Derrière ses grilles, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tient son symposium annuel. L’institution fête cette année son dixième anniversaire. «Elle ne mérite pas de vivre», lâche Walden Bello, directeur de Focus on Global South. Si l’OMC venait à disparaître, ne craindrait-il pas le retour à la loi de la jungle commerciale. «Le monde se portait beaucoup mieux avant 1995, répond Walden Bello. Les pays du Sud pouvaient se protéger pour développer leur industrie ou assurer leur souveraineté alimentaire.

S’ils avaient été tenus par les règles de l’OMC, les pays émergents n’auraient jamais décollé.»
Autour du Philippin, une petite centaine de personnes se sont rassemblées hier à la sortie des bureaux. On tape allégrement sur ses casseroles. Les «Legroup» y vont de leur partition. Du volume avec peu de monde.
«J’espérais une affluence au moins deux à trois fois plus importante», concède Olivier de Marcellus. Le siège genevois de l’OMC a gagné en importance. C’est ici que l’organisation s’est relancée après son échec de Cancun. En juillet 2004, les Etats membres sont parvenus à un accord cadre. «Nous étions en vacances», avoue benoîtement l’éternel militant.
«Le chemin est encore long jusqu’à Hong Kong», rassure la Française Sophie Zafari, de la Fédération syndicale unitaire. La ville chinoise accueillera la prochaine conférence ministérielle de l’OMC. Il pourrait malgré tout y avoir des milliers de protestataires, prévoit Walden Bello. «Il faut que cela soit le troisième naufrage de l’OMC!» Après Seattle (2001) et Cancun (2003), Hong Kong?

En attendant, un énorme travail d’information doit être mené, admet Sophie Zafari. «Nous manifesterons le 4 mai prochain devant l’ambassade d’Australie à Paris. Une mini-ministérielle de l’OMC y est prévue. Si on ne l’avait pas mise à jour, elle serait restée clandestine.» Ces rencontres prétendues informelles, auxquelles la plupart des pays du Sud ne sont pas conviés, se multiplient.

UN SAUT À GENÈVE

«L’OMC inspire les politiques européennes et l’Union européenne inspire les décisions prises à Genève. Sous le fatras des traités et des directives, on retrouve toujours la même logique: libéraliser davantage», tempête Sophie Zafari. La syndicaliste est une fervente animatrice d’un «non» de gauche à la Constitution européenne. Une victoire regonflerait le moral des troupes altermondialistes.
Outre-Manche, on prépare déjà le contre G8 du début juillet en Ecosse. «Dans la foulée, les militants anglais pourraient faire un saut à Genève», annonce Vicky Cann, de l’ONG World Development Movement. Mardi soir à Genève, plusieurs dizaines de représentants de mouvements européens ont accordé leur agenda. Ils auront noté les deux prochaines réunions cruciales de l’OMC à Genève: à la fin juillet puis à la mi-octobre.

SIMON PETITE pour le courrier www.lecourrier.ch