Préambule :
Il y a ceux qui ne vont pas dans les festivals en se disant les
intermittents vont nous gâcher le plaisir (salauds de grévistes) et
ceux qui n’y vont pas parce qu’ils ne veulent pas cautiooner la tenue
des festivals contre les intermittents en grève. Le but de ce texte
étant de faire venir ces derniers aux côtés des intermittents, voir
sans eux avec cette déclaration pour que chacun puisse dire ce qu’il
a à dire sur la lutte qui se mène, y compris que sans cette
déclaration, il ne serait peut-être pas là et que justement par leur
présence s’installent une différence avec ceux qui s’en tapent ?
Ce but peut être aussi dit hors de la déclaration mais de vive voix à
tous, les intermittents compris.

Déclaration de spectateurs :

Ne soyons pas les spectateurs des intermittents en grève, soyons avec eux !
Décidons d’être partout à leur côté là où ils ont décidé d’intervenir !
Soyons là où nous décidons d’intervenir pour dire notre accord avec leur lutte.
C’est pourquoi nous diffusons cette déclaration à chaque spectateur !

Nous, spectateurs qui allons au spectacle, déclarons être avec les
intermittents en grève contre la réforme proposée par le gouvernement
et son ministre de la Culture. La seule négociation ,le seul accord
qui existe est un accord avec le MEDEF, la représentation syndicale
des signataires n’étant qu’une inexistence de signature. Le
gouvernement, comme il l’a fait avec les lois Sarkozy sur la
sécurité,sur les retraites, la réforme de l’éducation nationale,
s’apprête à le faire sur la santé et avec les lois sur l’immigration,
a décidé d’une politique contre les gens : une politique de brutalité
libérale et capitalistique.
Le prix de la politique du gouvernement est l’annulation des vies,
l’abaissement des consciences, la désignation de gens comme dits
« dangereux », l’inégalité comme mode de rapports entre les gens de ce
pays.

Les intermittents en décidant de tenir leur précarité comme la
condition réelle de leur travail et même comme la condition réelle de
nos vies à tous, exigent à partir de là une réinterrogation du
rapport entre continuité du revenu et discontinuité du travail qui
est exemplaire d’une liberté pouvant revenir à tous . Dans cette
liberté, il y a la chance de sortir du cercle économique infernal qui
fait que nous devons perdre notre vie à la gagner, puis rentabiliser
nos loisirs pour le capital en nous distrayant de cette perte.

Alors nous spectateurs, n’irons pas briser le mouvement des
intermittents en allant au spectacle, refuserons d’y aller sous
escorte ou protection policière, refuserons la liberté du droit à se
« distraire », ne cautionnerons pas la logique de la petite entreprise
tel que le mettent en avant des directeurs de festival, parce que
nous refusons que des gens demain se retrouvent sans de quoi vivre.
Nous ne serons spectateurs qu’à la condition que les gens qui ont
choisi la précarité comme forme de liberté nécessaire à une création
puissent l’assumer sans être soumis perpétuellement au turnover
marchand et à un horizon composé d’une crainte perpétuelle quant à
leur avenir. Le travail ne peut être réinvesti de sa part
émancipatoire que s’il ne donne pas lieu à ces craintes paralysantes,
mais s’il peut affirmer sa part d’inventivité et de production de
sens qu’il est potentiellement pour nous tous.
Si nous allons aux festivals, ce sera pour apporter notre soutien à ceux qui y
mènent une lutte pour une vie qui en vaille la peine, plutôt que pour
particper du vaste mensonge économique et politique qui commande à
leur reconduction.

Des spectateurs avec les intermittents en grève.

Signataire Profession (la signature pouvant être du style un groupe de Š)

(Nous proposons de l’avoir avec soi quant on décide d’aller à une
initiative,ou un spectacle ,de la lire dans des A.G. et décider
ensemble de la porter partout, de trouver d’autres pour la diffuser
là où l’on décide.)