APRÈS AVOIR SOUTENU l’incendie qui s’est développé à partir de fin octobre dans tout le pays, dépassant largement l’épiphénomène « jeunes de cités » pour contaminer de larges zones du territoire, impliquer des dizaines de milliers de noctambules, et frapper commissariats, écoles, bus, entrepôts et autres supermarchés, nous n’avons pu regarder que d’un oeil bienveillant la révolte du Val Susa, de l’autre côté des Alpes.

CONCERNANT la population entière de cette étroite vallée située entre Modane et Turin, la rage explose contre les débuts de la construction d’une ligne de train fret/voyageurs à grande vitesse. Bien sûr il y a l’uranium et l’amiante qu’ils doivent bouffer avec les futurs travaux, bien sûr il y a le bruit pour vingt ans, bien sûr il y a la montagne éventrée pour le profit de quelques uns. Mais il y a surtout la volonté de préserver envers et contre tout – la technologie, le progrès ou le choix des démocrates élus – un certain rapport à leur environnement et la possibilité de décider par eux-mêmes de leur vie.

DES SABOTAGES entre 1996 et 1998 aux marches sur les sentiers des partisans, puis des manifestations aux grèves sauvages, des blocages de route et voies ferrées aux durs affrontements avec la flicaille pour empêcher les premiers sondages de terrain, ils ont su user en quelques mois d’une grande partie du langage de la critique pour affirmer qu’ils ne veulent pas de cette Grande Vitesse.

ET NON CONTENTS de fêter joyeusement en ces mois d’hiver chaque recul des techniciens venus fouiller la vallée avant de la déchirer, ils poussent en plus le comble jusqu’à se confronter dans de larges assemblées, réfléchir ensemble et comploter contre ce monde.

SI CETTE ATTAQUE de la civilisation a su trouver une réponse collective qui nous en rappelle d’autres (contre le nucléaire à Plogoff ou Chooz par exemple), elle nous a comme première solidarité poussés à publier ce petit dossier en guise d’antipasto.

Quelques révoltés métropolitains