Chirac prétend que l’Union Européenne serait un rempart contre les délocalisations et le dumping social, mais le projet de Traité Constitutionnel Européen proclame explicitement la libre circulation des marchandises et des capitaux, non seulement au sein de l’Union Européenne mais également avec le monde entier (les « pays tiers »). Qui va donc empêcher les délocalisations? La réalité est qu’elles se trouvent à la base des principes mêmes des institutions européennes, et que c’est seulement en quittant l’ « Europe » et l’OMC qu’on pourra les interdire.

Et lorsque Chirac se lamente sur le « poids de la France dans l’Europe » en cas de non, il parle de son poids à lui, de celui des banques françaises qui financent les délocalisations, du MEDEF qui depuis un an n’arrête pas de dire que le SMIC français n’est pas tenable car on travaille pour beaucoup moins cher ailleurs, etc… Nous n’avons rien à cirer de ce « poids de la France ». Il serait grand temps que les travailleurs français commencent à « avoir un poids ». Seul le NON peut le leur donner.

Et l’ « Europe » serait-elle donc une fin en soi? Pour quoi faire? Comme s’il n’y avait pas de classes sociales….

Chirac « oublie » également de dire:

a) que la définition du dumping donnée par l’Union Européenne et l’OMC est volontairement stérile et ne sert à rien: il n’y aurait dumping que si les prix à l’exportation sont inférieurs à ceux pratiqués dans le pays exportateur;

b) que les clauses restrictives que l’on veut appliquer maintenant à la Chine pour mieux faire passer le OUI ne peuvent être adoptées que pour une durée limitée et seulement avant 2008; après, le marché sera entièrement ouvert.

L’Union Européenne et le gouvernement français ont donc bien organisé le chômage chez nous et à présent ils nous jouent la comédie. Mais il y a pire. Dans l’affaire des travailleurs portugais « sous-loués » par France Télécom, on peut lire notamment:

« Les salariés portugais (une centaine, face à une cinquantaine de Français) sont payés au tarif de leur pays : entre 1.300 et 1.500 euros par mois, primes incluses (certaines PME qui travaillaient avec France Télécom, et aujourd’hui évincées, avancent même le salaire de 300 à 400 euros mensuels !). Et ils travaillent jusqu’à 60 heures par semaine. Semaine de six jours… Ce qui permet à Constructel d’être beaucoup moins chère que ses concurrents. »

Ce qui est grave, c’est que le Portugal est membre de l’Union européenne depuis vingt ans, et malgré tout il reste une source de main d’oeuvre sous-payée. Comment peut-on décemment prétendre que l’Union Européenne serait un rempart contre le dumping social, alors que des pays qui en font partie depuis deux décennies continuent à être des sources de main d’oeuvre sous-payée?

Quant à la prétendue « menace ultralibérale »… de qui se moque-t-on? Qui aurait pu faire pire, depuis 1987 et même avant, que les Jospin, Chirac, Raffarin… en matière de privatisations, de déréglementation (la LOLF de 2001 comprise), de politique antisociale… ? Les conservateurs britanniques en sont jaloux.

On nous ment sur toute la ligne. Votons NON.

Sortir de l’Europe

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