Dis-moi, israël… tu ne seras pas un peu emmerdé ?
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Dis-moi, Israël : quand tu n’auras plus ta tête de Turc palestinienne, tu ne seras pas un peu emmerdé ?
Virginia Tilley, 15 décembre 2006
Traduit par Marcel Charbonnier et révisé par Fausto Giudice
Que vas-tu faire, maintenant, Israël ? Maintenant que trois petits garçons ont été tués par les balles d’assassins (non-identifiés) ? Maintenant qu’un juge Hamas a été sorti de force de sa voiture et assassiné ?
Voilà qui doit te faire rudement plaisir ?
« Les Palestiniens sont – enfin (pas trop tôt, ces connards… !) – en train de tomber dans mon piège ! », t’entends-je penser.
Le couvercle vient enfin d’être vissé sur ton fameux bocal, préparé amoureusement depuis si longtemps, dans lequel ces « cafards saouls » ne pourront plus que se débattre en vain, en se gueulant mutuellement dessus…
Je te vois, là, enfoncé dans ton fauteuil national, te frottant les mains, triomphant, observant les Palestiniens en train – enfin ! – de s’étriper et de devenir, lentement mais sûrement, ce que tu as toujours prétendu qu’ils étaient.
Peut-être es-tu un brin dégoûté ? Heureusement, ton sentiment irrémissible de supériorité ne te permet pas de gerber…
Mais as-tu réfléchi à ce que tu pourras faire, au cas où cette direction palestinienne que tu méprises tellement finissait par se désintégrer ? Bien sûr, c’est toi qui les as mis dans cette merde… Cela fait des dizaines d’années que tu y travailles, d’arrache-pied. Tu as prévariqué, terrorisé, expulsé, mutilé, massacré leurs dirigeants, tu as banni ou tué leurs visionnaires et leurs philosophes, tu as financé et attisé le Hamas contre le Fatah ou le Fatah contre le Hamas, tu as mis leur démocratie à la poubelle, tu leur a piqué leur argent, tu les a emmurés, tu les as mis « au régime », tu t’es fendu la pêche devant leurs revendications, tu as menti au sujet de leur histoire, au monde entier et à toi-même…
Mais que vas-tu faire, Israël, si cinq millions de Palestiniens se retrouvent à vivre, en fin de compte, sans aucune élite gouvernante, sous ta propre souveraineté ? Que feras-tu, quand ils auront perdu toute capacité de négocier avec toi ? As-tu réfléchi au fait que dans les territoires que tu contrôles, les Palestiniens sont aussi nombreux que tes ressortissants ? Et que tu es en train de détruire leur expression unifiée ? As-tu pensé à ce qui t’arrivera si les Palestiniens perdent vraiment cette voix ?
Peut-être est-ce que tu penses qu’il te suffirait de libérer le fric et les flingues du Fatah pour que celui-ci ré-arrache son pouvoir des mains du Hamas et réinstalle le gouvernement palestinien fantoche de tes rêves roses ? Peut-être penses-tu vraiment que le Fatah est en mesure de ressusciter l’épave d’Oslo, sortir le bout de son nez des gravats des bureaux de l’Autorité palestinienne et récupérer le siège du conducteur de la nation palestinienne, comme avant ? Peut-être que tu te dis qu’avec juste ce qu’il faut d’échauffourées entre les factions et une pincée supplémentaire d’assassinats et un tantinet de famine, la nation palestinienne toute entière va se retourner contre le Hamas et l’éjecter du pouvoir, en faveur de M. Abbas et de son sourire piqué à la machine ?
Mais comment peux-tu imaginer tout ça, alors même que le seul cas semblable, qui fait figure de test – l’Irak – est en ruines, et que les USA et que la Grande-Bretagne tentent désespérément de filer à l’impérialiste [oups : à l’anglaise] ?
Vis-tu encore tellement enfoncé profondément dans tes propres illusions, que tu puisses imaginer que la Résistance palestinienne ne serait que le fait d’un leadership néfaste ou sclérosé ? Qu’il n’y aurait nulle mémoire de l’expulsion et de la dépossession derrière l’esprit de résistance collective qui ne pourra qu’indéfiniment, et inévitablement, transcender une direction palestinienne, quelle qu’elle soit ? Crois-tu vraiment que du simple fait que tu puisses écraser ou coopter le Hamas et le Fatah, cinq millions de personnes vont simplement disparaître à jamais de la traînée sanglante que tu laisses sur le monde, au-delà des frontières jordanienne ou égyptienne, dans le désert infini, emportant en hâte ce qu’ils pourront emmener – vêtements, enfants et souvenirs patinés – dans une sorte de grand remake de 1948 ?
Penses-tu vraiment que si la communauté internationale, de guerre lasse, va se lasser de te demander de négocier avec les gens que tu as dépossédés et discrédités, tu pourras en quelque sorte te balader en sifflotant, soulagé de voir oubliés les crimes que tu as perpétrés envers eux ?
Nous savons que tu continues à poursuivre ce vieux, fatal et futile fantasme : enfin ressusciter le rêve sioniste, en démolissant le nationalisme palestinien. En brisant l’unité nationale palestinienne sur les écueils de l’occupation. En réduisant les Palestiniens à l’état d’Indiens dans des réserves, déclinant à petit feu vers le désespoir, l’alcoolisme et l’émigration. En les rendant totalement indifférents, pour toi.
Mais j’ai un truc à te dire, Israël. Aux USA, les autochtones amérindiens n’ont jamais baissé les bras. Atteints et humiliés comme ils le sont, ils connaissent leur histoire, et ils se souviennent de leur dol. S’ils sont marginaux, c’est uniquement parce qu’ils ne représentent que 1 % de la population des USA. Les Palestiniens, eux, sont cinq millions : ils sont aussi nombreux que tes juifs ! Et ils vivent à l’intérieur de tes frontières. Quand leurs dirigeants se détruiront eux-mêmes, en se malmenant mutuellement comme des béliers dans un combat à mort, ils deviendront finalement cinq millions de paire d’yeux courroucés fixés sur toi, car tu seras l’ultime pouvoir à les dominer. Et tu seras sans défense, parce que ton abri de papier – tes Quisling du Fatah ou de l’ « Autorité » « palestinienne » ne seront plus que des bibelots endommagés, de la vaisselle fêlée, des has been discrédités, foutus. Alors, il n’y aura plus que toi et ceux que tu as dépossédés – toi, et les Palestiniens – dans un seul État, sans Oslo et sans Feuille de Route pour te protéger ! Alors, je peux te dire que les Palestiniens – pour le coup – te haïront, et pour de bon !
Alors, peut-être, prendras-tu conscience de ta bévue, quand la désintégration de l’unité nationale palestinienne se répandra, telle un tsunami, dans l’ensemble du Moyen-Orient, conjoignant ses forces avec le tsunami débordant de l’Irak, dévastant l’ensemble de la région et te revenant en pleine gueule ?…
En te voyant te fabriquer cette catastrophe de tes propres mains, nous en venons à penser que tu es sans doute, ni plus ni moins, suicidaire ? Nous pourrions nous contenter d’observer [en nous frottant les mains, à notre tour… NdT], mais ton cheminement vers la ruine est lourd de trop de souffrance, pour trop de personnes. Reste que même si nous voulions éviter ton pacte unilatéral de suicide collectif avec les Palestiniens, y a-t-il quelqu’un, que nous puissions appeler à l’aide ?
Nous pourrions appeler le Hamas à – enfin – se mobiliser de pied en cap, car lui seul a la capacité de lancer une campagne de désobéissance civile sur une échelle massive, seule à même de paralyser le poing d’acier d’Israël. Mais le Hamas n’a aucune expérience dans ce domaine, et ses hommes d’État sont d’ores et déjà cernés par les flingues que tu as offert aux malfrats du Fatah…
Nous pourrions exhorter le chef des malfrats du Fatah, ce M. Abbas qui se roule comme une serpillière aux pieds des dirigeants israéliens, à tenter de se retrouver une colonne vertébrale. Ou encore l’ubiquiste M. Erekat, qui n’a jamais eu la moindre vision politique de sa vie, de s’en inventer une, du jour au lendemain…
Nous pourrions encourager les malfrats du Fatah à rejeter MM. Abbas et Erekat, ainsi que les contrats plantureux de fournitures de ciment que tu leur a soumissionnés afin d’ériger le Mur qui les emprisonne, et à rechercher un haut du pavé qu’ils n’ont jamais aperçu de leur vie.
Nous pourrions quémander des microscopiques FPLP et FDLP, accrochés à leurs programmes surannés, trop rassis pour être mangeables et rongés par leur amertume recuite pluri-décennale et leur rivalité avec le Fatah, qu’ils lèvent enfin le nez et regardent au-delà de leurs rancœurs anciennes et d’hier.
On pourrait faire appel aux USA, mais personne ne s’avise de le faire.
On pourrait faire appel à l’Union européenne, mais personne ne s’avise de le faire, non plus.
On pourrait faire appel au monde, mais il se contente de rester, là, hébété. On pourrait faire appel aux médias mondiaux, mais ils sont gelés, le cul à l’air.
Donc, le seul à qui nous puissions faire appel, c’est à toi, ô, toi, Israël… Pour te demander, à toi, ô, Israël, de penser à ce que tu es en train de fabriquer, à défaut de t’en préoccuper.
Car tu es en train de préparer, des tes mains, ta propre destruction.
Si tu es tellement efficace, dans ce grandiose projet national – ta propre destruction – c’est parce que tu sais y faire, d’expérience. Même les gens les plus courageux, les plus moraux et les plus sensibles, comme tu as eu l’occasion de l’apprendre, ne sauraient supporter indéfiniment de vivre dans un camp de concentration. A un certain moment, comme les historiens de l’Holocauste l’ont fureté avec un tel pathos, c’est l’humanité [des déportés] qui finit par s’effondrer. L’héroïsme individuel peut survivre, on peut en conserver et chérir la mémoire. Mais l’ordre, l’humanité et, en fin de compte, les sentiments humains pourrissent et se décomposent en querelles de factions et en l’inhumanité de l’homme envers son semblable. Cela, tu ne le sais que trop bien, tu sais amèrement de quelle manière le chaudron concentrationnaire peut faire se dissoudre jusqu’au tissu même d’une société et éparpiller les humains. Cette leçon est gravée, littéralement, au fer rouge dans ta mémoire nationale. Et tu est en train d’appliquer ces leçons, en tentant de purger la tragédie du sionisme et réduisant Gaza en ruines.
Mais si tu récoltes en réalité le chaos que tu es en train de fabriquer aux Palestiniens, tu ne tarderas pas à découvrir qu’il n’y a personne d’autre de responsable de ces cinq millions de civils palestiniens que : TOI !
Alors, que vas-tu faire, Israël, de cinq millions de personnes soumises à ta loi, quand tu ne pourras plus faire croire au monde entier que tu as l’intention de négocier avec elles ? Que feras-tu de ces personnes que tu détestes et qui – elles y ont mis le temps ! – te détestent elles aussi au dernier degré, quand les visions de coexistences auront en fin de compte échoué ? Tu seras le seul pouvoir étranger à les écraser. Tu ne pourras ni les digérer, ni les dégueuler. Et ils continueront à te dévisager.
Et nous aussi !
Oui : toi !
Parce qu’il n’y aura personne d’autre à tenir pour responsable. Ni personne d’autre ne pourra les prendre en charge. Rien que toi…
Virginia Tilley est professeur de sciences politiques. De nationalité usaméricaine, elle travaille en Afrique du Sud. Elle est l’auteur de l’ouvrage The One-State Solution: A Breakthrough for Peace in the Israeli-Palestinian Deadlock (La Solution à Un Seul Etat : Une solution pour sortir de l’impasse israélo-palestinienne, en vue de la paix) [University of Michigan Press and Manchester University Press, 2005].
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier et révisé par Fausto Giudice, membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources.
URL de cet article : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1783&lg=fr
dis-moi hamas, tu n’es pas emmerdé que le Fatah ait reçu des armes de l’Egypte, transitant pas Israël ?
Tu ne seras pas emmerdé quand les négociations auront lieu sans toi ? toi qui te targues de « résister » avec ton grand ami le hezbollah, tous les deux parmi les pires islamistes intégristes ? Tu penses à la population qui veut vivre mais non sous la charria ? tu penses à tous ceux que tu as assassinés dans tes attentats suicides ? tu penses à toutes ces roquettes tirées sur l’état israélien bien que la trêve ait été signée ?
Tu ne penses qu’à toi, hamas et au pouvoir que tu veux sans partage.
C’est tellement facile de dire que la faute c’est l’autre et de s’en laver les mains… Dans un conflit, les fautes sont toujours partagées. Réfléchis aussi aux tiennes.
pour répondre au commentaire précédent, qui parle de « négociations » futures, le mieux est encore de lire Jeff Halper, coordinateur du Comité Israélien contre la destruction des maisons (ICAHD)
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Le problème avec Israël », par Jeff Halper
Publié le 29-11-2006 par CAPJPO-EuroPalestine
Une analyse de Jeff halper, coordinateur du Comité Israélien contre la destruction des maisons (ICAHD), qui fait parfaitement le point sur la politique israélienne de refus systématique de toute perspective de paix, avec l’énumération de toutes les offres de paix rejetées par Israël depuis 1948.
« Le problème avec Israël », par Jeff Halper
« Soyons honnêtes (pour une fois). Le problème au Proche-Orient ce n’est pas le peuple palestinien, ni le Hamas, ni les Arabes, ni le Hezbollah ou les Iraniens ou la totalité du monde musulman. C’est nous, les Israéliens.
Le conflit israélo-palestinien, la véritable grande raison de l’instabilité, de l’extrémisme et de la violence dans notre région, c’est peut-être le conflit le plus simple du monde à résoudre. Depuis presque 20 ans, depuis la reconnaissance par l’OLP d’Israël dans les frontières de l’armistice de 1949 (la « ligne verte » qui sépare Israël de la Cisjordanie et de Gaza) tous les leaders palestiniens soutenus par la grande majorité de la population palestinienne, ont proposé à Israël une offre des plus généreuses : un état juif sur 78% (du territoire) d’Israël/Palestine en échange d’un état palestinien sur seulement 22% (du territoire restant) La Cisjordanie, Jérusalem Est et Gaza.
En fait, c’est une proposition soutenue par une grande majorité des peuples Palestinien comme Israélien. (Selon le Ha’aretz du 18 janvier 2005, quelque 63 % des Palestiniens soutiennent le projet selon lequel, après l’établissement de l‘état Palestinien et une solution pour tous les problèmes en suspens, y compris celui des réfugiés et de Jérusalem, une déclaration serait publiée reconnaissant l’état d’Israël en tant qu’état du peuple juif et l’état palestinien en tant qu’état du peuple palestinien. Du côté israélien 70 % soutenaient l’idée d’une reconnaissance mutuelle. (…)
Si Israel mettait fin à l’Occupation avec un arrangement politique qui satisferait les besoins fondamentaux des deux peuples, les Palestiniens pourraient faire ce qui serait peut-être la contribution la plus importante de toute à la paix et à la stabilité du Proche Orient. Les Palestiniens possèdent, malgré leur faiblesse, l’unique source d’un formidable pouvoir, l’unique atout critique : ils sont les gardiens du Proche Orient. Parce que le conflit palestinien est emblématique il résume le « clash des civilisations », tel qu’il est vécu par l’ensemble des musulmans.
Le problème c’est Israël, à la fois dans ses formes d’avant et d’après l’Etat qui depuis les cent dernières années a fermement refusé de reconnaître l’existence nationale et les droits à l’auto détermination du peuple palestinien. Dans le passé, et maintenant encore, il a toujours dit « non » à toute possibilité de faire véritablement la paix et dans les termes les plus clairs.
Le dernier exemple c’est le Plan de Convergence (ou de Réalignement) d’Ehoud Olmert qui cherche à mettre un terme définitif au conflit en imposant le contrôle israélien sur un pseudo état palestinien « souverain ».
« Israël maintiendra son contrôle sur les zone de sécurité, les blocs de colonies juives, et les endroits qui ont une importance suprême et nationale pour le peuple juif, d’abord et avant tout Jérusalem unifiée sous souveraineté israélienne » a déclaré Olmert à la conférence d’Herzliya de janvier 2006. « Nous ne permettrons pas l’entrée des réfugiés palestiniens dans l’état d’Israël ». Le plan d’Olmert qu’il avait promis de mettre en route dès que le Hamas et le Hezbollah seraient supprimés, devrait perpétuer le contrôle israélien sur les Territoires Occupés. Cela ne rendrait pas possible l’existence d’un état palestinien viable. Alors que la « Mur de séparation », la frontière démographique d’Israël à l’Est, ne prend que 10 à 15% de la Cisjordanie, il incorpore à Israël les blocs majeurs de colonies, découpe la Cisjordanie en petit « cantons » (le mot est de Sharon) sans continuité territoriale, et appauvris, et enlève aux Palestiniens leurs riches terres agricoles et l’une des principales ressources en eau. Il crée aussi une « grande » Jérusalem israélienne sur tout une portion centrale de Cisjordanie, coupant du même coup le cœur économique, culturel, religieux et historique de tout état palestinien. Il prend alors en sandwich les Palestiniens entre le Mur/frontière et une autre frontière de sécurité, la vallée du Jourdain, donnant à Israël deux frontières à l’est. Israël garderait le contrôle de toutes les ressources nécessaires à un état palestinien viable et pour faire bonne mesure Israël s’approprierait l’espace aérien palestinien, leur sphère de communications et même le droit de l’ Etat palestinien à conduire sa propre politique étrangère.
Ce plan est évidemment inacceptable pour les Palestiniens – une évidence qu’Olmert ne connaît que trop bien – aussi doit-on l’imposer unilatéralement, avec le concours américain. Mais qui s’en soucie ? Nous avons refusé de dialoguer vraiment avec Arafat, refusé absolument de parler avec Abu Mazen, boycotté en ce moment tout le gouvernement Hamas pourtant élu, en arrêtant ou en assassinant ceux qui y sont associés. Et si « Convergence » ne flotte pas cette fois dans l’air, eh bien, le maintien du statu quo pendant qu’on construit des colonies a été la véritable politique des quarante dernières années et peut durer indéfiniment. En vérité, Israël est tombé dans une violence aveugle et inutile. La guerre du Liban en 2006 et, au moment où j’écris ces lignes, l’assaut d’une violence croissante contre Gaza.
Mais le public israélien a accepté la ligne de Barak selon laquelle il n’y a pas de « partenaire pour la paix ». Ainsi ,si il y a un mécontentement parmi les votants, ils vont plus probablement jeter la gauche libérale au « cœur saignant » et ramener la droite avec sa doctrine d’échec, de sécurité basée sur le militaire. Pourquoi ? Si les israéliens ont un besoin vital de paix et de sécurité – « Le droit d’être normal » selon Olmert récemment, alors pourquoi n’ont ils pas saisi, ou au moins exploré, chacune et toutes les occasions de résoudre le conflit ? Pourquoi élisent-ils continuellement des gouvernements qui poursuivent agressivement l’expansion des colonies et la confrontation militaire avec les Palestiniens et les voisins d’Israël s’ils veulent se débarrasser quand même du fardeau de l’occupation ? Pourquoi, si la plupart des israéliens désirent se « séparer » des Palestiniens, offrent-ils tellement peu de choses que la séparation n’est tout simplement pas une option, même si les Palestiniens veulent faire des concessions majeures ?
« Les dossiers du Ministère Israélien des Affaires Etrangères » écrit l’historien israélo-anglais Avi Shlaim dans « le Mur de fer » (2001 : 49) « croulent sous les preuves que des éclaireurs arabes étaient prêts à négocier avec Israël dès Septembre 1948 » ». Prenons simplement quelques exemples des occasions délibérément rejetées :
• « Au printemps et à l’été de 1949 Israël et les états arabes se sont rencontrés sous les auspices du Comité de Conciliation pour la Palestine des Nations Unies (PCC) à Lausanne en Suisse. Israël n’a voulu faire aucune concession territoriale ni faire revenir 100 000 des 700 000 réfugiés ce que réclamaient les Arabes. Pour autant, cependant, il y a eu la remarque que fit Ben Gourion lors d’une réunion de son cabinet, à savoir que le public israélien était « ivre de la victoire » et nullement d’humeur à des concessions « maximales ou minimales » selon le négociateur israélien Elias Sasson.
• En 1949, le leader syrien Husni Zaim avait déclaré ouvertement qu’il était prêt à être le premier leader arabe à conclure un traité de paix avec Israël – et à accueillir la moitié des réfugiés palestiniens en Syrie. Il offrit sans relâche de rencontrer Ben Gourion, qui refusa obstinément. A la fin c’est seulement un accord d’armistice qui fut signé.
• Le roi Abdallah de Jordanie engagea deux ans de négociations avec Israël mais ne pût jamais faire de percée significative sur aucun sujet important avant son assassinat. Son offre de rencontrer Ben Gourion fut aussi refusée. Ce que le ministre des affaires étrangères Moshe Sharett a commenté de manière révélatrice : « Un Transjordanien a dit nous sommes prêts pour une paix immédiate ; nous avons dit, évidemment, que nous voulions aussi la paix, mais nous ne pouvons pas courir, nous devons marcher ». Trois semaines avant d’être assassiné, le roi Abdallah avait déclaré « Je pourrai justifier la paix si je pouvais souligner les concessions faites par les Juifs. Mais sans aucune concession de leur part, j’ai perdu avant de commencer ».
• En 1952-53 d’intenses négociations se sont tenues avec le gouvernement Syrien d’Adib Shishakli un leader pro américain qui était pour un r’églement avec Israël. Ces conversations ont échoué parce qu’Israël insistait pour avoir le contrôle exclusif de la mer de Galilée, le Lac Huleh et le Jourdain.
• Les offres constantes de Nasser pour avoir des conversations de paix avec Ben Gourion commençant peut après la Révolution de 1952, ont terminé en définitive sur un refus du successeur de Ben Gourion, Moshe Sharett, de continuer le processus et sur une attaque israélienne dévastatrice (conduite par Ariel Sharon) contre une base militaire égyptienne à Gaza.
• En général l’inflexibilité israélienne de l’après guerre était due à son succès dans les négociations des accords d’armistice, qui lui laissa une situation politique, territorial et militaire supérieure. « La menace de guerre avait été repoussée » écrit l’historien israélien Benny Morris dans son livre « Righteous Victims » « Aussi pourquoi s’efforcer de faire une paix impliquant des concessions territoriales majeures ? ». Dans un télégramme à Sharett, Ben Gourion proclama catégoriquement ce que deviendrait la politique israélienne à long terme, essentiellement valide jusqu’à aujourd’hui : « Israël ne discutera pas d’une paix impliquant la concession de quelque morceau que ce soit du territoire. Les états voisins ne méritent pas un pouce de la terre d’Israël. Nous sommes prêts pour la paix en échange de la paix ». En juillet 1949, il déclara à un journaliste américain venu le rencontrer « Je ne suis pas pressé et je peux attendre dix ans. Nous ne subissons aucune pression ». Et pourtant, cette période a vu émerger l’image de leaders arabes, en ennemis inflexibles, épicée si soigneusement par Israël et représentant une part si puissante du cadrage Israélien. (Morris (1999 : 268) le résume succinctement et franchement : « Pendant des dizaines d’années, Ben Gourion e après lui les administrations successives, ont menti à l’opinion publique israélienne sur les ouvertures de paix de l’après 48 et sur l’intérêt arabe pour un accord. Les leaders arabes (avec la possible exception d’Abdallah) étaient présentés, une fois pour toutes, comme un tas de bellicistes irrécupérables, décidés à détruire Israël. L’ouverture récente des archives israéliennes offre une image autrement plus complexe.
• A la fin de l’année 1965 Abdel Hakim Amer, le vice président et le commandant adjoint de l’armée égyptienne invita le chef du Mossad, Meir Arnit, à venir au Caire. Cette visite fut interdite après une dure opposition de la part d’Isser Harel, le conseil en renseignement d’Eshkol. La guerre de 1967 aurait-elle pu être évitée ? Nous ne le saurons jamais.
• Immédiatement après la guerre de 1967 Israël envoya des émissaires à la recherche d’un accord avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Jordanie. Les Palestiniens voulaient entrer dans des discussions de paix, mais seulement si cela signifiait un état palestinien indépendant, une option qu’Israël n’a jamais même conçue. Les Jordaniens étaient aussi prêts, mais seulement s’ils recevaient tout le contrôle sur la Cisjordanie et en particulier, Jérusalem Est et ses lieux saints. Le roi Hussein tint même des réunions avec les responsables israéliens mais le refus d’Israël d’admettre un plein retour des territoires ont fait échoué le processus. L’annexion d’une zone du « grand » Jérusalem et le programme immédiat de construction de colonies ont bloqué toute chance à la paix pleine et entière.
• En 1971 Sadate envoya une lettre à la Commission Jarring des Nations Unies exprimant la volonté de l’Egypte d’entamer un accord de paix avec Israël. L’acceptation israélienne aurait pu empêcher la guerre de 1973. Après la guerre Golda Meir repoussa sommairement de nouvelles conversations de Sadate pour une ouverture de paix faites.
• Israël a ignoré de nombreux émissiares envoyés par Arafat et d’autres leaders palestiniens au début des années 1970, ignorant leur volonté de discuter de la paix avec Israël.
• Les tentatives de Sadate en 1978 pour résoudre le problème palestinien en tant que participant du processus de paix ont été repoussés par Begin qui refusait de considérer autre chose que « l’autonomie » palestinienne.
• En 1988 à Alger, faisant partie de sa déclaration de l’indépendance palestinienne, l’OLP a reconnu Israël à l’intérieur de la Ligne verte et exprimé la volonté d’entamer des discussions.
• En 1993, au début du processus d’Oslo, Arafat et l’OLP ont réitéré par écrit leur reconnaissance d’Israël à l’intérieur des frontières de 1967. (pour mémoire, sur 78% de la Palestine historique.). Bien qu’ils aient reconnu Israël comme état « légitime » au Proche Orient, Israël n’a pas rendu la pareille. Le gouvernement Rabin n’a pas reconnu le droit national des Palestiniens à l’auto détermination, mais voulait seulement reconnaître les palestiniens comme partenaires de négociation. Ni à Oslo ni ensuite Israël n’a jamais été d’accord pour abandonner les territoires qu’il a conquis en 1967, en faveur d’un état palestinien, bien que ce soit la position des Nations Unies (Résolution 242), la communauté internationale (incluant jusqu’à Bush, les Américains) et depuis 1988 les Palestiniens.
• Peut-être l’occasion ratée la plus importante de toutes a-t-elle été la façon dont les gouvernements successifs Travailliste et Likoud ont sapé tout état palestinien viable en doublant la population de colons israélien au cours des sept années du « processus de paix » d’Oslo (1993-2000), éliminant ainsi à coup sûr la solution à deux états.
• A la fin de 1995, Yossi Beilin, membre clef de l’équipe des négociateurs d’Oslo , a présenté à Rabin « le document d’Oslo » (négocié avec l’équipe d’Abu Mazen) pour résoudre le conflit. Ces accords étaient si prometteurs qu’Abu Mazen avait les larmes aux yeux après l’avoir signé. RAbin a été assassiné quelques jours plus tard et son successeur, Shimon Peres, l’a vidé de son sens.
• Le refus d’Israël de la volonté syrienne de négocier la paix, répété sans fin jusqu’à ce jour,tant qu’ Israël devrait faire des concessions à propos des Hauteurs occupées du Golan
• Le parfait mépris de Sharon pour l’offre en 2000 de la Ligue Arabe de reconnaissance, de paix et d’intégration régionale en échange de sa renonciation à l’Occupation
• La disqualification par Sharon d’Arafat, de loin le plus aimable et coopératif partenaire qu’Israël ait jamais eu, et son boycott ultérieur d’Abu Mazen.
• Olmert a déclaré hors sujet le Document des Prisonniers dans lequel toutes les factions palestiniennes, y compris le Hamas, s’accordait sur un programme politique recherchant une solution à deux états, suivi de la tentative de détruire par la force le gouvernement démocratiquement élu du Hamas, et encore à ce jour.
• En Septembre et Octobre 2006 Bachar el Assad a fait des ouvertures répétées pour la paix avec Israël en déclarant publiquement : « Je suis prêt pour une paix immédiate avec Israël grâce à quoi nous voulons vivre en paix ». Le jour de la première déclaration d’Assad à cet égard, le premier ministre Olmert déclara « Nous ne quitterons jamais les Hauteurs du Golan » accusa la Syrie « d’héberger des terroristes » et avec le ministre des affaires étrangères Tzipi Livni il annonça que « les conditions ne sont pas murs pour la paix avec la Syrie ».
A tout cela nous pouvons ajouter les guerres inutiles, des conflits plus limités et les sanglantes attaques qui ont principalement servi à encourager la position d’Israël ou indirectement, à encourager Israël, dans ses tentatives pour étendre son contrôle sur toute la terre à l’ouest de la Jordanie : les tueries systématiques entre 1948-1956 contre 3000 à 5000 « infiltrateurs », réfugiés palestiniens, principalement sans armes qui cherchaient surtout à retrouver leurs maisons, à labourer leurs champs ou à reprendre leur propriété perdue ; la guerre de 1956 avec l’Egypte, entreprise en partie pour empêcher la réémergence sur l’agenda international du « Problème Palestinien », et pour renforcer Israël, militairement, territorialement et diplomatiquement, les opérations militaires contre les civils palestiniens commençant avec les tristement célèbres tueries de Sharafat, Beit Jala et plus notoirement encore Qibia, conduites par l’unité 101 de Sharon. Ces opérations continuent dans les Territoires Occupés et le Liban jusqu’à ce jour, principalement dans le but de « punir collectivement » et de « pacifier ». D’autres opérations incluent la campagne, vieille de dizaines d’années, de liquidation systématique de tout réel leader palestinien, les trois guerres du Liban (Opération Litani en 1978 ; opération Paix sur la Galilée en 1982 et la guerre de 2006).
Persistant, derrière tous ces actes militaires, que ce soit les guerres importantes ou les « assassinats ciblés », est le refus Israélien constant et résolu (en fait un retour grandissant aux jours de l’avant sionisme des années 1880) de dialoguer directement et sérieusement avec les Palestiniens. La stratégie d’Israël jusqu’à aujourd’hui est de les contourner et de les encercler, en nouant des accords avec les gouvernements qui les isolent et, sans succès jusqu’à présent, neutralise les Palestiniens en tant que partenaires. Ce fut encore plus net lors des conversations de paix de Madrid où il n’a autorisé la participation palestinienne qu’en tant que faisant partie de la délégation jordanienne. Et cela inclut aussi le « processus de paix » d’Oslo. Tandis qu’Israël a réclamé une lettre d’Arafat reconnaissant explicitement Israël comme « constructeur légitime » du Proche Orient. et plus tard a demandé une déclaration particulière reconnaissant Israël en tant qu’état Juif (il avait déjà obtenu les deux) aucun gouvernement israélien n’a jamais reconnu les droits collectifs du peuple palestinien à l’auto détermination. Rabin était sans ambiguïté à ce propos : si Israël reconnaît les droits des Palestiniens à l’auto détermination, cela voulait dire qu’un état palestinien devait par définition émerger – et Israël ne voulait pas promettre cela (Savir ; 1998 : 47). Aussi, excepté la vague déclaration sur le fait de ne pas vouloir dominer un autre peuple et « notre main est tendue pour la paix ». Israël n’a jamais permis un cadre pour de véritables négociations. Les Palestiniens doivent être pris en compte, on doit leur demander de réagir à l’une ou l’autre de nos quatre propositions, mais ils ne sont certainement pas des partenaires égaux dans leur revendication à un pays rivalisant avec le nôtre.
La féroce réponse d’Israël à l’éruption de la seconde intifada, quand il a tiré plus d’un million de balles y compris des missiles sur les centres civils de Cisjordanie et de Gaza en dépit de l’absence complète de tir de la part du côté palestinien au cours des cinq premiers jours de l’Intifada, ne peut s’expliquer que pour les punir d’avoir rejeté ce que Barak a essayé de leur imposer à Camp David, les détrompant sur l’idée qu’ils étaient égaux pour décider du futur de « notre » pays. Nous les battrons avait fréquemment l’habitude de dire Sharon, « jusqu’à ce qu’ils comprennent le message ». Et qu’est-ce que ce « message ? »/ Il est que ceci est notre pays et que seulement nous, juifs israéliens avons la prérogative de décider si et comment nous voulons le diviser. »
Jeff Halper Lundi 27 Novembre 2006
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lire aussi le site de Israeli Committee Against House Demolitions
et à propos de « résistance », et d’attentat suicide, lire
Palestinians Are Being Denied the Right of Non-Violent Resistance?
début de traduction « Si une chose offre un aperçu(une lueur) terrifiant d’où l’expérience dans le désespoir humain qui est la Bande de Gaza sous le siège israélien mène, c’est les nouvelles qu’une femme palestinienne dans la soixantaine – une grand-mère – a voulu la semaine dernière attacher sur une ceinture de suicide et éclater elle-même à côté d’un groupe de soldats israéliens envahissant son camp de réfugiés. »