Histoire de petites roues vers le chemin de la paix
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avant propos choisi par Nadine Ghys :
, L’autre mort, in L’Aleph (1949), Gallimard, 1977
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{{{A propos
du discours qu’a prononcé David Grossman le 4 novembre à Tel Aviv,
lors de la cérémonie organisée à la mémoire d’Yitzhak Rabin}}}
(lire le discours de Grossman)
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Ouri Avnery
Hagada Hasmolit, 15 novembre 2006
http://www.hagada.org.il/hagada/html/modules.php?name=News&file=article&sid=4920
Il y a deux semaines, à la tribune du grand rassemblement annuel à la mémoire d’Yitzhak Rabin, l’écrivain David Grossman, seul orateur de l’événement, a prononcé un discours important. En son point culminant, Grossman a donné ce conseil au Premier Ministre : « Adressez-vous aux Palestiniens, Monsieur Olmert. Adressez-vous à eux par-dessus la tête du Hamas. Adressez-vous aux modérés parmi eux, ceux qui, comme vous et moi, s’opposent au Hamas et à sa voie. »
Au même moment, des militants de « Gush Shalom » circulaient parmi les 100.000 participants du rassemblement en distribuant un tract qui disait simplement : « La paix se fait avec l’ennemi – Parlez au Hamas ! ». Ils ont rapporté qu’une partie des participants avaient refusé de recevoir le tract mais que la majorité l’avait volontiers accepté.
Ces deux attitudes illustrent le dilemme auquel est confronté aujourd’hui le camp israélien de la paix.
Le discours de Grossman a fait sensation. C’était un excellent discours, le discours d’un écrivain qui sait utiliser les mots. Il a enthousiasmé ceux qui étaient là et a été accueilli comme un événement important par les médias. Grossman n’a, il est vrai, pas rappelé qu’il avait commencé par soutenir la guerre [au Liban – NdT] pour changer ensuite d’avis au cours de celle-ci, mais ce fait a précisément conféré un surcroît de crédibilité à la critique acérée qu’il a fait du gouvernement.
Il a en outre évoqué la tragédie personnelle qui l’a frappé lorsque son fils Ouri a été tué dans les dernières heures de la guerre : « La tragédie qui nous a frappés, ma famille et moi-même… ne me donne pas de droit particulier dans le débat public. Mais il me semble que se trouver face à la mort et à la perte entraîne aussi une sorte de sobriété et de lucidité. »
Il a forgé une formule nouvelle qui a immédiatement saisi l’imagination et dominé le discours public. « Nos dirigeants sont creux ! », a-t-il déclaré.Lle sentiment général depuis la guerre est effectivement que c’est une direction vide de tout contenu, sans plan ni programme, dénuée de tout sens des valeurs, seulement préoccupée de sa survie. Et même si Grossman a parlé des « dirigeants » et pas d’Olmert personnellement, ce qualificatif lui convient comme nul autre : un affairiste politique qui met toute son énergie dans des combines et des retournements, sans élévation intellectuelle, sans perspective, sans personnalité ni inspiration.
Autre formule de son invention, au moment de parler de l’entrée d’Avigdor Lieberman au gouvernement comme Ministre aux Questions stratégiques : « La nomination d’un pyromane compulsif à la direction des services des pompiers de l’Etat ».
Je pouvais me sentir en plein accord avec 90% de ses propos. Je pouvais me sentir d’accord avec tout ce qu’il a dit de la situation de l’Etat, de la crise morale et sociale, du niveau de nos dirigeants et de l’impératif national de parvenir à la paix. Si je m’étais trouvé à la tribune (chose qui n’arrivera pas, comme je l’expliquerai plus loin), j’aurais dit des choses semblables, comme mes amis et moi l’avons fait au cours des dernières décennies.
La divergence entre nous, mais une divergence profonde et fondamentale, porte sur les 10% restants du discours. Et plus encore, sur ce qui n’a pas été dit.
Je ne veux pas parler des aspects tactiques. Par exemple, le fait qu’il n’y ait pas eu le moindre mot dans tout le discours pour évoquer la part du parti Travailliste dans le gouvernement, dans la guerre et dans la nomination de Lieberman. Olmert est coupable de tout. Amir Peretz a disparu.
Non, j’en ai à des questions plus essentielles.
Après une attaque frontale comme celle-là contre un leadership « vide », sans vision ni plan, on aurait pu attendre de Grossman qu’il présente, devant les dizaines de milliers de personnes rassemblées sur la place et qui aspirent à la paix, sa vision et son plan à lui comme solution au problème. Mais autant les mots de sa critique étaient clairs et sonores, autant ses propositions étaient pâles et banales.
Qu’a-t-il proposé ? De s’adresser aux « modérés » du peuple palestinien, par-dessus la tête de leurs dirigeants élus, afin de relancer le processus de paix. Voilà qui n’est pas terriblement original. C’est ce que disait (mais n’a pas fait) Ariel Sharon. C’est ce que disent (mais ne font pas) Ehoud Olmert et même George Bush.
Cette distribution en « modérés » et « fanatiques » du côté arabe est superficielle et trompeuse. Il s’agit, fondamentalement, d’une invention américaine. Elle élude les vrais problèmes. Elle comporte une forte dose de mépris pour la société arabe. Elle conduit à une impasse.
La proposition de Grossman détourne la discussion pour la mettre sur la voie de questions comme « avec qui discuter » et « avec qui ne pas discuter », au lieu d’établir clairement de quoi discuter : fin de l’occupation, création de l’Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, retour à la ligne verte, solution au problème des réfugiés.
On aurait pu exiger d’un tel discours, en pareil lieu, pour pareil événement, que les choses soient dites haut et clair, au lieu de formules délibérément vagues. « Allez vers eux avec le plan le plus courageux et le plus sérieux qu’Israël est capable de proposer. Avec une proposition que tout Israélien et tout Palestinien, qui a la tête à l’endroit, reconnaît comme la limite de refus et de concession, pour nous comme pour eux. » Ça sonne bien, mais qu’est-ce que ça veut dire ?
Il est clair qu’il faut discuter de cette proposition avec la direction palestinienne élue, quelle qu’elle soit. L’idée qu’on peut discuter avec une partie du peuple palestinien (maintenant minoritaire) tout en ostracisant l’autre partie (maintenant majoritaire) n’est pas seulement fausse et trompeuse, elle est aussi imprégnée de cette arrogance et de cette présomption qui sont l’assise de l’occupation.
Grossman a une grande empathie pour les pauvres et les opprimés au sein de la société israélienne, et il l’exprime en des mots émouvants. On voit bien qu’il fait des efforts, vraiment de gros efforts, pour manifester une empathie semblable à l’égard de la société palestinienne qui souffre. Mais ça ne vient pas. C’est une empathie sans passion, sans vraie émotion.
Il dit que c’est « un peuple pas moins torturé que nous ». Pas moins torturé que nous ? Gaza comme Tel Aviv ? Rafah comme Kfar Saba ? Cette tentative – typique aussi d’une partie de ceux qui, en Israël, aspirent à la paix – d’établir une symétrie entre occupant et occupé, témoigne d’un défaut fondamental. Cela est vrai même si Grossman avait en tête la souffrance des Juifs au cours de l’histoire.
A propos des Palestiniens qui ont maintenant élu le Hamas lors d’élections parfaitement libres, Grossman déclare qu’ils sont « des otages aux mains de l’Islam fanatique ». Il est convaincu qu’ils changeront du tout au tout, dès l’instant où Olmert « leur parlera ». C’est là une attitude paternaliste, pour ne pas dire plus. « Comment se fait-il que nous n’ayons pas mis en œuvre toute notre souplesse de réflexion, toute la créativité israélienne, pour arracher nos ennemis au piège où ils se sont mis eux-mêmes ? » Comprenez : c’est nous qui pensons, nous les créatifs, c’est à nous qu’il revient de sauver les pauvres Arabes de leur fanatisme.
Fanatisme ? Serait-ce un caractère génétique ? Ou est-ce un désir naturel de se libérer d’une occupation cruelle et étouffante, une occupation dont ils ne sont pas parvenus à se libérer de l’étreinte toujours plus serrée, même quand ils avaient élu un gouvernement « modéré » ?
Il en va de même pour la seconde proposition de Grossman, celle qui concerne la Syrie. A première vue, une proposition positive : Olmert doit répondre à toute offre de paix d’un dirigeant arabe. Excellent. Mais que propose-t-il à Olmert de faire ? « Offrez-lui (à Assad) un processus de paix s’étalant sur plusieurs années et au bout duquel seulement, et s’il a rempli toutes les conditions, respecté toutes les restrictions, il recevra le Golan en retour. Obligez-le à un long processus de dialogue. » Ni David Ben Gourion, ni Ariel Sharon n’auraient pu mieux tourner la chose.
En lisant cela, le trop plein d’enthousiasme a bien sûr dû faire tomber Bachar Al-Assad de son fauteuil.
Si l’on veut creuser les paroles de Grossman, il faut en rappeler le contexte.
Il n’y a pas un seul et unique camp de la paix israélien. Il y en a deux et la différence entre eux est importante.
Le premier, le camp grossmanien, s’intitule lui-même « camp sioniste de la paix ». Son option stratégique tient qu’il est interdit de s’éloigner du « consensus national ». Si nous perdions le contact avec ce consensus, pense-t-on dans ce camp-là, nous ne persuaderions pas le public. Il nous faut dès lors adapter notre message à ce que le public est prêt à recevoir à tout moment.
Au centre de ce camp-là, se trouve le mouvement « La Paix Maintenant », avec encore d’autres groupes et d’autres personnalités. Ce serait une approche parfaitement légitime si elle avait réussi à conquérir les foules. Ce n’est malheureusement pas ce qui s’est produit : « La Paix Maintenant » qui, en 1982, avait mobilisé des centaines de milliers de personnes pour protester contre le massacre de Sabra et Chatila, n’a réussi a rassembler que 150 personnes pour manifester contre le massacre de Beit Hanoun. (Les autres mouvements qui se sont associés à la manifestation, ont amené un nombre comparable de manifestants. Tous ensemble, ils étaient environ 300.) Cet ordre de grandeur était aussi celui de manifestations antérieures de « La Paix Maintenant », qui avaient bénéficié de davantage de temps de préparation.
Ce camp-là reste en relation étroite avec deux partis : le parti Meretz et l’aile gauche du parti Travailliste. Presque tous les fondateurs et les dirigeants de « La Paix Maintenant » se sont présentés à des élections comme candidats de ces partis et certains ont même été élus au Parlement. C’est une de ses fondatrices qui est actuellement Ministre de l’Education dans le gouvernement de guerre Olmert-Peretz.
Le deuxième camp, qu’on a l’habitude d’appeler le « camp de la paix radical », a adopté la stratégie inverse : énoncer à voix haute et claire notre message, même quand il est impopulaire et qu’il s’écarte du consensus. L’hypothèse est que le consensus suivra, lorsque cette vérité se sera démontrée à l’épreuve de la réalité.
Ce camp, auquel appartient « Gush Shalom » (dont je suis un militant) ainsi que des dizaines d’autres organisations engagées dans un travail quotidien acharné : depuis la lutte contre le Mur et les autres méfaits de l’occupation, jusqu’au boycott des colonies et au soutien des soldats qui refusent de servir dans les Territoires occupés.
Ce camp se distingue aussi de l’autre en ce qu’il agit en relation étroite avec des Palestiniens, depuis les membres de la direction palestinienne jusqu’aux simples villageois en lutte contre le Mur qui vole leurs terres. Récemment, « Gush Shalom » a entamé un dialogue avec les dirigeants du Hamas. Ces contacts aident à comprendre la société palestinienne dans toute sa complexité, avec ses sentiments et ses réflexions, ses vœux et ses espoirs.
Ce camp, qui n’est lié à aucun parti, sait qu’il ne deviendra pas un mouvement de masse. C’est le prix à payer. On ne peut pas être populaire quand on exprime des positions et qu’on pose des actes qui sont contraires au consensus. Mais alors, comment ce camp peut-il avoir une influence ? Comment se fait-il qu’au fil des ans, beaucoup de ses points de vue ont été acceptés par le public, y compris par des intellectuels comme Grossman ?
Cela s’est confirmé dans des dizaines de cas, au fil des ans, et cela s’est à nouveau confirmé il y a quelques semaines, lors de la deuxième guerre du Liban. Nous avons appelé à manifester contre la guerre dès le premier jour, à l’heure où la toute grande majorité du public – y compris Amos Oz, David Grossman et d’autres – la soutenait sans réserve. Mais quand ses vrais mobiles et ses effets meurtriers ont commencé à se montrer, le consensus a changé. Nos manifestations se sont élargies, passant de 100 participants à 10.000. Même « La Paix Maintenant », qui a justifié la guerre, a modifié sa position et a, presque à la fin, organisé, avec le Meretz, sa propre manifestation anti-guerre. Finalement, c’est tout le « consensus national » qui a changé.
Certains disent que le « camp de la paix radical » et le « camp sioniste de la paix » remplissent des rôles différents mais qu’ils se complètent l’un l’autre dans la lutte décisive pour l’opinion publique.
C’est dans cet esprit qu’il faut juger du discours de Grossman également.
C’était un discours émouvant, et même un grand discours. Il ne contenait pas tout ce que nous aurions souhaité, mais, pour Grossman, et pour le camp auquel il appartient, c’était un grand pas dans la bonne direction.
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Meron Benvenisti
Haaretz, 16 novembre 2006
www.haaretz.co.il/hasite/spages/788826.html
[!]le lien spip suivant n’a pas ete importe correctement dans oscailt: www.haaretz.com/hasen/spages/788602.html [!]
Les remontrances faites par David Grossman lors du rassemblement à la mémoire d’Yitzhak Rabin continuent de résonner et, le temps passant, elles se transforment en une sorte de papier tournesol, capable de déterminer l’appartenance de celui qui s’y réfère – camp « national » ou camp de « la paix », droite ou gauche.
Grossman lui-même croit que « les divergences d’opinion, aujourd’hui, entre droite et gauche ne sont vraiment pas grandes », mais ce n’est pas comme ça que l’on prend ses paroles dans les deux camps.
Bien que les propos de Grossman soient loin d’exprimer des idées radicales, la droite y réagit par un accès de fureur, en s’irritant de ce qu’ils aient suscité un désaccord malvenu dans un rassemblement devant raccommoder les déchirures. Les réactions enthousiastes à gauche et le fait de décréter que les paroles de Grossman sont un « texte fondateur », montrent qu’il a réussi à exprimer les sentiments du « camp de la paix » et à définir de manière éclatante les positions de celui-ci ; d’où leur portée, qui est culturelle et sociale plutôt que politique.
Ce qui ressort de ses paroles, c’est, de nouveau, l’existence des « Akhouslim », les « vétérans-ashkénazes-laïques-socialistes-nationalistes », une notion forgée par Baruch Kimmerling pour désigner les membres de la génération des fondateurs, qui ont coutume de pleurer sur « ce qui est arrivé au pays jeune et audacieux qui était ici » (selon les mots de Grossman) et de recycler le fantasme qu’ « autrefois, avant l’occupation », tout était bien.
C’est là une nostalgie que les fils et filles de ceux qui ont vécu dans les camps de transit ne partagent pas. Ce dont eux se souviennent, ce sont les discriminations et les humiliations, et ils voient dans la « paix » l’agenda du groupe des enfants des fondateurs, avec ses dérivés. Les gens de la périphérie ne partagent pas non plus le désespoir de Grossman pour qui « nous avons même perdu l’espoir de jamais pouvoir vivre une vie meilleure ». Seule une élite ayant perdu le goût de la vie est capable de se vautrer dans ce désespoir qui est pure complaisance envers soi-même et renvoi de la responsabilité sur les autres, « ceux qui dirigent Israël ».
Les dirigeants sont « creux » parce qu’ils sont « incapables de relier les Israéliens à leur identité ». S’attend-on à ce qu’Olmert – un manipulateur politique arrivé par hasard où il est aujourd’hui – « ouvre un nouvel horizon », apporte « des fragments d’identité et de mémoire, et des valeurs fondatrices » ?
Où est l’alternative de la gauche pour le leadership ? Il est impossible de donner « un sens quelconque à cette lutte humiliante et désespérante pour la survie » quand on propage un message de « mollesse » et d’ « impuissance ».
Et toutes ces jérémiades, tellement en vogue dans les classes qui ont le goût du bavardage, font suite à la guerre au Liban. Ce n’est pas le fait en soi d’avoir si promptement glissé vers une guerre superflue, ni le recours brutal à la force contre des civils, qui a entraîné cette « crise profonde », mais « les défaillances dans la manière de mener la guerre ». La gauche se joint ainsi à ceux qui se lamentent de la perte de capacité de dissuasion et qui appellent à effacer l’humiliation de l’échec, à se débarrasser des responsables et à préparer Israël à une nouvelle série de combats.
Les dirigeants du « camp de la paix » ne se mettront pas à la tête du camp qui est en train de se renforcer, et qui s’attache à la normalité, refuse de se plier à un ordre du jour de préparation à la prochaine guerre et de vouer un culte au Moloch de la « dissuasion ». Eux continuent de se réfugier à l’ombre du plan de paix classique, rebattu et anachronique, tenu pour d’autant plus inévitable qu’il est moins pertinent – « une paix par absence de choix » comme dit Grossman : « cette terre sera partagée, un Etat palestinien créé ».
Les changements fondamentaux qui se sont produits depuis que ce plan de paix a été formulé pour la première fois, il y a plus d’une génération, n’éveillent aucun doute quant à sa faisabilité, ni le fait que ce plan de paix soit passé d’une formule d’accord à un moyen d’oppression et d’écrasement. Tout n’est qu’affaire de « consensus national » juif, comme si l’obstacle était intérieur, entre Juifs. Et pour venir à bout de la résistance des Palestiniens, on envoie Olmert, lui qui est « creux, procédurier, perfide », leur expliquer ce qui est bon pour eux, par-dessus la tête de leurs dirigeants élus.
Dans la réalité présente, alors que la notion même de « paix » est devenue subversive, le seul fait de la mentionner à nouveau est susceptible d’être considéré comme un événement retentissant, un texte fondateur. Mais il convient de prêter attention à la passivité adoptée par le porte-parole du camp de la paix : tout ce qui est exigé du combattant de la paix, c’est de prêcher la morale à des dirigeants creux.
Où est l’appel à se joindre à la lutte contre les injustices de la clôture, l’étranglement des barrages, le blocus de Gaza, l’assassinat de femmes et d’enfants, la destruction des institutions de l’Autorité Palestinienne, l’expulsion de familles palestiniennes auxquelles « manquent des documents » ? Car enfin, seules ces questions concrètes, parfaitement non héroïques, importent dans le tracé d’une vie commune en terre d’Israël, et pas des « plans de paix », objets d’une polémique stérile qui ne fait que renforcer le statu quo.
Mais comment peut-on exiger de sortir de la passivité, si le porte-parole ressent « combien nous sommes près de perdre ce que nous avons créé ici » ? Pareille licence poétique est interdite, même à un auteur talentueux et a fortiori au porteur d’un message politique. Nous sommes très loin de perdre ce que nous avons créé ici, et le camp de la paix commettra, de nouveau, une erreur fatale si elle laisse la droite porter la bannière de l’optimisme et de l’espoir.
Meron Benvenisti a été maire-adjoint de Jérusalem.
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Jonathan Cook
17 novembre 2006
http://usa.mediamonitors.net/content/view/full/37826
www.informationclearinghouse.info/article15641.htm
Le discours, largement répercuté, que David Grossman a prononcé lors du rassemblement à la mémoire d’Yitzhak Rabin, au début de ce mois, a suggéré à certains critiques quelque belle déconstruction de ses « paroles de paix ».
Grossman, écrivain israélien de premier rang et figure de proue du principal mouvement pacifiste, La Paix Maintenant, personnifie la face compatissante et torturée du sionisme que tant d’apologistes de ce pays – en Israël comme à l’étranger, qu’ils se montrent mordants ou hésitants – veulent désespérément croire toujours vivant en dépit de l’évidence des massacres de Qana, Beit Hanoun et autres, commis par l’armée israélienne contre des civils arabes. Avec Grossman, il est possible de croire, un instant, que les Ariel Sharon et autres Ehoud Olmert ne sont pas les véritables défenseurs de l’héritage du sionisme, qu’ils sont juste un écart temporaire par rapport à sa vraie voie.
En réalité, bien sûr, Grossman puise aux mêmes sources que les fondateurs d’Israël et ses plus grands guerriers. Il incarne les mêmes valeurs tourmentées du sionisme travailliste qui a gagné la légitimité internationale d’Israël alors même qu’il entreprenait un des grands actes de nettoyage ethnique de l’histoire : l’expulsion de quelque 750.000 Palestiniens, soit 80% de la population indigène, hors des frontières de l’Etat juif fraîchement créé.
(Même des historiens critiques glissent habituellement sur le fait que le pourcentage de la population expulsée par l’armée israélienne était en réalité de loin plus élevé. Beaucoup de Palestiniens forcés à partir au cours de la guerre de 1948 ont fini par se retrouver de nouveau à l’intérieur des frontières d’Israël, soit parce qu’aux termes de l’armistice de 1949 avec la Jordanie, ils ont été annexés à Israël en même temps qu’une petite zone densément peuplée de la Cisjordanie connue sous le nom de « Petit Triangle », soit parce qu’ils se sont arrangés pour repasser la frontière poreuse avec le Liban et la Syrie durant les mois qui ont suivi la guerre, et pour se cacher dans les quelques villages palestiniens à l’intérieur d’Israël à n’avoir pas été détruits.)
Ôtez-lui l’auréole dont il a été paré dans le monde par les médias libéraux, et Grossman diffère peu des hommes d’état les plus distingués du sionisme, ceux qui ont fait étalage de leur désespoir ou de leur crédit d’hommes de paix, tandis que, d’abord, ils dépossédaient le peuple palestinien de la plus grande partie de leur patrie ; qu’ils le dépossédaient ensuite du reste ; puis s’assuraient que l’acte initial de nettoyage ethnique ne soit pas éclairci ; pour travailler, aujourd’hui, au lent génocide des Palestiniens, par le biais d’une stratégie combinant leur destruction physique et leur dispersion en tant que peuple. Ceindre
David Ben Gourion, par exemple, a tramé le nettoyage ethnique de la Palestine en 1948 avant de se ronger les sangs sur l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza – même si c’était uniquement en raison du tort démographique qui serait fait, en conséquence, à l’Etat juif.
Golda Meir a refusé de reconnaître l’existence du peuple palestinien au moment où elle lançait l’entreprise de colonisation dans les territoires occupés, mais elle a reconnu l’angoisse des soldats juifs forcés de « tirer et pleurer » pour défendre les colonies. Ou pour reprendre ses propres mots : « Nous pouvons vous pardonner [à vous, Palestiniens] de tuer nos fils. Mais nous ne vous pardonnerons jamais de nous forcer à tuer les vôtres ».
Yitzhak Rabin, la source d’inspiration la plus directe de Grossman, a peut-être lancé un « processus de paix » à Oslo (même si seuls les optimistes incurables croient encore aujourd’hui que la paix était son véritable but), mais comme soldat et comme politicien, il a personnellement supervisé le nettoyage ethnique de villes palestiniennes comme Lid en 1948 ; il a envoyé des blindés dans des villages arabes à l’intérieur d’Israël lors des manifestations de la Journée de la Terre de 1976, avec au bilan la mort de six civils palestiniens ; et en 1988, il a ordonné à son armée d’écraser la première Intifada en « brisant les os » des Palestiniens, femmes et enfant compris, qui lançaient des pierres sur les troupes d’occupation.
Comme eux, Grossman avalise ces crimes de guerre initiaux en préférant s’accrocher à ce qu’Israël possède, et l’étendre même, plutôt que de se confronter à la vérité vraiment douloureuse de sa responsabilité dans le sort des Palestiniens, y compris les centaines de milliers de réfugiés et leurs millions de descendants.
Chaque jour que Grossman refuse aux Palestiniens le Droit au Retour, alors qu’il soutient une Loi du Retour pour les Juifs, il excuse et défend l’acte de nettoyage ethnique qui a dépossédé les réfugiés palestiniens, il y a plus d’un demi-siècle.
Et chaque jour qu’à des Israéliens qui attendent de lui une orientation morale, il vend un message de paix qui ne parvient pas à offrir aux Palestiniens une solution juste – et qui, au lieu de cela, prend pour critère moral la primauté de la survie d’Israël comme Etat juif – c’est alors le sens de la paix qu’il pervertit.
Un autre militant israélien de la paix, Ouri Avnery, diagnostique le problème posé par Grossman et ses pareils, avec une grande pénétration, dans une article récent. Bien que, dans l’abstrait, Grossman veuille la paix, observe Avnery, il n’avance pas de solutions quant à la manière d’y parvenir concrètement, ni aucune indication quant aux sacrifices que lui et les autres Israéliens auront à faire pour l’atteindre. Sa « paix » est vide de tout contenu, simple formule de rhétorique.
Plutôt que de suggérer de quoi Israël devrait parler en s’adressant aux dirigeants palestiniens élus, Grossman soutient qu’Israël devrait s’adresser, par-dessus leurs têtes, aux « modérés », des Palestiniens avec qui les dirigeants israéliens peuvent faire des affaires. Le but est de trouver des Palestiniens, n’importe quels Palestiniens, qui accepteront la « paix » d’Israël. Le processus d’Oslo habillé de neuf.
Le discours de Grossman ne ressemble à un geste en direction d’une solution que parce que les dirigeants israéliens actuels ne veulent discuter avec personne du côté palestinien, ni « modéré » ni « fanatique ». Le seul interlocuteur est Washington, et un interlocuteur plutôt passif en plus.
Si les mots de Grossman sont aussi « creux » et trompeurs que ceux d’Ehoud Olmert, Avnery n’offre pas de piste pour expliquer pourquoi l’écrivain est aussi évasif. En vérité, Grossman ne peut pas offrir de solutions parce qu’il n’y a quasiment pas d’électeurs en Israël pour le type de plan de paix qui pourrait se révéler acceptable même pour les Palestiniens « modérés » auxquels Grossman veut tellement que son gouvernement s’adresse.
Grossman dût-il exposer les termes de sa vision de la paix, qu’on découvrirait clairement que le problème n’est pas l’intransigeance palestinienne.
Bien que les sondages montrent régulièrement une majorité d’Israéliens appuyant l’idée d’un Etat palestinien, ils sont conduits par des instituts de sondage qui ne précisent jamais à leurs sondés ce que pourrait entraîner la création de l’Etat envisagé par leur question. De même, les instituts de sondage ne demandent aux Israéliens interrogés aucune précision sur le type d’Etat palestinien que chacun envisage. Cela rend la nature de l’Etat palestinien dont parlent les Israéliens aussi vide de sens que le séduisant mot « paix ».
Après tout, pour la majorité des Israéliens, les Gazaouis savourent le fruit de la fin de l’occupation israélienne. Et selon Olmert, la « convergence » qu’il proposait – un retrait très limité de Cisjordanie – aurait, là aussi, établi la base d’un Etat palestinien.
Lorsque des Israéliens sont invités à donner leur opinion sur des plans de paix plus explicites, leurs réponses sont, de manière écrasante, négatives. En 2003, par exemple, 78%des Juifs israéliens se disaient favorables à une solution à deux Etats, mais lorsqu’on leur demandait s’ils appuyaient l’Initiative de Genève – qui envisage un Etat palestinien très limité sur moins que l’entièreté de la Cisjordanie et de Gaza – un quart seulement répondait positivement. A peine plus de la moitié des électeurs, supposés de gauche, du parti Travailliste appuyaient l’Initiative de Genève.
Ce faible niveau de soutien à un Etat palestinien à peine viable contraste avec les niveaux, régulièrement élevés, de soutien parmi les Juifs israéliens à une solution, concrète mais très différente, au conflit : le « transfert » ou nettoyage ethnique. Dans les sondages d’opinion, 60% de Juifs israéliens sont régulièrement favorables à l’émigration des citoyens arabes hors des frontières, toujours indéterminées, de l’Etat juif.
Alors, lorsque Grossman nous avertit qu’une « paix par absence de choix » est inévitable et que « la terre sera partagée et un Etat palestinien créé », nous ne devrions pas nous bercer de faux espoirs. L’Etat de Grossman est, quasi assurément, aussi « vide » que l’idée que son auditoire se fait de la paix.
Le refus de Grossman d’affronter le manque de sympathie pour les Palestiniens, dans le public israélien, ou de le défier avec des solutions qui exigeront des Israéliens qu’ils fassent de vrais sacrifices pour la paix mérite notre blâme. Lui et les autres gourous du principal mouvement de la paix, des écrivains commes Amos Oz et A.B. Yehoshua, ont manqué à leur devoir d’élaborer pour les Israéliens une vision d’un avenir équitable et d’une paix durable.
Dès lors, quelle issue à l’impasse créée par la béatification de figures comme celle de Grossman ? Quelles autres routes s’ouvrent-elles à ceux d’entre nous qui refusent de croire que Grossman se tient au bord du précipice devant lequel tout pacifiste sensé tremblerait ? Pouvons-nous regarder du côté d’autres membres de la gauche israélienne pour trouver l’inspiration ?
A nouveau, Ouri Avnery se porte volontaire. Il déclare qu’il n’y a que deux camps de la paix en Israël : un camp sioniste, basé sur un consensus national enraciné dans la Paix Maintenant de David Grossman, et d’autre part, ce qu’il appelle un « camp de la paix radical » mené par… euh, lui-même et son groupe de quelques milliers d’Israéliens connu sous le nom de Gush Shalom.
Par là, on pourrait être tenté d’en déduire qu’Avnery taxe son propre bloc de la paix de non-sioniste, voire d’antisioniste. Rien ne serait pourtant plus éloigné de la vérité. Avnery et la plupart (mais pas tous) de ses partisans en Israël appartiennent résolument au camp sioniste.
L’essentiel dans une paix, quelle qu’elle soit, pour Avnery, c’est que se perpétuent l’existence et la réussite d’Israël comme Etat juif. Cela limite sévèrement ses idées sur le type de paix auquel un militant israélien de la paix « radical » devrait aspirer.
Comme Grossman, Avnery soutient une solution à deux Etats parce que, dans leur vision à chacun d’eux, l’avenir de l’Etat juif ne peut être garanti sans un Etat palestinien établi à ses côtés. C’est pourquoi Avnery se retrouve d’accord avec 90% de ce que dit Grossman dans son discours. Si les Juifs doivent prospérer au titre de majorité démographique (et démocratique) dans leur Etat, alors les non-juifs doivent avoir un Etat eux aussi, un Etat dans lequel ils peuvent exercer leurs propres droits souverains, séparés, et, par conséquent, abandonner toute revendication sur l’Etat juif.
Cependant, contrairement à Grossman, Avnery n’appuie pas seulement abstraitement l’idée d’un Etat palestinien, mais concrètement, un Etat palestinien « juste », ce qui signifie pour lui l’évacuation de tous les colons et le retrait complet de l’armée israélienne sur les lignes de 1967. Le plan de paix d’Avnery restituerait aux Palestiniens Jérusalem-Est et la totalité de la Cisjordanie et de Gaza.
La différence sur ce point entre Grossman et Avnery peut s’expliquer par la différence dans leur compréhension de ce qui est nécessaire pour assurer la survie de l’Etat juif. Avnery croit qu’une paix durable ne tiendra que si l’Etat palestinien rencontre les aspirations minimales du peuple palestinien. Dans son optique, les Palestiniens peuvent être amenés à accepter, sous un leadership adéquat, 22% de leur patrie historique – et de cette façon, l’Etat juif sera sauvé.
En soi, il n’y a rien de mauvais dans la position d’Avnery. Elle l’a incité à jouer, depuis plusieurs décennies, un impressionnant rôle de premier plan au sein du mouvement de la paix israélien. C’est avec courage qu’il a franchi les lignes d’affrontement national pour rendre visite à la direction palestinienne assiégée, quand d’autres Israéliens s’en effarouchaient. Il a adopté une position courageuse contre le mur de séparation, se retrouvant face à des soldats israéliens, aux côtés de militants de la paix palestiniens, israéliens et étrangers. Et par son activité de journaliste, il a mis en lumière la cause palestinienne et instruit Israéliens, Palestiniens et observateurs étrangers sur le conflit. Pour toutes ces raisons, Avnery devrait être loué comme pacifiste sincère.
Mais il existe un grave danger que, parce que les mouvements de la solidarité palestinienne se sont mépris sur les mobiles d’Avnery, ils puissent continuer de se laisser guider par lui au-delà du point où il contribue à une solution pacifique ou à un avenir juste pour les Palestiniens. En fait, ce moment pourrait bien être arrivé.
Durant les années d’Oslo, Avnery était pressé de voir Israël mener à bien son supposé accord de paix avec le dirigeant palestinien Yasser Arafat. Comme il le déclarait souvent, il croyait que seul Arafat pourrait unifier les Palestiniens et les convaincre d’accepter la solution à deux Etats, déposée sur la table : un grand Israël à côté d’une petite Palestine.
En vérité, la position d’Avnery n’était pas si éloignée de celle de la bande, décidément pas radicale, des Rabin, Peres et Yossi Beilin. Tous les quatre regardaient Arafat comme l’homme fort palestinien qui pouvait assurer l’avenir d’Israël : Rabin espérait qu’Arafat maintiendrait l’ordre dans les ghettos palestiniens, pour Israël ; tandis qu’Avnery espérait qu’Arafat forgerait une nation, démocratique ou autre, qui contiendrait les ambitions des Palestiniens en matière de territoire et quant à une solution juste au problème des réfugiés.
Maintenant qu’Arafat n’est plus, Avnery et Gush Shalom ont perdu leur solution toute prête au conflit. Aujourd’hui, ils appuient toujours deux Etats et se déclarent favorables à un engagement en direction du Hamas. Ils n’ont pas non plus dévié de leurs anciennes positions sur les principales questions – Jérusalem, les frontières, les colonies et les réfugiés – même s’ils ne disposent plus de la colle Arafat, qui était censée fait tenir tout cela ensemble.
Mais sans Arafat pour être son homme fort, Gush Shalom n’a aucune idée quant à la manière d’aborder les questions imminentes d’éclatement en factions et de guerre civile potentielle que l’intervention d’Israël dans le processus politique palestinien est en train de déchaîner.
Il n’aura pas non plus de réponse si la vague de la rue palestinienne se tourne contre le mirage des deux Etats offert par Oslo. Si des Palestiniens cherchent d’autres issues à l’impasse actuelle, comme ils commencent à le faire, Avnery deviendra rapidement un obstacle à la paix plutôt que son grand défenseur.
En fait, un tel développement est presque certain. Peu d’observateurs bien informés sur le conflit croient que la solution à deux Etats basée sur les lignes de 1967 est encore réalisable, étant donné la manière dont Israël établit fermement ses colons à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, colons dont le nombre approche le demi million. Même les Américains ont publiquement reconnu que la majorité des colonies ne pouvaient pas être démantelées. Que les Palestiniens fassent le même calcul n’est qu’une question de temps.
Que feront, en ce cas, Avnery et les purs et durs de Gush Shalom ? Comment réagiront-ils si les Palestiniens se mettent à réclamer un Etat unique rassemblant à la fois Israéliens et Palestiniens, par exemple ?
La réponse est que les pacifistes « radicaux » devront rapidement trouver une autre solution pour protéger leur Etat juif. Il n’en existe pas un si grand nombre :
– Il y a la « poursuite de l’occupation sans se soucier du reste » de Benjamin Netanyahou et du Likoud ;
– Il y a la formule « boucler les Palestiniens dans des ghettos et espérer qu’en fin de compte, ils partiront de leur plein gré », en versions (dures) chez Kadima et (douces) au parti Travailliste ;
– Et il y a la formule « expulsez-les tous » d’Avigdor Lieberman, le nouveau Ministre d’Olmert aux Menaces stratégiques.
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_ Lieberman a ses propres positions fanatiques ou modérées, en fonction de son auditoire et des réalités du jour. Aux uns, il dit vouloir que tous les Palestiniens soient expulsés du Grand Israël, de telle façon que celui-ci ne soit à la disposition que des seuls Juifs. Mais à d’autres, en particulier sur le scène diplomatique, il suggère une formule d’échange de territoires et de populations entre Israël et les Palestiniens, créant une « Séparation des Nations ». Israël récupérerait les colonies en échange de la remise de petites zones en Israël densément peuplées de Palestiniens, comme le Petit Triangle.
Une version généreuse d’un tel échange – bien que constituant une violation du droit international – parviendrait à un résultat comparable aux efforts de Gush Shalom de créer un Etat palestinien viable à côté d’Israël. Même s’il est peu probable qu’Avnery soit lui-même tenté de suivre cette voie, le danger est réel que d’autres, au sein du camp de la paix « radical », préfèrent ce type de solution au sacrifice de leur engagement à tout prix en faveur de l’Etat juif.
Heureusement, en dépit des prétentions d’Avnery, son camp de la paix n’est pas la seule alternative au déchirement hypocrite de La Paix Maintenant. Avnery ne se tient pas plus au bord du gouffre que Grossman. Le seul abyme scruté par Avnery, c’est la fin de son Etat juif.
D’autres Juifs sionistes, en Israël et à l’étranger, se sont retrouvés aux prises avec le même genre de questions qu’Avnery mais ont commencé à avancer dans une direction différente, se détournant de la solution à deux Etats vouée à l’échec pour aller vers un Etat binational.
_ Quelques intellectuels éminents comme Tony Judt, Meron Benvenisti et Jeff Halper ont publiquement commencé à mettre en question leur engagement dans le sionisme et à examiner s’il ne constituait pas une partie du problème plutôt que sa solution.
Ils ne font pas cela tout seuls. De petits groupes d’israéliens, plus restreints que Gush Shalom, abandonnent le sionisme et s’unissent autour de nouvelles idées sur la manière dont Juifs israéliens et Palestiniens pourraient vivre ensemble pacifiquement, à l’intérieur d’un seul Etat. Ils comprennent Taayush, les Anarchistes contre le Mur, Zochrot, et des gens au sein du Comité israélien contre les Démolitions de Maisons et de Gush Shalom lui-même.
{{Avnery espère que son camp de la paix puisse être la petite roue capable de mettre la roue plus grande d’organisations comme La Paix Maintenant dans une nouvelle direction et, ce faisant, faire bouger l’opinion israélienne en direction d’une vraie solution à deux Etats.
Au vu des réalités de terrain, cela paraît hautement improbable.}}
(Traduction de l’anglais : Michel Ghys)
très belle démonstration : comment arriver, de textes en textes, à faire admettre que LA solution pour la paix est à un seul état ?
Seulement, il y a un hic : ce n’est pas de l’étranger que peuvent venir les solutions, mais bien des israéliens et palestiniens sur place.
Ecrire comme le fait Cook :
comporte au moins une grossière erreur :
et je n’ai pas encore lu que des gens de Gush Shalom soient pour un seul état…
Il vaut mieux lire l’interview d’un anarchiste contre le mur :
sur ISM france
où Aaron dit :
Ce n’est pas à nous, de l’étranger, de décider.
la phrase fétiche de Ras le Bol
Cela pourrait faire rire, quand on constate le lobbying mené en faveur de la solution raciste de Grossman, reprise par La Paix maintenant en France, dont l’un des “parrains” est contre les “mélanges”.
A lire à ce propos
Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans
L’UJFP répond au racisme d’Alain Finkielkraut
l’UJFP répond au racisme d’Alain Finkielkraut -suite – article de Rudolf Bkouche
tenez-vous un peu, monsieur Bardet, et arrêtez de traiter de “raciste” ceux qui ne sont pas d’accord avec votre théorie d’une Grande Palestine, dans laquelle, vue les circonstances, les Juifs israéliens n’auraient pas leur place.
Uri Avnery, de Gush Shalom, écrit lui-même, dans le texte que vous mettez obligeamment en ligne :
La haine que vous montrez envers le camps de la paix, même le camp radical de Gush Shalom, devient ridicule en mettant en lien des texte de Finkielkraut qui n’ont rien à voir avec le sujet que vous avez vous-même proposé.
le lien est tout à fait évident.
La peur du mélange conduisant à la haine, est omniprésente dans le discours des uns et des autres.
Avnery, qui n’est pas dupe, n’ose pas encore totalement s’en distancier, mais son idéal est un gouffre idéologique.
Gush Shalom n’est pas un ennemi : mais il est permis d’en voir les limites. Ces limites, ils sont de plus en plus nombreux à les franchir (les conférences de militants de Gush Shalom en France sont édifiantes)
Une histoire donc… de roues; à méditer. Regardons l’avenir avec espoir donc
Alors Gush Shalom deviendrait bientôt une succursale de l’UJFP ?
:-))
… qui veulent nous imposer leur label : paix + occupation, le credo de La Paix maintenant et autres organisations nationalistes.
Après avoir instrumentalisé Gush Shalom et Uri Avnery pour leur faire dire exactement le contraire de ce qu’ils pensent, nos néocons sionistes voudraient bien récupérer les Anarchistes contre le mur.
Il est particulièrement comique de voir ras le sol donner des cours d’anarchisme ! ! ! !
Ce que les Anarchistes contre le mur disent va à l’encontre du discours des sionistes décomplexés : la fin de l’occupation est un PRÉALABLE aux discussions de paix. En aucun cas il n’est question de NÉGOCIER le droit de ne pas être occupé, sauf pour des racistes qui n’ont jamais admis l’égalité des peuples.
Les Anarchistes contre le mur luttent sur le terrain avec TOUTES les composantes de la résistance palestinienne, y compris le Hamas.
Par contre, on n’a jamais vu La Paix maintenant leur apporter le moindre soutien ni participer aux actions de ceux qui luttent véritablement contre l’occupation.
merde alos, j’ai raté quelque chose ? il y a les
et les
? je ne comprends pas, alors que TOUS les pacifistes sont pour la fin des colonies et le retrait de Cisjordanie. Peut être faut-il comprendre que certains, quand ils parlent de la fin de l’occupation veulent dire qu’Israël ne doit plus exister pour laisser la place à un seul pays, une Grande Palestine ? Mais, ce n’est pas anarchiste, cette idée, puisque les anars sont contre les états. Les anars israéliens disent seulement qu’ils soutiendront la décision que prendront les palestiniens qui travaillent avec eux.
– Aaron, anarchiste contre le mur.
Le reste n’est que broderie… au point de croix
Monument à la gloire de la bêtise :
Les anars israéliens disent ÇA :
et rendre leurs droits aux Palestiniens.
nous pourrons parler de la façon dont nous voulons vivre ici.”
Ce qui est l’inverse de ce que veut ras le sol.
Au-delà d’un certain degré de bêtise, on ne peut plus rien tenter… sauf l’euthanasie.
où est le problème qu’essaye de soulever joan/hyma et autres pseudos qui ne sait pas commenter sans injurier et sortir des incongruités ?
Mettre un terme à l’occupation fait partie d’un règlement général et peut très bien en être le préambule.
Tous les pacifistes demandent le retrait des frontières d’Israël sur celles de 67
Ce n’est pas vous, les antisionistes plus que primaires qui hurliez après le retrait unilatéral de Gaza ?