Il s’agissait d’une marche très consensuelle « pour les libertés et contre l’extrême droite ». Elle était programmée depuis un mois, à l’appel de dizaine de collectifs, partis et syndicats. Rien de très subversif et encore moins révolutionnaire. Pourtant, ce samedi, la marche a été littéralement attaquée par un dispositif policier délirant à Nantes. Une démonstration de force et de terreur.

Vers 11H30, un millier de personnes démarrent la manifestation depuis la Place du Cirque. La foule, hétérogène, est réunie pour protester contre le climat toxique qui s’installe durablement en France : attaques liberticides, explosion des racismes, violences policières. Il y a beaucoup de forces de l’ordre. Pourtant, le parcours déposé en préfecture est particulièrement court. L’ambiance est calme sous un soleil qui tape déjà fort. Une partie des manifestants s’engouffre dans les rues de Bouffay pour allonger un peu le trajet, mais des policiers cagoulés, très nombreux et braquant la foule au LBD empêchent toute sortie du dispositif.

Quelques dizaines de mètres plus loin, deux lignes d’hommes en armes fracturent le cortège et créent une nasse, en frappant les gens sur leur passage. Une vraie provocation, car non seulement le Conseil d’Etat vient de juger « illégales » les nasses, mais en plus, il ne se passait absolument rien. Et la manifestation, qui se trouvait sur le parcours déposé, avait démarré depuis 10 minutes seulement. Certains CRS cagoulés ont les yeux exorbités, matraques en l’air, et semblent jouir de la violence. L’un d’eux hurle à un manifestant « viens, viens ! » avant de charger. Un guet-apens. Un homme est frappé au sol.

La nasse finit par s’ouvrir, mais elle se referme à nouveau juste après, toujours sans raison. Un homme a le crâne en sang. D’autres sont blessés. Une banderole est arrachée violemment, et les personnes qui la tenaient sont brutalisées. Les CRS chargent sans raison. Tout le monde est stupéfait. Des syndicalistes disent « n’avoir jamais vu ça ». La manifestation aura parcouru quelques centaines de mètres avant d’être éclatée par la police. De fait, elle n’a pas eu lieu.

A la place d’une « marche des libertés », nous avons eu à Nantes une démonstration de force fasciste. Des militants d’extrême droite en uniforme, payés par l’Etat, se sont défoulés collectivement contre une marche matinale des plus calme. Le message est clair et cohérent avec l’ambiance qui règne : les forces armées de ce pays veulent anéantir ce qui reste de la population qui ne se soumet pas encore à l’extrême droite. Une pancarte rappelait très justement dans le cortège : « plus inquiétant que le bruit des bottes, le silence des pantoufles » …