Pour la liberté d’expression, contre l’état policier !
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Nous, militants du groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste, avons appris avec stupeur l’acharnement judiciaire à l’encontre du livre
édité en 2001, qui a mené à la condamnation :
– du dessinateur Placid, à 500 euros d’amende pour “injures publiques envers
une administration publique, en l’occurrence, la police nationale”, pour
avoir dessiné un policier, aux traits jugés porcins en couverture de
l’ouvrage.
– L’auteur du texte, Clément Schouler, magistrat, membre du syndicat de la
magistrature pour “diffamation publique envers une administration publique,
en l’occurrence la police nationale, pour avoir écrit cette phrase dans
l’introduction : “les contrôles d’identité au faciès, bien que prohibés par
la loi, sont non seulement monnaie courante, mais se multiplient”.
– L’éditeur, Michel Sitbon (L’Esprit Frappeur) à 1 000 euros d’amende pour
complicité avec Placid dans le délit d’injure et complicité avec Clément
Schouler dans le délit de diffamation.
Bien entendu, nous considérons qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté fondamentale d’expression, et dénonçons les méthodes de répression utilisées par l’état français à l’encontre de ces trois personnes.
Plus encore, à l’heure où trois rafles par semaine ont lieu à Paris, où les expulsions se multiplient, nous considérons que le jugement rendu constitue un véritable déni de réalité puisque, effectivement, les contrôles au faciès sont une réalité expérimentée quotidiennement par des milliers d’habitants des banlieues parisiennes.
Lors des émeutes de l’automne 2005, nous avons tous entendu à la télévision un commissaire de police expliquer que «oui, ils contrôlaient les populations immigrées puisque, statistiquement, elles étaient plus susceptibles d’être en train de commettre un délit » ; nous avons tous lu le témoignage d’Alain Badiou, dans le Monde du 15 novembre 2005, appelé « L’humiliation ordinaire » ; nous avons tous connaissance des témoignages d’élèves de collèges et lycées, issus de l’immigration récente, contrôlés tous les matins avec les mêmes mots « Hé, toi, tu fais quoi à traîner autour du collège ? ». Nous avons vu lors du CPE les hordes de CRS traiter les lycéens grévistes de « sale nègre » lorsqu’ils les empêchaient d’aller rejoindre les manifestations parisiennes. Nous connaissons tout cela.
Alors nous déclarons, avec Clément Schouler : Oui, les contrôles d’identité au faciès sont le quotidien imposé par la police nationale, tous corps confondus, dans les quartiers populaires ; oui, la police exerce son activité répressive de façon raciste et xénophobe.
Oui, aujourd’hui, l’action de la police fait qu’un immigré ne peut que vivre la peur au ventre, la peur d’être ratonné, emmené au commissariat, quasiment sans droit et sans défense. Les magistrats de Seine-Saint-Denis ont maintes fois reconnu que la police y outrepassait régulièrement ses droits.
Quant à la caricature de couverture, il est vrai qu’assimiler le cochon, animal sympathique, de bon caractère, et surtout de bon aloi pour une bonne tablée, à la police française, peut mener à une dépréciation de l’image de ce quadrupède qui fait la fierté de nos terroirs. Le débat peut, sur ce point il est vrai, se continuer, mais en tout état de cause la justice n’a rien à faire dans un débat couvert par la liberté de création artistique.
Le groupe Claaaaaash (claaaaaash.over-blog.org)
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