LE 14 JUIN 2006

LETTRE OUVERTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ACTION DU TCHAD POUR L’UNITÉ ET LE SOCIALISME(ACTUS),
Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum
À SON EXCELLENCE MONSIEUR JACQUES CHIRAC, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Nous,Peuple tchadien martyr, vous accusons de complicité de crimes contre l’humanité et de génocide pour votre soutien politique, militaire,financier, inconditionnel sans faille et permanent au régime du Général-Président Idriss Déby Itno.En effet, cette criminelle dictature est l’une des plus sanguinaires du Continent africain comme en témoigne,si besoin était, le maccabre palmarès de plus de 25.000 Tchadiens assassinés en 15 ans de tyrannie implaccable selon les rapports des associations des Droits de l’Homme.

Le 14 mai 2006, notre Peuple vient de subir une nouvelle humiliation. L’impérialisme français, la Françafrique nous déclara la guerre. Le troisième coup d’état ou hold-up électoral, après ceux de 1996 et 2001, tous soutenus par la Françafrique, vient de réussir :
la proclamation de la victoire du Général-Président Idriss Déby Itno à la présidentielle au premier tour avec 77,53%. Ce scrution du 3 mai massivement boycotté par l’opposition et le Peuple traumatisé, a connu une participation ridicule tout au plus 8% d’électeurs selon les estimations les plus optimistes des observateurs impartiaux internationaux, le CPDC. Le quotidien Gabonsnews du 04.05.2006 écrivait : «…À treize heures,les bureaux de vote à N’Djamena sont restés, pour la plupart,désespérément vides,a-t-on constaté. Au bureau de vote de la gare routière, quartier Naga II dans le quatrième arrondissement, considéré comme un bastion du parti au pouvoir, à la mi-journée,sur 520 inscrits, seuls 20 ont voté. Au quartier N’Djari, toujours une zone considérée comme acquise au parti au pouvoir, à 11h30, seuls 30 personnes ont voté dans le bureau du Carré 17B pour un total de 410 inscrits…».
Le boycottage des urnes par la majorité de la population a été confirmé par une forte abstention selon les diplomates et les journalistes occidentaux (Source : L’Express du 28 mai 2006).
Face à la tolée de l’opinion internationale, la cour constitutionnelle a revu à la baisse les premiers chiffres avancés le 14 mai dernier : le taux de participation a été ramené à 53% et non à 70% initialemment, et 64,67% le pourcentage acquis par le candidat Déby au lieu de 77,53%.
Dans son rapport, le Vice-président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Dobian Assingar a qualifié le scrutin de mascarade :« En général le taux de participation a été très faible. Nous avons noté la présence de nombreux hommes en tenue dans les bureaux de vote et la distribution massive de cartes d’électeurs le jour du vote aux mineurs…».
Maître Delphine Djiraïbé,Coordinatrice du Comité de suivi de l’appel à la paix et la réconciliation, d’ajouter « La non participation des populations à l’élection du 3 mai confirme que, ni un coup de force militaire, ni un coup de force électoral ou institutionnel ne peuvent être une réponse à la crise socio-politique que traverse le pays » et de conclure avec amertume au nom du Comité « Nous regrettons une fois de plus le refus catégorique du pouvoir, soutenu dans sa logique par la France, d’ouvrir le dialogue national avant l’élection ».

Excellence, Monsieur le Président, comme à l’accoutumée dans la tradition françafricaine, votre gouvernement, par la voix du Porte-Parole du Quai d’Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a approuvé cet hold-up électoral dans sa déclaration du 14 mai 2006. Votre objectif a été atteint au détriment de celui de notre Peuple victime de cette dictature coupable de flagrant délit d’illégitimité.
Le Peuple ne reconnaît pas et n’acceptera jamais les résultats de cette farce électorale. Ils sont nuls et de nuls effets. Le prétendu Président élu, le Général-Président Idriss Déby Itno est illégitime aux yeux de notre Peuple selon les normes universalement reconnues en matière de votes démocratiques.
Contre la volonté de notre Peuple,vous persistez à imposer le dictateur fasciste, le Général-Président Idriss Déby Itno. On ne peut gouverner indéfiniment un Peuple par la coercition et les crimes. Pour sa survie, notre Peuple doit appliquer la légitime défense. Notre Peuple choisira la riposte adéquate et le moment opportun pour exprimer son exaspération contre ces coups d’états permanents, cette usurpation et confiscation du pouvoir par le tyran que vous soutenez sans état d’âme.

Excellence, Monsieur le Président,vous demeurez aveugle et aphone depuis plus d’une décennie face à la détresse et aux souffrances du Peuple tchadien qui n’a cessé de vous écrire pour vous alerter de la tragédie qu’il vit au quotidien. C’est aussi dans cette optique que nous vous avons écrit en 2001 suite au hold-up électoral où votre protégé a pour une deuxième fois réitéré le même coup que celui de 1996. Vous étiez parmi les premiers Présidents à le féliciter et à reconnaître cet hold-up électoral qualifiée de « démocratique » par votre gouvernement.
Vous avez réitéré votre amitié et soutien au dictateur, le Général-Président Idriss Déby Itno dans votre message de félicitations du 31 mai 2006 que vous lui avez adressé lors de son troisième hold-up électoral du 3 mai 2006 (Source : AP, citée par le Nouvel Observateur du 31.05.06).
Votre lettre commence par ces mots lourds de signification : « Monsieur le Président, Cher Ami » et se poursuit en ces termes : « A l’occasion de votre réelection à la tête de l’Etat tchadien, je vous adresse mes chaleureuses félicitations et tous mes vœux de succès dans votre haute mission ». Ces phrases sont une véritable offense à la mémoire des 25.000 Tchadiens assassinés par votre Ami et de surcroît vous l’encouragez chaleureusement en lui souhaitant succès dans sa haute mission génocidaire.
Comment oseriez-vous, en votre qualité de Président d’un pays démocratique qui fut à l’origine de la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789, faire l’apologie d’une des plus cruelles dictatures du Continent africain et être Ami d’une telle abjection ?
Nous prenons acte de votre mépris et surtout de ce déni de démocratie et du droit à la vie au relent raciste car la vie d’un Noir n’a aucune importance à vos yeux.

Votre action au Tchad ne serait-elle pas l’application de votre profonde pensée méprisante et raciste pour les Noirs? Les Africains exaspérés l’affirment aujourd’hui avec rage et sans retenue aucune sous tous les cieux. Ils sont confortés dans cette certitude à travers vos déclarations : celle de 1989 à Abidjan « la démocratie est un luxe pour les Africains », suivie de celle du 19 juin 1991 « les odeurs et le bruit des étrangers des HLM».
L’article 4 controversé de la loi du 23 février 2005 demeure encore profondément enraciné dans l’esprit de nombre de politiques français. Abrogé sous la pression et la colère des peuples colonisés et des progressistes français, cet article qui stipule le rôle « positif » de la colonisation ne serait pas étranger à ce comportement de mépris des Peuples africains par les gouvernements français successifs de gauche et de droite, géniteurs et apologistes des dictateurs sur le Continent noir. Partant du principe de la mission coloniale civilisatrice, les bombardements de l’Armée française des insurgés tchadiens du FUCD du 13 avril 2006, seraient l’apport à cette horde de sauvages noirs tchadiens, de la civilisation raffinée blanche supérieure en défendant le gardien du temple colonial, le dictateur Général-Président Idriss Déby Itno. L’apport d’une mission civilisatrice sous les bombes, aucun Peuple au monde ne l’accepterait !

Excellence Monsieur le Président, quels crimes avons-nous commis, nous descendants de ces valeureux soldats tchadiens qui ont combattu à leur corps défendant pour libérer la France du joug et de la domination nazie en 1939 ? Rappelons au demeurant que les soldats africains ont payé de leur sang la liberté de l’Europe et surtout de celle de la France sous domination nazie. Le Député Gaston Monnerville (petit fils d’esclave noir de Guyane) délarait devant l’Assemblée consultative le 25 mai 1945 « Sans son Empire, la France ne serait aujourd’hui qu’un pays libéré. Grâce à son Empire, la France est un pays vainqueur ».
Pourquoi manifestez-vous à notre égard une telle haine viscérale? Pourquoi compromettre à jamais l’avenir des générations futures du Tchad en imposant un fasciste, un dictateur criminel pour lequel le Peuple a une haine viscérale?
Pourriez-vous alors comprendre que l’on ne peut pas gouverner indéfiniment un Peuple contre sa volonté? Les insurrections armées contre ce régime qui se répandent comme une trainée de poudre sur l’étendu du territoire national depuis 16 ans, sont une réaction de légitime défense et d’instinct de survie à l’instar de celle dirigée par le Général De Gaulle pendant la Seconde Guerre Mondiale contre la dictature et les crimes nazis.
La résistance française était une légitime réaction aux crimes nazis. Les FTP-MOI et FFI étaient des rebelles et résistants. Le Peuple tchadien insurgé a aussi le droit comme le Peuple français de se rebeller et de résister contre un régime fasciste qu’incarne à merveille votre protégé, le Général-Président Idriss Déby Itno.

Excellence Monsieur le Président, nous sommes des humains comme votre Peuple alors pourquoi ne nous reconnaissez pas ce droit élémentaire de tout être humain, le droit à la vie ?
Rappelons au demeurant cette vérité historique que le racisme insidieux et latent s’efforce d’extirper de la mémoire collective des Français, que les soldats africains ont payé de leur sang la liberté de l’Europe et surtout celle de la France sous domination nazie.
Les films « Un enfant du pays » de Pierre Javaux, « Indigènes », de Rachid Bouchareb et « Thiaroye 44 » de Sembène Ousmane sont des films qui rendent hommage aux soldats noirs et magrébins qui ont participé à la libération de la France.
Enfin, pour paraphraser le chanteur français Maxime Leforestier, nous sommes le fruit du hasard car on ne choisit pas ses parents, sa couleur, son pays, son trottoir pour apprendre à marcher…

Excellence Monsieur le Président, nous venons une seconde fois attirer votre attention sur votre politique africaine. Nous condamnons fermement la politique criminelle africaine de la France dont vous êtes l’initiateur. En effet, la Constitution de la 5ème République vous confère la haute main sur la politique étrangère.
Nous, Peuple tchadien victime de cette tyrannie, avons le droit de crier avec force notre colère pour exprimer notre profonde douleur loin de la pensée unique et du politiquement correct verbal. Personne d’autre, mieux que notre Peuple saurait apprécier la profondeur de la blessure dans notre chair et âme, et la riposte adéquate à apporter. Inversement, Excellence Monsieur le Président, quelle serait votre attitude si les crimes commis par le régime du Général-Président Idriss Déby Itno touchaient ceux qui vous sont chers : vos parents, amis, frères,sœurs ou simplement des hommes et femmes autour de vous ? Alliez-vous applaudir, garder un mutisme complice et approbateur en assistant passivement à cette tragédie quotidienne sans réagir face aux hommes, femmes, enfants égorgés ou qui subissent des traitements dégradants et humiliants ou sont fusillés, et enfin des villages incendiés pour cause d’appartenance de rebelles ?
Si par extrapolation à votre département, la Corrèze, accepteriez-vous le principe du châtiment collectif, c’est à dire que des communes de votre département soient réduites en cendres en répresailles d’un acte commis par quelques correziens ?
Votre soutien, celui de la France républicaine, démocratique à un Président dictateur criminel jette de l’opprobre sur le riche et humaniste héritage précurseur de la démocratie et des Droits de l’Homme de l’hexagone des Siècles des Lumières. N’est-il pas paradoxal de constater que l’Armée française d’un pays démocratique, entretenue par l’argent des contribuables fasse l’apologie de la dictature ? Vos belles paroles et promesses de défense de la démocratie en Afrique ne sont qu’une imposture. Votre démocratie à géométrie variable est vraisemblablement un luxe pour les Noirs.
Ce racisme est confirmé dernièrement par le changement de régime en Mauritanie négro-africaine et arabisée, issu du coup d’état du 3 août 2005 du colonel Ely Ould Mohammed Vall, Directeur de la sûreté nationale mauritanienne depuis 1987. Les Blancs ont le droit de régler leurs problèmes internes sans immixtion de l’hexagone. Ce droit n’est pas reconnu aux Noirs. C’est suivant cette logique que le coup de force en Mauritanie n’a suscité aucune condamnation de la France en revanche au Tchad, lors de la percée fulgurante des insurgés tchadiens du FUCD le 13 avril 2006 aux faubourgs de N’Djaména, nous avons assisté à la réaction rapide et ferme du Gouvernement français d’abord par l’intervention militaire, puis par la voix du porte-parole du Quai d’Orsay Jean-Baptiste Mattéi qui martella : «…nous refusons la prise du pouvoir par les armes» et pourtant, c’est bien la France qui a aidé le Colonel Idriss Déby à prendre le pouvoir par les armes en décembre 1989 en renversant le Président d’alors Hissène Habré en odeur de sainteté avec les USA qui voulaient en découdre avec le Colonel Kadafi de Libye, mais aussi parce que Hissène Habré aurait aussi manifesté quelques veilléités d’indépendance par rapport à la Françafrique en octroyant le pétrole tchadien aux USA (Cf.Dossier Noir de la politique africaine de la France N°13, éd. L’Harmattan, Paris, 1999).
Les coups d’état militaires initiés par la France dans le pré-carré sont légions, légitimes et conformes à la politique africaine de la France : au Tchad, au Mali, au Gabon, au Burkina Faso, au Congo Brazzaville, au Togo, au Bénin, en Côte-d’Ivoire, aux Comores, à Djibouti …
La prolifération des mouvements armés au Tchad, expression légitime des masses populaires en réaction aux crimes commis quotidiennement par votre Ami Idriss Déby Itno depuis 16 ans, démontre le rejet total de son pouvoir par notre Peuple. Excellence Monsieur le Président, seriez-vous conscient et bien informé de la situation politique réelle au Tchad ?
Le soutien de la France aux coups d’état militaires du Général François Bozizé en collaboration avec le corps expéditionnaire du Général-Président Idriss Déby Itno, le 13 mars 2003 contre le Président démocratiquement élu Ange-Félix Patassé qui aurait manifesté quelques velléités d’indépendance en fermant les bases militaires françaises en Centrafrique, la guerre que continue de livrer la France au Président de la Côte-d’Ivoire, Monsieur Laurent Gbagbo,démocratiquement élu et non imposé par l’Elysée et la Françafrique, le soutien de la France au coup d’état de Faure Gnangsibé, le fils de votre autre Ami,le Général Gnangsibé Eyadema du Togo, instaurant de fait une monarchie constitutionnelle…sont autant de preuves qui viennent corroborer votre déni de démocratie à l’Afrique noire.
Quand les Peuples, victimes des dictateurs criminels que vous leur imposez, s’insurgent, votre gouvernement les qualifie de rebelles et emploie son refrain classique : «…nous refusons la prise du pouvoir par les armes ». Le mépris des Noirs, leur infantilisation, leur humiliation permanente et leur domination néo-coloniale continuent. Cela est intolérable, insupportable et doit cesser.

Excellence, Monsieur le Président, cette tradition coloniale d’essence raciste, profondément ancrée dans votre subconscient est certes issue du passé de la traite négrière, puis du passé colonial de votre pays. Cependant, le Peuple tchadien n’entend nullement rester esclave de la Françafrique au début de ce troisième millénaire. Nous n’acceptons pas de voir les nôtres être raccourcis quotidiennement par votre Ami Déby. Il est par conséquent légitime que notre Peuple se batte les armes à la main pour se libérer de cette oppression du pouvoir fasciste du Général-Président Idriss Déby, à l’instar des résistants français : le Général De Gaulle, les FFI , les FTP qui ont libéré par les armes la France de l’occupation nazie de 1939.

Cette politique de la France, d’essence raciste, impérialiste et coloniale appliquée en particulier au Tchad depuis l’indépendance nominale de 1960 a fait des milliers de morts, orphelins et handicapés dans chaque famille sur le territoire national. En effet, les Dictateurs-Présidents criminels, notamment, le Général-Président Idriss Déby Itno que votre pays continue à soutenir inconditionnellement et de l’imposer en toute impunité au Peuple tchadien depuis 16 ans, est un acte assimilable à non-assistance à Peuple en danger de mort. C’est une complicité de génocide car selon les rapports des associations des Droits de l’Homme, plus de 25.000 tchadiens ont été assassinés par ce régime depuis 1990. La vie des Noirs n’a aucune valeur à vos yeux.
Le politiquement correct en expression, la pudeur, l’indifférence ou le silence ont toujours éludé ce génocide silencieux, méticulé, programmé et endémique au Tchad. Pourquoi, les survivants profondément meurtris dans leurs chairs par les assassinats quotidiens du régime du Général-Président Idriss Déby Itno de leurs enfants et nourrissons, frères, sœurs, mère, père, amis, vieux et jeunes devraient-ils se taire, pleurer ou mourir en silence sans oser se défendre ?
Outre ces assassinats, les plus « chanceux » et survivants subissent quotidiennement des traitements humiliants et dégradants, des viols et confiscations de leurs biens.
La cruauté de votre protégé n’a jamais été égalée dans les annales de la barberie des dictateurs comme en témoignent les exemples des femmes enceintes qui ont été éventrées et les fœtus arrachés ! (Cf. Tchad le procès d’Idriss Déby,Témoignage à charge. Ngarlejy Yorongar, éd. L’Harmattan, Paris, 2003).
D’autres sources indépendantes comme celle du Pasteur suisse, Roland Hammel, dans son témoignage : « Tchad : sait-on vraiment ce qui se passe ? » dans l’hebdomadaire Jeune Afrique n°1855 du 24 au 30 Juillet 1996, mérite d’être lue. Son récit suscite de la répugnance et renforce cette thèse de crime contre l’humanité dont est coupable le Général-Président Idriss Déby Itno avec le soutien inconditionnel de la France.

En 16 ans de règne, le Général-Président Idriss Déby Itno n’a remporté démocratiquement aucune élection. Les Présidentielles de 1996 et 2001 ont été confisquées grâce aux hold-up électoraux supervisés par le spécialiste de fraudes électorales, agent de l’impérialisme français (la Françafrique), Monsieur Grand Esnon (Cf. Ouvrages, « Noir Silence, qui arrêtera la Françafrique» de François-Xavier Verschave, éd. Les arènes, Paris, 2000 et « Noir Procès » de François-Xavier Verschave et Laurent Beccaria, éd. Les Arènes, Paris, 2001).
Le Canard Enchaîné n°4463 du 10.05.06, « L’armée française agent électoral au Tchad » écrit :
« …Pas de démonstration de force,donc,mais un solide soutien logistique au déroulement de cette farce électorale, taillée sur mesure pour Idriss Déby, le vieux compagnon de route de la France. Comme lors des deux précédentes consultations, les bulletins de vote ont été fabriqués en France, par l’Imprimerie nationale. Puis ils ont été transportés -par avion- à N’Djamena, où ils ont été mis à l’abri, comme le reste du matériel électoral, dans des magasins de l’armée française, évidemment gardés par des soldats…français. Ces bulletins ont ensuite été expédiés dans les différentes provinces du pays grâce à l’aimable concours des avions dont dispose la France sur place. Et, tout aussi obligeamment, nos militaires sont venus récupérer les urnes pleines ou vides »
La France a ainsi consacré « démocratiquement » la dictature du Général-Président Idriss Déby Itno au Peuple tchadien.

Le mutisme de la France est une approbation de la révision de l’article 61 de la Constitution par le Général-Président Idriss Déby Itno le 24 juin 2005, lui permettant de s’éterniser au pouvoir. Le Peuple a ainsi assisté au sacre du « Roi Déby 1er du Tchad » par la France. Au demeurant, rappelons que cette révision de la Constitution a eu lieu quelques semaines après une visite furtive du Général-Président Idriss Déby Itno à l’Elysée. Quelle curieuse coincidence et/ou hasard de calendrier ? En l’absence d’un fort soutien, du feu vert et de la bénédiction de la France, la révision constitutionnelle ne serait pas engagée.

Selon le rapport d’enquête sur les crimes de l’Ex-Président Hissène Habré publié en 1996 par la commission internationale, 40.000 Tchadiens furent assassinés par les forces de l’ordre dirigées personnellement par l’actuel Président Idriss Déby, alors Colonel et Chef d’État-Major général de l’Armée tchadienne.
À cet horrible rapport, viennent s’ajouter d’autres preuves accablantes contre le Président Idriss Déby : le volumineux rapport de la mission d’enquête du 12 au 23 juillet 1991 du Magistrat Jean-Paul Jean, pour le compte de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH), mentionne : 54.000 arrestations arbitraires et 80.000 orphelins dont les parents ont été sommairement exécutés entre 1980 et 1990.

Outre son sport favori, l’assassinat des Tchadiens, le Général-Président Idriss Déby est aussi un rédoutable prédateur des deniers publics. La revue Afrique Education n° 204 du 16 au 31 mai 2006 en a fait écho : « Au plus fort des attaques de la rébellion contre son régime en avril dernier, le Chef de l’Etat tchadien aurait transféré, via la Bicec, une filiale camerounaise du groupe français des Banques populaires un pactole de 100 milliards de Fcfa (152 millions d’euros)».
Enfin, le Général Idriss Déby est coupable de délinquance financière internationale : fausses monnaies, trafics de drogues (Cf.  » Noir Procès  » de F.X.Vershave et Laurent Beccaria, éd. Les Arènes, Paris, 2001). À la fin des années 90, la presse internationale et notamment le Canard Enchaîné a révélé les activités délictueuses et de délinquance financière du Général-Président Idriss Déby Itno. Ce dernier s’était converti en narcotrafiquant et spécialiste de la contre-façon des dollars de barhein. Plus récemment, ce vice et délit du Président Déby est revenu au devant de l’actualité dans la parution de la revue Afrique Education n°204 du 16 au 31 mai 2006 où il est écrit «…Idriss Déby, c’est connu, excelle beaucoup dans le faux. À ce titre, il est négativement réputé jusque dans les banques parisiennes. Pour preuve, lisez ce qui suit : avant de se retrouver en prison, à N’Djamena, en 1998, Armand Grah, Ivoirien de son état, avait été chargé par le président Déby de faire fabriquer, à titre d’essai, des faux billets. C’est ainsi que sept milliards de faux billets imprimés en Europe avaient atterri, par mesure de sécurité, d’abord à Abidjan. Sous prétexte d’une évacuation sanitaire du sultan (Gong) de Léré à Abidjan par l’avion présidentiel, l’aéronef de Déby devait, en réalité, rapatrier les faux billets concernés à N’Djamena. Mais selon Grah, il n’y avait pas eu entente avec les faussaires français sur les modalités de leur rémunération. Une fois à N’Djamena, Armand Grah manifeste ouvertement son mécontentement. Il est arrêté par son ami Déby pour l’empêcher de parler. Pour sauver sa peau, il a dû envoyer sa confession et un pathétique SOS au chargé d’affaires de l’ambassade de France au Tchad, Luc Furhmann, en date du 23 septembre 1998, pour ne pas se retrouver outre-tombe ». Telle est l’une des pratiques obscures des réseaux mafieux de la Françafrique qui pérennise les dictateurs. L’Argent sale et facile est l’une des caractéristiques de ce système néo-colonial politico-militaro-mafieux.

Malgré ces crimes, le silence, l’indifférence et la passivité des pays prétendus « démocratiques », notamment la France omniprésente au Tchad et des institutions internationales (BM,FMI,UE, ONU,PNUD…) continuent. L’odeur du pétrole inhiberait donc les bons réflexes de défense des Droits de l’Homme. C’est le règne de l’hypocrisie et des rentes financières. La vie des Noirs n’ a donc aucune valeur aux yeux des dirigeants français. N’ est -ce pas là un comportement d’essence raciste ? N’ est-ce pas là, la logique capitaliste de profits des multinationales ?
LesTchadiens voient les leurs massacrés, pillés, violées, subir quotidiennement des traitements humiliants et dégradants. Les Africains savent que les Dictateurs-Présidents africains de l’acabit du Général-Président Idriss Déby Itno, petites créatures malfaisantes du capitalisme et de l’impérialisme, ont été choisies et imposées par le néo-libéralisme afin de mieux exploiter et piller l’Afrique.

Les apologistes invétérés de l’impérialisme en Afrique affirment avec un cynisme déconcertant que pour la France, l’Afrique n’est pas vitale mais pèse plutôt financièrement sur l’hexagone. Si cette assertion est vraie, alors comment expliquer le maintien des troupes françaises en Afrique avec parfois des pertes de soldats français engagés dans les combats en renfort aux dictateurs africains ? Et ce dans quels intérêts ? Pourquoi la participation de ces troupes dans des opérations policières de maintien de l’ordre intérieur, c’est à dire la guerre contre les Peuples insurgés ? À qui profite la zone monétaire du Francs CFA (FCFA) créée en décembre 1945 dans le Pré-carré et dont la parité est fixée unilatéralement par la France ?
Le 11 janvier 1994 la dévaluation du FCFA (sans consultation des Africains ) de 50% par rapport au Francs Français (FF) imposée aux pays de la zone FCFA par la France est une parfaite illustration du contrôle et de pillages des ressources naturelles : par exemple pour la même somme d’argent soit 100FFqui permettaient avant la d’évaluation d’acheter 50kg de café, après la dévaluation la France engrange 100 kg.
L’indice de pauvreté à Abidjan est passé en 1993 de 0.05 à 0.20 en 1995 (Source : The Impact of the 1994 Devaluation on Poverty in Côte d’Ivoire, Banque Mondiale 1994). Les conséquences de la dévaluation non choisie mais imposée par la France est l’une des causes de la paupérisation accrue des paysans africains.
La lecture de l’extrait du solde du compte courant extérieur pour quelques pays d’Afrique de l’ouest sur le site de la banque de France, présente pour l’année 2004 les chiffres suivants :
– Benin 733 milliards fcfa = 1,11 milliards d’euros
– Burkina faso 659 milliards fcfa = 1 milliard d’euros
– Cote d’ivoire 4563 milliards = 7 milliards d’euros
– Guinée bissau 97 milliards = 147 millions d’euros
– Mali 984 milliards = 1,5 milliard d’euros
– Niger 445 milliards = 678 millions d’euros
– Sénégal 2336 milliards = 3,5 milliards d’euros
– Togo 823 milliards = 1,25 milliard d’euros

Le mécanisme de ces chiffres est le suivant : lorsqu’un pays comme la Côte-d’Ivoire vend du cacao pour un million de dollars aux USA, ces derniers versent 1 million de dollars au trésor français qui retient 65 % ( la part de la Banque de France) et donne 35 % à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Dans ces conditions, peut-on parler rellement d’aide à l’Afrique ? peut-on parler de la pauvrété des agriculteurs africains quand d’une part, les prix extrêmement bas fixés par ailleurs par les acheteurs du Nord et d’autre part, la retenue injusfiée du trésor français d’une partie du produit de la vente? Ces données chiffrées balaient d’un revers de la main les arguments fallacieux et les contrevérités sur la prétendue géneurosité sans contre partie de la France envers l’Afrique. La richesse des pays du Nord est aussi bâtie en partie sur l’exploitation et le pillage du tiers-monde et en particulier de celui de l’Afrique.

Dans ces conditions d’exploitation et de pillages impérialistes, la misère des masses populaires croît à un rythme exponentiel. Pourquoi s’étonner alors de la vague d’immigration des Noirs vers le Nord ? La loi naturelle qui régit l’être humain, c’est l’instinct de survie. Il est tout autant naturel que les Hommes migrent vers les pays où ils pourraient assurer leur survie et cela d’autant plus que la prospérité des pays du Nord est pour une bonne partie basée sur l’exploitation et les pillages des ressources naturelles et de l’exploitation humaine des pays du Sud depuis la traite négrière.
La migration hivernale des oiseaux de l’hémisphère Nord vers l’Afrique procède de cette logique de survie. C’est une loi immuable et naturelle de l’être humain.
Pour l’Afrique, continent jeune (70% de la population a 25 ans), dotée d’immenses ressources naturelles faune, flore et minières (forêts, fleuves, rivières, gibiers, poissons, pétrole ,diamant, uranium, coltan, phosphates, fer,…), l’immigration ne serait qu’un vague souvenir lointain si seulement la domination militaire, économique, culturelle, l’exploitation et les pillages des ressources humaines et naturelles du continent cessaient. L’unique alternative pour notre continent est de conquérir sa véritable indépendance militaire, économique et politique par tous les moyens. Quand les Peuples du Tchad et ceux des autres pays de la Françafrique choisiront librement leurs dirigeants et leurs projets de sociétés sans se voir imposer militairement les Présidents ou mieux encore ces gouverneurs délégués (gardiens des temples coloniaux de l’acabit de Idriss Déby au Tchad) par les réseaux mafieux de l’impérialisme français, ils sauront trouver les ressources endogènes nécessaires pour bâtir des Etats de droit, prospères qui seront au service de leur bien-être et des intérêts du continent africain.
Excellence Monsieur le Président, la situation est gravissime au Tchad. Elle est intenable pour notre Peuple. Accepteriez-vous de vivre sous un tel régime criminel et de terreur? Qu’auriez-vous fait en tant qu’être humain qui aspire simplement à la vie comme tous les autres? Quelle serait votre réaction face à ces horreurs indescriptibles? Toute communauté humaine victime d’une telle barbarie se doit de réagir en opposant son droit à la légitime défense pour sa survie. Nous osons espérer que vous nous compreniez et ce, malgré les intérêts qui seraient les vôtres, cependant, hélas, contraires aux nôtres. Parmi ces derniers, le premier intérêt et le plus élémentaire est le droit à la vie au Peuple tchadien.
L’article 15 de la Constitution de la République française stipule « Le Président de la République est le chef des armées. Il préside les conseils et comités supérieurs de la Défense nationale ». À ce titre, il est légitime que notre Peuple qui vient de perdre encore plusieurs centaines de personnes hormis les victimes des dégâts collatéraux suites aux bombardements de l’aviation française, vous tienne directement responsable de la dernière double intervention de l’armée française de l’opération épervier au Tchad. Selon les estimations du FUCD et des parents de victimes, environs 500 personnes auraient péri sous ces bombardements de l’aviation française le 13 avril 2006. L’Association Tchad Paix et Libertés (ATPL) dans un communiqué de presse livre le triste bilan des combats : « Le jeudi 13 avril 2006, tôt dans la matinée, les forces armées françaises stationnées au Tchad, usant de leurs moyens militaires aériens (hélicoptères, Jaguar et Mirage 2000) ont ouvert le feu sur les forces rebelles à l’entrée de la capitale tchadienne N’djaména. Les tirs des avions français ont tués des populations civiles innocentes. Plusieurs personnes ont été atrocement blessées, décapitées et certaines ont succombé sur place faute de soins d’urgence. Plusieurs autres personnes sont admises à l’hôpital. L’ATPL a dénombré, provisoirement, 23 victimes civiles dont 7 enfants, 5 femmes et 11 hommes (…) Les forces françaises viennent par ce forfait endeuiller le Peuple tchadien martyr, saigné dans son âme et sa chair. Ce crime odieux ne peut en aucun cas être assimilé à des tirs de semonces. C’est une action préparée et exécutée à un moment précis et dans un périmètre bien choisi. L’ATPL assimile cette opération militaire des forces françaises à un crime de guerre et demande que les responsables soient identifiés et jugés».
L’Express écrit « En quelques heures, les « rebelles » sont balayés ; le bilan officiel dénombre 400 morts, dont 370 rebelles, 250 prisonniers. Le quotidien Le Monde du 16 avril rapporte les termes des observateurs de cette intervention militaire française : « Ce qui s’est passé jeudi matin tient de la boucherie (…) les deux hôpitaux de la ville étaient saturés, la morgue débordée ». Le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray, a de son côté sommé vous-même et le gouvernement le mardi 18 avril 2006, de « clarifier » le rôle joué par l’armée française au Tchad lors de la tentative de prise de la capitale N’Djamena le 13 avril par le Front Uni pour le Changement Démocratique (FUCD).
Des centaines de Tchadiens ont été lâchement assassinés et mutilés par l’intervention militaire française.
Eu égard à cette barbarie de votre politique, Excellence Monsieur le Président, n’attendez pas de notre Peuple un silence complice, de la résignation ou une quelconque capitulation face à cet odieux crime contre l’humanité dont il est victime.
La réaction légitime du Peuple pour se débarasser du tyran dictateur Idriss Déby Itno va se poursuivre et croître en puissance. Il choisira la riposte appropriée eu égard à la gravité de la situation et à l’ampleur des crimes commis.

Avec un cynisme déconcertant, nous avons assisté à une auto-déculpabilisation du gouvernement français en des termes blasphématoires pour nos morts : Le gouvernement français prétend qu’il n’y a pas eu d’intervention militaire directe ; mais son appui logistique est évident : transport de troupes, de matériel militaire…« Les missions de renseignement et d’appui ont joué un rôle décisif » explique Le Monde, « l’armée tchadienne a été informée heure par heure de l’avancée des colonnes rebelles survolées par les Mirage français». Elle laisse l’armée tchadienne faire le sale boulot : « Nous avons informé les Tchadiens ; ils se sont débrouillés» explique un capitaine de parachutistes de l’armée française.
Le lieutenant-colonel Fabien Bajon Amal, commandant du groupement tactique air d’Épervier déclara « le mercredi 12 avril, une de nos patrouilles Mirage F1 a repéré à 250 km d’ici une importante colonne d’une cinquantaine de véhicules remontant vers N’Djamena. Nous l’avons suivie pendant une heure trente, en vérifiant auprès de l’état-major tchadien qu’il ne s’agissait pas de leurs soldats. Décision a alors été prise de tirer un coup de semonce. Un Mirage a fait un tir canon de 0,15 seconde, ce qui équivaut à une quinzaine d’obus tirés à 50 mètres en latéral de la colonne. C’était un avertissement. Il n’a pas été pris en compte. Nous avons suivi en permanence l’avancée de la colonne jusqu’à N’Djamena ». Le récit est appuyé par les propos du colonel Jean-Luc Mansion, commandant depuis août 2005 du dispositif Épervier, qui raconte : « La colonne rebelle a été repérée, suivie et pistée tout au long de sa progression. Jamais, nous n’avons été en situation d’avoir à montrer notre détermination. La mission a été prise en compte par les Tchadiens qui ont su réagir et anticiper ». Le ministre tchadien des Droits de l’homme, un proche du président Déby, ne dira pas autre chose : « Nos amis de chez « Épervier » nous ont permis de détruire la colonne rebelle par les renseignements qu’ils nous ont donnés. Nous avions décidé de laisser les rebelles entrer en ville. On ne pouvait pas les détruire avant, à cause de la configuration du terrain » ( Source : Notre Voie du 21 Avril 2006).

Quelle que soit la forme de soutien français au Général-Président Idriss Déby Itno, le Peuple tchadien victime de ce dictateur ne trouverait aucune circonstance atténuante à cette politique coloniale et impérialiste de la Françafrique qui le décime depuis des décennies. Les guerres ont toujours été remportées par une logistique soutenue et des renseignements fins et efficaces. La France ayant fourni ces éléments décisifs de la contre offensive victorieuse de l’armée gouvernementale est incontestablement partie prénante. Il n’y a, par conséquent, aucune ambiguité possible sur l’intervention et la participation directe de l’armée française pour soutenir le président tyran contre le Peuple tchadien insurgé.

Du 14 mars au 13 avril 2006, l’espoir de notre Peuple de chasser du pouvoir le criminel invétéré, le Général-Président Idris Déby Itno a été une nouvelle fois brisé :

1- Selon une dépêche de l’AFP, le 14 mars dernier, c’est sous bonne escorte de l’Armée française que le Général-Président Idriss Déby Itno a regagné le palais rose, à son retour précipité de Guinée-Equatoriale où lui avaient été communiqués des renseignements sur le coup d’état en préparation.

2- Le 20 mars dernier l’Armée française a assisté l’Armée nationale tchadienne dans son offensive contre deux forces de l’opposition, le SCUD de Yaya Dillo Djerrou et le RPJ de Tollimi Abakar dans la localité de Hadjar Marfaïne à l’Est. Rappelons que ces deux mouvements appartiennent au Rassemblement des Forces Démocratiques (RaFD) dirigé par Tom Erdimi. Le communiqué de presse du 22 mars du leader du SCUD Yaya Dillo Djerrou accuse sans détours les forces aériennes françaises d’avoir transporté sur le théâtre des opérations «tout le matériel militaire et les troupes gouvernementales tchadiennes» tandis que «des avions de surveillance» français suivaient « en direct les déplacements des troupes du SCUD».
Toujours selon ce communiqué, « Idriss Déby a préparé son offensive de bout en bout avec l’appui actif de l’ambassadeur de France et grâce à la logistique de l’opération Epervier au Tchad», « les hélico français n’ont cessé de faire des navettes incessantes entre Abéché, Adré et les champs de bataille, fournissant hommes et matériel aux forces gouvernementales. Idriss Déby a été escorté par l’armée française dans un avion français à Farchana ; de Farchana, c’est dans un avion français qu’il a été ramené à Abéché dans la soirée du 20 mars »…

3- Trois semaines plus tard, le 13 Avril, les forces d’un autre mouvement armé d’opposition, le FUCD du Capitaine Mahamat Nour, parties depuis l’Est du Tchad, étaient arrivées aux faubourgs de N’Djaména. Le régime criminel du Général-Président Idriss Déby Itno était sur le point d’être anéanti. Cependant, hélas, l’intervention directe de l’armée française qui a coûté la vie à plus de 500 combattants du FUCD selon le porte parole du Mouvement a permis de sauver le dictateur et de consolider son pouvoir. Outre ces victimes militaires, plusieurs civiles ont été tués pendant et après les combats. Le gouvernement continue les exécutions sommaires et les arrestations en accusant des centaines de civiles de sympathie, d’intelligence ayant des liens de parenté ou appartenant simplement à la même ethnie que les leaders des mouvements armés. La peine collective est la règle d’or du régime foulant ainsi au pied la norme élémentaire d’une justice civilisée et des Droits de l’Homme.

Excellence Monsieur le Président, oseriez-vous encore justifier ces interventions militaires françaises contre une prétendue agression extérieure du Tchad ? ou pour instaurer la démocratie au pays de Toumaï ? Pour notre Peuple, ces deux dernières interventions ont pour unique objectif de sauver le trône du dictateur Général-Président Idriss Déby Itno, menacé de toute part par les mouvements armés FUCD, MDJT, RaFD,TELSI, MPRD…qui incarnent la légitime résistance populaire du Peuple tchadien insurgé contre la tyrannie.
L’Armée de la République française, pays de démocratie et berceau des droits de l’Homme, qui, loin d’instaurer la démocratie, défend incontestablement, consolide et pérennise la dictature au Tchad. Ces interventions témoignent si besoin en était de l’hypocrisie de la France officielle, cette politique coloniale et impérialiste qui dénie aux Africains et au peuple tchadien, le droit à la démocratie, à la liberté et à l’indépendance. Cet impérialisme dans le pré-carré, communément appelé Françafrique selon la terminologie de l’Association française, Survie, créée par François-Xavier Verschave, est une réalité qui heurte la conscience de tous les véritables démocrates du monde.

Excellence Monsieur le Président, en votre âme et conscience, accepteriez-vous de vivre sous un régime criminel comme l’est celui du Général-Président Idriss Déby Itno ? N’avez-vous jamais pris connaissance des crimes contre l’humanité commis par ce personnage de nature criminogène?
Nous osons fort douter vue l’omniprésence des bases militaires françaises et ses 1200 hommes, les quelques 2000 civiles et surtout le véritable Gouverneur du Tchad, l’Ambassadeur de France, M. Jean-Pierre BERÇOT dont les déclarations sont une offense et un véritable mépris pour notre Peuple.
Dans son discours prononcé lors de la Fête Nationale du 14 juillet 2005, M. Jean-Pierre BERÇOT déclarait «…. Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte les Droits de l’Homme et non pas une presse qui désigne à la vindicte populaire d’honorables citoyens tchadiens présentés comme traîtres à leur ethnie, en les qualifiant de façon humiliante de « Laoukoura » ; Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte la dignité nationale tchadienne et non pas une presse qui cherche à salir, par tous les moyens, l’image extérieure du Tchad et des Tchadiens ».
La presse tchadienne fustigée par l’Ambassadeur remplit avec courage et professionnalisme son devoir d’information mais aussi de résistance contre la tyrannie du régime. Les multiples embastillements, les tortures, les mises en sac des locaux des journaux…dont sont victimes les journalistes indépendants tchadiens témoignent de la nature dictatoriale du pouvoir. Les rapports des associations des Droits de l’Homme, la FIDH, de RSF, LIDH, Amnesty International, LTDH stigmatisent la nature du régime. Exception faite pour son Excellence Monsieur l’Ambassadeur qui demeure, lui aussi, aphone et aveugle.
Dénoncer les collabos et le brain-trust du dictateur, fustiger les crimes commis par le pouvoir…sont aux yeux de Monsieur l’Ambassadeur, le crime de lèse-majesté et mérite l’embastillement.
Un Ambassadeur est le porte-parole de son pays. L’absence de toute réaction officielle du gouvernement français aux agissements diplomatiquement incorrects de M. Jean-Pierre BERÇOT, signifie approbation et encouragement dans le mépris de notre Peuple.
Cette politique néo-coloniale de la France en Afrique a été reconnue et dénoncée par une imminente personnalité française et de surcroît le présidentiable de la droite (UMP). En effet, le Ministre d’Etat Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozi a affirmé dans son discours à Cotonou (Bénin) le 19 mai la nature criminelle, mafieuse, néo-coloniale de la politique africaine de la France (la Françafrique). Il a stigmatisé la Françafique en ces termes :« Au Bénin, je constate que l’Afrique aime la France. Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé et des obsolescences qui perdurent de part et d’autre de la Méditerranée(…) Il nous faut nous débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent. A nous aussi de débarrasser la relation Afrique-France de ses fantasmes, de ses mythes qui la polluent. La France n’a pas les intentions et l’influence qu’on lui prête » (Cf. Dépêches de l’ Agence Reuters du 19 mai 2006) Ce petit pas courageux de reconnaissance des affres de la Françafrique sur les populations africaines est certes louable. Cependant, les victimes attendent des actes concrets avec la disparition complète et irréversible de ce cancer diplomatique, les sinistres réseaux mafieux.
Plusieurs associations et Partis politiques de l’hexagone ont eux aussi condamné l’intervention militaire française au Tchad : Dans un communiqué du 19 avril 2006, les Verts ont écrit : « Les Verts demandent le retrait de la présence militaire française au Tchad. Ils dénoncent le soutien politique et militaire constant de la France à Idriss Deby et son soutien à l’élection présidentielle du 3 mai qui, dans le contexte, promet d’être une nouvelle mascarade ».
Arlette Laguiller dirigeante de Lutte Ouvrière, s’insurge contre l’impérialisme et le capitalisme français : « En protégeant les régimes locaux, l’armée française protège les groupes capitalistes qui pillent les richesses naturelles de ces pays (…) Les relations entre la France et l’Afrique, c’est tout cela. Y mettre fin, ce serait mettre fin à un système économique et social fait pour polariser la richesse entre quelques mains en appauvrissant la majorité de la population. Les travailleurs n’ont pas à être rendus complices, même indirectement. Troupes françaises, hors du Tchad et de toute l’Afrique!» (Cf. Éditorial des bulletins d’entreprise du 24 avril 2006).
Le Parti Communiste Ouvrier de France (PCOF) dans son mensuel, La Forge n° 462 d’avril 2006, écrit : « Rompre avec la « françafrique », au Tchad et ailleurs. L’armée française vole au secours de Déby . Le régime de Déby est porté à bout de… fusil par l’armée française. Au nom du « maintien de la stabilité » d’un régime corrompu, (…) Il s’agit, ni plus ni moins, d’une opération de guerre, avec des moyens terrestres et aériens français… ».

David Mozersky, analyste de Crisis Group (une institution internationale d’étude sur la paix basée à Bruxelles) dans un rapport publié le 01 juin 2006, affirme « l’absence au Tchad d’un espace politique national a transposé les différences politiques sur le terrain militaire », Selon ce rapport, « les seize années au pouvoir de Déby ont été marquées par plusieurs tentatives de coups d’Etat et rébellions, réprimées avec une extrême violence ou partiellement résolues par l’expulsion de dissidents vers le Soudan ou la République Centrafricaine. Le Tchad a connu une paix relative mais jamais la réconciliation. Renégocier le contrat social aurait affaibli les puissants groupes militaires et enclenché un processus politique sur lequel Déby n’avait pas le contrôle.
L’offensive rebelle d’avril 2006 a mené le Tchad au bord d’une guerre civile généralisée. En repoussant le Front uni pour la démocratie et le changement (FUCD) hors de la capitale N’Djamena, Déby a obtenu une victoire qui n’a militairement rien achevé mais a souligné la fragilité politique du régime. Le succès de l’armée est surtout dû aux renseignements et à l’appui logistique fournis par la France ».

Excellence Monsieur le Président, au nom d’une fumeuse théorie de la stabilité en Afrique francophone, la France continue de dépenser des sommes importantes d’argent des contribuables pour entretenir des bases militaires dans certains pays du continent (Djibouti, Sénégal, Gabon, Tchad, Côte-d’Ivoire…) depuis l’époque coloniale.
Quarante six ans (46 ans) après les indépendances nominales, nous constatons que les interventions militaires françaises augmentent en nombre et en qualité sans pour autant asseoir une quelconque stabilité politique et économique pour les populations. En revanche, ces interventions militaires ont toujours permis le sacre des dictateurs, de les sauver, de les protéger et enfin, de pérenniser leurs pouvoirs contre les Peuples insurgés qui se battent les armes à la main pour se libérer des tyrans imposés par la France.
L’opération Manta au Tchad en 1983 a permis à la France de déployer des Forces gigantesques jamais mises en œuvres sur le continent Africain depuis la fin de la guerre d’Algérie : en effet, on a pu dénombrer 6 Jaguars, 4 Mirages F1, 2 ravitailleurs en vol C-135, des missiles anti-chars Millan,des canons monotubes de 20mm, des automitrailleuses légères AML, des lances-roquettes LRAC de 89 mm, des mortiers de 120 mm, des radars Olifan, des chars motorisés Lohr et environ 4.000 hommes. Tandis que l’opération épervier qui succède à l’opération Manta depuis 1986 mobilise 1.200 hommes six Mirage F1, un ravitailleur en vol, trois Transall et trois hélicoptères (Source : Libération du 14 avril 2006).

Pendant la percée victorieuse du FUCD à N’Djaména,150 militaires supplémentaires de la base du Gabon sont venus renforcer le dispositif épervier au Tchad, soit 1.350 hommes et cet important matériel pour voler au secours du tyran Idriss Déby en liquidant la colonne du Peuple insurgé composée de centaines de combattants.
Outre l’argument du maintien de la stabilité pour justifier les interventions ou expéditions coloniales françaises, les différents gouvernements français invoquent mécaniquement et inlassablement la lithanie reprise le 14 avril dernier par le Ministre de la Coopération Brigitte Girardin qui parle de l’application des accords de coopération militaire «… ce que nous avons fait lors de la tentative de coup d’Etat en apportant au Tchad une assistance logistique et une aide en matière de renseignements ». La France doit enfin « assurer la sécurité » de ses quelque 1.500 ressortissants » a-t-elle déclaré.

Officiellement, la France n’a le droit d’intervenir militairement aux côtés des forces tchadiennes qu’en cas d’agression extérieure, ceci depuis la signature d’un accord de coopération militaire datant de 1976 sur l’assistance technique et la formation des militaires tchadiens qu’apporterait la France. Ce ne fut pas le cas lors de la dernière intervention de la France aux côtés des forces gouvernementales contre le FUCD mouvement politico-militaire tchadien.
Le « maintien de l’ordre intérieur est maintenant assuré par la France. Y aurait-il une clause secrète de ces accords qui autoriseraient la France de faire la police dans un pays indépendant ? Le combat entre le FUCD et les troupes gouvernementales est un conflit tchado-tchadien. Le Tchad n’est pas victime d’une quelconque aggression extérieure comme le Gouvernement aime à le rassasser. N’inversons pas les rôles : c’est plutôt le gouvernement du Général Idriss Déby qui déstabilise la sous-région de l’Afrique en envoyant ses troupes combattre aux côtés du Mouvement de Libération du Soudan (MLS) , l’un des mouvements armés qu’il a créé par solidarité tribale. «Dès l’année 2003, explique un spécialiste, vous pouviez parfois voir des soldats de l’armée tchadienne, directement reconnaissables, aux côtés de rebelles du Darfour» (Cf. Laurent Correau, RFI du 21/04/2006). Les rebelles soudanais étaient aussi venus en renfort de l’armée tchadienne dans les combats du 13 avril, et celui du 18 décembre dernier selon plusieurs sources concordantes «Les rebelles du Darfour circulent librement en armes à Adré, explique un habitant de la localité, il y avait même, en 2004, un bureau qui est fermé depuis. Les militaires d’Adré ne se cachent même plus de ce soutien (Cf. Laurent Correau, RFI du 21/04/2006).
Le corps expéditionnaire tchadien a renversé le Président centrafricain démocratiquement élu, Ange-Félix Patassé, en mars 2003 et s’était aussi illustré au Congo Brazzaville…
Enfin, autre raison évoquée par les officiels français pour justifier les interventions militaires est la protection de leurs ressortissants au nombre de 1.500 au Tchad. Ces derniers n’ont jamais été directement ménacés par les insurgés du FUCD d’une part, et d’autre part, les moyens considérables mis en place pour leur évacuation va au-delà du strict besoin humanitaire. Les multiples insurrections armées au Tchad n’ont pas jamais visées les ressortissants français. En revanche, les interventions militaires françaises ont coûté la vie à plusieurs milliers de morts et mutilés tchadiens.
La dernière intervention contre le FUCD aux portes de la capitale a semé la mort dans les rangs de la population :500 morts en quelques heures,soit le tiers des ressortissants français dans le pays.

De 1978 à 2003, on a dénombré 20 interventions militaires en Afrique (source : L’Express du 27.10.2005). Celles du Tchad de 1968, 1969, 1976, 1983, 1986 et 2006 sont une tragédie pour notre Peuple car des milliers d’orphelins vivent dans un dénuement total.
Excellence Monsieur le Président, le bilan de ces interventions militaires au Tchad sont négatives et anachroniques. Elles sont d’abord onéreuses pour les contribuables français. Elles n’ont apporté ni sécurité, ni stabilité, ni développement socio-économique, ni démocratie, ni liberté et Droits de l’Homme aux Tchadiens. Selon l’indice 2006 des « Etats en échec » publié par la revue spécialisée américaine Foreign Policy, le Tchad occupe la 6ème place parmi les pays les plus vulnérables du monde. Le seul succès des interventions militaires françaises au Tchad et Afrique, c’est d’avoir légitimé et institutionalisé les dictatures en système de gouvernement au service des intérêts exclusifs de la France.
Notre Peuple a encore présent dans son esprit, l’implication de la France dans le Génocide au Rwanda.Cela est inquiétant et abominable. En effet, Plusieurs ouvrages dont le rapport de la Commission d’Enquête Citoyenne(CEC)sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 (22-26 mars 2004) confirment la responsabilité de l’hexagone dans cette tragédie humaine du siècle qui a coûté la vie de 800.000 à 1 millions de Rwandais en 100 jours (Sources : « Imprescriptible: l’implication française dans le génocide tutsi portée devant les tribunaux» de Géraud de La Pradelle, Editions Les Arènes 2005 et « L’inavouable » du journaliste de Figaro Patrick de Saint-Exupéry, Éditions Les Arènes, 2004). Ce reflexe de génocide de la France en Afrique serait-il une tradition de la Françafrique ? serait-il un rite banalisé dont ont retrouve la quintessence dans la déclaration de juillet 1994 du Président François Mitterrand : «Dans ces pays-là, un génocide, c’est pas trop important.»(propos rapportés par le Figaro du 12 janvier 1998)

Excellence Monsieur le Président, votre refus persistant de changement de la politique africaine de la France teinté de mépris pour les souffrances de notre Peuple aurait de fâcheuses répercussions sur les relations futures entre le Tchad et la France. Les rancoeurs, les humiliations, les souffrances, l’exaspération accumulées par le Peuple tchadien sous les dictatures imposées par la France resteront à jamais gravées dans la mémoire collective des Tchadiens.
Le sentiment anti-français qui monte au sein de la population tchadienne des villes et campagnes est une réalité que vous devriez prendre en considération.
Selon un recent sondage auprès des lecteurs de Jeune Afrique, l’Intelligent, à la question suivante : « La France a apporté son assistance militaire au président tchadien Déby Itno face à l’offensive de la rébellion. Comment jugez-vous ce soutien? », 62,7% jugent négatif ce soutien qui s’apparente à du néo-colonialisme.
La même question posée aux Tchadiens reccueillerait incontestablement plus de 90% d’opinion négative comme en témoignent toutes réactions qui foisonnent dans les journaux et sites internet tchadiens.

Excellence Monsieur le Président , le Peuple tchadien comme celui d’Algérie se souviendra encore longtemps de ses milliers de morts causés par l’impérialisme français et ses exécutants locaux, les dictateurs de la Françafrique incarnés par le Général-Président Idrss Déby Itno.
Dans son allocution à l’occasion du 61èmeanniversaire des massacres de Sétif par les troupes coloniales françaises le 8 mai 1945 et qui a fait environ 45.000 morts, le Président Algérien Adelaziz Boutéflika déclara « Il eût sans doute mieux valu, dans l’intérêt de nos deux peuples et de leur amitié qui n’en existe pas moins fût-ce en pointillé et de manière interstitielle, que des Français disent à d’autres Français, de manière calme et ferme : Oui,
notre aventure coloniale a été génocidaire. Oui, colonisation n’a pas rimé avec modernisation, mais avec décivilisation. Oui, notre Etat doit se purger de sa face obscure, de sa face colonialiste et pour cela, comme l’ont fait d’autres Etats à travers le monde, présenter ses excuses aux peuples auxquels il a imposé son oppression colonialiste et en particulier au peuple algérien qui l’a subie de manière si longue, si brutale, si multiforme, si génocidaire.»
Ce refus de changement qui allie le mepris et une certaine condescendance des Gouvernements français sur les Peuples colonisés, touve son illustration dans la réaction du Gouvernement et du Peuple algérien qui, 61 ans après les massacres de Sétif, refusent toujours de signer le traité d’amitié entre les deux pays.

Excellence Monsieur le Président, nous osons encore espérer qu’un sursaut d’humanité, d’humanisme et de raison puisse encore traverser votre esprit. Vous pourriez ainsi poser les jalons d’une nouvelle politique africaine de la France, débarrassée du paternalisme futile et encombrant , de l’impérialisme, du néocolonialisme et pour le respect des peuples africains. C’est seulement dans ces conditions alternatives que vous éviterez le risque majeur et irréversible que vous faitescourir aux relations futures entre la France et l’Afrique.
Les Trois (3) conditions urgentes, immédiates et rationnelles que notre Parti, l’ACTUS exigerait pour l’amorçage de cette nouvelle politique de coopération sont :

1- Le retrait inconditionnel des Troupes et la fermeture des bases militaires françaises du
territoire national tchadien ;

2- Laisser notre Peuple élire démocratiquement et librement son Président sans aucune
imposition et interférence de la France ;

3- Laisser notre Peuple choisir librement son système politique, économique et son projet
de société qui seraient conformes à nos légitimes aspirations.

Excellence Monsieur le Président, notre Peuple lutte pour une coopération et un projet de société choisis et non subis car imposés par l’impérialisme français.
En figeant la situation actuelle, contre la volonté des masses populaires tchadiennes, vous vous associez de facto et irréversiblement au dictateur, le Général-Président Idriss Déby Itno. Vous serez aussi personnellement comptable et coupable de ses crimes contre l’humanité,lesquels seraient juridiquement partagés par la France et surtout malheureusement par cette infime partie de Français lucides, éclairés et clairvoyants, qui incarnent la France internationaliste, progressiste, généreuse et humaniste.
À cette minorité progressiste, le Peuple africain est solidaire et lui exprime sa profonde reconnaissance et gratitude. L’Afrique qui lutte pour sa liberté, sa dignité et son indépendance véritable saurait faire la différence entre ses oppresseurs et ses alliés de classe.
Excellence Monsieur le Président, prendriez-vous le risque d’être jugé devant l’histoire pour crimes contre l’humanité aux cotés de votre Ami, le dictateur Général-Président Idriss Déby Itno? Dans l’affirmatif, vous ternirez voire compromettrez à jamais l’honneur, la dignité et le rayonnement de la France dans le monde et particulièrement en Afrique.

Dans l’espoir que la volonté du Peuple tchadien soit strictement respectée, nous vous prions de croire, Excellence Monsieur le Président de la République Française, à l’assurance de notre haute considération.

Pour l’Action du Tchad pour l’Unité et le Socialisme (ACTUS)
Le Secrétaire Général
Dr LEY-NGARDIGAL Djimadoum

Courriel: actus@club-internet.fr
Tél: 00 33(0)6 29 97 25 71