[ APPEL À LA GRÈVE GÉNÉRALE POUR LE 5 FÉVRIER ]

Après les différentes luttes évoquées au cours des dernières assemblées générales, le soutien voté aux secteurs qui se mobilisent, la question de ce que l’on fait, nous, va évidemment finir par se poser malgré l’inertie ambiante dans les milieux étudiants :
Est-ce qu’on attend une nouvelle réforme de l’enseignement supérieur pour recommencer à participer massivement aux assemblées générales, à s’organiser contre tout ce qui nous tombe dessus, ou est-ce qu’il n’est pas temps de considérer que le marché du travail, que le chômage sont des choses que tout le monde subit et auxquelles on sera confronté.es dans quelques années voire dans un futur proche pour certain.es. En fait, on y fait déjà face. Les logiques professionnalisantes qu’on nous impose, la succession d’intervenant.es dans les masters, l’orientation clairement libérale voire réactionnaire de certains cours ne sont pas dénuées de sens. Elles visent clairement à répondre aux exigences posées par le marché du travail et à se plier aux règles libérales de la concurrence. De plus, les sorties de plusieurs professeur.es sur l’Islam ou la burka traduisent clairement des tendances islamophobes et sexistes diffuses qui ne sont pas propres à Sciences po, et qui sont pourtant largement tolérées dans l’établissement.

On ne le dira jamais assez, mais le fonctionnement de cette institution à un rôle actif dans la diffusion des idées libérales portées par le gouvernement. S’investir dans le prolongement des visées de l’institution, cela n’a rien d’anodin, c’est s’inscrire à l’encontre de la dynamique du mouvement social, refuser de comprendre que tout ce qui se passe n’a rien d’inévitable. Nous ne prônons pas la désertion évidemment, mais plutôt la prise en compte critique des enjeux que représentent les Instituts d’études politiques, et l’organisation contre ces modèles, qui n’ont rien d’isolé.

Il n’y a pas, à Sciences po ou ailleurs, de majorité apolitique ou de prise d’otage. La seule prise d’otage qui existe, c’est celle des classes précarisées effectuée par des années de politique libérale, et que l’on réprime maintenant qu’elles sont dans la rue. C’est pas les étudiant.es qui ont été privé.es de quelques heures de cours dans le semestre. Personne n’a jamais prétendu que le blocage était la seule solution, ça c’est le jeu de la direction qui dépolitise nos revendications en nous faisant passer pour des acharné.es du blocage. En revanche ça ne peut pas être un prétexte pour ne rien faire, au motif que l’on est pas d’accord avec ça. Mais pour ça il faut venir en parler. Ce qu’ont montré les gilets jaunes, c’est que la coordination et la détermination créent le rapport de force, même malgré la répression féroce. Ça ne permet pas tout, mais au moins on ne peut plus oublier que l’on existe, que tout le monde n’est pas d’accord avec ce qu’on nous impose, et que des gens subissent chaque jour les conséquences sociales des mots « redynamisation » et « flexibilisation ».

Les lycéen.ne.s, autant en filière générale que techo et pro, subissent dans le fond les mêmes dynamiques mortifères. L’instauration d’une logique de marché à chaque étape de leur parcours (sélection), au nom d’une idéologie du mérite pourtant mille fois déconstruite. Aseptisation des programmes en faveur de coupes budgétaire et d’une éducation bradée, uniquement « pratique », tournée vers la formation d’une main d’œuvre docile et adaptés aux « besoins » des patrons. Matraquage administratif et mise au pas forcée avec le nouveau « service universel » (internement militaire et apprentissage de l’obéissance au travail, inculcation d’un fétichisme républicain). Sauf que les lycéen.ne.s pâtissent en même temps de leur position : infantilisation, prise en dérision par les parents, les profs, les journaux, tout le monde… Et ceci quand il ne s’applique pas sur eux une violence administrative et policière encore plus forte. L’indifférence – y compris la nôtre – pèse doublement sur ces camarades.

C’est dans ce sens que nous devons reprendre l’appel à la grève générale proposé pour le 5 février prochain, et nous organiser pour qu’elle fonctionne ! Un appel à d’ores et déjà été lancé dans les facs et les lycées après les Gilets Jaunes et la CGT, à nous de nous le réapproprier et de le diffuser pour qu’il soit effectif !