JE DEDIE CETTE ARTICLE AUX RESISTANTS DE GAZA, ENCERCLES PAR LES TANKS ET SURVOLES PAR LES AVIONS DE CHASSE. `PALESTINE VAINCRA !` Himalove

Les 7 partis politiques, avec à leur tête Girija Prasad Koirala, surnommé « le fantôme de la liberté », doivent leur seconde vie aux camarades maoïstes.

En mai et octobre 2002, le personnel politique népalais était licencié pour « incompétence » (1) ; et leur outil de travail, les chambres parlementaires (Pratidhini Sabha et Rashtrya Sabha), fermées.

Et ce avec l’aval discret des ambassades.

Sans les conseils révolutionnaires des peuples unis et le mouvement de désobéissance civile, au mois d’avril 2006, qui acheva la monarchie et mis hors-jeu la Royal Nepal Army, leurs droits n’auraient jamais été restitués.

Le Népal eut été destitué.

Le royaume, fier et indépendant des Gurkhas, serait tombé dans les mains « charitables » d’ONG et d’entreprises de gardiennage à la solde de l’impérialisme.

Les conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal ont sauvé l’honneur du pays.

Ce front de libération national regroupe une mosaïque de peuples (Tamang, Magar, Sherpa), de langues (Bhojpuri, Mathili, Awadhi), de castes (Bahrun, Sûdra, Vaishia) de hors-castes (Taru, Madhesee), représentant l’ensemble des hommes et des femmes, du Teraï aux Himalayas.

Peu de journalistes cherchent à mettre en relief la diversité et la richesse du mouvement maoïste népalais…

Dans mon précédent article, j’évoquais les grands principes républicains et démocratiques qui ont permis « aux maoïstes » de ressusciter les partis parlementaires – mieux, de rendre les maoïstes sympathiques auprès des forces progressistes de la Planète.

Aujourd’hui, je parlerais de leurs relations à l’organisation du territoire, leur manière de concevoir les relations de pouvoir au sein du village et leur victoire.

LA Maison des Peuples dans les collines

La vie du village « mao » est organisée autour de la Maison du Peuple. Leurs représentants sont des élus, révocables à tout moment.

Selon l’article 10 de la Section II du programme minimum en 75 points, « l’Etat doit être complètement aux mains du peuple ».

Et le peuple complètement dans les mains de l’Etat…

L’état ou plutôt la commune n’a pas chez eux cette connotation européenne de « monstre froid ».

La Maison des représentants et les comités populaires, qui assurent la liaison avec l’échelon régional, sont des organes, en permanence, sous le regard des administrés et des commissaires politiques.

Il y a 4 lieux de pouvoir : le Centre (Union), la région autonome, le district, le village ou bien la ville « unité territoriale ».

La notion d’autonomie est très forte dans la pensée
« mao ».

Non seulement parce qu’ils ne peuvent compter en dernier ressort que sur leurs propres forces.

Mais nombre d’ethnies comme les Tamangs ou les Magars qui ont rejoint les Conseils révolutionnaires en tant que « peuple » souhaiteraient un régime fédéral.

Un partage des pouvoirs qui favoriserait plutôt la périphérie que le Centre dont la qualité serait de faire le lien entre les communes et les régions.

Le modèle d’organisation du territoire ébauché ressemblerait à celui de l’Union indienne avec ses états fédéraux, ses unions territoriales.

Et un Centre avec une attitude presque arbitrale…

Cependant pour les maopati la Maison du peuple, au niveau du village, demeure plus important que la Lok Sabha (Parlement indien) ou l’Assemblée constituante.

Comme dans le village « gandhien », la Maison du peuple édicte des lois et fait valoir les droits des administrés.

« La Maison du peuple est le plus redoutable des Parlements » disent les maoïstes.

La proximité immédiate des administrés et l’aura de leur conseil encouragent les représentants à être efficace ; et à adopter des mœurs austères, irréprochables.

Malheur aux corrompus !

Parallèlement à l’organisation administrative se tiennent en effet les conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal, qui sont la tête politique du pays.

La force des conseils révolutionnaires est de représenter un segment social homogène à la base.

En terre Limbu (etnie de l`Est du Nepal), le conseil est dirigé par des Limbu ; au Solu Khumbu, par des Sherpa, etc.

Le pari du centralisme démocratique est de garder cette force « prolétarienne » au niveau fédéral puis national.

Les terribles opérations de guerre (noms de code: Kilo Sierra, anagramme de Search to Kill à la fin des années 90 et Romeo), engagées par la Royal Nepal Army, sur leur territoire, ont sans le vouloir vertébré le parti maoïste et nivelé les différences.

Les villages attaqués ont décrété la mobilisation générale ; des milices sont sorties de terre, puis l’armée de libération populaire, furtive et invisible.

Les maopati ne pouvant se défendre face aux hélicoptères, aux mortiers, et aux actions de commando ont développé et ramifié un fantastique réseau de renseignement, du village à la capitale.

Les attaques de l’ennemi étaient anticipées et leur stratégie déjouée.

La résistance se développait dans les pas mêmes de la Royal Nepal Army, passée en quelques années de 20 000 à 90 000 soldats.

Combien de ces jeunes Gurkhas travaillent pour les maopati nul ne le sait…

Malgré les sommes colossales, dépensées par l’Inde, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, et le nombre incroyable de gens massacrés, la Royal Nepal Army a été vaincue par une poignée d’adolescents.

Le général major Ashok K. Metha (officier superieur indien, ancien commandant Gurkha), dans son dernier livre « The Royal Nepal Army » donne l’effectif de l’armée des vainqueurs : « en 2004, l’armée de libération populaire comptait 4 000 combattants ; le nombre d’armes individuelles en leur possession s’élevait à 2 895. La moitié de ces dernières étaient des vieux fusils Enfield 303 et des mitraillettes Sten, volées dans les arsenaux de la police. »

C’est ainsi que tous les enfants du Népal peuvent crier à tue-tête : « J’ai vaincu le roi ! »

La force de l’Armée populaire de libération réside dans le soutien de la population, toutes castes et ethnie confondues, et dans les liens inextricables entre les soldats, le peuple et les milices.

Les vagues d’assaut de l’armée de libération populaire contre les casernes et les postes de police ont toujours été accompagnées par des mouvements de foules…

Bien sûr, les atrocités commises par la RNA ont été la meilleure propagande du parti.

Ainsi que l’attitude hautaine et condescendante des étrangers à l’égard du pauvre Népal et des va-nu-pieds maoïstes…

Le mouvement de désobéissance civile, lancée en avril 2006, pour achever la monarchie, a donné l’ampleur du soutien.

Des observateurs estiment à 10 millions, le nombre de personnes ayant participé activement au mouvement.

Ce dernier épisode de la geste maoïste ne doit pas faire oublier le travail déjà effectué en 10 ans.

Les alliances entre le prêtre hindou, le propriétaire terrien et l’usurier ont été brisés.

Les ordres mendiants et les monastères ont dû payer l’impôt révolutionnaire.

La terre a été équitablement distribuée entre les paysans les plus pauvres ; et leurs landlords
« Guthi* » chassés.

*Les Guthi sont des proprietaires terriens dont la legitimite proviendrait d`un `mandat celeste`.

Les malédictions qui pesaient sur les Kamaiya, ces esclaves travaillant pour rien, à l’Ouest du Népal, ont été levées.

L’intouchabilité a été abolie.

Les actes de propriété, signés par les radjas et les landlords, ont été brûlés.

Les comités populaires ont été chargés de réécrire le cadastre en établissant des actes de propriété au nom des paysans qui vivent et travaillent la terre.

Les dettes d’argent*, qui liaient les mains et les pieds, des paysans pauvres aux compagnies qui vendaient des pesticides et des graines se sont envolés avec la mort des banquiers.

*Selon un article publie dans Times of India, 30 juin, tous les nepalais (26 millions de personnes) seraient endettes aupres de la Banque mondiale a hauteur de
13 000 roupies, environ 200 euros!

En Inde, l’endettement des paysans auprès des banques a tué par suicides de 1993 à 2003 près de 100 000 fermiers !*

*Chiffre donné par le ministère de l’Agriculture de l’Union indienne.

La guerre populaire, au Népal, sur une même période, et pour des conflits similaires opposant paysans à landlords et banquiers, a fait 13 000 victimes…

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1. Le roi, l’armée, conseillé par les impérialistes, avait chassé, en 2002, le personnel politique népalais parce qu’ils étaient incapables d’écraser la révolution maoïste.