Communiqué du bureau du droit du peuple (HHB) concernant l’exécution du militant perpétrée le 1 juillet 2005 devant le ministère de la justice à Ankara :
L’Etat continue d’assassiner en toute liberté
Dans ce pays, les assassinats continuent. Au point que cela se produit désormais en direct, avec la participation directe du ministre sensé être le responsable des droits de l’homme dans ce pays. Le 1er juillet 2005, le dénommé Eyüp BEYAZ qui était menotté dans le dos, a été froidement abattu par les escadrons de la mort, criblé de toutes parts.
Le crime qui s’est produit est si clair et si cru qu’il ne laisse lieu à aucune interprétation. Ceux qui hier prétextaient « avoir tué parce qu’à (nos) appels à la reddition, (ils) répondent par des coups de feu » voient à présent que leur théorie ne tient plus la route. Alors, ils parlent aujourd’hui d’ « un autre engin explosif qu’il aurait pu avoir sur lui » et de la « menace qu’il constituait pour la foule ». Prétextes pour se dédouaner. Mais cela ne marche pas. En tout cas, cet assassinat s’inscrit dans la logique des « milles opérations » (**) et fait partie de la réalité demeuré immuable de ce pays.
Un ministre champion de l’isolement désormais fameux pour ses exécutions
Imaginez un ministre de la « justice » qui a transformé les prisons en véritables champs de la mort d’où l’on a extraît 119 corps. Ce même ministre de la « justice » fait abattre atrocement une personne menottée, en plein jour, devant les caméras. Ce même ministre de la « justice » ne se souvient du droit que lorsqu’il s’agit de blanchir les assassins du réseau Susurluk (*). La notion de justice de ce ministre n’est qu’un gros mensonge. Dans ce nom, il n’y a même pas le ‘J’ de justice. Ce ministre connu pour son attachement au régime d’isolement carcéral sera désormais commémoré par les exécutions qu’il aura commis.
Les assassins doivent être punis
Ce crime a été filmé seconde après seconde. A présent, ces énergumènes sans foi ni loi parlent de récompenser les assassins. Dans ce pays, ceux qui assassinent pour le bien de l’Etat ont toujours été récompensés par une montée en grade et par des primes de salaires. Et si par accident, ces assassins sont traînés devant la justice, ils sont gratifiés par un « non-lieu ». Les assassins ont été déclarés l’honneur de la nation pour le premier ministre. Ceux qui se souviennent de la loi et de la justice que lorsqu’il s’agit de leurs intérêts et qui ont décoré un directeur des prisons responsables de la mort de dizaines de détenus s’apprêtent maintenant à décorer des tueurs.
Nous demandons : dans la constitution de ce pays, y a-t-il encore mention du droit à la vie ?
Nous demandons : dans le code penal de ce pays, l’homicide n’est-t-il pas encore considéré comme un crime ?
Nous demandons : le ministre de la justice de ce pays ignore-t-il toujours ces dispositions légales ?
Le ministre de la justice peut ignorer les réponses à ces questions mais nous, nous les connaissons. Nous appelons tous les juristes qui connaissent les réponses à ces questions à donner un écho à notre voix
PUNISSEZ LES ASSASSINS!
Bureau du droit du peuple
(*) Susurluk est cette petite ville de l’ouest de la Turquie où le 3 novembre 1996, un accident de voiture avait révélé les collusions entre la police, la maffia d’extrême-droite et le gouvernement ainsi que l’existence d’un réseau de contre-guérilla au sommet de l’Etat.
(**) L’actuel président du parti de la juste voie (DYP) Mehmet Agar avait déclaré en 1996 que lorqu’il avait été ministre de l’intérieur, il dirigea « mille opérations secrètes » contre les opposants politiques au nom de l’Etat. Durant son mandat en tant ministre de l’intérieur, le nombre des disparitions politiques, des exécutions extra-judiciaires et des massacres avait sensiblement augmenté.