Sea Shepherd, un leurre bien rodé

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Qui n’a jamais entendu parlé de Sea Shepherd ?
Cette ONG est créé par Paul Watson en 1977 suite à son exclusion de Greenpeace pour son coté trop « radical ». Rapidement l’association achète un bateau et s’engage dans l’action pour « la protection des écosystèmes marins ». C’est dans les années 2000 que l’association prend une nouvelle ampleur en s’engageant sur le terrain contre la pêche baleinière japonaise en Antarctique. Les scènes toujours filmées, des navires de Sea Shepherd (ss) fonçant droit dans les navires de pêche japonais afin de les mettre « hors d’état de nuire » font le tour des JT internationaux, le nombre d’adhérents et soutiens croit en parallèle. On peut se réjouir (et d’ailleurs c’est le cas) de ce type d’actions et de leur efficacité certes relative, car si le Japon continu toujours à chasser la baleine, cela a diminué drastiquement le nombres de captures par saisons.
Les problèmes que nous pose cette organisation sont autres :
- Le positionnement dit « radical » de cette organisation attire de fait de nombreux personnes sensible aux positions environnementalistes. Mais cette radicalité n’est que façade, l’ONG est en réalité très intégré dans le lobbying auprès des pouvoirs en places et n’hésite pas d’ailleurs à fricoter avec les pouvoirs politiques. Par exemple, lors de l’arrestation de Paul Watson par les autorités groenlandaises en Juillet 2024 sur demande des autorités japonaises, le grand gourou, n’hésite pas à demander à Emmanuel Macron, président connu et reconnu pour son action en faveur des droits humains et de la protection de l’environnement… la nationalité Française et la protection présidentielle de la France. Possédant un fort comité de soutien en France et habitant à Marseille, Paul Watson sera, à sa libération en décembre 2024, reçu en grandes pompes par la municipalité socialiste et écologiste de Marseille, connu la aussi pour son positionnement irréprochable sur les questions sociales et environnementales…
- Les liens avec les autorités de l’organisation Sea shepherd vont aussi bien plus loin. Depuis plusieurs années, l’ONG est présente sur les côtes africaines avec plusieurs navires afin de lutter contre la pêche illégale, principalement industrielle dans les zones réservée aux pêcheurs côtiers. Encore une fois, pourquoi s’en émouvoir ? Sur le papier cette action est plutôt louable, mais une fois encore, c’est la méthode qui pose problème. En effet l’organisation n’hésite pas à créer des partenariats avec les autorités militaires de différents pays africains afin d’apporter un soutien à la lutte contre les braconniers… Ainsi, Sea Shepherd intervient sans soucis au côté des soldats gabonais, gambiens, béninois ou encore namibiens (pour ne citer qu’eux) afin d’arraisonner des pêcheurs illégaux. Est-ce vraiment le rôle d’une association environnementaliste ? Dans cette région du monde Sea Shepherd est devenue de fait un supplétif aux forces armées locales, par ailleurs connues, pour leurs parfait respects des droits humains… (1)
- Enfin, le fonctionnement même de cette organisation est problématique. – En interne les décisions semblent, vues de l’extérieure, collectives, mais le fonctionnement est en réalité très vertical et autoritaire. La mythification des responsables est légion avec en premier lieu LE « commandant Watson » à qui il faudrait vouer un culte sans faille pour être un.e bon.ne militant.e écologiste au sein de l’organisation. Ce culte de la personnalité n’y est pas pour rien dans le mode de fonctionnement vertical. Ce culte est tellement hégémonique dans certaines antennes nationales, celle française en tête, que c’est entre autre sur la question de la remise en cause des méthodes de P. Watson qu’en 2022, plusieurs antennes nationales scissionnent de l’organisation centrale au niveau international. Mais en pratique, que ce soit Sea Shepherd Global (l’ONG historique) ou Sea Shepherd Origins (ONG issu de la scission et dont se réclame l’antenne française), le flou entre ces deux structures est tel que personne ne voit de différences, ni sur les méthodes, ni sur le positionnement entre les deux visions de la scission.
- De plus les sources de financements sont aussi très opaque, et quand elles sont révélés, on découvre que beaucoup d’argent provient de la très réactionnaire “fondation Brigitte Bardot”, qui s’est fait connaître pour la protection des phoques, mais aussi pour ses positions clairement anti homosexuelles…
- Les océans sont au cœur de nombreux sujets industriels depuis plusieurs décennies (éolien, pêche, ressources minières, etc.). La pression sur cet environnement est croissante et prend une ampleur inédite ces dernières années avec des projets industriels qui aboutissent « enfin »… Les subventions publiques, comme les financements de fondations privés, pour l’étude et la protection de l’environnement marin restent importantes, les industriels et les états souhaitant repeindre en bleu (à défaut de vert) leurs projets polluant et destructeurs. Par ailleurs, les ONG comme Sea Shepherd ne sont qu’une goutte d’eau face à ce rouleau compresseur capitaliste. L’ONG, qui pouvait a ses début montrer un semblant d’efficacité avec des actions clairement novatrices, radicales et au final relativement efficaces, ne fait plus peur à personne, surtout pas aux états. Pour preuve, l’état français ou l’UE n’ont aucuns soucis à négocier avec ce type d’organisation et Sea Shepherd n’a jamais revendiqué un positionnement clairement anticapitaliste.
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Si l’état des océans semble avoir atteint un niveau extrêmement critique, la remise en cause de cet état et l’éventuel survie de cet environnement fragile ne sera jamais le résultat (ni même l’objectif) de ce type d’associations médiatiques trop conciliante avec le capital…
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Arturo, 2025, basée sur une version parue : https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article4392
C’est dur de pas faire le parallèle sur certains points avec les chefs de l’ex-zad et les SDT: “positionnement dit radical”, “fonctionnement interne problématique”, “liens avec les autorités” (en l’occurence la préfecture pendant les expulsions d’une partie de la ZAD et les partis politiques plus généralement…).
C’est du coup d’autant plus drôle quand on sait que la liaison nantaise de l’OCL copine toujours avec eux. Deux poids deux mesures?