Tchernobyl, 19 ans après, c’est pour les «liquidateurs» déjà plus de 25 000 morts et plus de 200 000 invalides, et pour les populations exposées à la contamination un bilan qui sera selon les estimations de 14 000 à plus de 560 000 morts par cancers, et autant de cancers non-mortels.

Un message du Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, déclare que 9 millions d’adultes et plus de 2 millions d’enfants, souffrent des conséquences de Tchernobyl, et que la tragédie ne fait que commencer. « Un nombre qui ne fait qu’augmenter », selon Martin Griffiths, Directeur du département des affaires humanitaires des Nations Unies (Conférence OMS 1995). Ces victimes souffrent de maux liés aux radiations: leucémies, cancers du côlon, du poumon, de la vessie, du rein, de la thyroïde, du sein, maladies du coeur et des vaisseaux (dans des régions contaminées par 5 à 15 Ci de 137Cs/km2, jusqu’à 80% des enfants souffrent de symptômes cardiaques), maladies du foie, des reins, de la glande thyroïde, altérations du système immunitaire, arrêt du développement mental chez des enfants exposés in utero, cataractes, mutations génétiques, malformations congénitales (voir photos), malformations du système nerveux, hydrocéphalies, etc.

1) Estimation NRC

(autorité de sûreté américaine) à

14 000 morts

et

DOE

(département de l’énergie des Etats-Unis) à

27 000 morts

Chernobyl: A Crossroad in the Radiation Health Sciences (www.ratical.org/radiation)

« Estimate Issued by NRC:
_ The geographical distribution in the estimate is (Nrc87, pages 8-10, 8-14):

EUROPEAN USSR: 10 000 fatal + 10 000 non-fatal.
_ NON-USSR EUROPE: 4 000 fatal + 4 000 non-fatal.

Estimate Issued by DOE:
_ EUROPEAN USSR: 11 410 fatal cancers.
_ ASIAN USSR: 2 500 fatal cancers
_ NON-USSR EUROPE: 13 000 fatal cancers.
_ NON-USSR ASIA: 620 fatal cancers.
_ USA + CANADA: 27 fatal cancers. »

2) Estimation soviétique

(en août 1986) à

40 000 morts

Délégation soviétique, AIEA, Vienne en août 1986, annexe 7 du document concernant les problèmes médico-biologiques. (Gazette Nucléaire 96/97 juillet 1989)

Les experts soviétiques ont estimé les doses reçues par la population. Voici quelques chiffres pour résumer :

a) pour la population évacuée dans un rayon de 30 km, 135 000 personnes, la dose moyenne pour le rayonnement externe est de 11,9 rem ; 24 200 d’entre elles reçurent plus de 35 rem. Cette estimation néglige toute contamination interne. Celle-ci n’a certainement pas été négligeable ; par exemple il est indiqué qu’à Pripyat l’activité béta totale dans l’air était de 15 000 Bq/m3, soit pour un homme standard inhalant 20 m3 d’air par jour une incorporation de 600 000 Bq en 48 heures. La nourriture consommée avant l’évacuation devait être très fortement contaminée.

b) l’estimation porte sur la population de l’Ukraine et de la Biélorussie, soit 75 millions d’habitants : les valeurs explicitées sont les suivantes pour cette population
Dose engagée pour 70 ans:
– par rayonnement externe 29 millions personnes x rem
– par contamination par les Césium 210 millions personnes x rem

Mortalité par cancers de la thyroïde induits par l’Iode 131 : 1 500.
_ Les experts soviétiques se réfèrent à la publication 26 de la CIPR (1977) qui recommande un modèle de risque cancérigène sans seuil, directement proportionnel à la dose de rayonnement reçu.

Le bilan de l’excès de mortalité par cancers radioinduits pourrait être

de 30 000 à 40 000 pour les 70 ans à venir.

Le rapport mentionne qu’il n’a pas été tenu compte du Strontium 90 faute de données fiables sur ses coefficients de transfert, mais il est signalé qu’il pourrait être une des composantes importantes de la contamination radioactive avec le Césium.

c) aucune estimation n’est faite pour le reste de l’URSS. Ceci devrait alourdir le bilan car, même si la contamination y a été plus faible, elle touche une population bien plus nombreuse (200 millions d’habitants environ).

d) effets génétiques : aucune estimation n’est faite pour ces effets.

3) Le bilan pour les 75 millions d’habitants d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie est de 126 500 morts

avec le nouveau facteur de risques officiellement admise par la

C.I.P.R.

(Commission Internationale de Protection Radiologique) depuis

1990

à partir de l’annexe 7 du rapport de l’A.I.E.A. de 1986.
(Tchernobyl, une catastrophe, Éd. Allia, Paris 1993)

Pour estimer l’excès de cancers mortels qui seront dus à la catastrophe de Tchernobyl, il est nécessaire tout d’abord de fixer le facteur de risque cancérigène et ensuite de connaître la dose engagée collective. En ce qui concerne le facteur de risque considérons deux valeurs extrêmes. La valeur minimale est celle officiellement admise par la C.I.P.R. (Commission Internationale de Protection Radiologique) depuis 1990: 500 cancers mortels supplémentaires pour 1 million de rem x homme de dose engagée (ou 10.000 sievert x homme).

Pour la valeur haute, nous prendrons la valeur

brute (sans corrections),

établie à partir du suivi de mortalité des survivants japonais

: 1.740 cancers mortels supplémentaires pour une dose engagée de 1 million de rem x homme (

intitulée ci-dessous R.E.R.F. 1987

). Cette valeur n’est pas la plus élevée de toutes les estimations proposées pour le facteur de risque cancérigène.

L’étude du suivi de mortalité de l’usine nucléaire de Hanford (U.S.A.) par Mancuso, Stewart et Kneale conduit à une valeur encore 2 à 3 fois plus élevée. Ainsi ce que nous donnons ici comme valeur haute du bilan pourrait être aussi assez sous-estimée.

La dose moyenne engagée sur 70 ans a été évaluée à 3,3 rem par les experts soviétiques en 1986, correspondant à une dose engagée collective d’environ 250 millions de rem x homme. Cela donne les valeurs suivantes pour le nombre possible de cancers mortels à venir: {{
_ C.I.P.R. 1990 = 125 000 morts
_ R.E.R.F. 1987 = 430 000 morts}}

A ces bilans il faut ajouter les cancers radio-induits dans le reste de l’U.R.S.S. et sur l’ensemble de l’hémisphère Nord. Pour les régions très lointaines de Tchernobyl, la contamination radioactive ainsi que la dose engagée individuelle sont plus faibles, mais elles concernent par contre des populations beaucoup plus importantes et le bilan est loin d’etre négligeable même s’il est difficile à établir.

Ces évaluations concernent l’excès de mortalité par des cancers radio-induits. On peut estimer que les cancers non fatals seront à peu près en nombre égal.

Pour ceux qui sont intervenus ultérieurement, les liquidateurs, les diverses informations disponibles permettent d’évaluer à environ 600.000 au moins le nombre de décontaminateurs qui se sont relayés jusqu’à présent sur le site. Deux hypothèses ont été retenues pour la dose individuelle moyenne reçue:
– 5 rem (valeur officielle);
– 25 rem (valeur plausible d’autant plus qu’il faut tenir compte de la forte contamination interne par les poussières).

Avec ces deux valeurs le nombre des morts serait:
_ C.I.P.R. 1990 : pour 5 rem = 1 500 ; pour 25 rem = 7 500
_ R.E.R.F. 1987: pour 5 rem = 5 220 ; pour 25 rem = 26 100

Pour être complet, il faudrait aussi inclure dans le bilan l’excès de mortalité par cancer parmi ceux qui, pendant des années encore, vont intervenir sur le site. Personne parmi les officiels n’a jusqu’à présent fourni d’indications sur ce point.

4) Estimation J. W. Gofman à 475 000 morts + 475 000 cancers non mortels

Chernobyl’s 10th: Cancer and Nuclear-Age Peace
Don’t Be Deceived By John W. Gofman, M.D., Ph.D. (www.ratical.org/radiation)
« A Million Chernobyl-Induced Cancers
_ My estimate in 1986, based upon releases of various non-iodine radionuclides, was 475,000 fatal cancers plus about an equal number of additional non-fatal cases, occurring over time both inside and outside the ex-Soviet Union. Such estimates, old and new, have to be based on real-world evidence from non-Chernobyl studies — because standard epidemiological studies (which « count » extra cancer cases) are the wrong tool for evaluating Chernobyl. No one can « see » even a half-million Chernobyl-induced cancers when they are spread among a half-billion people and occur over a century.
_ There is great « beauty » in this situation, from the viewpoint of radiation enthusiasts. They can sponsor studies from which they can announce, « We didn’t find a half-million extra cancers … we didn’t find any provable excess at all. »
_ If a half-million people were rounded up in a stadium and shot to death, the corpses would be there to see. The same number of people killed by vicious cancers from Chernobyl … spread out in time over Europe, Britain, Scandinavia, and the ex-USSR … will never know what killed them. And assuredly the radiation community won’t tell them. Then how can we assure you that the cancers are real?  »

5) Le bilan pour les «liquidateurs»

Pour

les «liquidateurs», ces 600 000 à 800 000 soldats, civils et fonctionnaires

qui ont été expédiés sur place juste après l’explosion pour neutraliser le réacteur et enterrer les déchets contaminés.

En novembre

1995

, le Ministre de la Santé de l’Ukraine a déclaré à Genève, que

10% des liquidateurs de son pays étaient déjà invalides

(www.comite-bandajevsky.org).

En avril

2000

, Viacheslav Grishin, président de la Ligue de Tchernobyl, une organisation basée à Kiev qui dit représenter les «liquidateurs», déclarait que depuis 1986,

15 000 d’entre eux étaient morts et 50 000 devenus invalides

(www.unesco.org).

Au congrès OMS de Kiev en juin

2001

, il a été déclaré que dans la plupart des républiques de l’ancienne Union Soviétique,

la proportion des invalides parmi les liquidateurs dépassait les 30% donc plus de 200 000 invalides !

(www.comite-bandajevsky)

En avril

2004

dans le texte de commémoration (de la catastrophe de Tchernobyl) de l’Ambassade d’Ukraine en Belgique, il est dit que depuis 1986

sont décédés plus de 25.000 « liquidateurs » !

(www.ukraine.be)

6) Les cancers de la thyroïde

1 800 cas de

cancer de la thyroïde

attribués à Tchernobyl ont aujourd’hui été recensés.

Dans les régions les plus contaminées, comme à Gomel, cette pathologie est 200 fois plus courante chez les enfants qu’en Europe de l’Ouest. Les prévisions sur le nombre de cas à venir vont de «quelques milliers», selon l’AIEA, à 66 000 pour les seuls enfants biélorusses âgés de moins de quatre ans en 1986

, selon Elisabeth Cardis, une scientifique de l’OMS qui qualifie néanmoins cette estimation de «très incertaine» (www.unesco.org).

7) maladies du coeur

« En 1989, le quotidien la Pravda publia une carte montrant que la zone contaminée était bien plus étendue qu’on ne l’avait annoncé. Environ 28 000 km2 étaient contaminés par des retombées de 5 à 15 curies de césium 137 par kilomètre carré (sans compter le strontium 90, le plutonium… ) : 16 500 km2 en Biélorussie, 8 000 en Russie et 3 500 en Ukraine. »
« … Les relevés du comité hydrométéorologique ukrainien ont montré que l’étendue des surfaces contaminées était encore plus vaste que d’après l’estimation précédente. Quelque 720 km2 ont un niveau de contamination qui dépasse 15 Ci/km2; 4 700 km2, entre 5 et 15 Ci/km2; et 36 000 km2, entre 1 et 5 Ci/km2. Au total, plus de 40 000 km2 »

Dr. Galina Bandajevskaya, cardiologue et pédiatre:

Dans des régions contaminées par 5 à 15 Ci de 137Cs/km2, jusqu’à 80% des enfants souffrent de symptômes cardiaques

(www.comite-bandajevsky.org).

———————————-

Vous trouverez l’ensemble de ces informations regroupées sur la page spéciale « 19ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl »
_ http://www.dissident-media.org/infonucleaire/special_tcherno.html

———————————-

Source : www.infonucleaire.net