On pourrait croire que Clearstream est une entreprise comme les autres et que ce qui est important aujourd’hui, c’est de savoir si cette liste a été falsifiée ou non, et que toute cette histoire n’est qu’un règlement de compte entre candidats à la présidence. On peut le croire si l’on pense que Clearstream n’est qu’un courant clair et lumineux.

A l’heure des réseaux informatiques mondiaux, l’argent circule en quelques secondes d’un paradis fiscal à l’autre sous couvert de sociétés Off Shore. L’anonymat et l’impunité sont aujourd’hui assurés.
L’émergence de la globalisation financière et le développement exponentiel des flux de capitaux internationaux se sont appuyés sur la transformation de l’argent en données informatiques passant automatiquement d’un compte à un autre par le biais de « chambres de compensation » internationales.
Aujourd’hui, le dénouement de toutes les transactions financières internationales est assuré par une société de « routage financier », Swift, et par deux chambres de compensation internationales, Euroclear et Clearstream, qui jouent le rôle de facteurs et de notaires du monde financier globalisé. Clearstream a traité l’échange de 50 mille milliards d’euros en l’an 2000, soit 30 fois le BIP de la France.

Cette société de l’ombre, dont la majorité des actions est détenue par une société de bourse, détient des comptes secrets, ouverts par des filiales de grandes banques situées dans des paradis fiscaux. Ces comptes ne sont pas intégrés dans la comptabilité, échappant ainsi à tout contrôle, certaines transactions sont même effacées, l’opacité règne. Pourvoyeur de corruption d’hommes de pouvoir, de fraudes financières et de blanchiment d’argent, Clearstream réintroduit dans le système financier normal des capitaux à l’origine illégale et prospère dans l’ombre. La généralisation de pratiques hors la loi conduit à la criminalisation de l’économie et de la finance. Il n’est plus possible de discerner une affaire mafieuse d’une autre.
Les transactions sur le seul marché des changes représente aujourd’hui environ 50 fois le montant des échanges de bien et de service de l’économie « réelle ». 1 600 milliards de dollars circulent tout les jours, sans compter les produits dérivés négociés entre particuliers. 80 % des opérations financières se déroulent hors-marché, de gré à gré entre ordinateurs de particuliers, sans comptabilité, sans contrôle et sans entrave. L’économie se dématérialise.

Ces gigantesques spéculations planétaires se réalisent au détriment de l’économie apparente, de l’investissement, des salaires et de l’emploi, appauvrissant les populations. Ce fantastique pillage des richesses échappe à tout contrôle et à tout discernement. Ce que le spectacle cache par trop d’informations c’est cette disparition des richesses qui n’est que le secret de sa domination.

Lukas Stella
http://inventin.lautre.net