Programme politique minimum des Conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal

Ce programme politique minimum, approuvé avec enthousiasme par les conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal, a pour but de jeter les bases d’une nouvelle démocratie, et de guider les masses dans leur effort de révolution.

Au moment même où les combats contre l’ennemi font rage, ce programme est implanté dans les zones libérées, et sert d’outil de propagande et d’arme idéologique là où les conseils révolutionnaires sont encore minoritaires, en particulier, à l’échelon national, à Katmandou.

I. Principes politiques

L’objectif des Conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal est de bâtir une république populaire dont la démocratie est l’élément central, fondateur.

La composition des conseils révolutionnaires reflète le caractère éminemment démocratique de la nouvelle et jeune république du Népal.

Sous l’égide du prolétariat* sont regroupés des paysans, travailleurs, bourgeois, étudiants, intellectuels, des hommes et des femmes, traités péjorativement, avant la révolution, de « minorités » à cause de leur lieu de naissance, de leur origine ethnique, de leur couleur de peau ou de leur confession religieuse.

*Nous nommons « prolétariat » les masses qui oeuvrent, en toute liberté, à la construction d’un Monde nouveau.

Leur alliance a pour horizon l’établissement d’une république populaire, démocratique, laïque, où la devise Liberté, Égalité, Fraternité n’est pas une honte pour le pays.

La dictature que le prolétariat impose à leur ennemi vise essentiellement à détruire les vestiges de l’ordre ancien : armée, police, religion unique et royauté.

Au Népal, comme en France sous l’ancien régime, la république ne peut s’installer que grâce à « une guerre prolongée » et une révolution dont les zones rurales sont en premier lieu le théâtre.

La conquête des villages et des collines donne une prééminence stratégique au mouvement révolutionnaire.

Ce ne sont pas les maoïstes qui opposent la ville et les campagnes mais les féodaux et réactionnaires Gurkhas qui finissent ici par mépriser leur lieu d’origine

Dans leurs manies d’oppression et rêve de grandeur, la cité est considérée par l’aristocratie Gurkhas comme une forteresse, un lieu de prestige, un refuge, où les échanges sont dominés par le Maharadja, la Caste ou le Dieu argent.

Dans la société archaïque hindoue, il y a une juxtaposition « forcée » de la caste et des classes sociales.

Une contradiction entre une société mythique, rêvée par les féodaux et leurs amis impérialistes, et la réalité…

« Les fascistes sont des gens refusant que le futur naisse… »

Du fait des alliances avec l’impérialisme britannique et « l’expansionnisme indien », le militarisme Gurkha n’a jamais été critiqué.

Une alliance entre l’armée des paysans libérés du joug féodal et des jeunes intellectuels, rejetant le militarisme Gurkha, est donc parfaitement naturelle et justifiée.

Elle se manifeste lors d’insurrection populaire comme le Jana Andolan d’avril 2006 et mobilise toutes les forces antiféodales et anti-impérialistes du sous-continent.

Cette alliance républicaine trouve immédiatement des échos favorables parmi les forces progressistes indiennes et chinoises ; et bien sûr, des réticences chez les impérialistes, les religieux, les anciens maharadjas, et du côté de l’appareil d’Etat, construit selon un mode colonial.

L’armée populaire de libération népalaise dessine les contours d’une véritable armée républicaine au service du peuple, inspirée de l’Indian National Army* de Subrash Chandra Bose, détruite par les Britanniques, à la fin de la Seconde guerre mondiale.

*L’INA selon toute vraisemblance, avec son fonctionnement républicain aurait empêché la Partition et les tragédies qui s’en sont suivies ; l’Azad Hind Fauj est la première armée, dans l’histoire moderne, à constituer des bataillons exclusivement féminins. La référence à l’INA plaît aux agences de sécurité indienne, mais hérisse le poil des Anglais…

L’armée populaire de libération est en totale opposition à une armée de métier, les Gurkhas, construit selon un mode racial et martial, codifié par les Britanniques.

La stratégie des conseils révolutionnaires des peuples unis du Népal est d’entraîner dans la révolution l’ensemble des forces progressistes, et de leur donner un rôle majeur dans l’insurrection contre la monarchie et l’armée royale.

Il est impossible de dissocier, par un subterfuge, un changement de nom, comme la propagande essaye de le faire accroire l’ex-armée royale, la personne du roi et l’impérialisme.

L’armée népalaise bien que moderne et équipée par les Américains reste structuré sur un mode féodal et colonial, destiné à servir un impérialisme désuet.

Tous les officiers sont recrutés chez les « Katri », et ont fait allégeance au Shah Dev ou Rana, qui eux-mêmes obéissent aux ordres incertains de la mafia des dieux hindous ou aux sollicitations de nouvelles « John’s company* ».

*C’est ainsi qu’on appelait autrefois la Compagnie Est des Indes.

L’armée népalaise comme l’ancienne armée des Indes entretient un profond mépris des civils, en particulier, de la classe politique.

Cette culture du mépris, aujourd’hui, a perdu les officiers royaux, épris de coup d’Etat. Les Népalais en conçoivent aucun regret.

Avec sa devise « couronne, nation, peuple », l’armée royale, depuis 227 ans, s’était davantage battue pour défendre les intérêts de la couronne du Royaume uni que celle du Népal.

Il est impossible d’instaurer une république au Népal en laissant intact une armée de 90 000 hommes, dirigé par des mercenaires et des fascistes (5).

D’autant que la Royal Nepal Army, dans la dernière période de son histoire, a brisé le tabou qui scellait l’alliance entre la monarchie Shah Dev et le peuple népalais : ne jamais faire tirer les Gurkhas contre leurs propres frères* !

*L’armée est salement impliquée dans le massacre de la famille royale, le 1er juin 2001.

La fusion de l’armée populaire de libération avec l’ex-armée royale du Népal demeure une étape cruciale du processus républicain.

L’assemblée constituante, des élections libres et démocratiques, ne peuvent se tenir sans le démantèlement de l’ex-armée royale et, « pour donner le change aux ambassades anglaise et américaine », des milices communistes.

La souveraineté du pays et son avenir résident dans le peuple népalais, son assemblée constituante et son armée nationale reflétant toutes les composantes de la nation.

Pour l’heure, un gouvernement d’intérim doit exprimer cette volonté populaire et proposer au peuple, lors d’élections libres au suffrage universel, une nouvelle constitution.

La mission du gouvernement d’intérim est d’empêcher le retour en force de l’armée.

La réduction des effectifs des forces armées est vitale pour la jeune démocratie.

Dans le nouvel espace démocratique et démilitarisé, les droits fondamentaux et politiques de tous les citoyens, droits de parole, d’écrit, de publier, de manifester de faire grève, de professer une religion, une opinion, de circuler et de vivre où bon vous semble sont garantis.

L’emploi au Népal ainsi que l’accès aux soins gratuits, et à la nourriture* pour les plus pauvres, sont considérés comme des tâches prioritaires.

*L’arme de la faim a été utilisée, sur grande échelle, par l’armée royale pour mettre à genoux des régions entières…

Contrairement aux déclarations des anticommunistes, les maoïstes ne militent pas pour le parti unique : pleine liberté est accordée aux démocrates, patriotes, gauchistes, de s’organiser et de militer pour leurs idées. Et ce en pleine co-opération, dans le long terme, avec le parti communiste victorieux, allié aux progressistes indiens

Les réactionnaires, les féodaux, ayant joué un rôle contre-révolutionnaire et anti-national, durant les événements récents, sont, pendant une période probatoire, écartés du jeu politique.

Les droits du citoyen népalais sont accompagnés également de devoir : respect des lois nouvelles, du ciel commun et du patrimoine, conscription et impôt…

Toute discrimination, dans l’espace public, relative à la couleur de peau, de la complexion, de l’ethnie, de la religion, de la préférence sexuelle, du langage parlé, de l’opinion, est intolérable.

La révolution garantit une égalité devant la loi pour tous.

La nouvelle constitution certifie la séparation des églises et de l’Etat ; et la fin d’une religion hégémonique, l’hindouisme.

Le fait religieux est considéré comme une affaire personnelle, appartenant à la sphère privée, qui ne doit en aucun cas remettre en question l’espace commun et les devoirs du citoyen.

Toutes les religions sont égales devant la loi.

Les fraudes, escroqueries et activités subversives qui visent à l’asservissement de la personne, commises au nom de dieu, sont particulièrement punies.

Tous les traités et agreements, signés par les radjas et maharadjas, sont annulés. En particulier le traité semi colonial et semi féodal, signé en 1950, avec l’Union indienne, par Mohan Shamsher Jung Bahadur Rana et Jawarahal Nehru.

Les nouveaux traités d’amitié avec le gouvernement indien et les autres nations seront signés sous les auspices du Pansheel*.

*Amitié, parité, respect de la dignité et de la souveraineté des peuples, non ingérence dans les affaires du pays.

Toutes les dettes contractées par les maharadjas, leurs Premiers ministres ou leurs généraux radjas, avec les puissances régionales ou avec l’impérialisme, ne sont pas reconnus « légitimes » par le gouvernement, représentant les peuples du Népal.

En finir avec l’exception Gurkha.

Les centres de recrutement Gurkha, tenus par des officiers britanniques sur le sol national, depuis 1815 (Traité de Sugauli) sont considérés comme une honte et un anachronisme par le nouveau gouvernement ; et doivent être impérativement fermés ; et les régiments mercenaires, guerroyant en Irak ou en Afghanistan, rapatriés…

Des mesures policières doivent êtres prises pour réglementer sévèrement le trafic de la main d’œuvre népalaise vers les pays étrangers.

Les marchands d’esclaves et les sergents recruteurs au Népal doivent êtres impitoyablement pourchassés.

Les ambassades, qui organisent « le vol des cerveaux » et le racket des étudiants, sous couvert d’études à l’étranger, doivent être dénoncées.

La nationalisation des ressources naturelles comme l’eau, le pétrole, le gaz, pour l’heure aux mains de sociétés d’Etat indiennes ou compagnies américaines, permettrait l’embauche de milliers d’ingénieurs népalais.

Le partage des profits, générés par les réserves hydroélectriques, serait suffisant pour empêcher les grandes migrations de travailleurs népalais et construire des universités partout dans le pays.

L’économie, fondée sur le mercenariat et le tourisme, tourné vers l’étranger, ont réduit le peuple népalais à l’état de mendiant international.

Les principes de la révolution sont de garantir la dignité de l’homme et son travail au pays.

L’économie sera orientée de sorte que le bien commun prime sur la richesse d’un seul.

La révolution exproprie immédiatement le roi, sa famille, leurs proches, de leurs propriétés foncières et de leurs fortunes, volés aux peuples du Népal.

Un équilibre doit être trouvé entre la propriété individuelle, l’espace collectif et les institutions bancaires, représentant l’intérêt du pays.

Contrairement aux mensonges de la propagande, l’idée de propriété privée et d’enrichissement n’est pas abolie. Au contraire.

Les coopératives agricoles et la multiplication de petites industries, développant les régions, sont à encourager.

Ce qui est à éviter, c’est la concentration du capital et les déséquilibres dans le mode de développement des régions.

Le primat du politique sur l’économie est la préoccupation majeure des maoïstes.

À SUIVRE

1. Selon les journaux indiens, l’ex-tyran, cloîtré dans son palace, serait en pleine dépression et au bord du suicide ; le gouvernement népalais a diligenté une commission d’enquête afin d’estimer la fortune de la famille royale, et la manière dont Gyan s’est accaparé des biens au pays comme à l’étranger de son frère assassiné… Les maoïstes considèrent Gyanendra comme un grand trafiquant de drogues, à exécuter après procès rapide ; « le parrain » avait une admiration pour le roi Hassan II du Maroc…

2.Le général Pyar Jung Thapa, chef d’état-major, suspendu, est mis officiellement en accusation pour meurtres, tortures et disparitions ; les familles de victimes se sont portées partie civile…

3.Le docteur Tulsi Giri, disciple du gourou Golwalkar, père du système des Panchayat, dans les années 60, est l’idéologue du royaume martial ; le vieil instructeur des Rashtriya Swayamsevak Sangh est convoqué chez le juge pour son rôle dans la répression de la révolution.

4.Le général à la retraite Bharat Kesar Singh est le représentant du Vishwa Hindu Parishad, au Népal ; il était l’aide de camp de Gyanendra. Celui qui avait déclaré pouvoir dresser 900 millions d’hindous pour sauver l’avatar du dieu Vishnou ne peut sortir dans les rues de Katmandou sans se faire tabasser par des adolescents ; lire pour rigoler nepalnews. com ; info du 21 juin.

5. La raison du soutien du gouvernement indien, et, même aujourd’hui, des militaires, à la révolution népalaise est la crainte de voir s’installer une dictature, de type pakistanaise, au Népal. Pour cela, le gouvernement indien souhaite au travers la revendication maopati réduire considérablement le format de l’armée népalaise. Vingt mille hommes, au maximum…