Dans le quartier de Harlem l’agitation suit l’assassinat d’un jeune black de 15 ans par un policier blanc qui n’était pas en service. Le jeune aurait menacé le flic d’un couteau. Les manifestations se transforment en émeutes: les voitures brûlent, les magasins sont pillés, les pavés, les barres de fer et les coktails molotow sont les (faibles) moyens utilisés pour affronter les forces de l’ordre. Les affrontements dans la rue durent pendant quatre nuits et trois journées, puis la vague déborde le quartier de Manhattan pour toucher le quartier de Brooklyn, dans le quartier black de Bedford-Stuyvesant.
_ D’autres villes sont également touchés, il y a ainsi des émeutes dans le ghetto de Rochester dans le nord-ouest de la ville de l’Etat de New York, après que deux policiers blancs aient arrêté deux jeunes black alcoolisés. Le bilan de ces dix journées « chaudes » de New York et Rochester: 7 morts, 800 blessés dont 48 policiers, plus de 1000 arrestations, des millions de dégâts.
_ Ces mois « chauds » ont résonné dans toutes les USA. En été 1965, du 11 au 16 août, c’est le quartier black de Watts, à Los Angeles, qui flambe. Avec comme prétexte l’arrestation d’un black prétendument alcoolisé par des policiers blancs . La presse WASP (white anglo-saxon protestant) se déchaîne contre la « plèbe noire ». Résultat: 35 morts, 800 blessés, 700 maisons incendiées, dévastation sur un périmètre de 77 km², 500 millions de francs de dégâts.
_ Eté 1966, ce sont plus d’une vingtaine de villes qui soulèvent dans toutes les USA. Entre autres: Jacksonville en Floride, Sacramento en Californie, Omaha au Nebraska, New York, Los Angeles, San Francisco, Chicago. Dans cette dernière ville le prétexte fut que la police avait chassé des enfants qui profitaient d’une bouche à incendie pour se rafraîchir. Le point culminant de cet été, ce fut à Cleveland, dans l’Ohio, avec les affrontements avec la garde nationale. A la fin de cet été il y avait 12 morts et 400 blessés.
_ En 1967, dans le quatrième « été brûlant », plus de 100 villes étaient touchées par les soulèvements, notamment Newark (dans le New Jersey, pas loin de New York) et Detroit. A Newark les heurts durèrent du 12 au 17 juillet après qu’un taxi black ait été arrêté. A peine arrêtées des centaines de personnes se rassemblent et jettent des pierres et des bouteilles sur la police. Cette ville de 405.000 habitantEs se transforma en champ de bataille, il y eut 27 mortEs (dont 25 noirEs), 2000 blesséEs. En 60 endroits il y avait des incendies, des blocs de maisons étaient criblé de balles, les magasins du centre-ville avaient été pillé, des engins blindés patrouillaient dans toute la ville avec des soldats armés de pistolets-mitrailleurs, 1500 noirEs furent envoyés en prison.
_ Mais ce qui se passa du 24. au 28 juillet à Detroit dépassa tout cela. Robert Kennedy parla « de la plus grande crise américaine depuis la guerre civile », le Washington Post de « la plus grande tragédie dans la longue histoire des explosions des ghettos de couleur ». Après une razzia de la police contre un café clandestin black, c’est l’émeute et la répression. Les tanks sont dans les rues avec des parachutistes en formation, on tire contre les gens dans les rues et sur les places. Des dizaines d’hélicoptères mitraillent les fenêtres. Des pans entiers de la ville furent en feu, les rues étaient dévasté. Dans les quatre journées et nuits d’affrontements la police, la garde nationale et les parachutistes de la 82ème et 101ème division (qui s’étaient illustré au Viêt-nam) reprennent le terrain, rue par rue, dans ce qui est tout de même la cinquième plus grande ville US, la capitale mondiale de l’automobile.
_ Le système judiciaire fut totalement débordé. La prison de Detroit, prévu pour 1200 prisonniers, en accueillit 1700. Dans les prisons pour mineurs 600 jeunes occupèrent une place prévu pour 120 personnes. Un garage souterrain de la police fut transformé en prison pour 1000 personnes. D’autres gens furent bloqués plus de 24 heures dans des bus. Donc pas de toilettes, pas de médecin, pas de droits, aucun contact avec des avocats.
41 personnes moururent à Detroit ces jours là, 2000 furent blessées, 3200 arrêtées, des milliers sans endroit pour dormir. 1500 magasins furent pillés, 1200 incendies effectués, la production automobile arrêté. Il y eut pour plus de 7 milliards de francs de dégâts. H. RAP Brown, ancien leader estudiantin black, dit: « Avant la ville s’appelait Detroit, maintenant elle s’appelle Destroyed [détruite] ».
_ Ces soulèvement n’étaient pas des soulèvements organisés, mais ce qui les caractérise toutes c’est que leur prétexte fut une confrontation avec la police. A chaque fois une intervention de police fait déborder le vase. Les gens résistent à la police qui appelle des renforts, qui reçoivent des pierres et des bouteilles, suivent les pillages. Les symboles de la société blanche – magasins et flics- étaient attaqué.
_ Porteurs de cette vague: les jeunes. Les jeunes étaient plus conscientEs du racisme spécifique à l’encontre des noirEs, ne croyaient pas en une action au sein des institutions, avaient déjà souvent participé à des actions politiques. Mais parlons de la structure sociale.