Incinérateur XXL, ZAC Doulon-Gohards : des méthodes identiques pour des projets toxiques qui sacrifient notre santé

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Greenwashing XXL : l’art de repeindre en vert des projets polluants
Nantes Métropole est championne de la communication et adore le greenwashing.
Au Vieux Doulon, elle vante un “écoquartier” avec ses fermes urbaines et ses mares, masquant ainsi l’artificialisation de 25 ha de terres agricoles.
Pour l’incinérateur, elle parle d’un “pôle d’écologie urbaine”, mettant en avant la ressourcerie et la déchèterie, alors qu’en réalité on parle d’un site industriel qui va doubler la quantité de déchets brûlés, en provenance de quatre départements, de 7 communautés de communes : Redon, Guérande, Cholet, et la Vendée à compter de 2028. Qu’y a-t-il d’écologique là-dedans? La seule politique écologique en termes de déchets consiste à réduire la production de déchets !
L’incinération n’est pas une solution satisfaisante puisqu’elle génère une pollution de l’air dangereuse pour la santé. On doit donc tout faire pour la limiter. lci la métropole fait le contraire en dimensionnant un incinérateur à 270 000 tonnes de déchets par an, alors que la métropole en produit 140 000 par an. C’est une solution datée, à l’opposé d’une bifurcation écologique.
Derrière ces éléments “verts” soigneusement mis en avant, ce sont deux projets polluants et aux impacts sur la santé et l’écologie délétères, non discutés et d’un autre temps.
Des projets antisociaux qui traitent des êtres humains comme des objets à déplacer
Des projets antisociaux qui traitent des êtres humains comme des objets à déplacer.
Dans les deux cas, on retrouve des bidonvilles où vivent des familles Rroms sur les sites des projets. Dans les deux cas, on traite ces familles comme des obstacles à éliminer.
À Doulon, ces habitants, certains présents depuis plus de dix ans,vont être délogés pour laisser place à des mares à grenouilles, censées servir de compensations environnementales pour les terres qu’ils veulent bétonner. Il y a quelques années, la mairie avait pourtant évoqué la viabilisation de certains terrains en échange d’un loyer mensuel, avant de disparaître sans la moindre suite. Est-ce comme cela qu’on traite les habitant-es dans cette ville ?
Sur la Prairie de Mauves, si on peut saluer la volonté d’établir un diagnostic social des familles, on est tout de même stupéfaits par les méthodes employées. Après avoir numéroté les caravanes des habitants comme s’il s’agissait de bétail, la Métropole a fait ériger une immense palissade autour du site comme s’il s’agissait de les parquer. Ce geste limite leur iberté de déplacement (déjà très compliqué sur ce terrain) et semble vouloir dissimuler la manière dont ils pourraient traiter ces familles…
Rappelons qu’on parle d’êtres humains, d’habitant-es nantais-es, de citoyens européens, de travailleurs sans qui les activités de viticulture, de maraîchage ne pourraient pas fonctionner, de voisin-es que l’on connaît, que l’on côtoie depuis des années. Ce traitement est indigne et honteux, et ne fait qu’accroître les tensions envers une population déjà structurellement discriminée.
Main dans la main avec les industriels et promoteurs
Pour ces deux projets, Nantes Métropole choisit de préserver avant tout les intérêts des industriels et des promoteurs, quitte à sacrifier les habitants et l’environnement.
Sur l’incinérateur, on s’étonne de constater que le cahier des charges correspond exactement au projet d’incinérateur de Strasbourg, pris en charge par Séché Environnement – l’actuel gestionnaire de l’incinérateur à Nantes et celui sélectionné par la métropole doubler l’incinérateur et le gérer pour 20 ans encore ! Un projet ainsi dimensionné pour faciliter la vie d’un industriel, alors que la priorité devrait être de réduire nos déchets, et non de répondre aux exigences industrielles. La métropole justifie son projet en évoquant l’alimentation d’un réseau de chaleur : un prétexte pour maintenir un modèle obsolète, alors que produire de la chaleur ne doit être qu’un recyclage secondaire, et non un objectif en soi.
Parallèlement, à Doulon, alors qu’elle condamne la zone à une bétonisation massive, Nantes Métropole fait des cadeaux en or à Pierre Chartier, propriétaire de Paridis 21. Ce baron local, également à la tête d’Atlantis et de la grande distribution Leclerc – dont le chiffre d’affaires explose alors que notre pouvoir d’achat s’effondre – a obtenu l’autorisation d’agrandir de 75 000 m2 sonc entre commercial sur un site de 20 hectares. Le projet alimentaire de la métropole privilégie ainsi la grande distribution, sacrifiant commerces de proximité et terres maraîchères.
Remettons les choses dans l’ordre : le bien vivre doit primersur le profit.
Le fric avant la santé : polluer plus pour gagner plus
Brûler plus de déchets, c’est émettre plus de pollution toxique : dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, oxydes d’azote, ammoniac… qui empoisonnent l’air, l’eau et les sols. On a même récemment découvert la présence de PFAS, ces polluants éternels dont on commence à peine à percevoir les effets sur notre santé.
Plutôt que de rénover l’incinérateur existant, Nantes Métropole veut doubler sa capacité ! L’exploitant actuel, Alcea, a déjà reçu deux pénalités en 2022 pour dépassement des seuils de pollution. Qui va respirer ces toxiques ? Notamment, les habitants du Vieux Doulon, du futur “écoquartier” de la ZAC Doulon-Gohards si elle voit le jour, et de Malakoff. Mais aussi de toute une partie de la ville de Nantes. Nantes Métropole met en péril notre santé publique aux profits d’un industriel privé.
De l’autre côté, la ZAC Doulon-Gohards implique une artificialisation des sols. La production et l’utilisation du béton, indispensables à cette transformation, représentent une source majeure d’émissions de CO2, et de poussières fines. Ce bétonnage entraîne également la disparition des espaces verts et de zones humides réduisant la capacité naturelle de filtration de la pollution et exacerbant l’effet d’îlot de chaleur, responsable d’une augmentation des risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
En combinant ces deux dynamiques, Nantes Métropole sacrifie la santé publique au profit d’une logique économique et industrielle déconnectée des réalités humaines et écologiques.
Un simulacre de concertation pour imposer un projet déjà décidé
« Nantes Métropole s’engage à associer les citoyens tout au long du projet », affirme Johanna Rolland, mais la réalité est tout autre. Pour l’incinérateur, aucune réunion publique n’a eu lieu dans le quartier, aucune communication n’a été lancée. Seules 31 observations ont servi à justifier un projet imposé, au point que la Commission nationale du débat public s’étonne qu’il n’y ait eu que11 participants lors d’un atelier citoyen !
En décembre, une réunion vantant les bienfaits de la ZAC Doulon-Gohards a été organisée… sans jamais évoquer le doublement de l’incinérateur. La méthode est claire : éviter le débat et passer en force.
Pour la ZAC Doulon-Gohards, c’est le même scénario : une pseudo-concertation où tout est déjà décidé, où l’on se contente de demander aux habitants la couleur des bancs. Les opposants sont triés sur le volet et, malgré les recours et la preuve de zones humides sur des terrains destinés à être bétonisés, la métropole fonce.
Malgré les recours et les preuves de présence de zones humides sur des terrains destinés à la bétonisation, la métropole fonce, passe en force. Le collectif Sauvons les Gohards a pris le temps d’élaborer un contre-projet par et pour celles et ceux qui habitent le quartier, un projet proposant de construire des logements, tout en respectant la vie du quartier et sa nature : “Les Gohards en commun”. Même sur des propositions concrètes la métropole est incapable de discuter. Drôle de conception de la démocratie et du débat public !
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