Selon l’agence France-Presse (AFP) le samedi 11 mars 2006 à 0h16, « emblème de l’université française et haut lieu des événements de Mai 68, la Sorbonne est devenue vendredi le symbole de la mobilisation contre le CPE avec son occupation par des centaines de personnes alors que plusieurs dizaines d’autres universités étaient toujours le théâtre de divers mouvements anti-CPE. ».

Dans la même dépêche, on apprend que « des étudiants continuaient de pénétrer vendredi peu avant 23H00 dans la Sorbonne occupée, en montant sur des échafaudages de chantier à partir de la place de la Sorbonne jusqu’à une fenêtre ouverte au troisième étage.

Trois mini barricades ont été érigées vendredi soir boulevard Saint-Michel. L’une au niveau de la place de la Sorbonne peu après l’invasion de l' »Alma mater » la plus ancienne et la plus réputée de France. La deuxième barricade a été installée en face de la place de la Sorbonne et la troisième a été installée à une vingtaine de mètres de la deuxième.

(…) Le sénateur PS de l’Essonne, Jean-Luc Mélenchon, qui était entré dans la Sorbonne, a été contraint d’en sortir rapidement après avoir été « bousculé » par quelques étudiants qui lui ont interdit de prendre la parole, selon de nombreux témoignages recueillis par l’AFP.

A l’intérieur de la Sorbonne occupée, les jeunes se sont réunis en assemblée générale dans un amphithéâtre et ont brandi leurs cartes d’étudiants pour répondre au rectorat qui avait affirmé un peu plus tôt qu’il s’agissait d’ « étudiants radicaux, agitateurs, intermittents du spectacle et sans-papiers ». »

Ce matin vers 9h, une autre dépêche de l’AFP tombait et annonçait l’évacuation de la Sorbonne occupée par la police.

« L’université de la Sorbonne, au coeur de Paris, a été évacuée samedi matin par les forces de l’ordre après une douzaine d’heures d’occupation (…).

Les CRS, qui sont intervenus vers 3h45 sur réquisition du recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités, ont interpellé onze personnes au cours de l’évacuation, a précisé à Reuters un porte-parole de la préfecture de police de Paris (…).

Les occupants ont tenté de se barricader à l’intérieur du bâtiment en empilant des portes, des tables, des chaises, et les forces de l’ordre ont été reçues par « de nombreux projectiles ».

En prenant en compte les heurts survenus vendredi après-midi devant l’université, 31 policiers ont été légèrement blessés au total à la Sorbonne, dont onze lors de l’évacuation, selon la préfecture, qui a aussi signalé « de nombreuses dégradations ».

Le président de l’université de la Sorbonne, Jean-Robert Pitte, a espéré que les étudiants pourraient « travailler dans des conditions normales lundi ».

« Je regrette qu’on ait été obligé d’en venir là », a-t-il dit sur France Info, parlant de « jeunes irresponsables ».

« Un certain nombre de trublions, que je ne qualifierais pas d’étudiants même s’il y en a quelques-uns parmi eux, se sont cru obligés de faire comme leurs parents ou leurs grands-parents et d’occuper la Sorbonne parce que c’est un lieu symbolique ». »

Sur Indymedia-Paris, la parole est laissée aux occupant-e-s des Universités elles/eux-mêmes, le discours est bien différent…

Vendredi soir, 10 mars, « Sorbonne, 23h19, 700 étudiants occupent la Sorbonne, certains rentrent encore par le toit, et 500 manifestants soutiennent devant l’établissement, sur la place de la sorbonne. Derrière eux, des camions dotés de grilles et plusieurs centaines de CRS. La police quadrille le quartier. »

« Certain-es occupant-es et manifestant-es ont été ce soir assez déterminé-es pour en découdre physiquement avec les forces de l’ordre. tables, extincteur, échelles, chaises lancés sur les CRS permettent aux camarades de rester sur le site de la Sorbonne.

Infos fraîches, 2h00 ; ils sont toujours trés nombreux à occuper la Sorbonne et à rester dans le quartier. La police a reculé, sous les ordres. »

Un démenti issu des occupant-e-s de la Sorbonne :

« Suite à de nombreuses interventions, de nombreuses déclarations de tout poils, des occupants tiennent à rappeler qu’ils exigent, entre autres :

– Le retrait de la loi dite « sur l’égalité des chances » Certes, mais également pour commencer :

– Le départ de la police du quartier latin

– L’ouverture du grand amphi pour acceuillir toutes les personnes qui souhaitent se rendre aux AG

Ils rappelent également qu’ils ont appellé en AG tout les mouvement sociaux à les rejoindre dans l’occupation, l’objectif étant, au minima, de faire de la Sorbonne un lieu de débat autogéré, même temporaire.

Ils souhaitent également que ce mouvement se fassent dans toutes les universités, et au dehors. Si les étudiants occupent la fac, c’est parce qu’ils y étudient. S’ils appellent d’autres mouvement sociaux à les y rejoindre, c’est parce qu’ils l’occupent et souhaitent profiter de cet espace pour encontrer de nombreuses personnes, partager des savoirs, des désirs, des pratiques et des expériences.

La Sorbonne qui focalise le débat n’est pas la seule université de France, d’autres fac sont en lutte ou occupées, elles ont besoin du même soutien. Ce n’est pas parce que l’Etat dans lequel nous vivons est centralisateur que nous devons reproduire ce schéma dans nos luttes.

Nous espérons que les occupations vont s’étendre à toutes les universités. Nous espérons que le soutien à ces occupations soit identique partout. Nous espérons que les facultés ne soient pas les seuls bâtiments occupés, mais que cette pratique se généralise dans toute la France dans les jours qui vont suivre.

Nous espérons une grève générale

Nous voulons tout. »

Entre 3h45 et 4h15, les occupant-e-s de la Sorbonne sont évacué-e-s par les CRS.

Des photos de l’occupation de la Sorbonne :

http://www.phototheque.org/174.html?page=4

http://www.phototheque.org/174.html?page=5

A 15h ce samedi 11 mars, sur , Placo dressait un bilan de la nuit du vendredi au samedi autour de la Sorbonne :

« Ceci est une tentative… J’ai recueilli des infos un peu partout…

Une cinquantaine d’arrestations ont émaillé la nuit :

25 suite à l’occupation d’un bâtiment vide sur le boul’mich.

11 ou plus suite à l’expulsion des occupant-e-s…

5 pris sur le fait à côté d’Odéon en train de piquer du bois dans un chantier…

Plus quelques autres… donc on dit 50.

Blessé-e-s :

3 ou 4 chez les étudiant-e-s, les flics ont peu tapé, ils devaient avoir des consignes…

31 blessés chez les condés suite aux lancers de projectiles et batailles de rue.

La Sorbonne n’a pas été véritablement saccagée…

Très peu de tags ou bris de vitres… Certes, des meubles ont été utilisés pour les barricades et comme projectiles… Pas de casse gratuite donc…

Les CRS ont utilisé des haches pour pénétrer dans le Sorbonne : quel manque de respect pour ce lieu historique !

Le passage par le toît, grâce aux échaffaudages de la Chapelle, a permis à beaucoup de sortir et de rentrer sans difficultés : c’était la première fois qu’un tel passage a été libéré depuis trois jours…

Les manifestant-e-s présent-e-s dans la rue ont ainsi joué un rôle crucial…Qu’on ne les accuse pas de provocations gratuites… Illes souhaitaient garder la Sorbonne comme lieu central de la contestation présente et à venir… « Pacifistes » et combattant-te-s ont été finalement complémentaires même si des frictions ont eu lieu : il est temps de comprendre qu’un mode d’intervention unique ne suffit pas. La lutte n’a pas été décrédibilisée par les « violent-e-s » de cette nuit : partout dans les médias, on parle de gentes « décidées »… Certes les mots de « casseurs », « agitateurs », « radicaux » émaillent leur discours pour mieux diviser le mouvement…Il s’agit de ne pas les laisser faire et soutenir tout le monde (et notamment tou-te-s les blessé-e-s et interpellé-e-s quel qu’illes soient)…

Vive l’autonomie des modes d’action !

(n’oublions pas que pendant ce temps-là intermittent-e-s et étudiant-e-s intervenaient sur le plateau de

Thalassa

…).

Les « illégalismes » qui ont permis au gentes de rentrer dans la Sorbonne étaient on ne peut plus légitimes : celle-ci était fermée, nous la voulions.

Aujourd’hui, plusieurs centaines d’articles sur l’occupation :

-avec des condamnations en chaîne des violences policières, ce qui est positif (même l’Unef l’a fait… alors que tout le monde s’attendait à une condamnation des violences de certain-e-s radicaux-les).

– avec des demandes de retrait du projet de partout…

Hollande demande des négociations…voilà un extrat de l’article de

Libé

de ce matin :

« La politisation du mouvement et son durcissement risquent de lui compliquer la tâche. Par la voix de Gilles de Robien, le gouvernement en conteste la légitimité, d’abord en minimisant le nombre des universités touchées, puis en dénonçant des manifestations « peu démocratiques et dangereuses ». Résultat, le leader du syndicat étudiant Unef, Bruno Julliard a haussé le ton vendredi et s’en est directement pris au gouvernement qui, dit-il, « est en train de perdre ses moyens ». Cette brusque montée de la tension, ajoutée aux échauffourées entre étudiants et forces de police, notamment autour de la Sorbonne (lieu à haute valeur symbolique) ont requinqué la gauche. Le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS) s’est « inquiété fortement » vendredi « du recours à des charges de gendarmes mobiles », une « attitude qui crée d’évidence les conditions de dérapages ». François Hollande a exigé l’ouverture « tout de suite d’une négociation sur le CPE », non « sur son application » mais sur le fond afin d' »éviter que le conflit perdure, durcisse et provoque des conséquences dommageables pour tous ». Mais comme pour Villepin, la marge de manoeuvre de Hollande est étroite : en retrait, il risque d’apparaître absent d’un mouvement qui aura sans doute des répercussions sur la présidentielle de 2007. Mais s’il apparaît trop à la roue du conflit, il sera accusé de vouloir le récupérer, au risque de lui nuire… » Libé, le 11 mars (Villepin au coeur de la cible).

… Il est urgent de leur faire comprendre que nous ne voulons pas de négociation, que nous voulons le retrait pur et simple de la loi dite sur l’égalité des chances (et pas que du CPE…). Il est urgent d’empêcher Bruno Julliard de rester le porte-parole que tout le monde appelle : il n’est pas légitime… L’Unef s’est faite dépasser sur toute la ligne… Julliard doit être entarté d’urgence.

Partout en France, l’Unef est mise au rebut par les grévistes

…même si cette orga soutient, nous savons qu’elle a toute les chances de retourner sa veste… notamment si des négociations commencent… Cette orga n’est pas légitime aux yeux de la jeunesse…

Pas d’illusions à avoir non plus sur la presse : ce n’est pas parce que nous avons eu la une un jour que cela va continuer. Au contraire… Il ne faut pas laisser de répit au gouvernement…

et appeler tou-te-s les salarié-e-s, les précaires à nous rejoindre, à se mettre en grève… pour la démission du gouvernement…

pour mettre à plat la politique réalisée depuis des années par la droite (et la gauche)…

La révolte gronde…

…et pas que sur le CPE : les lois sur l’immigration et sur la sécurité quotidienne, la répression des émeutier-e-s, le flicage des chômeur-se-s, l’absence d’alternative à gauche pour 2007, les conditions de travail, la précarité, la vie de merde qu’on nous propose, l’école de l’inégalité, le dépistage précoce des délinquant-e-s, le fascisme sarkozyste ambiant… et la liste est loin d’être finie.

C’est le moment de tout arrêter…

D’occuper des lieux, d’aller voir tout le monde, de prendre la parole partout, de pousser chacun-e à prendre position…

Enfin, quelque chose se passe, ne soyons pas blasé-e-s et organisons-nous pour que cela dure…

Si Sarkozy lâche Villepin… Nous ne lâcherons pas Sarkozy !!! (dites-le partout) ».