Ici Ecran Total, nous sommes les organisateur.ices de la soirée du 8 mars dans l’ancien Cinéville de Rennes. Nous sommes issues des espaces autonomes et nous souhaitons communiquer à travers la voie des assemblées qui en sont les espaces d’organisation (Assemblée Logement Rennes – Assemblée Générale de Rennes 2 – AG Antifasciste De Rennes).

L’occupation qui s’est déroulée samedi dernier, journée de mobilisation féministe, n’était pas qu’une simple “fête gratuite et antifasciste”. Cette action s’attaque à plusieurs acteurs qui cherchent à s’approprier la dalle du Colombiers :

– Les aménageurs urbains du projet d’Eurorennes et la stratégie de gentrification de la ville : ce projet a déjà débuté et prend racine au quartier de la gare mais vise à s’élargir, notamment sur la place du colombier pour lier la gare à l’hyper centre-ville.
Ce nouveau super “quartier d’affaire est pensé pour être-un pôle économique majeur, accueillant  les sièges sociaux de grandes entreprises dans “des immeubles de standing”.
En plus de la LGV-rennes-paris, de la deuxième ligne-de métro et du centre des congrès, dans ce futur quartier la ville souhaite offrir aux entreprises des “services, des commerces et de l’hotellerie” afin de les attirer.
Eurorennes s’inscrit aussi dans une longue réflexion de la mairie pour transformer “cette place qu’elle ne supporte plus. Son architecture et le centre commercial des 3 soleils lui semble trop désuète. Et surtout elle aimerait bien vider cette place des personnes qui y zonent.

– Les promoteurs immobiliers qui dépossédent les plus précaires, qui organisent la crise de l’accès aux logements en laissant les batiments vides pour spéculer dessus.

– Un co-directeur de boîte de nuit et sa milice privée, qui cherchent a mener le travail de nettoyage social à la manière des opérations place nette des condés qui- ont lieu dans différents quartiers de Rennes, notamment en concentrant son action sur les mineur.e.s non accompagné.e.s.

RETOUR SUR LE DEROULEMENT DE LA SOIREE :

Alors que la soirée était lancée depuis 2 heures, et qu’elle se déroulait dans une ambiance festive, revendicative et populaire, l’intervention des vigiles en carton mais armés, de la boîte de nuit mitoyenne, est venu l’interrompre brutalement. Même si Yovan Delourme* (aka “le jarl’) prétend que ce sont ses potes keufs qui sont intervenus, on voit bien dans sa propre vidéo que c’est lui et sa milice qui sont entrés à l’intérieur par l’arrière du bâtiment, gazeuses à la main. Celles-ci leur ont servi à attaquer des personnes, avant qu’ils les vident dans les salles.

Suite à cette attaque, beaucoup de personnes ont suffoqué à l’intérieur et ont voulu quitter les lieux. A ce moment là, la seule sortie disponible était bloquée par des policiers postés devant. Ce qui a rendu l’évacuation impossible pendant de longues minutes. Cette attaque était dangereuse et aurait-pu avoir des conséquences graves si nous n’avions pas pu compter sur le calme, la réactivité et l’intelligence collective de celles et ceux présent.e.s à l’intérieur et àl’extérieur du bâtiment.

Nous souhaitons remercier toutes les personnes qui ont pris part à la défense des gens présents, de la soirée et de sa proposition politique. Mais aussi au bon déroulé de la soirée, sans oublier toutes lespersonnes qui sont venues renforcers les teams prévention, gestion des VSS et médics.

C’est grâce à une grande confiance et à cette détermination collective que ce genre d’action a été possible.

Là où le tocard de la boîte d’à côté gère un business et considère les fétard.e.s uniquement comme une clientèle, nous défendons l’idée d’une fête libre et autogérée.

Pour rappel, ce patron est un ancien candidat du parti Reconquête fondé par Eric Zemmour. Egalement ancien CRS et entraineur du PSIG, est un influenceur d’extrême droite sur les réseaux sociaux : il se vante de ses idées fascistes où il revendique de “tenir” la dalle du Colombier en-faisant des purges racistes. Bref, c’est une merde qui prend la ville pour son territoire.

S’ORGANISER ET SE DEFENDRE COLLECTIVEMENT CONTRE LA REPRESSION :

Pour commencer nous rappellons qu’il est DANGEREUX ET CONTRE- PRODUCTIF d’appeler à un dépôt de plaintes collectives qui ne servira qu’à alimenter l’enquête judiciaire, puisqu’elle livrent aux policiers une foules de personnes à interroger. Nous pouvons être certain.e.s que les questions qu’ils poseront ne se cantonneront pas au Jarl et ses vigiles mais porteront évidemment sur la soirée, ses organisateur.rice.s et participant.e.s.

Porter plainte c’est donner des informations à la police, c’est se mettre en danger et mettre en danger tout un tas de camarades.

ECRAN-TOTALement récupéré ?

Nous devons aussi affirmer que par leurs pratiques, notamment de récupération et de mis.e.s en danger de camarades en appelant à se tourner vers la justice, l’union pirate et la france insoumise se sont comportés en ennemis.

Ne dérogeant pas à la tradition de la gauche, ils n’ont pas attendu longtemps avant de récupérer la soirée à leur compte. En fait, ils n’ont même pas attendu la fin de la soirée. Dès 4h30 du matin, l’union-pirate s’empresse de lancer leur machine de communication pour couper l’herbe sous le pied des organisateur.rice.s.

Ils imposent leur récit de la soirée et invisibilisent nos revendications. “Une fête libre et sauvage, pour une révolution féministe, contre le projet eurorennes et la gentrification, contre la répression anti-pauvre et raciste des zonards de la place du colombier par la mairie et le jarl, et pour la défense des espaces de fêtes contre la police.

Pour servir leur discours politique, ils réduisent cette occupation à une simple “soirée gratuite et antifasciste” attaquée par une milice fasciste qui aurait prit le controle de la ville, taisant ainsi la radicalité de la proposition politique qu’elle porte.

Le comble, selon eux, étant que la police, qui est venu pour nous DELOGER, ne nous a pas aidé ?! Sans doute se leurrent-ils toujours sur le rôle de celle-ci, nous affirmons que la police sera TOUJOURS l’ennemi du mouvement social et des initiatives populaires.

Cette victimisation et ce catastrophisme n’ont qu’un seul objectif : nous résigner pour nous rendre impuissant et, finalement, justifier la nécessité de l’état.

Pour nous il est clair que cela résulte d’une stratégie bien établie par la France Insoumise et l’Union Pirate, dont ils sont la succursale : gonfler le plus possible la”menace fasciste et  saturer l’espace politique de ce même danger.

Cela leur permet de produire ce quis apparentrait à une lutte existentielle entre nous et l’extrème droite, face à laquelle la seule solution serait de les porter au pouvoir, mais aussi de niquer toutes les velléités révolutionnaires en contrant l’émergence d’autres objets politiques et en imposant un large front commun dont ils prendraient la tête.

Contre l’état et ses promoteurs, révolution !
A bas nos ennemis : les fascistes et les réformistes !

CONCLUSION :

C’est dans ces perspectives que nous nous sommes collectivement donné les moyens d’occuper et d’organiser une soirée dans l’ancien cinéville qui se situe en plein centre ville, sur la dalle du Colombier.

Nous retenons qu’avec la solidarité de tous les. participant.es il a été possible d’installer la soirée et de collectivement contenir les mouvements de panique afin de réussir la sortie. Ainsi nous avons empêché la saisie du matériel et il n’y a pas eu d’amendes de distribuées aux participant.e.s.

En revanche, il y a eu une personne arretée et plusieurs personnes blessées, auxquelles nous apportons tout notre soutien. Nous soutiendrons toutes initiatives qui viseront à répondre directement à cette attaque, sans formes de délégation à l’Etat.

Dans un premier temps, nous soutenons les initiatives d’appel à boycotter le “1988” tant que le Jarl et sa clique de vigiles tiendront les lieux et y propageront leurs idées réactionnaires.

Nous rappelons cependant que nous sommes contre une fermeture administrative de l’établissement, qui reste un des derniers endroit où faire la fête et écouter de la musique toute la nuit dans le centre-ville de Rennes. D’autant plus que le projet Eurorennes prévoit l’expropriation de l’établissement d’ici fin 2027 : une fermeture anticipée ne ferait qu’accélerer ce processus de gentrification.

Cette fête ne doit évidemment pas rester sans lendemains, car ces dernières années la répression s’est accrue sur le mouvement de la free-party.
Cette soirée s’inscrit dans l’histoire du centre-ville de Rennes qui se voit peu à peu privé de ses espaces de fêtes populaires, tels que la place Sainte-Anne, le parc du Vieux Saint-Etienne ou encorela place des Lices.

Nous vous encourageons donc à participer à toutes formes d’initiatives, à réinvestir et occuper les bâtiments vides, à déployer des fêtes libres, revendicatives… et combatives. À continuer de vous mobiliser, de lutter contre la gentrification, l’asseptisation de la ville, le projet Eurorennes, le Jarl et tout ce qui pourrit nos vies.