La lutte des ouvriers et ouvrières d’ oueled teima (maroc)
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La lutte des ouvriers et ouvrières d’ Oueled Teima (Maroc)
Par Amal Lahoucine, 17 novembre 2006
Il y a dans la province de Taroudant, d’après le délégué de l’inspection du travail, plus de 750 domaines d’une superficie variant de 10 à 500 hectares, qui emploient de 15 à 17 000 ouvriers agricoles selon les saisons. Tous ces ouvriers agricoles sont des paysans qui ont été contraints de vendre leurs terres suite à la construction des barrages qui, au lieu de leur apporter de l’eau et du bien-être, n’ont fait que provoquer leur malheur et leur ruine. L’objectif de ces barrages était bien celui-là : accélérer le passage à une agriculture capitaliste intensive destinée à l’exportation de primeurs et agrumes vers les marchés extérieurs, en premier lieu européen.
Il y a 13 stations d’emballage (l’essentiel de la production est exporté) employant entre 3500 et 4000 ouvrières et ouvriers. 90 % sont des femmes qui travaillent dans des conditions d’exploitation proches de l’esclavage :
– journées de 10 à 12 heures.
– salaire de 4 Euro par jour.
– pas de carte de travail.
– pas d’inscription dans la CNSS.
– pas d’indemnités familiales.
– pas d’indemnisations de congés ou de jours fériés.
– pas de mutuelle.
Les femmes qui travaillent comme ouvrières agricoles ou agro-industrielles sont des paysannes et des femmes des quartiers populaires de Marrakech, Safi, Essaouira, Casablanca et Ourzazate.
La région d’Oueled Teima est parmi les premiers lieux d’exploitation des terres collectives des paysans pauvres par les colons dans les années quarante du 20ème siècle. Plus de 50 % des domaines sont aux mains de la nomenklatura (domaines royaux, de ministres, de députés, de compradores, d’officiers supérieurs de l’armée, et de leurs femmes et enfants).
Les ouvrières et ouvriers agricoles luttent pour:
– les libertés syndicales.
– avoir la carte de travail.
– avoir des bulletins de paye
– des congés annuels.
– la titularisation.
– la réintégration des ouvriers suspendus.
Dans un domaine qui s’appelle Laglieta ( « eau stagnante » en arabe) et qui appartient à un haut officier retraité, 5 ouvriers ont été licenciés le 6 juin 2006. Le bureau syndical de la Fédération nationale du secteur agricole (UMT) avait demandé au Bureau social et économique de la province une réunion de la Commission provinciale ( constituée par les représentants de la province, de la délégation du travail, du patronat et des syndicats. Le patron a refusé de se présenter devant cette commission, qui s’est réunie le 13 juin et le 6 juillet 2006 en son absence.
Le 18 juillet 2006 le patron a licencié dix autres ouvriers , dont les membres du bureau syndical. Les ouvriers sont alors entrés en lutte :
– sit-in continu près de la route principale n° 10 entre Agadir et Oueled Teima à partir du 27 juillet 2006.
– sit-in de deux heures devant la ferme.
– grève de la faim de 48 heures.
– marche solidaire des ouvriers de plusieurs sociétés à Oueled Teima le 3 août 2006.
– sit-in de deux heures le 10 août 2006.
– marche des ouvriers de diverses sociétés à Oueled Teima le 17 août 2006.
5 ouvriers syndicalistes sont inculpés. L’audience du tribunal de première instance du 13 novembre 2006 est reportée au 17 novembre 2006.
– grève de faim de 24 heures le 24 août 2006.
Le 17 septembre 2006 l’ex-gouverneur rend visite aux ouvriers sur le lieu du sit-in et leur adresse des paroles provocantes et agressives.
Le 23 septembre 2006 à 6 du matin, les forces de répression agressent le sit-in, chassent les manifestants et brûlent leurs affaires.
– grève générale le 21 septembre 2006.
Pour soutenir les ouvriers licenciés, un marche de soutien était organisée par les ouvriers des autres sociétés le 7 octobre 2006 du lieu de sit-in au centre de la propriété, et un nouveau sit-in permanent est déclenché.
Quatre ouvriers sont inculpés et l’audience de tribunal du 26 octobre 2006 est reportée au 7 décembre 2006.
Quatre autres ouvriers sont poursuivis le 2 novembre 2006.
Parmi les 8 ouvriers poursuivis, certains ont deux ou trois dossiers judiciaires en cours.
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