La 5ème édition des Estivales comment s’y rendre :

Voici le programme quasi exhaustif :

Samedi 5 août

o La journée du samedi 5 août sera consacrée à l’accueil des participantes et des participants et à la répartition des tâches pratiques et aux dernières mises au point concernant le programme.
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o 22 h, projection de The Witness de Jenny Stein, 2004, 43 min, en anglais, non sous-titré.
Une interview d’un artisan de travaux publics de New York devenu activiste pour les animaux. Interviewé sur son lieu de travail ; commentaires de ses collègues influencés – ou pas – par ses idées. Filmé dans ses activités nocturnes où il parcourt New York au volant de sa camionette équipée d’un écran vidéo sur lesquel il diffuse des images d’animaux maltraités (fourrure, etc.) dans les rues de New York ; réactions des passants. Etc.

Dimanche 6 août

o matinée : Présentation à venir.
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o 16 h :

atelier cuisine

avec François Thévenon
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o 22 h :

projection de Wegmans Cruelty

des Compassionate Consumers, 2005, 27 min, en anglais, sous-titré en anglais.
Aux États-Unis, des activistes américains contactent la chaîne de supermarché Wegmans pour discuter des conditions de production des oeufs qu’ils vendent. Face à l’attitude hostile et aux réponses mensongères des responsables de cette chaîne, les activistes pénètrent clandestinement dans un des bâtiments d’élevage de cette entreprise et en rapportent des images sur les terribles conditions de vie des poules en cage de batterie. Ce reportage présente le contraste entre le discours officiel de l’entreprise et la brutale réalitée endurée par les animaux. Suite à la diffusion de ce documentaire, la chaîne de supermarché a intenté un procès aux activistes. La bataille se poursuit aujourd’hui.

Lundi 7 août

o 10 h, présentation/débat du département Éducation de la PMAF :

des ressources pour le monde enseignant

, avec Dominic Hofbaue.
La PMAF (Protection mondiale des animaux de ferme) a créé en 2006 un département Éducation, proposant au monde enseignant des ressources dédiées à la question animale dans le cadre des pratiques modernes d’élevage. Les ressources pédagogiques (textes, brochures, séquences vidéo, dossiers, …) sont intégrées dans une progression associant également des activités en classe, et s’appuyant sur les programmes de l’Éducation nationale. Elles cherchent avant tout à susciter chez l’élève une qualité de regard critique que l’enseignant pourra relier au cours, et replacer dans le cadre général des enseignements fondamentaux. Elles cherchent aussi à accompagner l’élève dans sa capacité à encourager, par ses choix de consommation, une relation aux animaux dénuée de violence et de cruauté.
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o 16 h, présentation/débat sur

La détresse animale et les médias

avec Josée Barnerias, journaliste au quotidien La Montagne.
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o 22 h, projection de

Une force plus puissante – Un siècle de luttes non-violentes

(A Force more powerful) de Steve York, 2000, 174 min, extraits, en français.
Un documentaire sur des grandes luttes non-violentes du 20éme siècle : indépendance de l’Inde, campagnes pour les droits civiques des noirs aux États-Unis, lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, résistance des danois à l’oppression nazie et aux déportations de juifs, mouvement Solidarnosc en Pologne communiste, opposition non-violente au dictateur Pinochet au Chili. Images d’époques (manifestations, sit-ins, boycotts, répression, victoires, discours, réunions où les activistes préparent leurs actions, …), interviews contemporaines des acteurs de l’époque, …

Mardi 8 août

o 10 h, conférence/débat :

L’antispécisme est-il révolutionnaire ?

avec David Olivier.

L’antispécisme est certainement révolutionnaire, si on entend par là le fait d’impliquer un changement profond dans la pensée et l’action humaines et dans les perspectives d’avenir du monde. À mon avis, l’antispécisme implique aussi, en un certain sens, une attitude progressiste. Enfin, un des thèmes centraux de l’antispécisme est l’égalité, et ainsi les antispécistes revendiquent une parenté, ou un convergence, avec l’antiracisme, l’antisexisme et d’autres luttes pour l’égalité et la justice. Ces raisons, et d’autres, semblent suffisantes pour placer l’antispécisme parmi ce qu’on peut appeler, globalement, les idées de gauche.
Je pense cependant que la constellation conceptuelle des idées de gauche – qui comprend celles de révolution, de progressisme et d’égalité, mais aussi la notion de radicalité, l’anticapitalisme, le socialisme, le communisme et/ou l’anarchisme… – représente un carcan pour l’antispécisme, un carcan historiquement marqué, discutable, et que nous devons, en tant que tel, rejeter.

Je tenterai de décortiquer le « paquet cadeau » de cette constellation conceptuelle et d’y repérer ce qu’il y a à prendre ou à laisser. En particulier :

+ L’idée de révolution, opposée au « réformisme », implique un changement non seulement profond, mais aussi brusque. Associée à celle de radicalité, elle correspond à la croyance en la possibilité d’extirper le mal à la racine, pour aboutir à la « fin de l’Histoire ». Il semble cependant a priori plus plausible qu’un changement profond exige un temps long et des processus complexes. Un effet pervers de la perspective révolutionnaire est donc paradoxalement d’exclure les changements profonds, en refusant de reconnaître comme problème toute question non susceptible de se régler en l’espace de quelques décennies ; c’est le cas par exemple de la prédation. Un autre effet pervers est la tentation de provoquer le « Grand Soir » par la démagogie et le coup de force. La perspective antispéciste, parce qu’elle ne peut espérer aboutir de notre vivant, implique au contraire de vouloir faire progresser l’intelligence, la responsabilité et la liberté des humains.

+ La gauche aujourd’hui est socialiste, en ce sens qu’elle perpétue une certaine notion du partage du monde entre matière et humanité ; l’accent est mis de manière prioritaire, voire exclusive, sur l’origine sociale, c’est-à-dire interne à l’humanité, des problèmes. Cela aboutit paradoxalement à la tendance très actuelle de nier l’existence même des déterminismes matériels – toute vérité serait « socialement construite », tout problème serait d’origine sociale. L’antispécisme ne peut accepter ce partage du monde, et voit au contraire les problèmes du monde comme fondamentalement des problèmes de la matière en général. Cela n’implique pas de nier l’importance des contradictions internes à l’humanité, mais de les voir comme des cas particuliers des difficultés qui affectent l’animalité ; pour leur résolution, le paradigme central ne peut être l’affrontement, mais la coopération, même si l’affrontement peut aussi être nécessaire. Enfin, la perspective antispéciste implique de bien distinguer l’« antinaturalisme » traditionnel de la gauche, qui est une forme de naturalisme, de l’antinaturalisme antispéciste.
Les perspectives de la gauche révolutionnaire – marxiste ou anarchiste – sont à critiquer non seulement parce qu’elles représentent des carcans pour l’antispécisme, mais aussi tout simplement parce que leurs promesses sont de moins en moins crédibles. Le Grand Soir commence à tarder. Ce retard, et cette perte de crédibilité, sont sans doute des causes de bien des travers actuels de la pensée révolutionnaire, de son exaspération dogmatique et de sa stérilité. Aujourd’hui, face à la fin de l’Histoire que nous promettent chacun à sa manière les fondamentalismes religieux, les révolutionnaires et le modèle démocratique « libéral » consumériste, l’antispécisme doit pouvoir ouvrir une perspective plus large, plus fondée rationnellement, une perspective de progrès ouvert, une aventure sans point final annoncé. Je pense que l’ensemble des aspirations positives qui fondent l’action de gauche peuvent s’y retrouver, peut-être en perdant quelques illusions, mais certainement sans désenchantement. Cette perspective doit être fondée sur l’altruisme, le rejet du naturalisme et la pleine inscription des humains dans le monde matériel.
Nous n’en sommes malheureusement pas encore là. Le mouvement antispéciste jusqu’à présent a hésité entre l’indifférence de fait envers les luttes et problématiques d’oppression humaine, et l’ajout de la question animale à une panoplie préexistante de luttes. Je pense au contraire que l’antispécisme doit s’engager y compris sur les oppressions concernant les animaux humains ; mais doit le faire en traitant systématiquement et explicitement celles-ci selon sa propre perspective. Cela n’implique pas de faire table rase de l’expérience et de l’intelligence inscrites dans ces luttes ; l’antispécisme a jusqu’à présent fait preuve d’une grande naïveté et a beaucoup à apprendre et à développer dans le domaine. Il s’agit seulement de ne rien prendre pour argent comptant de ce qui a été bâti dans une perspective de gauche humaniste. La nécessaire intervention des voix antispécistes contre les oppressions dont sont victimes les animaux humains n’implique pas l’uniformité de nos positions sur ces questions ; ce qui importe est que nous ayons et exprimions de telles positions ; que l’antispécisme soit préoccupé par les souffrances des animaux humains comme des animaux non humains, et le fasse savoir.

Juste deux remarques :

+ Dans cette présentation, je parle peu de l’éthique . Je pense pourtant que la question de l’éthique est centrale, y compris pour la lutte contre l’oppression dont sont victimes les humains. Bizarrement, la gauche a toujours tendu à rejeter toute réflexion éthique explicite et construite, s’appuyant en fait sur les sentiments éthiques préexistants pris pour argent comptant et utilisés, de manière acritique (on traite les exploiteurs et les flics de salauds, etc. – mais pourquoi serait-il mal d’exploiter, ou de fliquer ?).

+ Deuxièmement, je ne développe pas ci-dessous le fait que l’« antinaturalisme » traditionnel de la gauche est une variété de naturalisme , tout à fait distincte de l’antinaturalisme réel dont je suis partisan. Je pense cependant qu’il s’agit d’une distinction capitale, qui n’a pas vraiment été discutée sur cette liste, à ma connaissance. L’« antinaturalisme » traditionnel correspond en fait à une acceptation du partage du monde entre nature et humanité ; les lois naturelles, comme la prédation par exemple, doit gouverner le monde naturel, et les lois sociales, culturelles, doivent gouverner le monde humain. Cet « antinaturalisme » rejette simplement ce qui est ressenti comme une ingérence du monde naturel dans le monde humain. Il est interdit de penser par exemple que l’intelligence (le caractère vu comme le plus hautement humain) puisse dépendre de causalités génétiques, c’est-à-dire des volontés de Mère Nature. Mère Nature est priée, par cet « antinatualisme », de s’occuper de ses moutons. Alors que l’antinaturalisme réel correspond à la non-croyance en l’existence de Mère Nature, et ne voit pas par exemple l’existence de causalités génétiques dans le développement de l’intelligence comme le signe d’une volonté de Mère Nature. L’existence de telles causalités représente ainsi seulement (éventuellement) un problème pratique, et non un scandale. En somme, l’« antinaturalisme » classique est un antinature-alisme (une opposition à la nature), alors que l’antinaturalisme est un anti-naturalisme (une opposition au naturalisme). C’est un peu comme la différence entre le satanisme (s’opposer à Dieu) et l’athéisme (ne pas croire que Dieu existe).

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o 16 h :

Atelier argumentaire antispéciste

avec Yves Bonnardel.
L’idée antispéciste est très simple, même si elle soulève de nombreux problèmes et encourage beaucoup de questions, mais va tellement à l’encontre des idées reçues de notre civilisation qu’il en devient compliqué d’expliquer le moindre mot, la moindre idée ou le moindre fait auquel on fait allusion ; la désinformation est importante, les malentendus sont nombreux, mais, surtout, la mauvaise foi, la volonté de ne pas entendre ce que nous avons à dire, fait obstacle au message que nous essayons de faire passer. Et pourtant, c’est possible de convaincre !
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o Soirée fête et musique

Mercredi 9 août

o 10 h, conférence/débat :

Réflexions sur l’expérimentation animale

avec Agnese Pignataro, fondatrice de la revue Liberazioni.
Le problème de l’expérimentation animale est généralement abordé par le mouvement pour les animaux comme une question scientifique, soit parce qu’on est vraiment convaincu qu’utiliser les animaux non humains dans la recherche n’est pas méthodologiquement correct, soit parce qu’on pense que parler seulement de ça est stratégiquement plus convenable. Pourtant, la stratégie soi-disant « scientifique » contre la « vivisection » présente des graves défauts. Elle ne met pas en question la technologie du savoir/pouvoir que la production du discours scientifique implique, en se limitant à mettre en doute le degré de vérité de ce discours. Ainsi, le mouvement de critique à l’expérimentation animale est réduit à une querelle épistémologique au lieu d’être une dénonciation du prix éthique de toute expérimentation médicale.

En effet, l’argumentaire « scientifique » contre l’expérimentation animale relit arbitrairement l’histoire de la médecine en faisant une distinction dépourvue de sens entre « vraie science » (i.e. celle qui n’utilise pas les animaux) et « fausse science » (i.e. celle qui les utilise) : en vérité, l’histoire de la médecine nous montre que la seule distinction à faire est celle entre des différents paradigmes médicaux et que l’utilisation d’individus vivants humains et non humains en tant qu’objets d’expériences de laboratoire n’est pas une dégénérescence de la science, mais, au contraire, elle est au coeur du paradigme expérimental appliqué aux sciences de la vie. C’est donc la médecine expérimentale en tant que telle qu’il faut critiquer. Le mouvement contre l’expérimentation animale devrait arrêter de s’occuper de questions de « validité scientifique » ; il devrait plutôt assumer un point de vue éthique-politique, se dédier à la critique de la manipulation de corps vivants pratiquée par la médecine expérimentale et exiger l’abolition de cette pratique intolérable, pas au nom de la « vérité scientifique », mais plutôt de la justice.
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o 16 h :

atelier nouvelles technologies

avec Julie Crespin.
La majeure partie des informations et des débats concernant la cause animale se trouve sur Internet (sites, mais surtout listes de discussions). Étant donné qu’un nombre important de gens ne sont pas familiers avec cette technologie, un atelier d’initiation aux bases d’Internet sera organisé (création d’un courriel, inscription à des listes, recherche des sites susceptibles d’être interessants, etc.).
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o 22 h :

The Animals Film

de Myriam Alaux et Victor Schonfeld, 1981, 136 min, en anglais, non sous-titré (traduction de Jane Hendy distribuée sur place).
Le film essentiel sur la souffrance des animaux. Les animaux n’ont pas besoin de paroles, ils crèvent l’écran. Les cinq premières minutes sont inoubliables, en partie aussi grâce à la musique de Talking Heads. Où en sommes-nous maintenant ? La brillance de Victor Schonfeld a-t-elle servi à faire avancer la cause des animaux ?

Jeudi 10 août

o 10 h : Présentation à venir.
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o 16 h :

de Greystoke à Oaza, parcours d’un militant

avec Patrick Sacco.
Patrick évoquera les différents aspects de sa lutte pour les animaux. Il racontera sa participation au groupe Greystoke (groupe revendiquant la libération d’animaux de laboratoire) et expliquera ce qui l’a amené, quelques années plus tard, à créer Respectons , puis comment il en est venu à intervenir en Serbie pour la stérilisation de chiens.
Un court film (10 à 15 minutes) sera aussi présenté. Il s’agit d’un montage de Jérôme Lescure réalisé à partir d’images de Patrick Sacco et comportant deux parties : une sur la libération des singes au CNRS par le groupe Greystoke et l’autre sur les conditions de vie des chiens à Belgrade avant l’arrivée sur place de l’association Respectons.

Vendredi 11 août

o 10 h :

Point sur la campagne internationale pour l’abolition de la viande

. Collectif.
La plupart des gens pensent qu’il ne faut pas tuer ou faire souffrir un animal sans raison sérieuse. En France, le Code pénal lui-même interdit de tuer, sans nécessité, une vache, un cochon ou un poulet.
Il est de plus en plus connu que la viande n’est pas nécessaire pour vivre en bonne santé.
Le temps n’est-il pas venu de demander l’abolition de la viande ?
Pourquoi ne pas faire de cette demande – énorme en apparence, et pourtant si simple – un objectif fédérateur du mouvement animaliste mondial ?
Cette idée de campagne a été lancée aux Estivales de 2005. Cette année, une journée sera consacrée à des discussions entre militants à propos des moyens à employer pour la relayer et la rendre efficace.
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o 16 h :

La promotion du végétarisme est-elle globalement néfaste pour les animaux (connaissant les conditions de production des oeufs, du lait…) ?

Collectif.
Un message exclusivement (ou même prioritairement) « anti-viande » peut favoriser, dans le public général, la consommation, en remplacement, de produits causant plus de souffrances.
En effet, la production de sous-produits animaux (laits et oeufs) implique souffrance animale ainsi que mort dès que les animaux ne sont plus assez productifs. Est-ce que militer pour le végétarisme (plutôt que pour le végétalisme) revient à provoquer un accroissement de la souffrance des animaux d’élevage ?
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o soirée fête et musique.

Samedi 12 août

La journée du samedi 12 août sera l’occasion de faire un bilan de l’édition 2006 des Estivales.