Le vendredi 17 décembre 2010 a démarré à Sidi Bouzid un mouvement de protestation dont le déclenchement fut un évènement grave : un jeune diplômé chômeur s’est immolé par le feu après que la police lui ait confisqué les fruits et légumes qu’il allait vendre au marché pour faire vivre sa famille. Par cet acte il voulait signifier qu’il ne restait aucun espoir pour vivre dans la Tunisie des « miracles économiques ». Car, en fait, les jeunes Tunisien-ne-s connaissent un chômage endémique qu’ils ou elles aient ou non obtenu un diplôme..

Un mouvement de solidarité et de protestation s’est spontanément organisé à Sidi Bouzid.

Comme à Redeyef en 2008, comme à Sfax ou Ben Gardane en 2010, la réponse du pouvoir tunisien a été la répression. Une répression sanglante qui a déjà coûté au peuple tunisien au moins trois jeunes vies et de nombreux blessé-e-s. Mais, cette fois, le mouvement de révolte s’est étendu à d’autres villes de Menzel Bouzaïne , Gabès, Sfax, Sousse, Meknassy, Kerouan, Bizerte, Gafsa, Redeyef, Tala… et Tunis même.

Ces manifestations ont donné au mouvement un caractère de ras-le-bol généralisé contre le chômage, la vie chère, la corruption, l’injustice des politiques sociales et économiques.

Les slogans les plus répandus y mettent en cause directement la légitimité du pouvoir et de l’administration.

Le président Ben Ali s’est adressé à la population mardi 28 décembre. Il a annoncé un remaniement ministériel et fait quelques promesses financières, mais aucune mesure concrète et crédible. L’essentiel de son discours visait à mettre en garde le peuple contre les “manipulateurs”, les “mercenaires” et les “media étrangers” qui seraient à l’origine des troubles. La seule annonce concrète est une menace inquiétante aux journalistes et à la presse indépendante, aux avocats, aux associatifs, syndicalistes et aux citoyens engagé-e-s dans le soutien à la population.

Les arrestations se sont ensuite multipliées. Des défenseurs des droits humains, des journalistes, des syndicalistes, des militant-e-s de partis politiques d’opposition, de simples manifestant-e-s ont été arrêté-e-s, frappé-e-s, gardé-e-s à vue, torturé-e-s… Certains sont encore retenus au secret. Les autorités tunisiennes n’ont pas hésité, comme à l’accoutumée, à fermer les derniers espaces de liberté de la presse en empêchant la distribution des seuls journaux indépendants.

Partout le mouvement s’organise. A Redeyef, ville tête de pont de la résistance populaire, les ex-prisonniers occupent le siège du syndicat UGTT : occupation illimitée jusqu’à satisfaction de leurs revendications.

L’ampleur du mouvement, l’intervention inédite du président Ben Ali, l’écho international donné à ce soulèvement spontané du peuple tunisien, tout indique que le pouvoir est ébranlé.

Avec le peuple tunisien nous crions :

« Travail, liberté, dignité ! »

« Le travail est un droit, bande de voleurs ! »

« A bas le parti de Ben Ali, à bas les bourreaux du peuple ! »

« Collectif Nantais de Soutien aux Tunisien-ne-s de Redeyef », Gasprom, LDH, « Collectif enfants étrangers citoyen-ne-s solidaires-RESF44 », UCIJ, AC !, CFDT, CGT, Union Syndicale Solidaires, Les Alternatifs, Alternative Libertaire, les Alternatifs, MRAP, NPA, PCF….liste en cours