernant les deux articles sur l’expulsion de la grée.
Si il est possible de faire parvenir mon courrier et mon contact à la personne auteure du texte ?
J’ai trouvé que l’article manquait d’informations sur le contexte de cette expulsion, et comme je souhaite comprendre la situation je vais poser les questions qui me permettraient d’éclarcir les flous
– L’opération d’expulsion était un risque connu ? Pourquoi les autres terrains de NDDL ne sont pas concernés ? Est-ce uniquement parce qu’ils achètent leur terrains ? Si un projet agricole avait été présenté l’état aurait il laissé tranquille les habitants ?
– Était ce possible de “régulariser” ce lieu (amiante, installation électrique au normes?)
– Il est précisé dans l’article que la tour est cassée, le lecteur doit-il comprendre que quelqu’un a cassé la tour (policier, personne souhaitant manifester son mécontentement) volontairement, ou est-ce un accident ?
– Est ce que les moyens financiers du fond de donation de NDDL pouvait acheter ce terrain là ? Il y a il eu des disscussions afin de “régulariser” la situation de la Grée ? Comment la disscussion autour des moyens financiers procède elle, l’avis des habitants de la grée a il été pris en compte ? Pourquoi sont ou serait- ils exclus de la disscussion ?
Si les habitants n’ont pas souhaité régulariser la grée auprès de l’état (en l’achetant ou en présentant un projet avec les normes obligatoires que l’état veut, qu’ils soient agricole/maison d’accueil/autre) ou que cela n’était pas possible (? l’état refuserait de vendre ce terrain ou de le laisser pour un projet professionnel ?), quel était le plan des habitants dans le cas ou une expulsion aurait lieu ? (en sachant comment les policiers peuvent être, une organisation et une stratégie musclée semblent indisepensables)
Ce qui me dérange dans cet article c’est que je ne comprends pas les raisons des autres habitants de NDDL à agir de cette manière là, leurs raisons ne sont as expliquées, et sans ces raisons là je suis obligée de tomber d’accord avec la personne auteure de cet article. Je crois comprendre qu’il existe un conflit entre les habitants et que l’expulsion n’a fait que le mettre en lumière.
N’est-il pas possible de “régulariser” la situation de la grée du point de vue de l’état et d’en faire un lieu d’accueil souhaité inconditionnel par les habitants, que cela passe par l’idée de la famille d’accueil, projet agricole, lieu d’artisannat ? Est-il possible de présenter un projet à une institution afin d’obtenir des financement et éviter une expulsion ?
Car une fois la “régularisation” faite, les habitants peuvent avoir une grande marge de manoeuvre. Où alors, si les personnes habitants le lieu refusent cette régularisation, elle s’organnisent en nombre, avec un plan d’opposition, l’état pourrait laisser le terrain comme il l’a laissé pour les autres terres de NDDL ?
Bonne journée !