Que tous ceux qui s’offusquent et entonnent l’air du bien politiquement correct « mandat unique » se posent honnêtement la question : Ayant une activité professionnelle, accepteraient-ils, eux, de l’abandonner pour un poste dans lequel, ils risqueraient d’être débarqués du jour au lendemain sans possibilité de se recaser ?
C’est, par exemple, ce qui peut arriver aux députés en cas de dissolution et à tout homme politique en cas de non réélection. Et cela, quelles que soient son travail, ses compétences ou son mérite.
De plus, sauf rares exceptions, son expérience acquise pendant ses années au service de son pays ne lui servira pas à grand chose pour se recycler dans son ancien métier. Il aura perdu, pour certains ses clients, pour d’autres un savoir-faire qui aura évolué sans lui, ou encore une connaissance du marché. Et surtout, il ne retrouvera pas son ancien poste. Car, ce que prévoit, à juste titre, la loi pour les femmes en congé de maternité ou pour les salariés dans d’autres circonstances, elle l’oublie pour ceux qui décident de consacrer leur temps et leurs compétences au service de leur pays.

Mais, direz-vous, ils ont tout le temps de se créer des relations, des réseaux, des parachutes pour le cas où. Certains, sans doute, mais pas tous. Loin s’en faut ! Et, entre nous, quelle mentalité ! C’est la prime à la combine, au copinage, à l’affairisme. L’ère du magouilleur vertueux et de l’honnête imbécile. Un peu, hélas, ce que l’on constate aujourd’hui.

Mais, rajouterez-vous avec raison, beaucoup de politiques, par leur statut, sont assurés de retrouver leur ancien emploi. Tous ceux issus de la fonction publique par exemple. Oui, bien sûr, et c’est là le nœud du problème. Dans le système démocratique actuel, qui se présente aux élections ? Celui qui risque de ne pas retrouver son ancien travail en cas de non réélection ou celui qui est assuré de son avenir quelles que soient les aléas de la vie politique ? La réponse est évidente. Et c’est pour cela que les élus issus de la fonction publique sont ultras majoritaires dans le monde politique. Qu’ils exercent une domination quasi sans partage sur notre pays. Eux qui ne risquent rien peuvent s’engager.

Mais, direz-vous encore, il suffirait de changer la loi pour permettre à chacun de retrouver son ancien poste en cas d’interruption de sa carrière politique, à l’exemple du congé maternité. Sans doute, mais qui fait les lois ? Qui est ultra majoritaire : au parlement, au gouvernement, dans toute la caste politique ?
Dès qu’il s’agit de pouvoir les places sont très chères ! alors…

C’est pour ces raisons que, dans le système actuel, le cumul des mandats est un mal à la fois indispensable et nécessaire, si l’on ne veut pas voir le pouvoir encore plus confisqué par la fonction publique. Dans une course, lorsque certains partent systématiquement avec une longueur d’avance, il finit par n’y avoir qu’une seule catégorie de coureurs. Interdisez le cumul des mandats et, dans quelques années, ce n’est pas la majorité de la caste politique qui sera constituée de fonctionnaires, mais sa totalité.

Bien sûr que ce n’est pas normal, et lutter contre cette injustice fait partie des combats des clérocrates. Il faut absolument avoir une représentation réelle de la société dans la vie politique. Que le salarié représente le salarié, l’artisan l’artisan, le fonctionnaire le fonctionnaire, l’entrepreneur l’entrepreneur. Chacun en proportion de son importance dans la population. Pour cela il faut donner à tous les mêmes droits, les mêmes moyens, la même égalité.
Mais, en attendant de changer de système, et uniquement afin de freiner – un peu – la confiscation du pouvoir par la fonction publique, le cumul des mandats et un mal qu’il faut malheureusement accepter, soutenir et encourager. C’est la seule solution. Mauvaise, mais la seule !

François Amanrich (Porte-parole du Mouvement Clérocratique)