C’est vrai qu’il est souvent pénible d’entendre le langage très particulier de la caste politique. Mélange de formules figées, de vérités fortement orientées, d’authentiques mensonges, d’omissions opportunistes, de vacheries faussement ingénues. Une expression connue, dont l’image vaut tous les commentaires, résume parfaitement ce parler : la langue de bois.
C’est vrai que c’est agaçant, mais soyons honnêtes, comment dans le système politique actuel dire la vérité ? Comment concilier l’exigence du suffrage universel, qui impose de faire plaisir au plus grand nombre pour être élu ou réélu, et la réalité de la vie, qui oblige souvent à déplaire à ce même plus grand nombre ? Que le métier de funambule doit être facile !

Mais, ne nous voilons pas la face, si les politiques emploient un tel langage c’est parce qu’ils savent être compris. On ne parle pas chinois quand on veut se faire entendre des Berrichons. Et, si la caste politique a mis en place ce mode de communication, c’est parce qu’elle sait parfaitement être en phase avec ceux à qui elle s’adresse. Il est trop facile de faire semblant d’être choqué par de semblables pratiques, de s’en étonner ingénument, car à oreilles de bois, langue de bois !

L’oreille de bois, c’est celle qui feint de croire les discours qu’elle sait convenus. C’est l’oreille qui s’étonne d’artifices qu’elle cautionne quand ça l’arrange. Qui crie au mensonge alors qu’elle sait que la vérité la ferait hurler encore plus fort. Qui s’arc-boute sur des certitudes qu’elle sait fausses pour défendre les règles d’un jeu complètement dépassé. Qui préfère la proie à l’ombre même si elle sait que la proie n’est plus que l’ombre d’elle-même. Qui choisit de se boucher… les oreilles plutôt que d’ouvrir les yeux. Car, qu’on le veuille ou non, oreille et langue de bois sont issues d’un même arbre ! L’une crée l’autre et toutes les deux se valent et se complètent.

N’accusons pas trop vite la caste politique, elle ne fait que s’accommoder au système actuel dont l’incohérence et l’impossibilité de s’adapter au monde moderne oblige à cette mascarade. Où celui qui parle fait semblant pour ceux qui ne veulent pas écouter. Où une langue s’agite devant une oreille qui se ferme. En démocratie, tout homme politique est obligé d’employer ce mode de communication. D’autant plus, que trop souvent la vérité démocratique oblige à énoncer des choses que l’on sait fausses à des personnes à qui ont veut les faire croire et qui font semblant de les accepter.

Ne nous trompons pas de cible c’est le système qu’il faut avant tout combattre, c’est lui qui oblige à de telles galipettes. Lui seul !