– Communiqué du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues –

« Crevez en Paix mes frères,
mais crevez en silence, qu’on ne perçoive que l’écho lointain de vos souffrances … »

Ceux qui ne comprennent pas aujourd’hui les causes des émeutes sont amnésiques, aveugles ou les deux.
En effet cela fait 30 ans que les banlieues réclament justice.
25 années que des révoltes, des émeutes, des manifestations, des Marches, des réunions publiques, des cris de colère avec des revendications précises ont été formulés.

15 ans déjà que le Ministère de la Ville a été créé pour répondre à l’exclusion et à la misère sociale des quartiers dits défavorisés. Les Ministres passent avec leurs lots de promesses : Plan Marshall, Zones franches, DSQ, ZEP, ZUP, Emploi-Jeunes, Cohésion Sociale, etc…. La banlieue sert de défouloir pour des ministres, élus et médias en mal de petites phrases assassines sur les « zones de non-droit », « les parents irresponsables », la mafiatisation et autres « dérives islamistes ».

Les habitant(e)s des quartiers et notamment les jeunes sont stigmatisés et désignés comme responsables de toutes les dérives de notre société. Ca ne coûte pas cher de donner des leçons de civisme et de montrer du doigt les « racailles » ou les « sauvageons » en les jetant à la vindicte populaire. Et ça peut rapporter gros.
Les banlieues deviennent une problématique à part, dont on confie la gestion à la police et à la justice. Aujourd’hui, on nous présente ces « jeunes de banlieues » (sous-entendu ces noirs et ces arabes) qui brûlent comme des étrangers venus foutre le bordel en France.

Pourtant des Minguettes (1981) à Vaulx-en-Velin (1990), de Mantes-la-Jolie (1991) à Sartrouville (1991), de Dammarie-les-Lys (1997) à Toulouse (1998), de Lille (2000) à Clichy, le message est clair :

Assez des crimes policiers impunis, assez des contrôles au faciès, assez des écoles poubelles, assez de chômage programmé, assez de logements insalubres, assez des prisons, assez de hagra et d’humiliations ! Assez aussi des justices parallèles qui protègent les hommes politiques corrompus et qui condamnent systématiquement les plus faibles.

Ces cris là ont été ignorés ou étouffés.

Comme sont toujours étouffées les souffrances silencieuses des millions de familles, d’hommes et de femmes, qui subissent au quotidien des violences sociales bien plus dévastatrices qu’une voiture qui brûle.
A travers le couvre-feu, le gouvernement y répond par la punition collective et une loi d’exception qui donne les pleins pouvoirs à la police. On met le couvercle sur la marmite et cela marquera pendant longtemps les mémoires de nos les quartiers.

Il n’y aura jamais de paix dans nos quartiers tant qu’il n’y aura pas de justice et de réelle égalité.

Aucune pacification ni aucun couvre-feu ne nous empêcheront de continuer à nous battre pour cela, même lorsque les caméras auront détourné les yeux…

PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX !

le MIB – 09/11/2005